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Des Antilles au Pacifique

J'ai appris l'autre jour que le canal de Panama allait doubler d'ici 2014, et qu'un autre projet de traversée de l'isthme américain était mis en place (Costa Rica ?). La conclusion est évidente : le trafic maritime entre Atlantique et Pacifique va considérablement augmenter. Voilà une opportunité à saisir dans le cadre de la démarche stratégique française.

source

En effet, les flux seront modifiés d'Asie vers l'Amérique orientale : pourquoi ne pas les prolonger vers l'Europe ? Comment en tirer profit ?

Par exemple, en créant un port relais dans les Antilles françaises (soit en Guadeloupe, soit en Martinique, que l'on mettrait en système).

Ce serait l'avant-port du système Paris - Rouen - Le Havre qui est le vrai projet du Grand Paris (même si la densification du réseau de transports en commun de banlieue est indispensable). Bref, il s’agit non seulement de lier Paris à l'axe majeur du trafic maritime mondial (La Manche) mais aussi l'arrimer vers un axe maritime en construction, et surtout relier cette région des DOM-COM à la métropole, dans un système politique et économique plus cohérent, qui solidifierait notre position en Guyane et dynamiserait l'économie de ces îles.

Au fond, il s’agit d'imaginer un Singapour occidental. Alors, le binôme Martinique Guadeloupe sera une étape, et non une destination (des touristes ou des transferts de fonds de métropole).

Voici une "pensée stratégique" multidimensionnelle qui pourrait être inscrite dans un vrai livre blanc.... celui de la stratégie française.

On dit souvent qu'il faut faire la politique de notre géographie. Et si notre politique faisait la géographie ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par 35mm

Effectivement, c'est ambitieux. Il serait réconfortant de savoir que notre pays dispose d'une véritable stratégie commerciale maritime à long terme, qui s'inscrit dans la logique prévue de bascule des forces vers l'Asie.

Cependant, j'y vois 3 obstacles majeurs :

1/ Qui dit plateforme de transit maritime dans les Antilles françaises, dit base logistique adaptée (et plutôt considérable, si elle doit absorber les flux asiatiques vers la France, voire ceux des Etats-Unis). Or il n'existe actuellement rien de ce type, ni en Guadeloupe, ni en Martinique. La preuve en est qu'en 2009, lors du tremblement de terre en Haïti, la France a péniblement mis en place "dans l'urgence" (vous me direz c'est comme ça qu'on travaille le mieux nous les soldats français) un "hub" logistique en Martinique qui permettait de faire transiter l'aide humanitaire de certains pays d'Europe vers Haïti. Non seulement les retex de ce "Havre antillais" sont plutôt mauvais (j'en sais quelque chose), mais non content d'être sous OPCON américain concernant les transits aérien et maritime, il n'était clairement pas adapté, et fut démonté dès la fin 2009.

2/ Qui dit hub logistique dans les Antilles dit accord entre la Guadeloupe et la Martinique, 2 territoires d'outre-mer plutôt en phase de fracture économique et sociale qu'en réconciliation. Qui va l'accueillir ? qui va le soutenir ? Cette problématique me rappelle étrangement l'implantation de l'aéroport international et de la gare TGV en Lorraine : strictement aucun accord n'est sorti de la guerre fratricide entre Nancy et Metz (au final on a coupé la poire en deux). Pour ma part, je pense plutôt que la Guyane a un rôle à jouer dans cette affaire : ici se situe le véritable potentiel de plateforme logistique français à échelle mondiale (proximité du Brésil, dispositif militaire conséquent, possibilité d'agrandissement du hub à horizon 2050, etc.)

3/ Oui, vous avez raison : le véritable objectif du Grand Paris est économique : l'axe Paris-Rouen-Le Havre. Mais pour cela, il faut que le plan d'urbanisme de la Mairie de Paris valide le projet et ce n'est pas le cas. Beaucoup trop de freins de toute nature sont encore présents (politique, social, économique, budgétaire). Quand on voit que le maire de Paris a gelé pour le moment la poursuite du projet Balard pour d'obscures raisons, on imagine la facilité avec laquelle un projet pharaonique comme l'axe Paris-Rouen-Le Havre peut être neutralisé.

Cependant, l'idée de cette plateforme logistique antillaise est complètement légitime. Seule une volonté présidentielle forte pourra faire franchir tous ces obstacles (et je ne parle pas du coût de la plateforme, ce serait grossier en ces temps de crise de la dette).

Un préparant qui prépare (édifiant non ?).

égéa : mais oui, les préparants ont bien raison (de lire égéa pour préparer ?).

2. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par FTI83

Bonjour,
Bien observé. Notre monde est maritime et aura bien besoin de ce hub. Mais je ne le vois pas dans les Antilles françaises. Pour différentes raisons : routes maritimes (quid de l'Amérique du nord ?, coût de la main d'oeuvre, emplacements mêmes (quoiqu'en Guadeloupe, ce soit faisable). En fait ce hub a plus de chance de se développer en Haïti/Dominicaine, ou ... à Cuba.

3. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par Un chargé d'étude

Bonjour,

Je remercie l'intérêt du billet pour la question, qui met en avant une conséquence plutôt inconnue ou peu travaillée du glissement économique vers l'Asie.

Pour ce qui est des ports, surtout aux Antilles françaises, la construction est déjà en marche, et l'axe stratégique dont vous parlez s'incarne déjà dans une vraie politique de dynamisation (et pourtant, on est en retard...)

Avez vous pensé à lire la Brève Marine 146 du CESM?

égéa : si elle est parue assez récemment (moins de quinze jours), je crois que oui. Mais chez moi, les idées maturent lentement ....

4. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par yves cadiou

Billet intéressant (comme d’hab), j’ai « seurfé sur le ouèbe » pour chercher de la doc au sujet de l’augmentation de capacité du canal : dans l’article de wikipedia, voir le chapitre « concurrence » http://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_...
L’on y trouve plusieurs projets passant par l’Amérique centrale au regard desquels votre idée reste parfaitement valable. Mais on y trouve aussi que les tarifs pratiqués par la compagnie de Panama sont près de rendre rentable le passage par Suez pour relier l’Asie à l’Europe.
Quant à la route arctique (je cite wikipedia, copier-coller), elle « ferait économiser 9 300 kilomètres à la route Asie-Europe par rapport au canal de Panama, conduisant à un report possible du trafic vers cette route »
(9300 km : on oublie toujours que le Pacifique est immense). On peut par ailleurs prévoir que la route arctique ôterait ou ôtera à la Manche une partie de son trafic (actuellement 20% du trafic maritime mondial).

Votre idée mérite en tout cas d’être inscrite, au moins pour étude et débat à cause de ses nombreuses implications (c’est multidimensionnel, comme vous dites), dans « un vrai livre blanc ».


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PS : j’observe que le préparant ci-dessus (commentaire n°1) a fait un plan en trois parties alors qu’il pouvait en faire deux : 1 Nous sommes capables de créer cette nouvelle Singapour, mais pour ça il faut une volonté gouvernementale (« un vrai livre blanc ») 2 les réticences locales, à la Mairie de Paris comme aux Antilles, vont à l’encontre de l’intérêt national et démontrent une nouvelle fois l’échec de la décentralisation.

5. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par yves cadiou

Pour faire suite au commentaire n°2 : il est vrai que depuis longtemps l’économie de nos Dom-com souffre de la concurrence des pays voisins où les coûts de main d’œuvre sont ceux du Tiers-Monde. Pourtant ce ne serait probablement pas le cas pour un tel « hub » positionné aux Antilles françaises : l’équipement d’un port et son fonctionnement, de nos jours, nécessitent des techniciens qualifiés. On n’est plus au temps des portefaix et de ce point de vue nos Dom-com ont un avantage sur leurs voisins qui sont indépendants mais pauvres et où l’enseignement technique est insuffisant.
Si pour ce projet il s’avérait que le personnel techniquement compétent manquait, nous serions en mesure de le former dans des lycées techniques ou au SMA. Par conséquent l’argument du coût de la main d’œuvre dans nos Dom-com, qui était effectivement valable naguère et qui l’est encore pour les tâches sans qualification (couper la canne à sucre, par exemple), ne s’oppose pas mais au contraire est favorable à un projet demandant des techniciens qualifiés, car nous en avons ou pouvons les former.
On revient ainsi à ce que disait Olivier Kempf dans son billet : c’est un projet multidimensionnel.

6. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par Dorian83

Je me risque à émettre un avis divergent du votre et de certains commentateurs (dont certains sont connus et reconnus...). En effet, bien que séduisante intellectuellement, l'idée de "port relais" ou encore "hub maritime" (ce qui n'est pas tout à fait la même chose) me semble se heurter à certaines réalités.

En effet :

1. A ce jour, le flux maritime est essentiellement en provenance ou à destination des USA. Le canal de Panama permet avant tout de relier la côte Est nord américaine à la côte W et à l'Asie. La liaison avec l'Europe passe largement par Suez : Europe-Asie par cargo = 23 300 km par Panama et 21 200 km par Suez.
Dans ce contexte, difficile d'imaginer la plus value d'un port de transbordement (relais ou hub) au niveau des Antilles françaises : étape entre Shanghaï et New-York ou entre San Diego et Boston ? Point de transbordement entre Pekin et les ports de la cote Est ? Pas vraiment sur la route qui passe par le canal du Yucatan ou le passage du vent, c'est à dire de part et d'autre de Cuba...

2. Si le projet ne semble pas pertinent aujourd'hui, qu'en est-il demain ? Quel serait "l'axe maritime en construction" dont vous parlez ? Japon - Europe ? Chine - Europe ? La véritable évolution semble plutôt l'ouverture de la route du nord qui permet d'économiser 7600km sur la route Europe Asie passant par Panama (un peu différent de la source wiki mais qui ne change pas grand chose sur le fond).
Là encore, la plus value d'un hub antillais français ne me semble pas tout à fait patente.

3. Monique Bégot résume assez bien cette problématique (Source : http://atlas-caraibe.certic.unicaen...)

"
Les sites portuaires des Petites Antilles apparaissent trop excentrés, sans véritable arrière-pays pour jouer un rôle important ; ils présentent tous une balance des entrées, sorties très déséquilibrées au profit des premières. Il reste que la concurrence entre eux, donc à un autre niveau, reste féroce. Dans les jeux qui se jouent, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre sont loin d'être gagnants face aux installations modernes du tout nouveau site de Vieux-Fort à Sainte-Lucie, à l'efficacité, à la certitude pour les transporteurs d'une paix sociale quasi assurée. Trop de conflits sociaux mal réglés, peu d'aménagements performants pour les ports des DFA, donc peu d'intérêt malgré le haut niveau de vie des populations
"

4. J'y rajouterais l'absence d'attrait financier (pas de zone franche).

5. La question nécessite sans doute le niveau de réflexion d'un mémoire de géographie (ou d'un livre blanc...). Cependant, une analyse rapide tend à me faire penser que la seule chose qui puisse permettre d'entretenir l'espoir d'une réussite pour un tel projet est l'aphorisme de V. Hugo : "L'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain"

7. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par FFF

Je me préparais pour dire qu'un projet de telle envergure était possible et même envisageable vis-à-vis de la découverte d'hydrocarbures dans l'offshore profond guyanais. Me préparait, puisque je viens de lire une annonce assez perturbante de que les permis d'exploration de Shell en Guyane on été suspendus (déclaration de la ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie Nicole Bricq, à l'occasion d'une conférence de presse sur le sommet Rio+20).

Quoi qu'il en soit, l'offshore guyanais est prometteur car il est de même nature que ceux de l'Afrique de l'ouest et de la Bacia de Campos au Brésil. Son développement durera encore une dizaine d'années, mais l'intensification du trafic maritime entre Atlantique et Pacifique ne peut être qu'une bonne nouvelle. Par ailleurs, le développement nécessaire des Antilles françaises pouvait venir de juste à côté, de la Guyane Française, qui pourra bénéficier de la main d'oeuvre expatrié du pétrole.

Finalement, en se traitant de stratégie de très long terme, la France possède la seconde plus grande zone économique exclusive au monde, derrière seulement les États-Unis; notamment l'Île de Clipperton (Île de la Passion), dont la ZEE atteint le plus grand dépôt de nodules polymétalliques au monde, situé au milieu du Pacifique entre l'Hawaii, la Polynésie française et l'Île de Clipperton. Ces dépôts sont des réservoirs sous-marins de manganèse, niquel, cuivre, cobalt, fer, etc., et quoi que son exploitation ne soit pas encore profitable, ses réservoirs existent.

Nodules polymétalliques: http://wwz.ifremer.fr/institut/cont...

Nicole Bricq: http://www.latribune.fr/entreprises...

Offshore guyanais: http://www.total.com/fr/groupe/actu...

égéa : sur la Guyane et l'off shore, voir mon billet : http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/09/14/Guyane


8. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par Kouak

Un article de Diplomatie nuançait l'attrait des routes polaires.
Bien que la route soit praticable, elle n'en est pas moins parsemée de blocs de glace. D'où l'usage de navires à double coque, plus cher à l'achat et avec moins de charge utile. De plus, le risque de naufrage étant plus grand, il faudra payer la permanence d'un système de sauvetage dans un lieu, ou pour l'instant, il n'y a presque rien.

Donc hypothèse : S'il existe un second projet de canal n'est ce pas pour contourner ces faits ? Ou remplacer le canal de Suez situé dans une région à la stabilité incertaine ?

9. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par 35mm

Réponse au commentaire 4

Damned.
Ici aussi les correcteurs font autorité... décidément on ne peut plus se cacher quand on est préparant...
Merci Mr Cadiou en tout cas, votre remarque était très pertinente. Ah la concision ! C'est bien la qualité des chefs.

Cependant attention vous vous égarez un peu sur le SMA dans votre commentaire 5. D'une part il a déjà été divisé par 2 en 2009 (il ne subsiste plus que St Jean du Maroni), et d'autre part à horizon 2020 il est question qu'il n'existe plus... du tout.
Vous voyez là j'ai fait 2 parties, cela porte mieux le costume ainsi non ?...

10. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par

Je rejoins le pessimisme ambiant pour deux raisons: la faible volonté politique locale (qui reste au stade de l’incantation plus que l'action); et le manque d'attrait fiscal.

Je dois préciser ici que je connais bien les Antilles pour y avoir fait de nombreux séjours ces dix dernières années.

Pour le premier point, il suffit de voir que les potentialités touristiques des l'îles ne sont pas du tout valorisées. Quand on voit les aménagements d'autres îles des caraïbes de ce coté (Saint-Martin hollandaise par ex.) on réalise le chemin à parcourir.

On m'opposera que les habitants n'ont pas envie de voir des touristes et veulent rester en paix; mais alors, la question du "hub maritime" est réglée.

Ensuite les installations portuaires n’évolueront pas, les dockers locaux sont un vrai frein au changement, reposant sur une situation monopolistique (En Martinique, ils sont considérés comme une vraie mafia locale, capable de bloquer toute l'île; salaire net entre 4000 et 10000€/mois, excusez du peu). Cela écarte toute compétitivité du site. D'autre part l'île est plombée par les taxes.

Sans volonté interne, ni intérêt externe, l'éventualité que les Antilles françaises puissent jouer un quelconque rôle me parait donc totalement improbable.

D'autre part -et malheureusement, en terme de sécurité (prévention, protection, plot Search and Rescue) les capacités antillaises s'amenuisent avec le transfert de nombreux moyens militaires français vers la Guyane.

11. Le mardi 12 juin 2012, 22:38 par panou

Le probléme est que la Mer des Caraîbes est un ''lac'' US.Celà a commencé avec l'indépendance du Panama sécessioniste de la Colombie avec l'appui US dés que le canal fut opérationnel grâce à de Lesseps et aux nombreux ouvriers venus des Antilles françaises qui y connurent une mortalité effarante.Un vieux projet de doublement existe via le Rio San Juan et le lac Nicaragua mais se heurte à l'instabilité nicaraguyenne(Ortega ,pro Chavez, a été réélu),à une opposition des écologistes et à un différend frontalier avec le Costa-Rica.Echaudés par le phénoméne cubain Washigton surveille comme l'huile sur le feu son lac des Caraîbes et ses rivages:interventions armées dans les confettis de la Grenade et de Saint-Domingue et sur les rivages limitrophes(Panama,soutien aux contras au Nicaragua).Pour un tel projet il faudrait l'aval des E-U et quel serait leur intéret à aider une puissance moyenne à venir patauger dans leur mer intérieure surtout quand le probléme cubain se résoudra à moyen terme.
D'un point de vue économique installer un hub maritime accesible aux énormes porte-conteneurs est au dessus de nos moyens financiers actuels.De plus les hubs sont propriétés de plus en plus des compagnies maritimes qui ne veulent plus dépendre des fantaisies syndicales et embauchent donc les personnels opérant les quais.Pour prendre un exemple avec un hub récemment créé à Tanger ce sont les 3 grands armateurs mondiaux des porte conteneurs qui contrôlent le port.Il se trouve que ces 3 leaders mondiaux sont des compagnies européennes:Maersk danois,CMA-CGM français,MSC italo suisse.Certes rivaux, pour de tels projets ils travaillent en coopération et décident des routes maritimes.Or l'armateur français qui a un monopole sur le trafic sur Antilles Guyane a de gros pbs avec les dockers locaux et garde un monopole que ne viendront jamais disputer ses concurrents tant est grande la mauvaise réputation des ports français...en dépit de quelques réformes.
Comme le souligne FFF la remise en question des permis off-shore en Guyane va refroidir les investisseurs dans notre Outre-Mer et le hub antillais sera un beau rêve.
Pour avoir néanmoins une idée prospective pourquoi ne pas suggérer à madame Taubira de recréer une colonie pénitentiaire en Guyane?

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