Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Neuron a effectué son premier vol (JP)

Jérôme Pellistrandi analyse le premier vol du Neuron. Merci à lui de cette réactivité et de son éclairage.

source

O. Kempf

Ce samedi 1° décembre 2012, le démonstrateur de Drone de combat Neuron a effectué son premier vol depuis la base d’Istres, profitant d’une météo favorable.

Alors même que les difficultés s’accumulent sur les projets de drones d’observation type Male, dont les choix s’avèrent complexes, cette première constitue une bonne nouvelle pour l’industrie aéronautique européenne. Neuron a été conçu sous la maîtrise d’œuvre de Dassault. Le programme a été lancé en 2003 avec plusieurs pays partenaires : l’Italie, la Suède, l’Espagne, la Grèce et la Suisse. Remarquons que le Royaume-Uni et l’Allemagne ne figurent pas parmi les membres.

Neuron a une longueur de 10 m pour une envergure de 12,5 mètres. Son poids à vide est de 5 tonnes. C’est donc une belle bête autrement plus complexe que les drones à hélice actuels. C’est aussi l’opportunité de préparer l’avenir en maîtrisant des technologiques complexes, permettant à l’Europe de se positionner sur un secteur que seuls les Etats-Unis maîtrisent. Certes, il est encore trop tôt pour penser que demain, Neuron succédera aux Rafales et autres Grippen. Il n’en demeure pas moins que c’est une belle réussite qui récompense des années d’efforts, non seulement pour Dassault mais aussi pour les industriels des pays associés qui se sont lancés dans ce défi depuis près d’une décennie.

Cela illustre aussi le fait que l’Europe de la défense n’est pas morte et peut encore progresser autour de projets très concrets.

Les prochaines étapes vont concerner l’ouverture du domaine de vol au cours de l’année 2013. En 2014, Neuron devrait aller en Suède pour d’autres phases d’essai.

Nul doute que Neuron sera un des centres d’intérêt du prochain Salon du Bourget en juin prochain.

Jérôme Pellistrandi

Commentaires

1. Le samedi 1 décembre 2012, 13:51 par

Bonjour,

nEURON est une réussite parce qu'il tire les leçons du passé : il y a un maître d'oeuvre unique qui est un industriel qui en a la carrure et l'expérience, Dassault Aviation. C'est bien ce que l'on a refusé à la France pour l'Eurofighter (et les anglais voulaient un avions de masse à vide de deux tonnes trop lourd et nous demandaient d'annuler le M-88 au profit de leur industrie) : est-ce que le résultat du Typhoon est profitable ? Est-ce un gain pour l'Europe de la Défense ?

Il faut vraiment revoir les programmes des Mirage G et Rafale dans leur phase de coopération projetée avec les anglais : le responsable de l'échec est clairement identifié à chaque reprise.

Donc, ce programme est l'anti-thèse des programmes passés :
- les programmes multinationaux menés par des Etats, avant d'être menés par des industriels, souffraient de multiples rigidités : coalition d'Etats, coalition d'industriels et demandes de retour sur investissement sans vrai rapport avec l'expertise ou l'investissement de chacun.
- Le programme nEURON est une coalition de bonnes volontés menée par des industriels sur un programme défini par des Etats avec un objectif commun et où la répartition des compétences est claire (les systèmes et sous-système du nEURON sont fournis souvent sur l'étagère des industriels).

Au final, c'est l'architecture industrielle qui n'est plus la même que celle des A400M, NH90 et Eurofighter. C'est la mise en avant de la philosophie de Dassault : un industriel de référence multiplateforme capable de coalisé d'autres industriels autour de lui.

Autre parenthèse : personne ne parle jamais du programme de chasseurs de mines tripartites, alors que c'est une réussite industrielle exemplaire ! La conception des navires était commune mais leur production localisée dans chacun des pays membres. Qui plus est, leur modernisation fut commune également !

Le Royaume-Uni avait un programme intéressant, bien que d'une individualité anachronique (on aurait dit la concurrence à la CEE de nos anciens), avec un développement en spirale via plusieurs prototypes sur divers segments (MALE, UCAV, mais pas seulement). Ce n'était pas une mauvaise chose puisque Londres dispose d'un équivalent au nEURON (sans pouvoir aller plus loin seule) et de programmes dans les drones tactiques et MALE.

L'Allemagne a phagocyté le développement des drones chez EADS : c'était le fameux accord franco-allemand. Dassault devait avoir le développement de l'UCAV et EADS aurait été fournisseur/équipementier quand le partage était l'exact inverse pour le drone MALE européen. Mais EADS n'a pas respecté l'accord, d'où l'aboutissement de Dassault au Heron TP, et cela s'est matérialisé chez EADS par la création de CASSIDIAN et ses multiples relocalisation en Allemagne.

On en revient au fondement d'un programme industriel : des bureaux d'études et des lieux de production. Dassault, depuis l'existence de Marcel Bloch, s'est focalisé sur les bureaux d'études. L'entreprise est venue petit à petit à la production, mais ce n'était pas l'objectif primordial (se souvenir de la nationalisation où seul l'outil de production avait été nationalisé). Dans les années 30 à 60, bien souvent, les productions de MB, puis DA, profitaient donc à l'ensemble de l'industrie aéronautique française (voire étrangère dans certains cas).
Tout cela pour dire que quand l'accord dans les drones est rompu, la France n'a aucun, mais alors aucun, espèce d'intérêt d'aller se fourvoyer dans un programme de drones (UCAV ou MALE) qui lui empêche d'avoir son autonomie/indépendance dans ce qu'elle juge de primordiale pour sa puissance (autonomie de décision, d'action et d'appréciation).

A priori, nous nous dirigerions vers une poursuite des travaux entamés sur nEURON et Taranis (son homologue anglais) par une coopération, au moins, franco-anglaise. J'ai pu voir circuler le nom de "Démon". Ce serait l'objectif des traités franco-anglais de novembre 2010. Mais, rien ne m'a jamais montré que les accords diplomatiques donnent l'assurance d'aller au-delà de nouvelles études, même si elles sont cruciales.

La suite de l'aventure ne peut être que forcément centré sur la France puisqu'il s'agira de réussir à catapulter et faire apponter nEURON on son successeur. Alors que nEURON vole, le X-47B a été catapulté pour la première fois du CVN-72 Theodore Roosvelt.

Les UCAV aéronavals nous obligeront à revisiter les projets de porte-avions ou les porte-aéronefs où les appareils étaient stockés au plafond des hangars.

Par contre, je ne suis pas convaincu par le fait que nEURON est l'ancêtre de l'appareil ou des appareils qui remplaceront les Rafale, Gripen et Eurofighter. Je suis plus enclin à croire que ce sera un moyen complémentaire dans une boite d'outils aérienne diversifiée (artillerie terrestre et navale, roquette, missile balistique, missile de croisière, drone et vecteur piloté). Pour ma part, je suis plus intéressé au développement de nEURON comme complément et l'ouverture d'un débat sur le X-37 afin de déterminer si le drone orbital est un outil à considérer.

Oui, il y a un lien entre le "centre de gravité spatial" de nos actions expéditionnaires, le drone orbital, le nEURON et la question de garder un pilote dans l'avion ou à proximité des drones.

2. Le samedi 1 décembre 2012, 13:51 par Bertrand Quiminal

Vers un avion sans pilote incarné à bord?
Mais un pilote qui "vivrait" et commanderait en temps réel depuis un simulateur de vol et de combat?
Trop futuriste?
Un drone Très Hautes Peformances (2AHP for All Altitudes High Performances)?

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1612

Fil des commentaires de ce billet