Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Plan "les champ de bataille" (EDG)

D’après Victor Hugo : « Un jour viendra où il n’ y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. »

Quelle est votre opinion à ce sujet ?

source

Voilà le (beau) sujet du jour. Un préparant vient me le soumettre. J'ai décidé de ne plus lutter : la revue verte est ce qu'elle est, indécrottable, et toujours persuadée, depuis 1877, qu'on doit préparer l'école de guerre comme on prépare Normale Sup, avec des plans merveilleux en trois parties et trois sous-parties, à l'esprit si français, l’équilibre si classique, la perspective si noble. Peut-être est-ce pour cela que tant de milis évoquent 'l'Institution" : on entend la majuscule quand ils la prononcent, avec la componction de rigueur (ah, la rigueur!) et cet air confit des dévots murmurant leurs litanies dans l'ombre des chapelles les plus reculées, adorateurs d'un culte confidentiel, forcément confidentiel. ça sent son dix-neuvième siècle, ses hauts murs gris, son odeur de pensionnat et de soupe au chou, un mélange des Thibault (Martin du Gard) et des Choristes (le film), une ambiance désuète et studieuse, rassurante comme un chromo. Et l'on observe les candidats, de bonne foi (il est vraiment question de foi, dans cette affaire), s'astreindre aux canons de forme là où l'on espérait qu'ils apprissent à penser.

La revue verte est donc un moulin à vent, battant l'air de ses ailes grinçantes et meulant concours après concours de braves officiers qui retrouvent là, en pire, les horreurs de la pompe mais pas celles du bataillon, ce bataillon qu'ils viennent de quitter lorsqu'ils commandaient, heureux hommes, leurs compagnies et leurs escadrons. Et s'ils sont les Sancho Pança un peu navrés des tortures qu'on leur fait subir, je ne serai pas Don Quichotte et ne romprait aucune lance contre cette vénérable, très vénérable, auguste et institution (avec un i minuscule, il ne faut tout de même pas exagérer) qu'est la Revue verte.

source

Car après tout, malgré ses méfaits, les lois de la statistiques étant ce qu'elles sont, il y aura toujours à peu près le même nombre de gars qui seront élus : qu'ils ne s'imaginent pas être les meilleurs. De toute façon, les bons, les vraiment bons (le dixième supérieur ?) aurait passé la barre, quelle que fût la formule.

Bon, alors, et ce plan ? Ben je vais vous proposer un 3/3, puisque vous vous roulez par terre pour n'avoir que ça, bande de dociles et de maniables. Mais au moins, faites moi la grâce d'éviter le stupide thèse antithèse synthèse que je n'ai quasiment jamais vu mis en œuvre de façon convaincante. Parce que la plupart d'entre vous n'ont pas la culture nécessaire pour maîtriser la chose (ce n'est pas vous faire injure : il faut deux années de Khâgne pour y parvenir) et parce que si vous êtes à l'aise avec la thèse, l'antithèse vous gêne déjà plus et je ne parle même pas de la synthèse.

Mais il y a moyen de faire qq chose d'intelligent, de dynamique, de démonstratif. Les exemples proposés en dessous de chaque paragraphe ne sont pas de moi.

Introduction

On retiendra la problématique suivante : Quelles batailles, dans quels champs, opposent quels acteurs ?

Et comme idée maîtresse : La mutation de la guerre ne signifie pas la fin de la conflictualité.

I La guerre en mutation : le fait nucléaire a provoqué l’extension du domaine de la guerre, mais non sa disparition

a) La dissuasion bannit la guerre conventionnelle • Exemple : pas de conflit direct entre les deux puissances de la guerre froide

b) Développement de guerres limitées • Exemple : action Russe en Géorgie en 2008 limitée à des objectifs militaires

c) Développement de guerres irrégulières • Exemple : Actions terroristes contre Israël depuis le Liban et les territoires occupés

II Les acteurs de la guerre augmentent, ce qui entraîne la multiplication des interactions

(On partira ici de la trinité clausewitienne, pour interroger son actualité)

a) La persistance des acteurs Westphaliens : l’homme d’Etat et le stratège (dans la trinité clausewitzienne) • Exemple : les Etats-Unis demeurent un acteur majeur dans les RI et la conflictualité internationale

b) Les acteurs issus de la démocratisation (dernier pôle de la trinité) : les individus à travers l’opinion, les groupes de libération nationale, les hackers • Exemple : en 2012 des groupes de hackers lancent des attaques coordonnées en réponse à des mesures américaines répressives sur le téléchargement depuis Internet

c) Apparition des acteurs intermédiaires et informels : les sociétés militaires privées, les groupes mafieux, les groupes religieux • Exemple : les groupes islamistes au Sahel font peser une menace sur les occidentaux dans la région et imposent le maintien d’un dispositif militaire particulier

III Les milieux dans lesquels se déroule la guerre évoluent, la conflictualité s’étend à de nouveaux champs

a) Ouverture des domaines spatiaux et du cyberespace • Exemple : la France a créé un commandement interarmées de l’espace

b) Extension de la guerre économique • Exemple : le fleurissement des cabinets d’intelligence économique traduit partiellement l’agressivité sur les marchés concurrentiels

c) Développement de la guerre de l’information • Exemple : la vitesse de diffusion des informations via les réseaux sociaux a contribué à renforcer l’impact des mouvements révolutionnaires arabes en 2011

Conclusion : ainsi, la guerre a muté. Mais si la guerre traditionnelle est improbable, elle n'est pas impossible. Surtout, les sources et les voies de la conflictualité demeurent, et imposent une stratégie

Ouverture : dès lors, il faut des spécialistes capables de penser toute la gamme de cette conflictualité, heureusement qu'il y a des officiers pour cela et qu'ils sont sélectionnés à l'école de guerre pour penser toute la guerre.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par

Bonsoir.

Réponse courte et à chaud à votre intéressante proposition de plan : n'aurait-il pas été possible de discuter du rôle "belliciste" du commerce (sécurisation de l'accès au ressources...) mais aussi des idées (religion, doctrine politique...) à côté des nouvelles formes de guerre(s) ?

Cordialement.

égéa : mais oui, ç'aurait été possible : il y a 25.000 plans possibles, à chaque fois. Il n'y a donc pas UNE correction, mais une proposition de réponse. Un pédagogue qui diarait "voici la solution" serait à fuir. Le but de l’exercice est d'amener le candidat à forger SA réponse.

2. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par BQ

je ne sais pas en quelle année Hugo a écrit cela, mais certainement pas longtemps avant 1914, et un début de guerre purement ouest-centre européen.

3. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par AGERON Pierre

@BQ: le souci est que V. Hugo est mort 30 ans avant 1914. Peut-être l'a-t-il écrit juste après 1870 apres la guerre franco-prussienne et à propos des conséquences du Zollverein.

4. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par

Il est curieux de constater que l’ennemi, ce cher disparu n’est plus à la fois seulement l’objet et le sujet d’une guerre mutante puisque « d’autres voies de la conflictualité demeurent » mais est devenu un acteur non exclusif, puisque des acteurs nouveaux apparaissent, au travers de systèmes humanisé ou non comme un ver dans le fruit. La guerre est en effet multiforme et son spectre s’étendra en des domaines qu’aujourd’hui on découvre ou on ignore..

Pour plagier un auteur célèbre, le domaine de la lutte est en extension.. Cyberespace, information, économie, écologie, ressources naturelles, conquête de l’espace, maîtrise de la recherche, puisque l’on confond dans une complexité à outrance les nouveaux domaines de lutte et les conflits, j’ose espérer que les officiers formés à l’Ecole de guerre étendent leur compétence à l’ensemble des facteurs conflictuels en accèdant aux clefs de compréhension et à la gestion de la complexité ( voir programme pédagodique) ..

Puisque je n’en suis pas, ce qui me donne ni plus ni moins de légitimité, je dirais que les codes et les usages dialectiques ne sont pas forcément opposables aux formes rhétoriques lorsque la forme rejoint le fond. Sauf que le : Je suppose, je pose, j'oppose et je compose, impose une ouverture d’esprit et une liberté de ton qui me semble singulièrement brimé dans un système élitiste formaté. Je crains, en effet, que nos élites, grandes écoles, ena, polytechnique, centrale etc, sous la tutelle de tel ou tel ministère, issu d’une histoire centralisatrice et parfois castratrice, ne reproduise cette exception française d’être un outil de reproduction sociale, d'une micro-élite, « qui se serre les coudes à la tête des grandes entreprises et aux grands corps de l’Etat et ne s’ouvre pas aux talents extérieurs ni ne se remet en cause » « Personne ne doit être reçu dans les fortifications par faveur ou par recommandation. Il faut que le mérite seul et la capacité des gens leur attirent les emplois », jugeait Vauban..

J’ose croire à la non-prédestination des élites, j’ose croire à notre capacité à nous remettre en cause. On trouvera avec Pierre Bourdieu quelques réponses, beaucoup d’interrogations, quelques réserves, mais son analyse des mutations sociologiques au travers du cas algérien, sa méthode d’approche ne pourrait-elle être transposable au cas afghan ? On voit bien que « l’extension du domaine de la lutte » est un espace dans lequel on doit ouvrir en grand les portes de la réflexion et de la recherche, y compris la sociologie…

mais revenons au sujet: Je ne suis pas certain qu «Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. » L’ouverture des marchés au commerce et la mondialisation ne résoudra pas les problèmes économiques du monde et bien au contraire, la mondialisation a fermé les esprits aux idées nouvelles en exacerbant les peurs et les frilosités.. Messieurs les officiers vous ne pouvez que me rejoindre au moins sur ce plan. Prenez-vous en main ! Prenez vos responsabilités ! Y compris celle d’être acteur de vos domaines d’excellence et non simplement fonctionnaire de vos compétences.

égéa : tiens, c'est une bonne idée de sujet : "Bourdieu et sa théorie de la reproduction des élites s'appliquent-ils à l'école de guerre ?". Déjà, je suis sûr que 90 % des candidats ne connaîtraient pas le nom de Bourdieu... Mais au moins, en préparation, en devoir de la Revue verte, ça serait rigolo. Là, pour le coup, elle se grandirait.

5. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par AGERON Pierre

@Pietrini roland. Je suis plutôt d'accord avec vous sur le renforcement de la reproduction sociale ds les grandes écoles. A l'époque de Bourdieu, il avait plus de fils d'ouvriers et paysans et d'ouvriers à l ens que maintenant.Le plus symptomatique est à mon avis la reproduction géographique des élites. Le nombre de prépas ayant plusieurs candidats admis à l'X ou à l'ENS se réduit de plus en plus à quelques lycées parisiens + 1 à Lyon...
Mais il ne faut pas désespérer du système. Il produit encore des parcours méritocratique comme cette camarade de promotion de Franche-Comté, études à Besançon dont le père est bûcheron, entrée à l'ENS brillamment et seconde à l'agreg....

égéa : et c'est vrai que l'armée en général est un des derniers mécanismes massifs d’ascenseur social. Faudrait regarder pour l'EDG

6. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par

Bonjour,

Le plan proposé est parfait pour cet exercice convenu de dissertation de l'EdG, finalement le correcteur ne vient pas y chercher de thèse originale ou particulièrement novatrice, mais vérifie d'abord que le candidat restitue une méthode, et est capable de fournir une réponse consensuelle et rassurante pour le cercle de pensée militaire autorisé.

Pour autant, la réponse qui est donnée est absolument bateau. Ma question est, existe t-il une époque de l'antiquité à nos jours ou il n'y avait pas de mutations, de ruptures, de révolutions dans le champ stratégique ?

Que dire par exemple de l'invention de la catapulte de siège mille ans avant JC, de la cartographie au IIe siècle ou encore du canon rayé au XIX ? N'étaient ce pas, là encore des ruptures? Chaque siècle recèle de ruptures. Cette théorie de toujours se croire à la croisée des chemins quand notre histoire n'offre jamais de calme plat est un peu courte, mais je l'accorde, elle fait vendre.

Mais revenons au sujet. Finalement, ce qui me choque plus dans votre plan, c'est que Victor Hugo parle prospective, et que votre idée maitresse est ancrée dans le présent et le futur très proche. Peut-on discuter le citation de VH sans prendre comme lui de risques ? C'est de la couardise qui me paraitrait bien peu adaptée à un futur décideur militaire.

Je conçois tout à fait que les correcteurs ne saquent pas le candidat ayant déroulé votre plan bien formaté et bien pensant, mais j'ose espérer qu'ils aient des instructions pour réserver les plus hautes notes (>15) à des devoirs novateurs, dont les candidats ce seront exposés comme l'invite VH à la prospective.

Car finalement, cette citation n'est elle pas aussi une invitation (pas de la Revue Verte, ils n'ont certainement pas ça derrière la tête) à réfléchir à la conflictualité à 10 ou 20 ans, voire plus ?

Il est intéressant de constater que dans tous les scénarios d'engagement avec la Chine ou l'Iran, la dimension économique (les "marchés") ressortent à chaque fois comme une cause de blocage. Il y a dans les échanges économiques RPC-US une forme de dissuasion.

J'en viens donc à d'autres problématiques: les marchés vont ils supprimer toute conflictualité entre État ? Allons nous vers une autre forme de guerre froide dictée par les impératifs économiques de chacun? Les stratégies indirectes vont elles devenir les premiers outils des grandes puissances? De même cette incursion dans la propective, et la phrase de VH ne nous invite t-elle pas à examiner le combat des idées? La confrontation d'un "occident" en déclin? Un modèle de socialisme de marché qui laisse ce vieil occident perplexe?

Je citerai aussi Emanuel Todd et son "rendez vous des nations", qui tempère un tout petit peu toutes ces thèses belliqueuses avec l'éclairage du démographe. On aime ou pas le personnage, mais force est de constater que l'Histoire confirme ses prévisions (Chute de l'union Soviétique, Printemps arabes)

Bref, si j'étais correcteur, je trouverais courageux de lire une copie qui développe et étaye cette théorie d'une nouvelle guerre froide, de conflictualité faite de stratégie indirectes (ce qui n'exclue pas des opérations limitées type Libye) , et de développement de stratégie de guerre économique et dans le cyberespace, et enfin et surtout la remise en question de la notion d'"occident".

Finalement, ce qui me fait peur, c'est que je suis persuadé qu'un devoir qui développerai ces idées serait jugé hors sujet... J'ai de plus en plus l'impression que la pensée militaire est faites pour servir d’introduction aux catalogues de vente des industries d'armements, alors qu'elles devraient servir d'avant propos à leur plan stratégique...

Je vais finir par croire que la "pensée militaire" est un oxymore ...

MoB

égéa : Voilà de vigoureuses indignations ! Question : un devoir EDG qui doit être tourné en quatre heures doit-il révolutionner la pensée militaire ? Non. Il doit être solide et démontrer que le candidat sait mettre en ordre et en forme des idées pour mener une démonstration et convaincre de ce qu'il dit. 

Cela suppose un travail préparatoire, pas mal de lectures, une maturation : mais en un an, on ne fabrique pas comme ça des "penseurs militaires". Cela prend quelques années d'autres lectures, de ruminations, d'écritures, de tests d'idées. Bien sûr, la grâce peut tomber sur tel ou tel... Mais je constate que les grands (Napoléon, Clausewitz, Beauffre, Poirier, Brodie, Colin Gray pour donner qq noms qui me viennent à l'esprit) ont passé beaucoup de temps à étudier. Et en plus, le résultat de leur travaux ne tient pas en huit pages manuscrites.

Il reste que votre questionnement de la "mutation" qui serait aujourd'hui exceptionnelle alors qu'elle constitue une règle (je n'ose dire une règle de l'évolutiondes sociétés, mais c'est cela que vous suggérez), ce questionnement là est valable et mérite une réponse. Par exemple en revenant à la question des RMA (on lira ainsi l'article d'Alain de Nève : que reste-t-il du discours de la RMA?). Il suffisait seulement de développer cette critique, si je peux me permettre un conseil bienveillant.

7. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par oodbae

@MoB:
je crois que vous donnez vous-même l'explication du conformisme que vous décriez: "je suis persuadé qu'un devoir qui développerai ces idées serait jugé hors sujet".

De plus, un candidat qui développe des théories nouvelles dans sa dissert' de concours, ce n'est pas un génie, c'est un illuminé.

Enfin, un bon militaire doit savoir s'adapter au terrain. Si le terrain est conservateur, il devra laisser son costume de prophète progressiste au placard et développer un discours conservateur.

cordialement,
oodbae

PS: si on veut développer un concours plus propice pour déceler les talents innovateurs et créatifs et perspicaces etc, etc, on n'a qu'à ouvrir une école de guerre "Montessori - Waldorf-Steiner" (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...) lol

8. Le mercredi 8 février 2012, 21:41 par clc

Bonjour,
Candidat cette année à l'école de guerre, j'ai tenté, avant de lire l'intégralité de ce post, de faire le devoir en 4 heures..
Cela donne le résultat suivant (je donne ici les idées principales et non la rédaction intégrale).

Mon plan en trois parties est le suivant :

Problématique : Le champ de bataille conventionnel peut-il disparaître au profit de batailles uniquement économiques et idéologiques?

Idée maîtresse : La guerre est irréversible, l'homme cherche à l'éviter, mais ce faisant, il créé de nouvelles conditions pour la faire surgir sous des formes différentes.

I/ La guerre est irréversible car ancrée dans la condition humaine et l'architecture du système international.

IS1 : Nature envieuse et belliqueuse de l'homme - Thomas Hobbes : "L'homme est un loup pour l'homme" - Jean Guitton : " l'homme revêtu de pouvoir tend obscurément à préférer son bien propre, sa manière de voir, sa puissance au bien réel et durable de ceux dont il a la charge " - Abdoulaye Wade, Gbagbo, etc.

IS2 : Le rapport de forces reste la caractéristique fondamentale du système international, ce qui induit de fait une conflictualité - Raymond Aron "Paix et guerre entre les nations" - Accords START de réduction des arsenaux nucléaires ont échoué - Réarmement annoncé par Vladimir Poutine vs effort militaire américain.

IS3 : Malgré la dimminution des conflits interétatiques conventionnels post-seconde guerre mondiale, mutation des conflits - Insurrections, guerres ethniques et religieuses - Nombreux exemples (Balkans, Rwanda, etc.).

II/ Les champs de batailles économiques et idéologiques semblent supplanter les champs de bataille conventionnels.

IS1 : Le rappport de forces actuel est davantage d'ordre économique - Détention de 3 trillions de bonds du trésor américain par la Chine qui rend un conflit sino-américain de type militaire plus improbable - Refondation moderne de l'URSS des 15 républiques sous la forme d'un espace économique commun les réunissant sur le plan économique.

IS2 : Les vélléités d'extension de territoires qui fondaient autrefois les conflits interétatiques sont moins présentes - Depuis 70 ans les nations ont lutté et luttent encore pour leur indépendance, mais une fois ce processus terminé, il est probable que l'architecture étatique du monde s'approche de sa version finale. Le conflit interétatique traditionnel pourrait ainsi disparaître par cette évolution.

IS3 : La mondialisation des échanges et le développement de la connaissance favorisent la paix. Les idées de liberté individuelle, de respect des droits de l'homme sont universelles et ont permis la création d'organismes supranationaux dont la vocation est de défendre la paix - Département des opérations de maintien de la paix des nations unies - charte des nations unies - mais aussi OMC, FMI, BM, etc.

III/ La mutation vers des champs de bataille nouveaux contient en elle-même un risque de retour à la guerre.

IS1 : Faciliter le débat d'idées peut avoir pour conséquence d'amplifier les revendications et conduire à la violence - Cas du Printemps arabe avec l'usage des réseaux sociaux pour organiser les soulèvements.

IS2 : Les échanges d'idées mettent en relief les différends ethniques et religieux - Naissance du terrorisme - Conflits ethniques et religieux au Rwanda, dans les Balkans, etc.

IS3 : La mondialisation des échanges, notamment économiques, amplifie l'impact social des crises et peut dégénérer - Crise de la dette en Europe et mesures d'austérité induites qui amplifient le risque de soulèvement populaire.

Conclusion : La disparition du champ de bataille conventionnel est par nature improbable. Conscient du risque, les Etats ont mis en place des structures nouvelles dont il est possible de croire qu'elles préservent la paix. L'équilibre de ces structures est cependant fragile.

Ouverture : Comment les consolider dans un monde en voie de multipolarisation?

égéa : mais c'est excellent : si vous avez fait ça dans le temps imparti, c'est plus que convaincant. Même si je m'interroge sur la signification du mot "guerre", mais nous entrerions là dans un autre débat. Et si je ne suis pas tout à fait convaincu par votre troisième partie : mais là, c'est moi qui pense : si j'étais correcteur, je saurais dépasser mon opinion propre pour reconnaitre là qu'il y a du très solide. Bravo.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1311

Fil des commentaires de ce billet