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Israël : un déclin stratégique ?

La séquence ne vous a pas échappé :

  • remise du soldat Shalit contre 977 prisonniers palestiniens : avantage au Hamas
  • vote en faveur de l'Autorité Palestinienne à Unesco : avantage à Abbas.
  • agitation autour d'une attaque contre l'Iran : ça enfle, l'Iran ne daigne même pas répondre, et du coup, le gouvernement de Tel Aviv explique que ce ne sont que des allégations lancées par la presse. Mais logiquement : désavantage au gouvernement;

source

Autant d'événements qui illustrent une sorte de déclin stratégique israélien. Mais derrière ces soubresauts, il y a quelque chose de plus profond, me semble-t-il.

Au fond, Israël a besoin d'ennemi, c'est plus qu'un autre un pays Schmittien.

1/ Il ne cesse d'agiter la menace iranienne (égéa l'a déjà signalé : Ahmadinejad est un allié objectif dans le processus de montée aux extrêmes : celui-ci garantit la place des acteurs radicaux). mais de façon de moins en moins efficace, car tout le monde s'est plus ou moins résolu à l'accès iranien à la bombe.

2/ De même, Israël est très embêté par ce qui se passe en Syrie : Bachar Assad est un dictateur qui l'arrange bien, car jamais il ne l'attaquera (surtout maintenant) et dans le même temps il constitue une représentation forte de la "menace aux frontières" : c'est la seule qui reste . Surtout, on met en valeur ses liens avec l'Iran d'une part, le Hezbollah d'autre part (filière chiite).

3/ Pas conséquent, le double affaiblissement d'Ahmadinejad et d'Assad compliquent sensiblement l'équation stratégique. Déjà, le Hamas prend ses distances avec la Syrie, pour se rapprocher de l'Egypte et des Frères Musulmans. Déjà, le Hezbollah regroupe ses moyens logistiques au Liban, quand ils étaient jusqu'à présent cachés en Syrie. De même, il prend avant l'été les rênes du gouvernement libanais, précipitant les choses.

4/ Enfin, la prise de distance avec la Turquie complique encore la donne, puisqu'elle affaiblit le système d'alliance de revers qu'avait organisé Israël, pour contourner les voisins immédiats. Et les avances envers Chypre et la Grèce, sur fond d'accord pétrolier off-shore, ne sont pas très rassurantes au vu de la déréliction athénienne....

5/ Dans ce système, seule demeure solide l'alliance avec l’Arabie, même si la situation de celle-ci est fort compliquée par ses voisins immédiats (Irak, Bahreïn, Yémen), sans même parler de la succession royale. Cependant, l'axe objectif Tel-Aviv- Riyad demeure solide.

Ainsi, l'équation stratégique israélienne s'est elle compliquée substantiellement.

réf : ce billet d'il y a deux ans annonçait déjà le mouvement : c'était avant le printemps arabe. Les choses ont empiré depuis.

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 6 novembre 2011, 21:42 par Christophe Richard

Le problème qui se pose à Israël, relève de la nature de l'ennemi.
L'hostilité d'Etats est "confortable" car elle permet d'exercer la puissance symétrique, donc en l’occurrence de dissuader en légitimant par avance l'emploi de la force.

L'hostilité de populations même animées par des groupes armés reconnus comme tels (Hamas, Hezbollah) crée un contexte trés différent d'asymétrie liée à la double dissymétrie de moyens et de nature des acteurs... exacerbée par l'effet égalisateur de l'information.

Le principal effet de cette asymétrie est de nature victimaire, je le définirais comme le retour moral des effets de la violence physique qui inhibe ou libère la force.

Israël se retrouve donc face à des adversaires qui savent s'approprier la puissance victimaire qui constitue d'ailleurs un probable "centre de gravité" pour eux.

J'ai bien conscience de rien apporter de nouveau au débat, mais vous me donnez l'occasion de rassembler et poser quelques idées éparses. Donc j'en profite.

bien cordialement

égéa : mais si, vous contribuez, utilement : le vocabulaire stratégique est utile pour décrire des situations qui sont trop souvent abordées sous l'angle de la morale, de la communication, ou de la politique de court terme.

2. Le dimanche 6 novembre 2011, 21:42 par yves cadiou

Vous nous rappeliez, il n’y a pas si longtemps (février-mars 2009), parmi d’autres Grands Textes nécessaires à l’étude de la géopolitique, un texte de 1967 qui est, au fond, encore d’actualité en dépit des péripéties.
De Gaulle : "Israël, sûr de lui et dominateur" (1967) http://www.egeablog.net/dotclear/in...

3. Le dimanche 6 novembre 2011, 21:42 par Vincent Eiffling

Je te pique la carte pour un futur billet sur le scénario de frappes sur l'Iran ;-). Vinc

égéa : prego : cite la source, car elle date d'il y a un ou deux ans ! je ne l'ai pas signalé, mais cela prouve la permanence de l'agitation prop sur le sujet, à mon avis.

4. Le dimanche 6 novembre 2011, 21:42 par yann

Un petit update concernant la carte... Déjà, l'espace aérien Turc désormais on oublie... et la raison du contournement de la voie directe, via l'Irak, est exposée ici:
http://nanojv.wordpress.com/2011/11...

Raison qui ne serait à en croire l'auteur bornée par la fin 2011... Si Israël rentrait effectivement dans le lard de l'Iran, sans devoir marcher au passage ouvertement sur un accord étasunien vu le désaccord de ces derniers, ce serait une fort mauvaise nouvelle pour l'Europe.

Complétez les citernes de fioul si vous voulez passer l'hiver au chaud!.

égéa : oui, la carte date de deux ans (c'est pour ça que j'ai mis la source, comme ça chacun peut vérifier). A mon avis, quand on veut attaquer, on s'y prend par surprise : cf Irak et SYrie. D'où quand on annonce qu'on va attaquer, c'est qu'on ne va pas le faire. Donc on va passer l'hiver au chaud, sans mettre du fuel dans les baignoires....

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