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Intelligence économique

Une fois n’est pas coutume, voici un livre qui se veut plus pratique que théorique. En effet, l’intelligence économique (IE) est un concept désormais admis, depuis les rapports Marte puis Carayon, et chacun s’accorde désormais sur sa nécessité dans le monde de l’entreprise. Toutefois, le public de défense sait finalement peu de choses de ce que cela recouvre exactement. Ce petit livre permet d’appréhender de façon un peu plus détaillée les techniques de la discipline, qui recoupent celles de la défense de plusieurs façon : aussi bien le renseignement que la protection (des installations, des biens, des personnes), aussi bien les opération d’information que le management de l’organisation, aussi bien la gestion des compétences que la capacité de réagir aux crises et aux agressions.

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Christophe Deschamps et Nicolas Moinet sont les deux auteurs de l’ouvrage : le premier est consultant après avoir travaillé en entreprise, quand le second est professeur des universités à Poitiers.

Le livre est articulé en six parties, chacune composée de plusieurs fiches. Il s’agit de suivre les six étapes d’une démarche d’intelligence économique. Tout d’abord, il faut intégrer et initier la démarche d’IE : elle n’est pas encore naturelle à la plupart des entreprises ou organisations civiles, et cette étape consiste, au fond, à diagnostiquer les besoins. Si des outils sont propres au civil (matrice d’intensité concurrentielle, charte éthique), d’autres viennent du monde militaire ou ont été acclimatés par lui (cycle du renseignement, cartographie des flux d’information, matrice SWOT).

La deuxième étape est probablement la plus connue du grand public, puisqu’il s’agit au fond de « renseignement » : intelligence signifie en effet renseignement en anglais, même si l’étape s’intitule « surveiller son environnement pertinent ». L’adjectif « pertinent » dit toute la difficulté de l’exercice, car qu’est-ce qui est pertinent en ce domaine, et comment définir des critères qui soient valables ? On le voit, la difficulté est la même que pour la défense avec sa nouvelle fonction stratégique de « connaissance et anticipation », afin de prévenir les surprises stratégiques. Cette étape utilise plusieurs outils familiers aux spécialistes du renseignement et à ceux de l’informatique : des plans de renseignement et de recherche, des sources humaines, mais aussi les techniques de veille dans le cyberespace (moteurs de recherche, bases de données scientifiques, web invisible, flux RSS, gestion de le-réputation…), enfin la mise en place d’une plate-forme intégrée de veille qui fait inévitablement penser au J2 d’un centre opérationnel.

La troisième étape consiste à traiter et analyser l’information stratégique : autrement dit, comprendre. Après quelques détours par les processus d’analyse et autres biais cognitifs, plusieurs outils sont proposés, de la méthode des cinq points à l’analyse PESTEL, du mind mapping à l’analyse red hat. Il s’agit là de techniques propre au responsable de l’IE dans l’organisation. Toutefois, il doit également animer l’organisation de façon à ce qu’elle aussi participe à cette intelligence, aussi bien pour comprendre que pour découvrir ou partager.

C’est l’objet du quatrième dossier sur le management de l’information et de la connaissance, qui traite du benchmarking, de la visite de salon, de rapport d’étonnement, mais aussi des réseaux sociaux d’entreprise, de co-prospective ou de war-room, c’est-à-dire le centre opérationnel de réaction aux différentes crises et autres situations d’affrontement : sans surprise, ce CO est placé au plus près du dirigeant avec des procédures avant, pendant et après l’action, visiblement calquées sur l’expérience militaire.

Les étapes cinq (protéger son patrimoine immatériel) et six (influencer son environnement) sont plus sommaires et laissent un peu sur sa faim. Les spécialistes des ressources humaines ou de la communication y verront des outils connus, mais sans grande particularité : il y a là matière à des développements et des innovations spécifiques à l’IE.

Voici donc un livre concret, pratique, assez court (185 pages) et qui est destiné bien sûr aux praticiens, mais aussi à tous ceux qui souhaitent voir d’un peu plus près ce que recouvre l’intelligence économique.

Intelligence économique : la boite à outil

Christophe Deschamps et Nicolas Moinet, Dunod (coll. La boîte à outils), 2011, 185 pages.

O. Kempf

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