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Une sphère électro-magnétique ?

Vous saurez bientôt tout ce qu'il faut savoir sur les sphères stratégiques : parution prévue dans moins d'un mois, maintenant. Mais en attendant, évoquons un sujet : la sphère électro-magnétique est-elle une sphère stratégique autonome, ou faut-il la confondre avec la sphère cyber ? (on lira le billet de Cidris sur le cyber comme espace, en attendant des développements plus approfondis, toujours le mois prochain).

source

1/ En effet, le spectre électro-magnétqiue constitue, d'une certaine façon, l'ancêtre du cyberespace : on l'utilise pour les ondes radios qui donnèrent lieu aux transmissions, puis à la guerre électronique. Le cyberespace ne passant plus seulement par des liaisons physiques (câbles cuivres ou optiques) mais aussi par tout un tas de dispositifs onduleux (WiFi, 3G, ondes satellitaires, Blue tooth, etc), et les transmissions étant devenus des "systèmes d'information et de commandement", il y aurait fusion du spectre EM et de la cybersphère. Autrement dit, la sphère EM ne serait qu'une sphère subordonnée à la cybersphère : une partie physique, emportant certes des particularités, mais désormais intégrée.

2/ Dès lors, la "guerre élec" et le ROEM appartiendraient à la cybersphère stratégique. ON verrait d'ailleurs là un des indices des liaisons fortes entre le renseignement et le cyber (domaine qui nécesite encore d'être débrouassaillé, et sur lequel on lit peu de choses, finalement).

3/ Toutefois, les usages militaires et stratégiques du spectre EM ne peuvent se réduire à ces transmissions et donc à cette guerre élec et ses variations, du moins me semble-t-il. En effet, on peut faire d'autres choses avec les ondes :

  • tout d'abord, une impulsion électromagnétique (charge d'ondes massive qui "brûle" tous les connecteurs électroniques). Quand j'étais petit, on évoquait le largage d'une bombe nucléaire en altitude pour casser toutes les transmissions de l'adversaire : je suppose que les techniques ont évolué et qu'on peu obtenir des effets similaires sans passer par des moyens aussi radicaux (générateurs d’impulsions électromagnétiques compacts à compression de flux magnétique).
  • ensuite, il faut observer le développement des armes à effet dirigé (voir ici par exemple, ou surtout ici, un excellent billet de F dSV) constitue un domaine possible, où les ondes ont des effets mécaniques (et non pas "cinétiques", très chers) : certes, cela fait très longtemps qu'on rêve aux rayons de la mort, que les Américains nous présentent des prototypes et que ça ne fonctionne pas. Mais les échecs passés ne signent pas les échecs futurs.

4/ Voici d'ailleurs le critère qui fait sortir, au moins partiellement, la sphère électro-magnétique de la sphère cyber : ces armes ont des effets physiques qui les assimilent à des armes "traditionnelles" et non à des armes cyber. Ces armes "laser"ont des létalités réelles ou réduites, mais sont conçues pour être utilisées directement sur le champ de bataille, avec un effet direct sur l'ennemi. Il n'est pas anodin de constater le développement d'armes "non-létales" : contrôle de foule par dazzler (éblouissement) ou faisceaux de micro-ondes donnant des sensations de brûlures.

5/ Il semble que des développement concrets de ces armes EM est envisagé à un horizon assez court (dix ans) : si c'est le cas, on ne pourra plus assimiler la sphère EM au seul cyberespace. Du moins en ai-je l'impression !

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 19 octobre 2012, 22:43 par yves cadiou

Si l’on me permet de placer des blagues sur ce sujet (trop) sérieux, en voici d’abord deux.

En 2005/2006 sur l’île de Molène (Finistère), des archéologues ont découvert et étudié une habitation vieille de 5000 ans, c’est-à-dire à peine plus jeune que les menhirs de Carnac. (Ce qui précède n’est pas encore une blague ; la blague commence maintenant). J’ai eu quelques conversations avec ces archéologues et ils m’ont affirmé n’avoir trouvé aucune trace de lignes téléphoniques autour de cette habitation, ni d’ailleurs sur aucun site archéologique de la région. Pour moi c’est la preuve évidente qu’à l’époque les Bretons étaient déjà équipés du téléphone mobile et du wifi, ou peut-être de lignes biodégradables.

Vous dites : « les échecs passés ne signent pas les échecs futurs ». Hé oui : les Shadocks (une série télévisée loufoque vers 1970) le disaient un peu autrement en essayant des fusées pour aller dans l’espace : « plus ça rate, plus ça a de chances de réussir ».

Sérieux maintenant, pour finir. La différence entre la sphère EM et le cyberespace, ce n’est pas seulement les effets physiques. C’est aussi que l’attaque EM ne peut pas être clandestine : à moins d'évolutions techniques futures, l’attaqué ou les témoins sauront que c’est une attaque et non un dysfonctionnement et fort probablement ils sauront identifier l’attaquant.

egea : tout à fait : même si c'est invisible, c'est attribuable ! Vous voyez que vous comprenez l’essentiel de la cyberstratégie !

2. Le vendredi 19 octobre 2012, 22:43 par Colin L'Hermet

Bonjour Docteur,

Peu de temps devant moi. Le blog plus rapide que le mail.
Inutile de publier mon commentaire.

Si vous ne l'avez déjà exploré (02/2012), je vous conseille le doc de la Commiss.Def de la Chbre des Communes UK.
Intéressant.
Le financement UK suivra la logique du durcissement de la cyberstructure et de l'agence GCHQ. Amusant de voir que l'ElectroMag, s'il est à part du cyber, est pris en compte en raison du cyber.

http://www.publications.parliament....

./.

égea : mais si, utile...
Bien cordialement,
Colin./.

3. Le vendredi 19 octobre 2012, 22:43 par oodbae

Bonjour,

Je ne comprends pas en quoi les armes EM créent une nouvelle sphère stratégique, en plus des stratégies terrestre, navale, aérienne et cybernétique.

C'est à dire que pour moi, ou bien les EM sont utilisées comme armes destructrices telles les canons à impulsion par des humains, et cela relève des stratégies terrestre, navale ou aérienne, ou bien les EM sont utilisées pour les télécommunications et la commande à distance et alors, ce relève de la cybernétique.

Où le bât blesse t il?

cybercordialement.

egea : tout simplement parce que l'EM est un espace physique autonome, bien que non visible. Cybercordialement itou.

4. Le vendredi 19 octobre 2012, 22:43 par Jean-Yves Euzenat

Bonsoir OK,
Je partage l'avis de oodbae et je rajouterais que l'éther en tant que milieu de propagation d'ondes EM n'est qu'un support comme un autre (cuivre, fibre optique) permettant de construire des réseaux, c'est à dire la couche basse de la cybersécurité.
En réponse à oodbae, vous dites "tout simplement parce que l'EM est un espace physique autonome, bien que non visible."
Et hop, Herr Doktor a parlé ...Circulez, il n'y a rien à voir.
Développez SVP la notion d'espace physique autonome !

égea : chic, de la controverse. C'est un espace physique, ce que n'est pas le cyberespace. Il est autonome car distinct du milieu terrestre (ou aérien, maritime, exo-atmosphérique). Le milieu terrestre aussi est un support qui permet de construire des réseaux....

5. Le vendredi 19 octobre 2012, 22:43 par MM

Chic, je rajeunis!
Quand j'étais petit, on disait que la découverte de tubes électriques sur le MIG 25 prouvait que les soviétiques avaient conçu un avion capable de résister à l'EMP...

égéa : on a dû être petit à la même époque, car on m'a raconté la même histoire.

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