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La Grèce, l'euro, et le rock and roll

État d'esprit un peu délétère, ce soir. Probablement l'effet des quelques bonnes bières prises avec l'ami AD (ça ne s'invente pas) où le pessimisme rigolard le disputait au cynisme désespéré. On en rit un peu, ça fait du bien d'être avec un bon vieux copain, mais cela n'est pas forcément enthousiasmant. Surtout que je reçois les mails réguliers de l'autre ami, PS, pas comme la Sony. Lui, c'est pas du tout pour jouer, même s'il y a beaucoup de verve et qu'il mèle comme d'autres mitrailles. Depuis le temps, il pourrait ouvrir un blog, d'ailleurs. Mais très égoïste, je ne lui conseille pas, je préfère conserver ses chroniques informées de la fin du système.

source (ça ne s'invente pas : c'est réellement une bière grecque)

Car l'homme s'y connaît : vingt ans dans la haute finance internationale, on ne la lui fait plus. Même si les autres continuent de fournir leur baratin, comme celui de se moquer des incendies en Catalogne que les Espagnols seraient incapables d'éteindre, en oubliant que nos pilotes de Canadair faisaient grève il y a un mois parce que leurs avions étaient usés jusqu'à la corde. Cela s'appelle de l'information et de la mise en perspective.

Bon, vous me direz, entre le tour de France outrageusement bidonné au point que même les journalistes avaient du mal à cacher leur ennui et à faire croire que c'était du sport, et les "jeux olympiques" dans "Sin City" qui vont être eux aussi outrageusement faux, vous vous en fichez. Sauf que : qui a dit que panem et circenses, ça marchait, tant qu'il y avait du panem ? Or, la denrée va être rare.

Bon, je ne parle pas du prix des céréales qui décuple aux États-Unis pour cause de sécheresse... Tiens, en passant : on parle beaucoup du miracle du gaz de schiste et du pétrole de schiste, qui redonne une indépendance énergétique aux Américains, mais personne ne mentionne l'incroyable consommation en eau de ces techniques, et l'assèchement de la grande nappe phréatique du centre-ouest. Pas de rapport avec la sécheresse ? Oui, sans doute, vous avez raison, je n'y connais rien.

Alors je me prépare à l'été. Les embouteillages de ma zone de vacance entre le 1er et le quinze août. Les pêches qui ont enfin du goût (tient, je n'ai pas vu de cerises cette année). Les ânes du voisin qui braient, allez savoir pourquoi, ils doivent sentir que je suis là. Et comme chaque année, les habituelles nouvelles du front.

Le front ? mais oui, vous savez : l’écroulement de la bourse (c'est grave, docteur), les sommets historiques de la zone euro (en fait, on ne sait pas ce que c'est que l'histoire, puisqu'on en est au 23ème en trois ans d'où l'on sort en nous assénant que tout est réglé cette fois-ci). Ce qu'il y a, c'est que la BCE comme le FMI viennent de refuser de prêter de l'argent aux Grecs. Et qu'on ne sait pas trop comment ils vont payer leur échéance du 20 août. Bon, vous me direz, maintenant ce sont les États européens qui se sont portés garants, à la place des créanciers privés. ça, c'est le résultat des 22 sommets historiques précédents, si j'ai bien compris. Autrement dit, on a transféré leur déficits chez nous. Les plans de rigueur du moment, c'est aussi pour payer leurs dettes, non ? un peu ? ah, je n'y suis pas du tout, je suis trop simpliste.

Bon, pour que ça change un peu, le scénariste va peut-être modifier le scénario, après le 25ème sommet (vers le 23 août, normalement), on se rend à l'évidence, et la Grèce sort de l'euro. Là, rock and roll. Bon, l'idée n'est plus taboue, mais la situation n'est pas du tout sous contrôle. Je ne parle pas des Grecs, je parle du système. Vous savez, celui de Law, dans lequel on vit depuis maintenant trente ans.

Oui, je suis pessimiste, et chaque été je vous fais le coup du billet alarmiste, juste histoire de dire, quand ça aura pété : "je vous l'avais bien dit". J'arrête donc.

Alors, après le tour et les jeux, ya quoi d'autre au programme que leurs trucs économiques pas très distrayants ? le retour de la ligue 1! Le truc où le PSG il va jouer à Bradley Wiggins. Les supporteurs sont contents, il paraît !

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par SP

Très bonnes vacances je t'envie : où que je sois j'entendrai des ânes mais pas les tiens hélas. C'est une question des discipline: toujours savoir ce que l'on fait raconter aux ânes par des ânes, cela s'appelle "les marchés" car, un peu comme la guerre, ils sont un jeu de relative value et d'initiative, davantage qu'à la guerre peut-être (pas sûr) ne rien faire c'est faire quelque chose, et comme à la guerre la victoire s'obtient davantage des erreurs des autres que de ses purs succès. Contrairement à la guerre et c'est le côté absolument incroyable du (vrai) métier du (vrai) gérant d'actifs: il n'y a jamais fin des hostilités, et dans une large mesure on ne sait jamais si on a gagné (ou pas perdu) la guerre "never ending story", sauf que peut-être a définition c'est que si on est encore là à jouer, c'est qu'on a gardé l'argent donc la confiance de l'institution, donc on a gagné ... le droit de rester dans le stress

déjà j'espère que l'été ne sera chaud que sur le front financiaro-économique (ce qui sera déjà gratiné), parce que les aventures des Folamour au MO je ne les sens pas du tout mais alors pas du tout

profite ami les vacances c'est sacré, comme la sérénité

2. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par yves cadiou

Vous êtes trop pessimiste, Docteur. Le pessimisme, j’ai connu ça à l’époque où je buvais de la bière : c’est une boisson qui porte à la morosité. La « fête de la bière » est une antinomie : on ne s’y amuse que pour surmonter son pessimisme. C’est le même procédé que pousser des cris agressifs pour se persuader qu’on n’a pas peur en montant à l’assaut. Et de plus si vous fréquentez des gens qui vous annoncent tous les jours la fin du monde (eux aussi buveurs de bière, je suppose ?), ça n’arrange rien.

Souvenons-nous des mauvaises nouvelles qui surgissent chaque année à la même période et comparons. Tenez, par exemple : les chiffres de la mortalité routière. Autrefois à pareille période ils étaient catastrophiques, aubaine saisonnière des journaux. Ce n’est plus le cas, effet positif de décisions politiques tardives mais finalement efficaces.

J’évoquais la situation ce matin avec un stratège à long terme que je vous ai déjà présenté, l’un des hérons qui fréquentent l’Erdre à Nantes. Lui, il trouve que tout va bien : l’eau de l’Erdre est propre, les grenouilles n’ont pas d’arrière-goût de pollution. Nous avons seulement un petit souci, c’est que récemment nous avons vu passer deux goélands. Or la stratégie à long terme des goélands, c’est l’impérialisme : ils bouffent les œufs des autres oiseaux. Si les goélands s’installent dans le coin il n’y aura plus de mouettes, de cormorans, de hérons, de canards, de cygnes, ni même de pigeons, de corneilles, de moineaux dans le quartier au bout de quelques années. Voyez Brest, envahie par les goélands qui ont éliminé toutes les autres espèces. Mais à Brest comme ici on (c’est-à-dire la nature, ou l’homme) trouvera une solution.

Certes, comme vous le mentionnez, il y a aujourd’hui des problèmes de toutes sortes : le sport devenu synonyme de dopage, les Canadairs hors d’âge, la Grèce et la monnaie, etc. Mais il suffit de regarder les archives d’égeablog pour conclure, comme mon héron philosophe, que tout va bien : se faisant l’écho des analyses financières du moment égeablog titrait « vacances avant déflagration » en juillet 2011. Peut-être suis-je sourd : je n’ai pas entendu la déflagration.

L’Europe, la Grèce, la monnaie, sont des sujets de préoccupation, c'est vrai : l’insouciance n’est pas de mise. Mais il suffit de se reporter à votre billet du 15 juillet dernier : nous allons revenir à l’Europe que vous appelez carolingienne et que j’appelle (discrètement) « des 150 départements de 1812 » : http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Rassurez-vous : les ânes de votre voisin braient aussi quand vous n’êtes pas là. Je vous recommande les vins de Loire. Avec les coquillages, du Gros Plant plutôt que du Muscadet (du moins à mon goût) et pour le reste il y a d’excellents Chinon, Anjou, Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Saumur-Champigny, à boire frais. Bonnes vacances

égéa : ah, les mérites comparés du Gros-plant par rapport au Muscadet, voici une conversation digne !

mes compliments à votre héron.

Dites nous s'il faut une pétition contre les goélands : j'avais cru comprendre qu'il y avait déjà des mouvements dans votre coin, là aussi contre de gros oiseaux, mais ceux-la à moteur : peut-être l'occasion de conjuguer les efforts, non ?

3. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par Korrigan

N en déplaise, a Yves Cadiou, il y a de quoi être pessimiste tant les indicateurs sont ou virent au rouge. Alors que faire tomber dans l attentisme le pessimisme catastrophique voire apocalyptique?
La seule voie qui nous reste est celle de promouvoir une Europe plus forte plus solidaire et plus combative afin que nous puissions défendre nos intérêts dans les temps futurs qui verront émerger de nouveaux équilibres et de nouveaux défis.

Mais pour cela ..que de remises en cause, de sacrifices, pour retrouver une societe plus modeste et une conscience politique plus réaliste.

Le dernier rapport du "national intelligence council" prévoit comme plus probable dans les 20 a 30 prochaines années un scénario de "fragmentation".
Avec plusieurs tendances
- crise économique et redistribution des cartes de la puissance
- affaiblissement de l occident au profit de l Asie
- marginalisation des organisations multinationales

Bref rien de très obtimiste, malgré tout, il n y a rien de pire que ne pas se battre contre certaines fatalités et je rejoins Yves Cadiou en concluant qu impossible n est pas francais.

4. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par yves cadiou

Il serait prématuré, voire superflu, de faire maintenant une pétition contre les goélands à Nantes mais je vous remercie de votre proposition. Pétition prématurée parce que deux goélands isolés à quelques jours d’intervalle (peut-être le même) ne sont pas encore significatifs : il peut s’agir d’égarés ou de touristes et pas nécessairement de précurseurs. Pétition superflue aussi parce qu’à la mairie de Nantes nous avons des gens sérieux (il suffit de voir la ville pour en être sûr) et que les gens sérieux lisent égéablog. Surtout maintenant que c’est la mairie du Premier ministre.

Quant à ce projet d’aéroport international, quelques mots parce que vous posez la question. Je me positionne d’emblée afin d’être clair : je suis partisan de ce projet sans y avoir aucun intérêt personnel. D’ailleurs tout le monde est pour, à l’exception des éternels opposants opposés à tout. Toujours les mêmes que l’on retrouve sous les bannières de la protestation, quelle que soit la couleur de la bannière. Déjà ils protestaient il y a cinquante mille ans quand un mec, préhistorique mais génial, a frotté deux silex pour allumer du feu. Parmi leurs arguments contre ce projet d’aéroport, tous plus folklos les uns que les autres, je vous livre celui-ci : « dans dix ans il n’y aura plus de pétrole, donc il n’y aura plus d’avions et on aura bétonné pour rien ». Ces opposants expérimentés (et buveurs de bière moroses, je le note au passage pour rester dans le thème du billet du jour) sont alliés cette fois aux propriétaires fonciers qui veulent, je suppose, faire monter les prix de l’expropriation et font des grèves de la faim interminables parce que, pas idiots quand-même, ils se relayent. Des manifestations périodiques ont lieu en centre-ville par beau temps. Mon héron de l’Erdre, qui passe souvent par là, n’y comprend rien et j’ai renoncé à lui expliquer : ce serait peine perdue parce qu’il n’a même pas un petit brevet de pilote de planeur. Il est plutôt du même avis que moi, mais c’est parce qu’il me fait confiance.

On parlait déjà de ce projet il y a quinze ans (il serait d’ailleurs intéressant d’examiner l’origine de propriété, et l’ancienneté des propriétaires fonciers qui protestent). Cet aérodrome qui sera situé à Notre-Dame-des-Landes (voyez google-earth) déchargera l’aérodrome actuel qui est soumis à des règles aéronautiques fort contraignantes parce qu’il est presque en ville à mesure que celle-ci grandit. Le nouvel aérodrome sera une infrastructure utile au niveau régional comme au niveau national. Utile à la région parce que Nantes / Saint-Nazaire est un espace urbain important (9ème de France) http://fr.wikipedia.org/wiki/Espace... , parce qu’aussi l’espace urbain de Rennes (10ème de France) n’est pas loin. Utile au niveau national parce que Paris est, dores et déjà, à deux heures de TGV. De ce point de vue le projet d’Amiens est un concurrent sérieux parce qu’il est plus proche de la Banane Bleue, mais l’intérêt régional du projet amiénois est moindre, situé dans le désert picard alors qu’ici on est au cœur d’une région économiquement dynamique.

5. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par Patrick Saint-Sever

bonjour,

non pour prendre la défense de la bière a fortiori grecque (d'expérience l'italienne n'est pas mal non plus...) mais celle de l'augure qui ose dater ses prévisions (sinistre hardiesse), et puisque de surcroît Olivier ciblait le domaine économique/financier en matière de déflagrations, pour ma part il me semble avoir entendu pas mal de détonations puissantes quoique parfois sourdes, souterraines, depuis un an. En particulier le passage d'une crise d'un petit pays insignifiant (outre une île et un émirat insignifiants) à d'autres pays plus significatifs (tiens les USA par exemple, avouez que vous avez pensé 'l'Espagne'), et la reconnaissance que l'euro est en danger mortel, au point d'alléguer accélérer la vitesse pseudo-fédéraliste à l'approche de l'impact qui semble bien plus ultra nationaliste. En tout état de cause je crois que s'il persévère notre amateur de houblon héllénique aura grand raison et nous bassinera "je vous l'avais bien dit".

Nonobstant cette perception toute personnelle et professionnelle de quelques événements qui aujourd'hui constituent un constat que les politiques sont en plein désarroi voire dans la panique (cf. la palinodie hier sur le communiqué comminatoire espagnol envers l'Allemagne), au point que je qualifierais volontiers la gestion politique européenne de la crise de "gros plant" (pas encore nantais, ne présumons pas), je citerai d'autres événements plus évidents. Outre les déflagrations chypriotes (explosive et financière donc géopolitiques, à suivre... il y a du gaz dans l'eau là bas), rappelons tout de même qu'en juillet 2011 Albert et Charlène se disaient "moui", et ça n'est pas de la petite bière.

Bonnes vacances et surtout que personne ne crie "vos gueules les mouettes", restons vigies et pas lents.

amicalement

6. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par yves cadiou

On a commencé par la bière, on peut continuer par les oiseaux, c’est une façon de savourer les vacances par anticipation.

Mon cher Patrick Saint-Sever, dire « vos gueules les mouettes » n’est pas correct. Il ne s’agit pas de politesse mais d’ornithologie (excusez un si grand mot pour mes modestes connaissances !) : les mouettes ne gueulent pas, ce sont les goélands qui gueulent. Quand vous serez à la terrasse devant un verre de gros-plant au bistrot du port, l’équivalent côtier du café du commerce, savoir différencier mouettes et goélands favorisera votre intégration.

La mouette est plus sympathique que le goéland : je ne connais personne qui aime les goélands, gueulards, charognards et envahissants. Je ne serais pas étonné (je ne sais pas) que leur nom vienne du mot « gueulant ». C’est une des façons de les différencier des mouettes car celles-ci ne se font pas entendre : elles volent ou nagent discrètement, piquant ça et là un petit poisson ou une crevette proches de la surface. L’autre différence, c’est le bec : celui de la mouette est fin et pointu, celui du goéland est un bec de charognard, un bec gros et crochu. La mouette est blanche et grise comme le goéland mais elle a la tête noire, entièrement ou seulement la partie supérieure (dans ce deuxième cas c’est une variété que l’on nomme « la sterne » en français et « ar skreo » en breton). Elle est de plus petite taille que le goéland : le nom de la mouette en français est apparenté à « mauviette ». En breton, la mouette est nommée penduick : le suffixe « ick » indique la petite taille, « pen » signifie tête et « du » signifie noir.

Je vous souhaite des vacances optimistes en observant les mouettes devant un bistrot du port où l'on boit frais.

7. Le lundi 23 juillet 2012, 22:09 par Midship

"pour l'instant tout va bien, pour l'instant tout va bien. Mais l'important, c'est pas la chute : c'est l'atterrissage".

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