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Cyberdéfense : Etat des Lieux stratégique, politique et technologique (par le sénateur Bockel)

L'autre soir, l'IHEDN Pairs Île-de-France organisait une soirée débat sur la cyberdéfense. Deux intervenants étaient là : le sénateur Jean-Marie Bockel, qui prépare un rapport parlementaire sur la question, à paraître en juillet. Et Daniel Ventre, un des auteurs les plus prolixes sur le sujet, un de ceux qui a déminé le sujet avant tous les autres.

Egéa était présent : voici le compte-rendu de cette soirée.

source : cet excellent article d'AGS qui présente la stratégie de cyberdéfense publiée l'an dernier par l'ANSSI.

JM Bockel prend la parole pour présenter son rapport parlementaire en insistant sur le fait que son point de vue est celui du politique et qu’il laissait à Daniel VENTRE le soin d’assurer le volet technique.

La cyberdéfense revêt une importance stratégique : de nombreux pays ont été attaqués, le centre d’excellence de l’OTAN est situé à Tallinn et Jean-Marie BOCKEL a déjà rencontré pour avoir une vision comparative Londres, Rome et l’OTAN ; il rencontrera avant la remise de son rapport Bonn, l’Union Européenne et Washington.

Après une incidente sur le concept attaque-défense (« la meilleure défense c’est l’attaque ») il constate que la politique à mettre en place par un état est avant tout un système de protection pour empêcher l’intrusion dans les réseaux en particulier ceux concernant les SAIV. On se souviendra ici de l’attaque massive subie par Estonie en 2007, du fait que les réseaux chinois ont été attaqués et que, en France, le MINEFI a été victime d’une cyber attaque en 2011.

Pour lutter contre cette menace dans ce nouveau champ de bataille la France, considérant qu’un conflit ne se produira pas sans cyber guerre, a mis en œuvre l’ANSSI dont la mission est de lutter le plus possible dans la zone grise destinée à effectuer des chantages pour en limiter les effets d’une telle attaque et renforcer les mesures de défense possibles.

  • Aux États-Unis la cyber sécurité est un objectif stratégique (le cyber command US a un budget de 50 Milliard de $);
  • au Royaume Uni la Sécurité Informatique est assurée par le Command Electronic Security Group (550 agents et 650 Millions de £) ;
  • en Allemagne cette fonction est assurée par le Ministère Fédéral de l’Intérieur (80 Millions d’€ et 500 agents) ;
  • l’OTAN a désigné une autorité de gestion de la cyber défense mais malgré le centre d’excellence de Tallinn reste encore mal armée contre cette menace pour laquelle se pose la question fondamentale de l’utilisation de l’Article 5 du traité ;
  • quant à l’UE son rôle est différent elle veut régir les réseaux et devenir un interlocuteur majeur sur le sujet.

La France quant à elle n’est à ce jour ni bien préparée ni bien organisée : le réseau interministériel ISIS est d’un usage compliqué et n’a pas empêché les attaques sur le MINEFI et la centralisation au niveau de l’Etat est insuffisante ; la politique définie par le LIVRE BLANC a amené la création de l’ANSSI (Autorité Nationale de Défense des Systèmes d’Information, directement rattachée au chef de l’État). Elle a défini une stratégie d’action. Il reste beaucoup à faire :

  • en 2012 - 50 fonctionnaires et un objectif de 360 en 2013
  • les SAIV sont peu sensibilisées : les objectifs prioritaires sont les systèmes bancaires et la fonction distribution d’énergie

Et il faut pour cela mettre en place des parades, renforcer la coopération internationale, éviter de trop normer en Europe pour ne pas multiplier les parades, renforcer le contrôle des réseaux sociaux.

Tout cela c’est la réponse du Politique qui peut provoquer une aggravation des sanctions et faire effort sur la coordination.

En répondant aux questions de la salle modérées par Emmanuel Dupuy, Président IPSE, le Ministre et Daniel VENTRE :

  • . Insistent sur la difficulté qu’il y a à définir une frontière entre la cybercriminalité et la cyberdéfense ainsi que sur le fait qu’il y a un déplacement des limites paix-crise-guerre.
  • . Constatent que l’Europe n’est pas assez agressive et qu’il subsiste une question de droit international en rapport avec le concept de souveraineté.

La capacité de maîtrise de la technique est très difficile quand on sait que 80% des FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) sont aujourd’hui aux Etats Unis et que l’on connaît la prégnance actuelle de la CHINE tant en matière de HardWare que de SoftWare. La cyberdéfense se joue sur les trois plans : matériel, logiciel et cognitif ; techniquement on peut en particulier couper internet de l’extérieur les chinois l’ont prouvé sur une province.

Pour ce qui est du bilatéral et du multilatéral le Ministre précise que la souveraineté ne se délègue pas mais il constate et approuve que les initiatives multilatérales de l’OTAN qui sont bénéfiques ; il n’y a pas de réponse binaire à cette dualité et il faut construire la cyberdéfense sur le fond géopolitique du moment.

Au plan de la compatibilité et de la transparence ce qui change et marque la rupture c’est d’une part la mise en place de moyens par l’Etat (ANSI) et la prise en compte au plus haut niveau du fait de la prise de conscience et de la sensibilisation bien qu’il existe encore de nombreuses failles et que la sensibilisation des acteurs semble encore insuffisante

(merci à ED pour la prise de note).

O. Kempf

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