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Sahel, Mali et partitions

Les préparants viennent de passer les dernières colles avant le jour J. Enfin, l'autre jour, l'un d'entre eux a pris un sujet que je proposai régulièrement : le Sahel d'un point de vue militaire. Une des difficultés réside bien sûr dans la définition du cadre (c'est quoi, le Sahel, finalement ?), et dans la conjugaison de l'angle politique (les États faibles, la communauté internationale, le développement...) et les acteurs militaires (milices, armées, CDEAO, Français...). Mais ce n'est pas là l'objet de ce billet. En effet, j'avais lu le très bon article de Matthieu Guidère paru dans Le Figaro.

source

1/ Que dit M. Guidère ? que nous avons du mal à nommer l'opposant. On tourne autour du pot, on parle vaguement de terroristes, sans voir que la révolte est une très classique lutte de "libération nationale" (celle des touaregs), appuyée par quelques bandes de miliciens et quelques milices islamistes, qui ont eu l'habileté de prendre le dessus. Quant au modus operandi, il est d'un classicisme absolu au Sahel : des Pick-up chargé de miliciens qui se précipitent en raids et contre-raids. Les anciens de l'opération Tacaud retrouveront là les mêmes "tactiques" qu'il y a 35 ans.

2/ Mais alors, pourquoi ne pas tranquillement faire comme on faisait au Tchad ou au Katanga : envoyer des parachutistes (on en a encore quelques palanquées : des légionnaires, des colos et mêmes des chasseurs, c'est dire) et l'affaire serait pliée fissa. Oui mais... Les temps ne sont plus à ce genre de démonstration qui passent mal, et surtout, les "adversaires" ont un atout de poids. Ou plus exactement six atouts, six otages qui entravent forcement nos capacités d'action.

3/ Je retiens surtout l'idée de "libération nationale" : en effet, nous sommes obnubilés par l'islamisme et nous ne voyons pas le fait marquant de cette bande sahélienne : celle du fractionnement des États. La corne de l'Afrique est un peu loin, mais l’Érythrée a été la première. Le sud-Soudan a proclamé son indépendance (à coup de soutien américain et de calculs pétroliers) : cela se passe au Sahel. L'affaire ivoirienne a failli couper le pays en deux (au point qu'on se demande encore comment on a réussi à ne pas le diviser). Ce qui se passe au Mali, ce qui est en train de s'enraciner, c'est le même processus de fractionnement, de division étatique. Et ce que nous avons soutenu au Sud Soudan et refusé en nord-Ivoirie est en train d'advenir au nord Mali, nolens volens.

La petite musique en train de s'écrire est celle de la partition...

Références

  • Re parcourant les anciens billets d'egea sur le sujet, je découvre soit la persistance de mes idées, soit que je radote. En effet, dès avril je parlais de " grammaire traditionnelle (revendication des peuples, droit des minorités, ....)" : voir ici. Et le mois précédent, je posai déà la question des frontières dans la région, voir ici.

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par Daniel BESSON

Bonjour ,
Si vous êtes intéressé par le sujet vous DEVEZ esayer de retrouver les articles , 5 ou 6 , d'Ebenezer Kotto Essome dans les Science & Vie de 1978 : "L'Afrique ou l'identité perdue ."
Un exemple :
http://a21.idata.over-blog.com/615x...
http://a34.idata.over-blog.com/600x...
http://img.over-blog.com/600x908/2/...
Il est clair qu'au travers des cartes climatiques ,de la végétaion , linguistiques , des sols et des empires historiques , pas plus la CDI que le Mali n'ont de légitimité historique et d'ailleurs les " rois négres " qui appellent à une intervention militaire au Mali en sont parfaitement conscients et ils cherchent avant tout à empêcher un précédent dangereux pour les états qu'ils gouvernent ;0) ! La CDI est par exemple explicitement citée comme un géonconstructivisme colonial par EKO , une espèce de Tcheco-Slovaquie Africaine .
Pour les Occidentaux , se pose par contre le problème d'une " démolition controlée " de certaines régions de l'Afrique à l'aune de leurs interets , d'ou la politique du double-standart en CDI et au Soudan !Cordialement
Daniel BESSON

2. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par Colin L'hermet

Bonsoir Dr Kempf,

Un lien avec un précédent billet (relativisation de la guerre) où vous citiez le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes...
... vaste et audacieux programme.

Mes souvenirs scolaires me portent à estimer que c'est l'inscription d'un tel principe, révolutionnaire et républicain, dans sa constitution, qui a valu à la France de devoir affronter une coalition d'Etats qui ne voulaient pas, mais alors pas du tout, en entendre parler.

Congrès de Vienne, vain espoir pour les monarchies impériales de retour au statu quo ante : la boîte à malice était ouverte.
Pour le plus grand bien de la démocratie.
Plus grand cauchemar pour les Etats, qui n'ont pas vocation à être par trop démocratiques, puisqu'ils sont sensés assurer une forme de violence réelle comme symbolique, tant sur leurs ouailles que sur les Etats des autres territoires.
Le droit des peuples à s'assumer ne fait pas bon ménage avec le rejet péjoratif du populisme et le soupçon de stupidité que l'on prête à la foule des individus, femelle jusqu'au 15eme s.

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est le pire mistigri du paradoxe des Droits fondamentaux.

Depuis l'éclatement à notre seuil de la Yougoslavie et son cortège de drames "au coeur de l'Europe", la dite Europe n'aborde plus sans une grande prudence ce concept.
La pérennité des ensembles nationaux et géographiques constitués au lendemain de la décolonisation et des indépendances demeure le ciment d'un reste de primauté occidentale sur le monde globalisé.

De façon plus pratique, question posée par DjacquesRaillane il y a quelque temps, maintenant : intervenons, la belle affaire !, et à qui remettrons-nous le pouvoir et la responsabilité de gérer-administrer les circonscriptions reprises ?
A l'Etat central malien qui ne sait pas se projeter au Nord ?
A un potentat amazigh ou berbère qui promettra de ne pas demander l'indépendance, mais une autonomie régionale négociée au sein d'un Mali offrant une meilleure représentativité ethnorégionale dans les institutions centrales ébranlées par le putsch ?
A un HRSGNU en charge de l'administration d'un régime de transition qui s'étalera sur des années et dont la facture grèvera encore la caisse de l'organisation et des "grands" partenaires associés ?
Le droit international oscille entre d'une part la stabilité et l'intégrité des frontières géographiques des Etats constitués, et d'autre part ce droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Le possible appel au droit coutumier avéré et établi, ou à un jus cogens, pour trancher ces questions, est une discussion de tous les instants, et la France (non signataire de la Conv.Vienne de 1969) a toujours refusé de valider cette lecture, oeuvrant au cas par cas et souhaitant éviter la systématisation.
Peut-être en raison de son passé de puissance tutélaire et coloniale de certains de ces pays.
(nb : plus largement, la France repouse bien évidemment la validité du jus cogens pour d'autres raisons que ce seul sujet, l'évolution du DPI est une orchestration subtile et minutieuse ; dans ce cas cependant sa lecture sert son intérêt historique).

Mais vous avez raison : le droit international devra - et saura - reconnaître une partition de facto ou une sécession si cela doit advenir. Les textes existent pour gérer de telles situations.

Reste qu'une solution négociée comme en 1996 ou en 2006, avec la difficulté de dépasser (tâche quasi insurmontable) l'échec et la mauvaise foi démontrés dans la non application par deux fois des accords d'alors, est la seule échappatoire à l'éclatement du pays.

Bien à vous,
Cl'H

3. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par Colin L'hermet

Bonjour,

Oui, je sais, ce n'est pas bien de faire de la pub, mais les lecteurs peuvent également aller consulter le blog de B.Lugan sur son sentiment d'illégitimité de la majorité des Etats africains.
L'archéologue, pertinent sur divers points, y aborde la question de leurs frontières et délimitations modernes.
Pour ma part, j'inclinerais pour une acception du genre : le nombre de morts connus au km2 pour délimiter un ensemble humain cohérent (M.Barrès, 1899).
Car dès lors que l'on a une connaissance et une comptabilité de cette généalogie funéraire, c'est qu'on y a prêté attention, on a fait la preuve d'un lien à son sol, qui regorge des précurseurs. On s'ancre ainsi dans une chaîne temporelle (H.Arendt, in Between past and future, 1961).
Néanmoins, l'exhumation du sol de tels ou tels tombeaux, parfois au petit bonheur, pour en faire des chiffres et se trouver une parenté-lignage ne me paraît pas avoir autant de poids que la tenue historique, fût-elle lacunaire, d'un Etat-civil ou des ensevelissements.
En outre, j'observe qu'on tient plus volontiers, de manière centralisée, le décompte des vivants pour leur prélever taxes et-ou impôts.
Bref, j'ai énoncé un truisme : un Etat peut être considéré comme légitime dès lors qu'il est constitué sur une base, historisée et centralisable, d'administration de sa (ses) population(s), des morts comme des vivants.
Plus il peut remonter loin sur le lien des vivants aux morts, plus il peut faire la preuve de sa légitimité éthique.
Ca en élimine certains, mais ça en valide bien plus, n'en déplaise aux sécessionnistes postmodernes de tout poil !
En outre, ça interroge ceux, qui se croient hors d'atteinte de ces fractionnements, sur les risques potentiels qu'ils courent pourtant...

Bien à vous,
Colin./.

4. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par

Houlà, le jeu de mot : la « partition » de musique ! Pourtant le sujet est sérieux.

En 2007, j’évoquais sur @internet mes souvenirs de l’opération Tacaud dont vous parlez, une intervention militaire destinée à désarmer les bandes pillardes qui écumaient le Tchad (mon témoignage est en lien dans ma signature). J’ai gardé de cette aventure, comme tous ceux qui ont traîné leurs guêtres au Sahel, une grande considération pour les habitants qui font preuve d’une formidable ténacité dans un environnement dont la dureté n’est pas imaginable.
J’écrivais en 2007 « donnons-leur la sécurité et ils feront le reste : élevage, agriculture, artisanat, commerce ». Aujourd’hui je ne renie pas l’opération Tacaud parce que ce fut une bonne action. Mais c’était une autre époque : compte tenu des événements de ces cinq dernières années, j’affirme au contraire qu’en dépit de la qualité humaine des populations du Sahel, la France ne doit plus intervenir en Afrique et qu’elle doit le dire. Pour trois motifs.

1 Intervenir n’est plus le rôle de la France. En 1978 le souvenir de la période coloniale était relativement récent et dans les populations locales les anciens nous faisaient bon accueil. Les jeunes qui n’avaient pas connu la colonisation en avaient entendu parler et rejoignaient volontiers nos rangs (chapitre 34 dans mon témoignage, « ma section tchadienne »).
Aujourd’hui, la plupart de ces gens qui nous faisaient bon accueil n’existent plus. Un demi-siècle après l’indépendance, nous serions peut-être encore accueillis avec satisfaction par ces gens restés francophones parce qu’ils captent nos satellites de télévision jusque dans les villages mais nous serions, en fait, des intrus : l’Afrique n’a aucun motif de rester sous notre tutelle, nous n’avons aucun motif de prolonger ou de recréer cette tutelle et il faut le dire. Il existe sur le continent africain des pays suffisamment structurés et développés pour prendre à leur compte la sécurité des populations africaines, au Sahel et ailleurs (je pense par exemple aux régions orientales de la RDC où un ami congolais me dit que sévissent des bandes armées du même genre qu’au Sahel).
L’on entend parfois dire, ou on lit parfois, que nous devons nous intéresser à l’Afrique pour ses ressources (minerais, coton, etc). L’argument est à la fois cynique et faux : les Africains peuvent exploiter eux-mêmes ces ressources et nous les vendre au cours mondial. Ce sont d’ailleurs des ressources que l’on trouve partout : l’uranium, on en trouve même en Bretagne. Quant aux hydrocarbures, que l’on trouve aussi partout (mais pas en Bretagne, j’admets le fait), la France en est moins tributaire que ses voisins européens grâce à son équipement en énergie nucléaire. On n’est plus en 1915 où l’on se battait à ND-de-Lorette pour les mines de charbon du Pas-de-Calais.

2 Nous avons sur notre propre territoire d’autres priorités : par exemple l’orpaillage clandestin, pollueur et armé, en Guyane. L’on pouvait jusqu’à ces dernières années faire semblant de l’ignorer, mais il est temps de traiter ce problème que l’on n’a plus aucun motif de négliger. Nos moyens sont limités et nous devons choisir.

3 Enfin (et l’on va dire que je radote parce que j’y reviens sur les sujets les plus divers, la monnaie, la protection civile, l’information, la Libye…) notre priorité absolue doit être désormais de résorber le lourd handicap que constitue l’incompétence de nos politiciens. Quand le maire de Neuilly ou le président du CG de Corrèze est chargé de représenter la France, quand le maire de Sablé-sur-Sarthe ou celui de Nantes est chargé, avec quelques autres élus locaux, de « déterminer et conduire la politique de la Nation », sous le contrôle d’une Assemblée dite « nationale » qui est seulement un autre rassemblement d’élus locaux, l’on ne doit pas être surpris de voir notre personnel politique commettre de nombreuses erreurs à l’international.

Par conséquent je préconise désormais de faire profil bas à l’international jusqu’à ce que nous ayons surmonté nos propres faiblesses internes.

5. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par Colin L'hermet

Bonjour,
J'aurais bien dit amen à tout le commentaire de Y.Cadiou, n'était sa conclusion.
J'assimile (mais c'est une perception proprement subjective) sa conclusion non-interventionniste néo-isolationniste au désengagement US des affaires du Monde après les échecs de Restore Hope (92-93) et ONUSOM II (93-95).
Autant un non engagement pour les raisons explicitées en 1) et 2) me paraît fondé sur l'éthique, et donc argumentable en accord avec l'air du temps d'une recherche de gouvernance de la mondialisation, autant le point 3) me paraît une mauvaise raison.
Faudrait-il comprendre que si nous surmontions nos faiblesses internes, on pourrait faire l'inverse, et intervenir, en dépit des arguments en 1 et en 2 ?
Nous serions juste des impériaux muselés par la contrainte de la réalité ? Attendant leur heure ?

Je crois comprendre (?) que ce point 3 vise plutôt à convaincre même les plus cyniques de notre faiblesse structurelle à vouloir être trop présents-dilués-dispersés à l'international, et donc à les en dissuader. Un élément de rhétorique, mais pas une vérité en soi ?

Sur le point particulier de l'echelon local dans le fonctionnement de notre Etat politique, je renverrais à cette remarque de Jacques Fournier (http://jacquesfournier.blog.lemonde...) que je détournerai sur sa fin :
"soit l’on parle de l’Etat en tant que principal dépositaire et par là symbole de l’action publique ; soit on le mentionne comme =l’une= des collectivités qui concourent à cette action publique. C’est cette dernière définition qui est la plus juste. Mais c’est dans le premier sens..."
...que la géopolitique chère à Egéa et ses lecteurs tend à l'étudier.
On a donc une tension entre deux acceptions de l'Etat, qui, en soi, ne disqualifie pas nécessairement ni fondamentalement ces commis-épiciers montés au siège social comme PDG.

Si le "commis-épicier" ne sait pas édicter une règle de positionnement international à la "firme", cette dernière est effectivement mal partie.
Mais de même, réduire la toile et décider de moins s'exposer au "marché" international sous prétexte de non adéquation du "PDG" mal préparé à cette haute responsabilité, c'est faire fi de la marche du monde pendant ce temps.
Le néoisolationnisme nous est interdit : le pdt J.Monroe pouvait bien passer un deal avec l'Europe (ou l'imposer) pour édicter sa doctrine en 1823 (formalisée comme telle en 1854), aujourd'hui nous avons une foule d'interlocuteurs atomisés détenant tous une part de la puissance ; nous ne pouvons donc passer aucun deal isolationniste, ni l'imposer, afin de nous préserver sur une scène où nous ne sommes effectivement plus de taille à jouer les histrions ou les dei ex machina...

S'absenter du monde, c'est s'interdire de peser sur sa marche.
Reste à trouver, en toute circonstance, la mesure de notre action au monde.

Bien à vous,
Colin./.

6. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par SSP

Un billet qui déchire Docteur, si l'on en juge par la volumétrie (et qualité) des réactions

Pour jeter du carburant dans ce feu et parce que, nonobstant les mérites uranifères de la Bretagne non seulement le Niger mais le Gabon son terres productrices exploitées par Areva, dont les otages sont salariés ne l'oublions jamais; parce que donc le Sahel ce n'est pas seulement le Nord blanc du Riff racial dont parle Lugan mais une bande allant jusqu'en Mer Rouge et englobant le Golfe de Guinée, donc une problématique résolument Africaine et point seulement saharienne: ne devons nous pas considérer d'une part que ces événements ne sont que la réplique de l'intervention "alibi" (en Libye), et que le pétrole dudit pays (au fait, avons nous obtenu 35% de l'extraction comme annoncé en 2011?) n’était donc pas le seul minéral en cause?
D'autre part que les guerres claniques (plus que "nationales"...) sont certes un meilleur mot que Islam/AQ pour nommer la problématique et ses termes, mais que, bien davantage encore, le serait le soupçon d’une certaine tendance de quelques gentils de nos alliés à chercher à nous bouter hors de la Françafrique, économiquement, géologiquement, et militairement ?
N'avons nous pas constaté une grande solitude de notre héros national à la tribune et surtout dans les coulisses de l'Onu sur l'intervention au Nord Mali ? Posons la question autrement: si les drones français tombent là-bas à un rythme jamais éprouvé même en Afpak semble-t-il, les missiles qui les descendent sont-ils Russes ou... Américains?

Et puisqu'on parle d'aller au tapis, ne peut-on se remémorer les troublants assassinats de Messieurs Besse et Baroin, tels que re-situés par Dominique Lorentz dans le cadre d'un arc de crise passant de ces régions sahéliennes pour remonter en Syrie, Libye à l'époque, et Iran (toujours), selon une problématique résolument, militairement nucléaire?

Bref plutôt qu'un petit jeu arabisant/islamisant local, n'est-on pas dans un grand jeu où les méchants avancent masqués et pas uniquement voilés?

À cet égard puisque vous évoquez Docteur l'excellent spécialiste Mathieu Guidère comment comprendre qu'il renonce à la fierté de ses véritables origines et patronyme: en droit, on parle de la théorie des apparences pour établir l'impartialité d'une juridiction, ici elles ne sont pas tout à fait sauves.

Ceci à un moment où la France joue très gros, dans une guerre économique qui n’est plus seulement une terminologie factice comme par le passé : nous nous battons pour notre survie. L’intelligence de la situation est la première arme, alors merci à vous et à tous les contributeurs.

7. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par yves cadiou

@ Colin L'hermet (n°5). Merci de m’avoir lu. Ma conclusion n’était pas claire et c’est sans doute pourquoi vous en disconvenez. Pour être plus clair, je vais passer par le principe de Peter et Hull : « tout employé tend à atteindre son niveau d’incompétence et à y rester ». C’est le cas des élus locaux lorsqu’ils accèdent à des responsabilités nationales, que ce soit à l’Exécutif ou au Législatif (je ne vise personne en particulier : je constate un fait général et constant). De ce fait nous n’avons pas les moyens, à la tête de l’Etat, de jouer un rôle international conforme à notre poids réel. Dans l’avenir, ce ne sera pas toujours le cas : un jour viendra où les élèves d’Olivier Kempf arriveront aux responsabilités sans passer par la case « élu local » et les partis qui les esquintent. Nous ferons alors un come-back, mais ce ne sera pas à l’américaine et ce ne sera pas en Afrique car elle n’a déjà plus besoin de nous.

J’imagine qu’alors notre positionnement international passera en grande partie par les DROM-COM où nous avons effectivement quelque chose d’intéressant à faire. Je prends deux exemples que je connais un peu :
1 préserver notre parcelle de forêt amazonienne (parcelle de 90 000 km² quand-même) : nous avons les moyens d’y faire quelque chose de bien et d’exemplaire. Nous le ferons aussitôt que nous en aurons la volonté politique. Pour ça il faut de la compétence politique à la tête de l’Etat. Je m’étonne que nos vaillants écolos ne s’intéressent pas plus que ça à la Guyane (je ne m’étonne pas vraiment, c’est une façon de dire).
2 Protéger les ressources de zones qui sont très convoitées mais qui sont sous notre responsabilité : Polynésie, sud de l’Océan Indien.

Dès que nous aurons remis de la compétence politique à la tête de l’Etat, nous pourrons faire entendre la voix de la France sur la scène internationale aussi en faisant valoir notre longue histoire. Nos erreurs passées pourront éviter à d’autres de faire les mêmes erreurs. Nous pourrons également faire valoir que nous avons construit une Nation cohérente en agglomérant toutes sortes de peuplades venues des quatre points cardinaux et qui n’avaient pourtant pas vocation à vivre ensemble.

Mais revenons à l’Afrique car c’est le sujet du jour. Je ne crois guère que des non-Africains nous succèderont en Afrique : comme je l’écrivais dans mon précédent commentaire, il existe sur le continent africain des pays suffisamment structurés et développés pour prendre à leur compte la sécurité des populations africaines. J’ai encore dans l’oreille une conférence de Charles de Gaulle radiodiffusée et écoutée par toute la France au moment de la décolonisation : « si d’aucuns veulent prendre notre place, je leur souhaite d’avance bien du plaisir ». Il faisait bien sûr allusion aux Etats-uniens dont la politique constante depuis 1935 avait visé à faire tomber en déshérence les empires français et britannique. En 1960 l’on pouvait prévoir également que les Soviétiques chercheraient à se placer eux aussi en Afrique.

Depuis lors, plus d’un demi-siècle a passé et la situation n’est plus la même : l’Afrique n’a plus besoin de personne.

egea : mes élèves ? vous croyez vraiment que j'ai une influence sur eux ???? Heureux homme qui croit à l'influence des magistères !

8. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par panou

Aprés la décolonisation des anciens territoires français en Afrique les frontiéres ont tenu bon en dépit de quelques avatars:éclatement de la Fédération Sénégal -Mali,petite guerre entre Haute-Volta et Mali pour quelques bornes frontaliéres,mauvaise volonté de Rabat pour reconnaitre la Mauritanie qui amadoue Rabat en lui cédant une part du Sahara Espagnol,bande d'Aouzou.
En revanche il y a un lien fort entre notre vieux pays et ses anciennes colonies et ce lien est similaire entre ces pays devenus indépendants :le franc CFA garanti par le Trésor français et aligné sur l'Euro.
Selon Wikipédia le franc CFA représente 3% de la masse monétaire euro.Négligeable certes mais si on ajoute à celà les réaménagements de la dette,son fréquent effacement,les avances nécessaires pour payer salaires des fonctionnaires et miltaires africains vous pouvez calculer l'importance du montant.A ma connaissance personne n'a jamais fait le calcul car le Zambéze est préférable à la Corréze.
Personne n'a calculé non plus la contrepartie de cette charge monétaire.Heureusement car si la Françafrique se meurt à petit feu il reste le Franc d'Afrique inaltérable et dont aucun gouvernement africain de la zone CFA n'est maître.Vous me direz que Paris est loin de contrôler l'Euro mais c'est une autre histoire.
Ce protectorat monétaire et donc économique est trop souvent oublié.Il doit avoir des avantages puisque les pays qui s'en sont libérés ne brillent pas :Mauritanie,Guinée,Madagascar.Bamako a tenté l'expérience dans les années 80 et est vite revenu au bercail.Mieux les Guinées ex espagnole et portugaise ont rejoint le CFA.
Est-ce qu'une telle garantie monétaire,héritage et fardeau d'un passé colonial,inscrite dans le traîté de Maastrich suppose une solidarité sur l'intégrité des territoires?Cette garantie monétaire est française mais aussi européenne au moins pour la zone euro.Allemagne,Slovénie,Malte,Chypre sont-ils sensibles à la question?Paris met-il le sujet sur la table?
Finalement tout mon écrit n'est que digression sur le véritable probléme malien dont le noeud se trouve à Alger où se rendra en novembre notre Président.Il parlera de nos otages et osera peut-être demander des nouvelles des otages algériens:des diplomates,8 je crois ,en poste au consulat de Gao.Tout le monde sait que les affaires consulaires algériennes dans la métropole industrielle de Gao célébre pour son manque de main d'oeuvre nécessitent une telle présence et un tel effectif.

9. Le dimanche 30 septembre 2012, 22:25 par yves cadiou

Le franc CFA, bien sûr : « panou » (n°8) a raison d’en parler. Je ne pensais pas au franc CFA en écrivant « l’Afrique n’a déjà plus besoin de nous ». Je pensais à ce que je connais : nos interventions militaires, de plus en plus lourdes et de moins en moins justifiées.

Si un économiste qualifié veut répondre, je le remercie d’avance de donner son avis sur les questions suivantes : l’Afrique a-t-elle encore besoin du franc CFA ? Le franc CFA et l’économie africaine subissent-ils les conséquences des tensions sur l’€ ? L’inflation que nous pratiquions autrefois avec le FF avait-elle des répercussions favorables ou défavorables en Afrique ? En sera-t-il de même avec l’abandon du dogme de la stabilité monétaire annoncé par la BCE ?

Vaste sujet je suppose, mais essentiel me semble-t-il à la suite du commentaire de « panou ».

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