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Fondamentaux

Court billet.

Je reviens du cinéma (Adieu Berthe) avec des moments d'anthologie : le croque-mort qui répète "il faut revenir aux fondamentaux", et on s'aperçoit que cette expression venue d'on ne sait-où se retrouve dans la bouche des managers, des coachs, des journalistes, des décideurs d’entreprises. Bref, un poncif, "frappé au coin du bon sens"... qui est partout et ne veut rien dire.

source

Autre grand moment : "on a développé un biseness sur e-bay : des cercueils d'occasion, ça fonctionne du tonnerre, c'est grâce à ça qu'on coule pas. Et la clientèle internationale !!! heureusement qu'elle est là !"

Absurde, et en même temps si vrai. Autant dire qu'il y a tout un tas d'observations si justes....

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 21 juin 2012, 22:53 par yves cadiou

Vous titrez votre billet « fondamentaux ». Je vais donc commencer par cet aspect et ensuite je donnerai mon avis sur ce film que j’ai vu hier, d’où je suis sorti perplexe.

1 L’expression « il faut revenir aux fondamentaux » est certes usée et galvaudée, mais je ne crois pas qu’elle ne veuille rien dire. L’expression complète, c’est « revenir aux principes fondamentaux », c’est-à-dire aux principes fondateurs de l’action, qui ont motivé que l’on commence cette action et qu’on la continue, qui ont justifié cette action depuis toujours, avant que la routine fasse oublier dans quel but on agit et fasse oublier par conséquent les bons principes. Ici il s’agit d’un croquemort qui préconise de « revenir aux fondamentaux » en pensant évidemment aux principes fondamentaux de tout commerce, faire du bénéfice.
Dans l’expression usuelle et galvaudée « il faut revenir aux principes fondamentaux », le mot « principes » a disparu, peut-être à cause de sa connotation moralisatrice, son aspect réac qui pouvait faire zapper ma génération (le baby boom, beaucoup de soixante-huitards) en grande partie persuadée qu’il était « interdit d’interdire » et donc peu encline à entendre parler de principes.

2 Mais ce n’est pas l’essentiel de ce film dont le titre et la distribution pouvaient faire croire qu’il présentait sur le mode humoristique des expressions galvaudées.
Sur ce film je dis d’emblée et sans vergogne : je n’ai rien compris. Pourtant j’ai fait l’effort de rester jusqu’à la fin, imaginant que peut-être la clé se trouverait dans la conclusion. Mais non : rien. Certes les acteurs sont excellents, y compris les seconds rôles, les scènes sont parfaitement filmées par des techniciens certainement très compétents, quelques scènes sont faites pour attirer l’attention, susciter des interrogations, donner du grain à moudre (l’engueulade dans le cimetière, les tours de magie pour l’anniversaire des enfants, l’analogie entre la malle du magicien et les cercueils) mais je n’ai pas trouvé de cohérence : ni dans l’action, ni dans les personnages, ni dans les relations des personnages entre eux. Je me demande encore ce que ce film veut dire, s’il présente le moindre intérêt ou si c’est moi qui suis idiot. Perplexe : « tous ces gens, acteurs, techniciens, qui ont fait un excellent travail, ne l’ont quand-même pas fait pour me convaincre que je suis idiot ? » pensais-je en sortant de la salle.
Peut-être la cohérence serait celle d’un film dit « d’avant-garde », un de ces films qui parient sur la timidité des analystes qui n’oseront pas avouer n’avoir rien compris. Parmi les analystes il y a ceux du ministère de la Culture qui distribue des subventions. Ainsi la cohérence de ce film se trouverait là : la cohérence de son budget. Le contribuable que je suis aimerait connaître le montant de l’argent public alloué à ce film.

Finalement, on peut supposer que ce film n’existerait pas sans l’exception culturelle prévue par les accords internationaux. C’est pourquoi il a sa place sur un blog de géopolitique. Bien vu, Monsieur Kempf.

égéa : vous êtes bien sévère. J'ai été voir un film "d'avant garde", critique très louangeuse du Monde, Ours d'or à Berlin et ce genre de trucs : Faust. A fuir. J'en suis sorti rapidement car pour le coup je n'ai rein compris et c'était malsain. Dans le cas d'adieu Berthe, il y a une histoire : celle d'un pharmacien qui  à l'occasion de la mort de sa grand-mère (aspect des choses traité de façon très légère et pointant malgré tout beaucoup de non-dits et de tabous - j'ai toujours en mémoire la lecture de la mort en Occident de Philippe Ariès) s'interroge sur sur son indécision entre sa femme et sa maîtresse. UN film drôle et tendre, qi n'est certes pas de la grosse cavalerie à la Poelvoerde (que je ne déteste pas, mais bon) et qui révèle beaucoup de traits de notre vie quotidienne. le traitement du monde du "business" en comparant les deux attitudes purement commerciale des deux croque-morts est désopilant. 

Bref, je sais que votre côté ronchon  a pris le dessus mais le film mérite le détour. Ce n'est pas un film d'art et d'essai qui passerait à Cannes pour épater le bourgeois, c'est une comédie gentiment bourgeoise même si ce n'est pas le bourgeois chabada qu'on caricature trop souvent.

2. Le jeudi 21 juin 2012, 22:53 par yves cadiou

Je suis sévère mais juste.
Bien entendu, il y a dans ce film tout ce que vous dites et que je lis un peu différemment.
Il y a les interrogations de l’étudiant vieilli, devenu pharmacien et qui n’a jamais appris à décider, victime évidente de sa formation avec plan en trois parties et point d’interrogation qui tient lieu de conclusion, travers dont nous parlons souvent sur ce blog : c’est un personnage falot dont on se demande pourquoi il inspire l’amour à deux femmes de caractère.
Il y a aussi la comparaison entre deux commerçants. Leur business, c’est les pompes funèbres : l’un exploite la spiritualité de ses clients et fait dans le style gourou, se pose en guide vers l’au-delà ; l’autre est un petit artisan qui veut revenir aux fondamentaux.
D’accord il y a tout ça et quelques autres trucs, mais après ? Après, il y a les dizaines de millions de Français qui n’iront pas voir ce film mais qui le paieront quand-même par décision du ministère de la Culture.
Finalement, c’est pour le spectateur un encouragement à ne s’intéresser qu’aux films étrangers qu’on ne peut pas soupçonner d’être subventionnés par nos impôts.

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