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Sujet EDG 2012

De fidèles lecteurs, préparant l'école de guerre, me signalent le sujet du concours : "C'est moins par la force de ses armements qu'un nation s'élève au dessus des autres que par le caractère de ses citoyens." Baden-Powell

Comment une nation s'élève t-elle sur la scène internationale ?

source

1/ D'emblée, un sujet en apparence franc du collier, pas piégeux. Et au fond, là est peut-être le piège : voilà un truc qui inspire confiance, et qui peut inciter le candidat à relâcher son attention. Quelque part, il faut presque le compliquer, à tout le moins l'élargir.

2/ En effet, l'insistance sur la richesse humaine et sur le caractère attirera tous les officiers prédisposés à parler du commandement. Surtout que l'auteur de la citation, Baden-Powell, rappellera la culture scoute d'un certain nombre et les incitera à refermer le sujet. Autrement dit, voici le piège : le sentiment, le vécu, la pratique. Si vous repliez le sujet sur votre expérience, je ne dit pas que ça sera mauvais, simplement que ça paraîtra convenu.

3/ Or, la question porte sur la nation. Voilà ce qu'il ne faut surtout pas oublier, voilà ce qu'il faut traiter. C'est un sujet de relations internationales....

4/ Je crois que la première question sous-entendue par le sujet tient à cette dynamique : le "classement" des nations évolue-t-il ? qui dit élévation dit abaissement concomitant d'un autre. Il faut d'abord interroger ce qui est admis comme un état de fait, mais qui peut être discuté : par exemple en évoquant à la fois les exemples historiques, mais aussi les théories explicatives. On peut enfin évoquer l'actualité, avec le phénomène de l'émergence qui suit la mondialisation.

5/ La deuxième partie est la plus classique, puisqu'elle revient à discuter les facteurs de la puissance : facteurs physiques (taille et physionomie du territoire), facteurs militaires, facteurs économiques.

6/ La troisième est aussi assez classique car elle revient à discuter le facteur humain. On peut penser à Jean Bodin (il n'est de richesses que d'hommes, en rappelant qu'il s'agit pour lui d'une richesse quantitative et démographique). Puis on en vient à l'éducation, à la capacité éducative, à la culture, au soft power; avec des développements assez classiques que vous maîtrisez.

7/ Tout ça est solide, établi. Fait sérieusement, avec la maîtrise de l'architecture et ce qu'il faut de citations, vous obtenez un 14 sans trop de difficultés.

8/ Voici quelques réactions à chaud. En plus, vous aurez apprécié que j'ai fait un trois partie trois sous-parties, je fais des efforts. En conclusion, une allusion classique à Paul Kennedy (Rise and fall of great powers) qui est paru en 1988 et est donc un peu oublié aujourd'hui.

Comment vous dire, en fin ? Que ce sujet ne m'inspire pas tellement, qu'il sonne vraiment "question de cours", et qu'une approche sommaire ne permet pas de déceler le fil un peu brillant qui permet de dépasser ce convenable. Bref, quelque chose de très cadré, très militaire, peu imaginatif, resserré. "Comme il faut".

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par CA

Aïe, j'ai pour ma part planché sur ce sujet et j'ai choisi de l'attaquer sous l'aspect de la puissance. Mon plan est très bateau.

Accroche avec définition de la puissance selon Aron = "capacité d'imposer sa volonté" et "pas un absolu mais une relation humaine" (merci Egea et P. Bulher)

Mon IM à peu près: l'outil militaire occupe un place centrale dans les instruments qui font émerger une nation. Mais la mondialisation vient perturber cet équilibre et seule un savant mélange de "hard" et de "soft power" lui assure de peser sur la scène internationale.

I.L'outil militaire occupe un place centrale

I.1 Déjà pour la cohésion de la nation: "De Gaulle: La France fut faite à coups d'épée...", la guerre participe à la construction de la nation "âme, principe spirituel" selon Ernest Renan.
I.2 La coercition militaire reste un instrument inégalé: Suez, la Géorgie.
I.3 L'extension dans l'utilisation des forces armées (catastrophes naturelles, Fukushima, 100.000 réservistes mobilisés)

II.Mais de nouveaux équilibres dessinés par la mondialisation

II.1Une érosion de la volonté belligène des peuples (Europe construite sur un projet pacifique, après l'Irak et l'Afghanistan "war fatigue" américaine)

II.2 L'émergence d'acteurs non étatiques qui disputent la puissance aux nations (ONG, Multinationales, Diasporas...); les organisations criminelles "9eme membre" du G8 (A. Bauer)

II.3 L'importance prise par les instances multilatérales et le droit international (Russie rentre dans l'OMC, Chine de plus en plus présente dans les organisations internationales)

III. Les nations doivent user de "soft power" pour s'élever aujourd'hui

III.1 La démographie (Jean Bodin "Il n'est de richesses que d'hommes") allusion à Joseph Nye. Le volet éducatif facteur d'influence (1/2 million d'étudiants étrangers américains)

III.2 La culture (essor des instituts Confucius) la diplomatie (France - deuxième réseau mondial), la langue.

III.3 L'économie (Russie et diplomatie du gaz, le problème des dettes souveraines)

Ouverture: la nation et l'état, formes d'organisations politiques dépassés pour faire face aux nouveaux enjeux de puissance?

Je ne suis pas très satisfait de mon devoir, j'aurais voulu plus développer la partie cohésion de la nation/rôle du peuple avec du Tilly et du Foucault, et parler de davantage de choses en terme de soft power; 4 heures, c'est court!

Cordialement

égéa : ben c'est bien : vous avez parlé de la puissance, avec raison, car c'est le sujet. Et votre plan paraît bien construit. Cessez de flipper, souvent les candidats sortent en disant qu'ils ont raté, tout ça tout ça.
2. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par yves cadiou

Encore un sujet éthéré, complètement à l’écart des préoccupations du monde civil. En ce début de siècle nous ne manquons pourtant pas de sujets de fond qui intéressent tous nos concitoyens et que le militaire devrait précisément connaître. A quoi pensent les jurys qui élaborent de tels sujets : ont-ils peur qu’on leur reproche d’inciter les Grands Muets à connaître la société civile et par conséquent à ne plus être muets ?

L’EdG sélectionne et prépare de futurs officiers supérieurs. Ceux-ci seront des cadres de la Nation, au contact des décideurs politiques, administratifs, économiques, juridiques, c’est-à-dire au contact des civils. Il faut donc que la culture générale du breveté de l’EdG (car il s’agit ici du sujet de culture générale) lui permette d’être convaincant auprès des décideurs civils. Pour cela il doit connaître leurs préoccupations, leur mode de fonctionnement, leurs valeurs de référence. Un tel sujet ne va pas dans ce sens.

égéa : je suis assez d'accord : c'est un sujet convenable, convenu, conformiste. Plus c'est dur à l’extérieur, plus ça se complique, plus on se rassure en faisant des choses connues. Un sujet sans fantaisie, ultra dans le moule, ultra reproducteur (dirait Bourdieu).

3. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par David

Une simple question au démiurge de ce blog : qui corrige les copies de l'Ecole de guerre ? I.e. quelle est la sociologie des correcteurs, d'où viennent-ils ? C'est, ce me semble, la première question à se poser avant d'écrire quoi que ce soit. Quels sont les critères de correction ? Peut-on se permettre une vraie pensée ou s'agit-il de régurgiter le penser correct, c'est-à-dire la non-pensée, de l'institution ? Ce à quoi incite à croire l'énoncé plat de la dissertation.

égéa : that's the question. A ma connaissance, ce sont des officiers supérieurs plus quelques professeurs civils.

4. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par GL

Si le terme "armements" renvoie en effet à la chose militaire, "la question porte sur la nation. Voilà ce qu'il ne faut surtout pas oublier, voilà ce qu'il faut traiter".
Nous sortons tout juste d'une campagne électorale où on a beaucoup reproché au président sortant d'avoir malmené la France, de lui avoir somme toute fait perdre sa place, son rang dans la communauté internationale. On parle aussi régulièrement du couple franco-allemand, sensé être le moteur de l'Europe, ce qui renvoie aussi à la place de la France. Sans parler de l'euro de football où la France vient d'être défaite par la Suède (2-0 !), et va donc perdre encore quelques places au classement de la FIFA.
Le sujet est peut-être "convenable, convenu, conformiste", ou "question de cours", mais il me semble tout de même propice à des développements intéressants, imaginatifs, qui sont peut-être ce qu'attend le jury ...
Bonne chance à tous pour la synthèse, et l'oral !

égéa : merci de calmer mes ardeurs : effectivement, un sujet n'existe que par ce qu'on en fait. Effectivement, il pouvait être propice à des développements intéressants. Et effectivement, j'ai réagi à chaud, en regardant une équipe de France un peu calamiteuse se faire étriller : il est probable que la déception devant un spectacle s'est déversée dans le billet, et que ce sujet a été le réceptacle de cette humeur maussade.

5. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par Jean-Marc

Permettez-moi de n'être pas tout à fait d'accord avec vous sur le caractère convenu de ce sujet. Vous semblez admettre qu'une nation s'élève par rapport à une autre par la puissance, par l'influence etc ... C'est évidemment un des moyens classiques, mais ce n'est pas le seul.

Comme souvent, la question posée renvoie au problème de la pratique et des fins. La puissance est elle une pratique ou une fin ? Une pratique !(sauf à s'appeler Napoléon) Mais pour quelle fin ? Avec Aristote, disons, le Bonheur, qui est la seule fin ultime de l'homme.
Alors reprenons :

La puissance, le soft power, l'influence effectivement permettent à une nation de s'élever par rapport à une autre si on retient que s'élever veut dire "être plus puissant que", "être plus influent que" ... et comme par la puissance, l'influence, on obtient de la sécurité, la paix, la nation trouve le Bonheur. Tout va bien.

Mais n'y a t il vraiment que ce moyen pour une nation de s'élever par rapport à une autre ? Une nation a t elle vraiment besoin d'être puissante ou influente pour s'élever ? Cette partie, vous l'aurez compris, assume qu'une nation s'élève par rapport à une autre si elle est capable d'offrir à ses "nationaux" un meilleur cadre qu'une autre pour vivre heureux. Cela passe peut être par la puissance, et l'influence, mais pas que ... dans mon esprit une nation s'élève par son art de vivre, sa culture, son génie créatif, son degré de liberté, son degré de sécurité intérieure ... et oui, aussi, et avec Baden Powell, le caractère de ses citoyens cad l'éducation, leur sens civique, leur générosité, l'amour qu'ils ont du prochain ...

Une nation s'élève lorsqu'elle est généreuse, lorsqu'elle aime son prochain, lorsqu'elle rend ses citoyens heureux, lorsqu'elle oeuvre pour le Bien Commun (et pas seulement l'intérêt général) de l'Humanité. Pour cela, la puissance et l'influence peuvent être des moyens utiles, mais ne sont ni nécessaires ni suffisantes. Amen.

Au delà de la caricature, n'y a t il donc pas là de quoi sortir un peu des chantiers battus ? Je vous accorde que cela aurait besoin d'être un peu ordonné mais il y avait moyen d'être un peu original dans cette réflexion, non ?

égéa : OK pour votre approche, bien vu. Discuter le mot élévation pour aller jusqu’à l’élévation de l'âme (collective, en l'espèce). Partir sur la notion de bonheur intérieur brut etc... Ouverture intéressante, bravo.

6. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par oodbae

Une nation s'élève sur la scène internationale au moyen d'un escabeau ou, à défaut, de talonettes.

7. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par gm

Je me demande quelles sont les attentes formelles du jury. Le plan en deux parties et deux sous parties ? la forme thèse, antithèse, synthèse ? ou plus de liberté ? cela compte…

Le sujet est paradoxal, en tension entre le national et l'international, la nation et le citoyen, la force et le caractère ... très ouvert, sinon provocateur: après tout, on demande "comment" mais pourquoi faudrait-il s'élever sur la scène internationale ?... Mais je ne sais pas si cette entrée plairait à ce jury.
Certaines thématiques sur les choix d'investissements ("du beurre ou des canons") ou les orientations stratégiques ("la Corrèze pas le Zambèze") sont récurrentes, et elles peuvent servir à produire une réflexion sur l'adhésion variable de la communauté nationale à un rôle international... voire à l’investissement dans l’outil… certaines choses n'ont pas de prix, mais elles ont un coût, donc sont sujet de débat. Les cadres des armées ont tout interêt à être au clair sur ces questions…
Derrière le caractère - le sens qui a pu évoluer depuis une centaine d’année- ne faut-il pas voir la notion de stratégie, avec ce que cela comporte de continuité, de réévaluation périodique, et de recherche de l’adhésion populaire ? Je verrais même une place pour introduire la résilience…
Le vrai danger de ce sujet, c’est que le candidat se montre plus brillant que le jury….

8. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par yves cadiou

Les questions posées par David (n°3) concernant les jurys ne s’adressent pas à moi, mais je peux y apporter des éléments de réponse qui datent des années quatre-vingts. Sûrement un lecteur pourra actualiser.

A lire les sujets récents, il me semble que l’état d’esprit n’a pas changé : on retrouve la reproduction de Pierre Bourdieu et la fixation sur des valeurs de référence propres au métier. J’aimerais que l’on soit capables aussi d'en sortir pour rendre au Soldat sa place dans la société parce qu’en vingt ans de fonction publique (préfectures, mairies, établissements publics) après dix-huit années sous l’uniforme j’ai pu prendre conscience du mur mental qui sépare le militaire et la société civile.

Je peux parler des examens militaires des années quatre-vingts parce qu’à l’époque le hasard m’avait désigné pour être pendant quelques années le secrétaire des jurys de concours à l’Ecole Militaire. Ainsi j’ai assisté à l’élaboration des sujets et aux échanges d’appréciations concernant les critères de correction ou parfois concernant les copies qui posaient problème aux correcteurs.
Il y avait un jury pour les épreuves d’admissibilité, puis un autre jury pour les épreuves d’admission (cependant c’était un secrétariat unique). Pour l’épreuve dite « de culture générale » (ce dont on parle ici) les jurys étaient composés uniquement d’officiers supérieurs, de même que pour les épreuves techniques. Je n’ai pas le souvenir que des civils étaient sollicités : l’armée trouvait dans ses rangs des personnels considérés comme suffisamment compétents et, en tout cas, moins chers que des examinateurs civils. Ces officiers supérieurs étaient pour la plupart des gens extérieurs à l’Ecole Supérieure de Guerre, mais en poste à Paris ou RP pour économiser sur les frais de déplacement.

En positif j’ai retenu surtout l’honnêteté avec lequel le travail se faisait, le soin apporté à la fabrication des sujets en dépit de la fermeture sur des notions trop militaro-centrées, la discrétion absolue pour qu’il n’y ait pas de fuites : j’avais une « couverture » (responsable du centre de documentation) et ma fonction de secrétaire des jurys de concours était connue seulement par quelques personnels administratifs et par les jurys.

9. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par aerien-desabusé

Pour les officiers de mon unité le premier point ils ont du le réussir, car faire un classement ils maitrisent (notations et les priorités). Pour le deuxième point les facteurs matériels et économiques, ils ont du avoir du mal car ils ne vivent pas sur la même planète que nous. Pour le troisième point ils doivent tous avoir zéro et je suppose que beaucoup d'officiers de l'armée de l'air ont du rater sur ce point car dans notre corps ils ne connaissent pas le facteur humain.

Une nation s'élève sur l'adhésion de sa population dans le dialogue et la concertation pour construire un avenir pour eux et leurs enfants.

10. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par cozette

Bonjour M. Kempf,
Ah que c'est bon d'en avoir fini avec les écrits.
Je me permets également de vous soumettre le plan que j'ai retenu pour traiter le sujet :

Problématique : Une nation s'élève-t-elle sur la scène internationale uniquement en imposant sa force et en défendant ses intérêts, ou doit-elle également disposer de caractères particuliers et d'ambitions pour le monde?

1/ Pour que la nation puisse s'élever sur la scène internationale, l'Etat qui la gouverne doit assurer son bien-être, et imposer sa puissance et ses choix.

  • 11/ Cette puissance dépend de sa capacité à se défendre et à dissuader les autres acteurs de la menacer.
    Pompidou : "les sociétés qui ne se défendent pas ne survivent pas. D'ailleurs elles ne méritent pas de survivre". Vladimir Poutine qui annonce un plan décennal d'acquisition d'équipement pour redonner de la puissance à la Russie. Avantage que la dissuasion nucléaire confère aux nations qui la détiennent.
  • 12/ La nation s'élève si elle assure son bien-être et sa prospérité économique.
    Japon dont le PIB en 1950 représentait 1/3 du PIB britannique a explosé sur la scène mondiale dans les années 80 alors que son PIB équivalait celui de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni réunis. Chine qui dispose de 2300 milliards de dollars de réserve de change dont 800 milliards de bons du trésor US, ce qui lui donne une force économique considérable.
  • 13/ La nation s'élève en fonction de la force politique de ses dirigeants et de son gouvernement.
    Raymond Aron (et comme CA au début, merci EGEA et Pierre Buhler) : " lorsque l'unité politique impose sa volonté aux autres unités". Nation américaine respectée pour la force de ses engagements sur la scène internationale. François Hollande qui impose le retrait des forces françaises d'Afghanistan d'ici la fin 2012, rend compte de la puissance politique à la française..

2/La nation ne doit pas uniquement s'imposer pour s'élever, mais rayonner naturellement par son comportement et ses idées pour inspirer le monde et être respectée.

  • 21/ La réputation et l'image renvoyées par les nations contribuent à ce rayonnement. La France est considérée à travers le monde comme une nation démocratique qui a lutté pour ses acquis (révolution française). Régis Debray : "la république n'est pas un régime politique parmi d'autre, c'est un idéal, un combat". Le rêve américain, etc.
  • 22/ La nation rayonne et s'élève lorsqu'elle prône l'intégration, la laïcité et les valeurs de liberté et de justice. Les pays d'Europe occidentale reçoivent la plus grande partie des 42,5 millions de réfugiés actuellement recensés par le haut comité au réfugiés. L'image de la Turquie, qui sous Moustafa Kemal Ataturk était en voie de laïcisation et d'ouverture, pâtit aujourd'hui de l'islamisation et de l'atteinte à la liberté d'expression menées par le parti de la justice et du développement de Recep Erdogan.
  • 23/ La nation s'élève par son rayonnement culturel.

500 000 étudiants étrangers chaque année aux Etats-Unis. Pénétration du cinéma américain en Europe (70% des écrans). Inverse dans des pays protectionnistes et fermés comme l'Iran ou la Corée du Nord.

3/ Une nation s'élève surtout lorsqu'elle se bat pour le développement et participe à construire l'avenir du monde.

  • 31/ La nation doit faire les concessions nécessaires pour permettre un développement plus harmonieux et plus égalitaire dans le mond. L'Europe a mis en place la BERD et est la première contributrice mondiale à l'aide au développement. Prise en compte des recommandations du groupe des 77 (qui réunit aujourd'hui 132 nations) sur le NOEI (nouvel ordre économique international). Les nations Européennes qui font les sacrifices nécessaires pour sauver la Grèce de la faillite.
  • 22/ La nation s'élève lorsqu'elle combat l'oppression et les violences faites aux peuples. Responsabilité de protéger inventée en 2002 et validée par une résolution de l'ONU en 2009, utilisée pour la première fois en Libye en 2011 par des nations responsables. Comportements discutables de la Chine et de la Russie vis à vis de l'Iran et de son programme nucléaire, dans le but de protéger leurs intérêts économiques.
  • 23/ La nation s'élève lorsqu'elle cherche à préserver l'avenir de la planète décisif pour l'avenir des peuples. L'adhésion à la convention cadre des NU pour les changements climatiques est un premier pas. Le résultat de Copenhague et de Durban qui a vu les refus des grandes nations polluantes (US et Chine) de poursuivre les objectifs de Kyoto au delà de 2012 est consternant.

Ouverture : La crise politique et économique que subit actuellement l'Europe, dont les nations visent un idéal démocratique et de développement durable, permet de s'interroger sur la possibilité de conjuguer élévation de la nation et défense des intérêts individuels (ou quelque chose comme ça).

Voilà, merci de me donner votre avis... En espérant que je ne reste pas trop vague et que le fait que je n'évoque pas le citoyen ne soit pas trop pénalisant..

égéa : merci Pierre Buhler, décidément : je vous avais dit que ce livre était à lire, un must de la décennie. Plus sérieusement : je refuse de donner des avis. Je propose au contraire que chacun donne son plan, comme ça les futurs candidats de l'an prochain se feront une idée eux mêmes : après tout, vous êtes des grands garçons et on espère que vous allez vous forger votre avis.

11. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par pm

Bravo et merci à Jean-Marc (n°5) pour ce commentaire qui signale le véritable intérêt de ce sujet là où le conformisme individuel - plus que les convenances institutionnelles - limite généralement les considérations. Quelle est donc la nature de la puissance, la vraie puissance, s'entend ? Accumuler les lingots ou les chars, cela élève-t-il l'âme ou la nation ? En tous cas, je suis sûr, pour répondre à David (N°3), qu'une réflexion authentique comme celle de Jean-Marc égayerait jusqu'au correcteur le plus aliéné ! Le "penser correct" se construit tous les jours dans nos esprits si nous n'exprimons plus rien qu'en fonction des attendus de l'exercice. C'est à celui qui tient la plume de prouver sa liberté, pas au correcteur...
Je ne résiste pas au plaisir de citer ici La Boétie à ce sujet : « Toujours s'en trouvent-ils quelques-uns qui sentent le poids du joug et ne peuvent tenir de le secouer ; qui ne s'apprivoisent jamais de la sujétion et qui toujours ne se peuvent tenir d'aviser à leurs naturels privilèges ; ce sont volontiers ceux-là qui, ayant l'entendement net et l'esprit clairvoyant, ne se contentent pas de regarder ce qui est devant leurs pieds ; ce sont ceux qui, ayant la tête d'eux-mêmes bien faite, l'ont encore polie par l'étude et la connaissance. Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et toute hors du monde, l'imaginent et la sentent en leur esprit, et encore la savourent, et la servitude ne leur est de goût, pour tant bien qu'on l'accoutre. » (discours de la servitude volontaire)
Alors la vraie puissance, n'est-ce pas surtout le fait d'être ensemble des citoyens vertueux parce qu'individus libres ? Cela commence sûrement par l'effort de rendre une copie sincère.
Merci encore, Jean-Marc.

12. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par 35mm

Me gardant bien de critiquer l'intérêt du sacro-saint sujet qui nous a été proposé à nous les misérables candidats de l'EdG, je tente de livrer à la vindicte populaire de vos esprits les plus brillants mon humble prestation.

Rapide analyse
Il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet, donc je ferme volontairement le sujet aux pays émergents. En effet pour moi, « une nation qui s’élève » aujourd’hui en 2012 est par définition un pays émergent, à l’opposé d’une nation « qui s’est déjà élevée » comme la France ou les Etats-Unis (du moins j’ai eu l’audace de penser qu’on voulait nous amener sur ce terrain là…).
Le sujet devra donc analyser les critères d’appréciation qui font qu’un pays émergent devient puissance émergée.

Intro
Accroche : Les révolutions arabes et la force de leurs peuples qui ont su faire basculer les régimes totalitaires en place. Le processus d'élévation d'une nation débute toujours en effet par une rupture nationale (France 1789, Chine 1962), ou internationale (États-Unis 1945).

Problématique : suite à cette rupture, dans quels domaines une nation cherchant à s'élever en 2012 doit elle faire effort ? Comment un pays émergent devient un pays un pays émergé ?

Idée maîtresse : Aujourd'hui un pays émergent parviendra à tenir sa place sur la scène internationale uniquement par une approche globale de tous les domaines. En combinant puissance militaire, économie équilibrée et développement social irréprochable (bien-être de ses citoyens), il sera capable de développer une stratégie d'influence et de jouer du violon dans le concert des nations (smart power : savante combinaison de hard et soft).

J'adopte un plan thèse / antithèse / synthèse, qui propose un « chemin de démonstration intellectuel » au correcteur.

1. En premier approche, on pourrait penser que la puissance militaire suffit pour une jeune nation à se faire une place parmi les autres.

  • 11. L'outil militaire comme instrument de conquête et d'hégémonie.
    Ex : la conquête de la Mare Nostrum sur 700 ans par la jeune nation romaine initiée en - 400 av JC
  • 12. L'outil militaire comme accélérateur technologique (l'acquisition des sciences grâce au développement son armée).
    Ex : Prise de Constantinople en 1453 par les armées turques grâce au canon. Rupture stratégique de la fin de la citadelle, de l'avènement du canon et de ses dérivés applicatives scientifiques.
  • 13. L'outil militaire comme facteur de dissuasion (nucléaire, mais pas seulement aujourd'hui).
    Ex : Poursuite à tout prix des essais de lancement balistiques en Corée du Nord, qui place ce pays dans les premiers rangs d'une menace crédible (et qui donc "existe" sur la scène internationale). " Notre peuple mourra de faim, mais nous aurons l'arme nucléaire".

2. Puis en analysant plus loin, on voit qu'aujourd'hui dans ce contexte de mondialisation, le domaine économique est prédominant.

  • 21. La mondialisation et sa totale économie libérale, l'explosion des flux transnationaux, et le caractère virtuel des échanges financiers ont majoritairement favorisé l'économie des pays émergents (et la favorisent toujours plus ou moins), qui font face désormais insolemment à l'OCDE.
    Ex : Le miracle économique brésilien et son poids dans MERCOSUR.
  • 22. La crise économique de 2008 puis de la dette publique en 2009 a affaibli surtout les grandes puissances. Les jeunes nations qui s'élèvent ont globalement bien résisté, et en ont même profité pour augmenter leur pouvoir d'influence.
    Ex : La Chine qui achète massivement de la dette publique américaine et européenne.
  • 23. Vers un nouvel ordre économique imposé par les jeunes nations, qui ne se contenteront pas de s'élever mais également de profiter de l'outil économique comme instrument de domination.
    Ex : sommet des BRICS en marge du G8 ou OCDE, on parle prochainement d'un G2 Chine-Russie.

3. Mais avec le recul, c’est surtout grâce aux progrès sociaux « en interne » et en mettant en synergie tous les domaines qu’une nation émergente deviendra émergée.

  • 31. Une nation émergente doit savoir capitaliser son miracle économique et le transformer en « bien-être » pour ses citoyens : lutte contre les inégalités sociales, disparités homme-femme, réduction de l’empreinte environnementale dans l’industrie.
    Ex : Le Niger, nation montante de l’Afrique de l’Ouest, qui peine à réduire son quota de plusieurs millions de citoyens vivant avec moins de 1 dollar par jour malgré une économie florissante.
  • 32. Une nation émergente doit garantir l’accès à la démocratie et aux libertés individuelles.
    Ex : la Russie et son régime néototalitaire.
    Citation de Georges Pompidou : « En France nous ne sommes pas les plus riches, nous ne sommes pas les plus puissantes, mais je suis certain que nous sommes parmi les plus heureux ».
  • 33. Une nation émergente ne se réalisera complètement qu’en combinant puissance militaire, économique, et progrès socioculturelle crédible. La combinaison de ces domaines lui permettra de développer une certaine stratégie d’influence vers les autres nations (smart power).
    Ex : L’importance qu’a pris la Turquie sur la scène internationale aujourd’hui et son appui recherché dans les crises au Moyen Orient.

Ouverture
Les objectifs en matière de progrès sociaux (libertés individuelles et égalités sociales) revêtent une importance capitale. Cependant les pays émergents ont-ils vraiment la volonté de les développer ? Les intérêts économiques ne resteront-ils pas prédominants pour eux à horizon 2020 ? Ceci va inévitablement bousculer les lignes des valeurs occidentales déjà bien fragilisées.

Bon voilà. C’est toujours plus facile d’écrire tout ça à tête reposée, un café à la main devant internet que dans la salle d’examen. Du coup mon devoir a certainement manqué de concision et d’esprit de synthèse, ce qui a dilué malheureusement mon idée force. Mais globalement, ça ressemblait à ça…
Au résultat comme on dit chez nous.

13. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par oodbae

Qu'une nation s''eleve au dessus des autres, c'est finalement une question de perception. A savoir que la nation concernee se sent au dessus des autres, chez elle ou a l'international, d'un cote, ou que les autres nations la voient au-dessus d'elles memes, d'un autre cote.
1) fierte nationale, expansion de la langue, place dans les instances internationales, puissance economique relative (PNB/habitant) ou absolue (en $ ou en € ou en indice boursier)
2) l'aura du pays eleve perce dans les pays etrangers malgre les fiertes nationales, ainsi l'aura de la revolution francaise en Turquie, en Russie et en Iran qui sert de modele. le softpower...
3) si les soldats nationaux se rabaissent eux-memes en terre etrangere malgre leur superiorite materielle, leur nation ne s'eleve pas. ainsi le temoignage du pere Pommerol sur le comportement des soldats francais en Afghanistan qui s'humilient eux-memes et par la meme leur pays en se soumettant aux coutumes locales, meme les plus absurdes, au lieu d'assumer leur domination. reference a l'opposition Lyautey - son successeur lors de la colonisation du Maroc, a savoir l
opposition entre la posture du vainqueur qui domine le vaincu tout en respectant ses traditions et la posture du civilisateur qui vainc pour convertir et veut qu'on le remercie en plus. petite reflexion sur la distinction entre respect et soumission -fierte et arrogance-superiorite et racisme.

Mais cette hierarchisation des nations ou a minima des peuples a t elle un sens a l'ere de la judiciarisation de toute politique sur la base d'un droit international affirmant le droit de tout peuple a s'autodeterminer, donc a s'affranchir de la tutelle de tout etat sureleve? A l'ere de la mondialisation et de la deregulation de tout cloisonnement politique , dont la deregulation des flux humains, a l'ere cybernetique rapprochant deux humains quelconques avec une plus grande probabilite que deux voisins de palier, la nation a t elle encore un sens.
1) la sortie de Hollande : "une intervention en Syrie n'est pas exclue mais seulement dans le cadre de l'ONU". impossibilite pour une nation, ou meme un etat, d'agir seule. Sarkozy n'a pas agi seul mais avec Cameron et Obama et le Qatar. Meme les USA ont du reunir une coalition pour Irak 2. Donc l'elevation d'une nation est assez limitee par nature.
2) role de l'OMC. exemples de la Grece, de la Moldavie, on cite Stiglitz qui plaint la Modavie et sa soumission aux prets de l'OMC dont elle ne peut meme pas rembourser les interets ayant du vendre toutes ses entreprises publiques efficaces. On est meme plus maitre en son royaume. Les banques, internationales, peuvent controler l'economie nationale. ref a "what's the most important, economics or military affairs? economics, you stupid " de Clinton dans les 90's. ces banques sont en majorite issues d'un nombre restreint de pays (USA, GB, Suisse, Chine a present, France). Et pourtant, ces banques decident meme de la politique de ces pays ou elles possedent leurs sieges (sauvetages des banques de 2008), ce qui peut relativiser la domination, la superiorite, la surelevation des nations concernees.
3) A l'ere cybernetique, l'individualisme progresse au detriment de la conscience nationale. Le narcissisme des cyber-citoyens occulte la nationalite des acteurs, de meme qu'on ne connait que rarement la nationalite des entreprises presentes sur le reseau, et encore moins celle des virus et autres malwares qui nous genent ou deviennent celebres (ex: stuxnet, pourtant tres mediatise, on connait juste la victime avec certitude). L'exploit d'un seul individu peut rehausser l'aura d'un pays, ou la rabaisser (wei wei en Chine), par le buzz cybernetique. Mais c'est tres passager. Meme les geants du Web survivent rarement plus de 5- 10 ans (ex: Nokia, entreprise finlandaise, en chute libre , Infogrammes, le dernier producteur de jeux francais a disparu. Pourtant, le realite d'une nation s'etudie dans le temps long. S'agit il a travers cette modulation a long terme d'une chance pour les nations ou de leur tombeau.

Le concept de nation disparait peu peu. Son cadre politique disparait avec la mondialisation et la judiciarisation. Sa realite sociale disparait avec la necessite du multilinguisme, le decloisonnement des societes humaines sur Internet. Mais Raymond Aron, dans "paix et guerre entre les nations" insiste sur un point: "les individus sont peut-etre egaux en droits, ainsi que les peuples devant les instance internationales, mais cela n'empeche pas des civilisations d'etre superieures a d'autres, de meme que toutes les ames sont egales devant Dieu, sans pour autant etre d'egale intelligence sur Terre". On peut lui donner raison, on n'est pas oblige. Mais ce qui demeure vrai, c'est que certaines civilisations sruvivent a la mondialisation, tandis que d'autres y succombent, que cette mondialisation soit economique, culturelle, cybernetique, sociale, etc.
1) la nation belge parait disparaitre, malgre une histoire qui a meme ete coloniale et une armee qui a ete valeureuse avec ses moyens limites. La surdite de certaines franges sociales flamandes et wallones semble rabaisser la nation belge a .. rien, dans la perspective d'une "evaporation de la Belgique". les belges donnent raison a la contraposee de Baden-Powell et repondent donc a la question inverse de l'enonce: une nation se rabaisse en se desavouant, en ayant honte d'elle meme.
2) google, facebook, twitter, microsoft, apple, etc. Ces acteurs dominants de l'Internet sont americains et tous les pays, tous les peuples, toutes les nations adoptent les standards que ces entreprises utilisent. Certains pays tentent de se les approprier, pour produire des standards nationaux concurrent (l'internet chinois, ou iranien, les reseaux sociaux concurrents chinois, etc).La fameuse finance islamique (Qatar p.e) adopte les standards de la finance mondiale en imposant des regles islamiques (mais utilisent des societes ecrans sans scrupule dans des paradis fiscaux, faut pas charrier, ce qui serait le comble pour la charia...). Certaines nations veulent continuer d'exister et utilisent pour cela l'ingeniosite de leur elite intellectuelle et non les armes. 2:0 pour B-P et deux recettes pour s'elever.
3) L'internet permet aux emigrants de soigner leur attachement au pays d'origine (Skype, facebook, e mail, chaines d'information du cable et sur Internet, etc). Les emigrants font exister leur nation a l'etranger, lorsque ce sentiment national existe (et lorsqu'il n'est pas reprime dans le pays d'accueil, voire meme lorsqu'il y est encense...). La "diaspora" tunisienne et nord-africaine en general n'a t elle pas influence le revirement politique de la France de Sarkozy envers Ben-Ali? Une nation s'eleve sur la scene internationale en influencant les politiques d'autres nations. La Tunisie en a montre une recette: l'emigration soucieuse de la solidarite nationale entretenue par Internet et la religion, le tout dans une lutte passive contre un "ennemi" interieur (Ben Ali).
4) A l'inverse, qui defend la France a l'etranger? Il y a peu d'emigration francaise, la recherche francais est en perte de vitesse tant en termes quantitatifs que qualitatifs et le prochain centre de recherche de Cadarache construit en association avec le Japon n'apportera qu'un prestige aupres d'un public de specialistes, la visibilite de la nation francaise sur le Net est confidentielle, l'economie numerique francaise n'est pas a la hauteur des investissements publics dans les infrastructures (95% du territoire connecte des 1998) ni des investissements dans l'enseignement (plus gros budget par tete en Europe). Une anecdote en dit long: En Ukraine, on n'etudie plus "le petit prince" a l'ecole mais "Harry Potter". La nation francaise perd meme la bataille de la mondialisation litteraire. Mais comment se fait il que la nation n'ait plus enfante de neo-Saint-Exupery?

Chacun le sait, tout corps s'elevant est appele a retomber car la loi de la gravite est tournee dans le meme sens partout autour de la Terre. Pour s'elever, une nation doit donc commencer par apprendre a flotter pour continuer d'exister a la hauteur qu'elle atteint, en evitant les chutes de celles superieures qui ne tiennent pas la hauteur. Aujourd'hui, les bouleversements ne sont pas militaires mais economiques et sociaux. La nation en armes peut se defendre dans un conflit militaire, mais encore faut il qu'elle existe encore. Une nation, pour s'elever, doit donc seulement s'occuper a perdurer dans le coeur et l'esprit de ses individus, la poussee d'Archimede fera le reste.

14. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par GL

Bonjour,

à la lecture des commentaires et des plans proposés, je constate que l'on parle beaucoup de l'élévation des nations, première partie du sujet : on cite puissance militaire, économique, démographique, on parle de progrès social, de liberté(s) individuelle(s). Mais, finalement, j'ai l'impression que l'on ne parle pas du caractère des citoyens, qui est censé, selon BP, être la clef de cette élévation. Comment définir le caractère, comment le former (rôle de la famille ?). A l'heure où certains chroniqueurs dénoncent l'assistanat généralisé qui inhibe l'esprit d'entreprise de nos concitoyens, comme la main mise de l'état et de sa bureaucratie, il y a peut-être là quelques pistes de réflexion.
Sincèrement.

15. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par EL

Bonjour M. KEMPF

Bien que vos analyses soient le plus souvent d’une pertinence remarquable, j’avoue que je ne partage pas complètement votre point de vue sur ce sujet précis.
Je crois en effet que l’aspect des relations internationales doit être abordé, en comprenant effectivement la notion dans le sens de classement ou concurrence, mais pas seulement.
Je livre ici quelques pistes qui me semblent importantes, bien que je ne me sois pas attelé à une analyse poussée :
1. La notion d’élévation contient une dimension morale, éducative et spirituelle qui correspond, à mon avis, à la vision de BADEN-POWELL et qui se rattache à la fois aux notions de nation et de citoyens.
2. Cette même notion se rapporte aussi aux élites et aux dirigeants dans le sens de ”hauteur de point de vue », « vision de l’avenir », ou encore la capacité à prévoir et planifier l’avenir sur le long terme en résistant aux pressions (arrangements entre amis, corruption, compromissions, etc.)
3. Le caractère des citoyens est ici un élément primordial. C’est sa capacité à défendre des valeurs (on revient au 1.) dans l’adversité et à chercher à les diffuser. On boucle ici le sujet avec la problématique des relations internationales et la capacité à faire entendre sa voix.
4. En cette ère de mondialisation, d’instantanéité des échanges, de primauté de l’immédiat et du sensationnel et de satisfaction immédiate des désirs individuels, ce sujet est plus riche qu’il ne peut paraitre au premier abord ; justement parce que la grandeur d’une nation se construit dans le temps au travers de son histoire et de ses générations.
Je profite de ce petit billet pour vous adresser, avec un peu de retard, mes remerciements. En effet, grâce à la fréquentation de votre blog, j’ai pu grandement progresser dans ma préparation au concours et le passer avec succès il y a quelque temps. C’est encore avec grand plaisir que je continue à le fréquenter et j’encourage tous les candidats à venir ici de temps en temps piocher des conseils bien utiles…

égéa : bon, je répète : je reçois le sujet dans le métro, y réfléchis dans des conditions qui ne sont pas celles d'examen, et rédige un billet devant un match de foot décevant. Autant dire qu'à la différence de vous, je ne suis pas au top de la concentration.
Il reste que je trouve ce sujet un peu plat, et qu'il ne m'a pas inspiré. Jusqu'à présent, je ressentais toujours un peu de difficulté, un "tiens, pas bête, ils ont trouvé un truc sympa". Les sujets précédents inspiraient. Pas celui-là. Pas moi, en tout cas.
Après, quand on y consacre du temps de l'attention et de la motivation, on doit lui donner de l’intelligence, à ce sujet, je suis bien d'accord et vos aperçus le prouvent.
16. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par Gille

A la lecture des plans proposés ci-dessous, je suis surpris que tant d'impétrants aient oublié si vite l'un des objectifs principaux du concours, pourtant rabaché tant de fois au cours de la préparation: la METHODE !
Deux points en particulier retiennent mon attention (par leur absence):
- le caractère DIALECTIQUE de l'exercice: il s'agit de trouver, puis de traiter un paradoxe (autrement appelé problématique), pas de faire un catalogue "à la Prévert". Ce paradoxe était pourtant bien suggéré par la phrase chapeau (puissance quantitative vs qualitative). La bataille d'Angleterre l'eût parfaitement illustré...
- une VRAIE idée maîtresse (c'est à dire qui réponde justement à ce paradoxe), pas un résumé en une phrase du catalogue "à la Prévert" mentionné ci-dessus.

Qu'il est bon d'avoir fini les écrits...pour cette année!

17. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par aéronavale

M. Kempf, avec votre intuition habituelle, vous sentez qu'il faut un "fil brillant", avec votre esprit de synthèse, vous comprenez qu'il s'agit d'un sujet de RI et seulement de RI. C'est ce que font Cozette et surtout EL qui traitent la question avec élévation, si je puis dire, en espérant que cela portera autant de chance au premier qu'au deuxième qui a eu la chance d'avoir connu le succès. Il faut relire leurs contributions.

Le but d'une nation selon moi est d'éviter le déclassement stratégique et de tenir un rôle de leader sur la scène mondiale. Il s'agit d'avoir une vision commune et des élites de caractère pour agir contre les dangers de demain. Des visionnaires politiques et économiques en plus des intellectuels et des quelques militants de la société civile mondiale pour donner de l'impulsion à un peuple qui se replie sur lui même, qui ne pense qu'à son bonheur...et qui perd du sens...

Au fait, quelle est la nation la plus élevée aujourd'hui sur la scène internationale, ou perçue comme telle dans l'imaginaire collectif ? Il faut évidemment chercher du côté de l'Occident. Alors ? La nation américaine ou une des nations européennes ? Ou la nation européenne peut-être ? Pour éviter qu'une nation arabe, russe, chinoise etc. au sens large nous dame le pion sur cet échiquier mondial.

égéa : j'aime bien votre dernière question : parce qu'en fait, aujourd'hui, la réponse n'est pas évidente, pour la première fois depuis très longtemps. Et là réside peut-être le fil brillant que vous évoquez, en ma taquinant gentiment ! là, en effet, car il s'agit de l'absence de classement universel ou, plus exactement, universellement reconnu. Alors se pose la question des critères, de leur relativité, et donc l'antithèse absolue qui permet de "démonter" le sujet pour le dépasser "dialectiquement" (si vous me pardonnez ce mot pédant mais je lis Guiton en ce moment, ceci expliquant cela).

18. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par AGERON Pierre

Ne sommes nous en train d'intérioriser le fait que le centre du monde (donc le premier dans le classement des nations) se retrouve dans "l'Empire du milieu" regagnant sa premiere place du XVIIIème?
Je suis dans la lecture de Kissinger "De la Chine", ceci expliquant cela :-)

19. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par citoyen européen

D'où le besoin d'Europe, d'Europe de caractère, pour peser et s'eriger en modèle de nation, sans arrogance.

20. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par Rapace

En ce qui me concerne, j'ai planché sur ce sujet et y ai vu à la fois un aspect RI et un aspect "moral" (capacité de résilience, terme à la mode certes, mais très révélateur).

Je me permets de vous soumettre ci-dessous mon humble contribution en vous demandant un avis.

INTRO:

Lorsqu’en 480 avant notre ère, Sparte et Athènes décident d’allier leurs forces face aux Perses de Xerxès, c’est moins pour unir leur armes que pour fusionner dans un même combat leur vision de la civilisation. Le sacrifice des trois cent spartiates de Léonidas au défilé des Thermopyles devient un mythe fondateur de la force de caractère, des vertus de courage et d’honneur. Couplée à la victoire de Salamine, leur “prouesse” morale contribue à l’élévation de la Grèce Antique – et par elle de l’Occident – sur les barbares dont le chef fit fouetter la mer de rage... Que reste-t-il de la force de caractère des nations occidentales lorsque la crise financière de 2007 entraine l’humiliation de puissances économiques sous perfusion de capitaux asiatiques, ou lorsque la mort des nos soldats, sur de lointains théâtres d’opération, ébranlent la volonté et la cohérence des décideurs politiques.


Pour Baden-Powell, officier inspirateur du scoutisme au début du XXème siècle, la valeur de la nation – du latin “natio”, de la même souche – réside dans la capacité de ses citoyens à faire leurs les vertus de service, d’esprit de sacrifice et de primauté du bien-commun sur le bien-être personnel. Au delà des rapports de force bruts, la grandeur des nations repose-t-elle sur des vertus morales et spirituelles dans le grand jeu qu’elles se livrent?

Une nation s’élève sur la scène internationale en conjuguant la puissance de ses atouts matériels et la richesse de son organisation sociale et culturelle parce que sa véritable grandeur repose à la fois sur la valeur de ses instruments et sur les valeurs communes de ses citoyens.

La pertinence d’une telle assertion repose d’abord sur la conscience claire des fondements culturels d’une nation, sur la volonté commune de défendre et de préserver ce socle commun, et enfin sur la possession de capacités significatives couplées à une organisation cohérente au service de cette communauté.

ID1:

Pour s’élever au dessus des autres, une nation doit avoir une claire conscience de ses fondements culturels dans la mesure où ceux-ci déterminent la cohérence de l’édifice intellectuel commun.

IS11: Il est vrai que la contexte contemporain coïncide avec une perte de repères clairs et à une mixité culturelle tendant à effacer les particularismes propres aux nations, aux sociétés, aux civilisations.

  • - Claude Lévi-Strauss Race et histoire “Il y a dans le monde deux forces travaillants dans des directions opposées, les unes tendant au maintien voire à l’affermissement des particularismes, les autres à l’unification”;
  • - Alain Finkielkraut La défaite de la pensée
  • - Jacques Heers L’histoire assassinée


IS12: Toutefois, l’affirmation des particularités culturelles demeure un des moteurs de l’existence des nations.
- Régionalismes (breton, corse...) langues (Flamands-Wallons)
- Paul Valéry “ Ce qu’il y a de plus profond chez l’homme, c’est la peau”
- Régis Debray L’éloge des frontières besoin d’identification
- car “l’ennui naquit un jour de l’uniformité” Houdart de La Motte

IS13: Plus encore, c’est dans les liens culturels propres à chaque aire de civilisation et à chaque nation, en tant que communauté unie par un héritage commun, que se fondent la véritable valeur d’un société.

  • - Idéal de Justice (Aristote, philosophes et politiciens = gouvernement des justes)
  • - au cœur de la récente campagne électorale...
  • - Jacques de Lacretelle “une démocratie ne vaut et ne dure que si elle sait refondre constamment dans la communauté nationale l’individualisme qui la faite naitre”


ID2:

Au delà de la communauté de culture, une volonté commune est nécessaire pour faire fructifier les dons qui sont les siens parce que seules des valeurs partagées construisent une nation capable de s’élever moralement. (à peu près...)

IS21: Certes, il est notable aujourd’hui que la nature humaine dépasse le concept de nation par l’affirmation d’une volonté universelle.

  • - Idéal de “fin de l”Histoire” (depuis Hegel jusqu’à Fukuyama)
  • - Esprit de sacrifice en perte de sens
  • - Gilles Lipovetsky L’ère du vide + Le crépuscule du devoir


IS22: Cependant, la nation –et son corolaire politique l’Etat-nation – demeure le cadre quasi exclusif de la légitimité politique d’une part et du sentiment d’appartenance d’autre part.

  • - Henri de Montherlant 6 Mars 1937
  • - Conceptions de la nation: Renan Qu’est ce qu’une nation? 1898 “Vouloir vivre ensemble – plébiscite de tous les jours” et Fichte “jus sangui”


IS23: Mais surtout, le véritable révélateur de la grandeur de la nation est l’organisation sociale née de cette volonté commune. Celle-ci fonde le cadre humain (environnement) et politique nécessaire au développement d’une nation sur la scène internationale.

  • - Hervé Le Bras: “Bodin se trompait, il n’est pas de richesse que d’hommes, la véritable richesse réside dans l’organisation sociale”
  • - Philosophie d’Alain “le bâton blanc de l’agent” sur le rôle de l’Etat et philosophie de Maurras


ID 3:

Une nation assure la pérennité de l’édifice national et sa place sur le “grand échiquier” mondial en possédant des capacités significatives parce qu’elle est soumise à l’arithmétique politique.

IS31: Assurément la valeur spirituelle d’une nation est souvent indépendante de sa puissance matérielle et économique.

  • - Nations sans états (Kurdes)
  • - André Comte-Sponville Le gout de vivre et la primauté de l’éthique sur la puissance
  • - Le risque des Zones Grises (Gaizd Menassian)...


IS32: Néanmoins, sur le Grand échiquier (Z. Brezinski), les nations abattent leurs cartes, ou leurs pions et ne peuvent négliger la valeur de leurs arguments.

  • - “Le Vatican, combien de divisions?”
  • - Robert Kagan La puissance et la faiblesse conceptions US et européenne
  • - renouveau des menaces... l’Empire et les nouveaux barbares = la réponse de Marc-Aurèle conjuguée à celle de Kléber...


IS33: De façon encore plus déterminante, la valeur réelle d’une nation réside aujourd’hui comme hier sur l’organisation du pouvoir.

  • - 3 piliers: violence légitime (Weber) / homogénéisation du territoire et de la population (Tocqueville) / administration (Durkheim)
  • - Résilience de la nation dans son cœur et dans son corps
  • - Augustin de Romanet Non aux 30 douloureuses – se fait écho à la théorie de Strauss et Howe sur les cycles d’une société (Haut-Eveil-Effilochage –Crise)
  • - Besoin de Héros et de soldats...
  • - Professeur Spaemann '”Le sacrifice rend la personne plus grande que la société pour laquelle il se sacrifie”


CONCLUSION:

Bien que l’émergence d’un monde globalisé remette en cause la pérennité du concept de nations tant dans ses structures politiques que dans les fondements culturels de la communauté nationale, il demeure que la nation existe en tant que référence fondamentale de la vie en collectivité.
Quelles qu’en soient la conception et les origines culturelles, la grandeur de la nation repose sur la claire conscience, soutenue par la volonté générale et par des moyens propres, mais plus encore sur la réalisation quotidienne du “miracle” de l’identité commune et de la fusion des intérêts individuels au service d’une cause et d’un système considéré comme le meilleur – ou le plus cohérent- pour le développement de la nation.

De la réhabilitation d’une claire conscience politique au cœur des nations européennes pourrait dépendre la résolution de la grave crise des valeurs occidentales d’une part et d’autre part l’avènement – équilibré - d’une construction européenne cumulant les atouts spirituels de chacune des nations.

Cordialement

égéa : cela paraît très solide, avec une vraie culture. Donc je ne suis pas inquiet pour vous. Mais (et mon côté spéculatif reprend le dessus), vous n'interrogez pas la nécessité, pour une nation de s'élever au dessus des autres : vous considérez que c'est un objectif allant de soi. Par ailleurs, vous avez une lecture de la nation (et de l'Etat-nation) très française, mais finalement peu partagée de par le monde (relisez mon billet sur la Grèce, nation sans Etat). Mais ceci dépasse la simple correction d'un devoir ; ce sont des interrogations plus foncières dont votre texte et l'occasion.

21. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par oodbae

Pour s'élever sur la scène internationale, une nation doit suivre une formation d'acteur diplomatique.

...

Que les lecteurs m'excusent mais qu'apprend t on à l'école de guerre? et pour s'y préparer? Les thèmes suggérés par ce sujet évoquent la géopolitique, les sciences politiques, et encore d'un point de vue philosophique et selon une approche quasi-intemporelle. Je ne dis pas que c'est incompatible avec l'art militaire, mais je dis que je ne vois pas le rapport [avec l'école de guerre]. Quelqu'un peut m'expliquer, svp?

merci d'avance.
PS: j'ai déjà lu le comm de M. Cadiou.

22. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par oodbae

Pour compléter ma question, est-ce qu'il y a une épreuve d'économie et une de sociologie au concours? Je veux dire que les soldats modernes, notamment francais, sont surtout amenés à participer à des opérations de maintien de la paix (ex-Yougoslavie, Rwanda, Liban) ou à participer à des conflits insurrectionnels (Afghanistan, Cote d'Ivoire, Lybie). Dans ces deux cas, connaître les structures sociologiques me paraîtrait utile, tant pour le commandant que pour le soldat. De même que connaître différents types de logiques économiques. Est-ce que ces connaissances ont un poids important dans le programme de préparation aux concours?

Ainsi, un sujet pourrait être:

" les mafias remplissent un rôle social, qu'elles se sont créé. Leur militarisation augmente avec leur puissance régionale. Est-ce qu'un mafieux paramilitaire est un soldat national?"

Ou

" Discuter du sens économique que prend l'assistance de l'armée francaise à la reconstruction de ponts, de pompes et d'écoles en Surobi en Afghanistan si la contrepartie est l'abandon de la culture du pavot. Peut on chiffrer cette contribution à la politique internationale de la France?".

Voilà deux simples suggestions pour préciser ma question.

Cordialement

égéa : en tout cas, voici d'excellents sujets qui nous changent de ce qu'on voit. Même s'ils sont connotés terriens, on pourrait aussi imaginer des sujets maritimes....

23. Le mardi 19 juin 2012, 20:58 par Jean

Bonsoir,
personnellement, je ne pense pas qu'un sujet puisse être considéré comme classique ou non. Le sujet est avant-tout ce que le candidat veut bien en faire et surtout la réponse qu'il souhaite réellement apporter avec son coeur et ses tripes....il faut éviter de passer son temps à faire une litanie de citations et d'ouvrages ayant un rapport plus ou moins approximatif avec le sujet....en lisant vos remarques, je m'aperçois que ma conception du sujet est peut être, et même sûrement, plus en phase avec la société actuelle, chose qu'un breveté doit avoir conscience avant-tout, enfin je crois. Le seul moyen, en effet, pour une nation de s'élever sur la scène internationale c'est par le droit et en appliquant celui-ci !!!! Ainsi, avec ce postulat, on comprenait rapidement que, selon moi, ce sujet était pleinement en phase avec les préoccupations qu'un officier français breveté doit garder à l'esprit et qu'il ne se limitait pas aux seuls aspects militaires mais pouvait englober beaucoup de critères. Reste à savoir ce que le jury veut réellement.....de simples copies ou des modèles originaux !!!! Bon courage à tous !

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