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Amérique Israël : affichage d'une mésentente ?

Revenons sur le vote de la semaine dernière à l'ONU, au sujet de l'accueil de la Palestine comme État observateur mais non membre. 138 ont voté pour, 41 se sont abstenus, et 9 (neuf) ont voté contre.

source

1/ Parmi les contre, voici donc Israël et les États-Unis, et puis.... et puis presque personne : le Canada et la Tchéquie, et puis des micro États à l’importance géopolitique incontestable : Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Palau, Panama.

2/ Autrement dit, les États-Unis n'ont réussi à entraîner personne derrière eux. Réussi ? ou voulu ?

3/ Que voit-on en effet ? le basculement d'alliés traditionnels qui passent du soutien sans condition à l'abstention. Et notamment l'Allemagne, la Grande-Bretagne et de nombreux pays d’Europe méditerranéenne et centrale. Sans parler d’autres pays qui ont voté pour, comme la France ou l'Italie, l'Espagne ou les pays scandinaves.

4/ J'ai peine à croire que cette autonomie n'ait pas été concertée. Et que Washington n'ait pas fait passer le message, à ses alliés habituels, d'un "let's go" sur le sujet. Autrement dit, B. Obama réélu, cela aurait été sa façon de rendre la monnaie de sa pièce à B. Netanyahu qui avait pris position pour son adversaire, M. Romney. Et d'essayer, indirectement, de faire bouger les choses. Une certaine manœuvre indirecte, donc.

5/ Qui aurait été suivie d'effet : en effet, B. Netanyahu a "riposté" en relançant les projets de colonisation, notamment le bloc 12 de Jérusalem est, qui découpe de facto la Cisjordanie en deux. Mauvaise manière faite aux Américains, qui avaient depuis longtemps manifesté leur opposition au projet. Aussitôt, les ambassadeurs israéliens ont été convoqués dans quelques chancelleries européennes, ce qu'on n'avait pas vu depuis longtemps.

6/ Enfin, les échanges ont été frais lors de la visite du PM israélien en Allemagne. Il a d'abord pris soin de passer par Prague pour "remercier" du vote, mais A. Merkel a laissé diffuser son mécontentement, ce qui est totalement nouveau. (voir article)

7/ Derrière ces velléités européennes, il y aurait donc une sorte d'instrumentation américaine, destinée faire pression sur Israël, affaibli par la victoire du Hamas. Le président américain chercherait à profiter d'une certaine liberté de manœuvre due à sa réélection pour agir en coulisse.

Analyse à confirmer...

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 9 décembre 2012, 20:32 par yves cadiou

Vous semblez éliminer d’emblée une hypothèse qui pourrait cependant être imaginée : quelques pays européens, et parmi eux la France, ont pu voter honnêtement, « en leur âme et conscience » indépendamment de toute pression ou suggestion américaine.

Je ne suis pas aussi pessimiste que vous quant à notre indépendance (que vous appelez autonomie) : elle n’est pas totale, c’est vrai, mais elle n’est pas inexistante. Les élus locaux qui nous gouvernent sont certes fort influençables, mais il y a dans les ministères des fonctionnaires chevronnés et qualifiés qui compensent l’incompétence du personnel politique.

Dans la présente affaire, il est fort possible que les élus locaux qui nous gouvernent aient compris qu’en France le corps électoral trouve légitime que le peuple palestinien ait une existence officielle. Je suppose (je ne sais pas) qu’il y a la même sensibilité chez nos voisins d’Europe. Les gouvernements qui ont changé d’attitude ne sont pas nécessairement téléguidés par Washington mais peuvent avoir voté selon la sensibilité populaire, comme ils doivent le faire en bons démocrates.

La manœuvre américaine que vous imaginez serait quand-même un peu risquée. Il est vrai qu’un président (américain, en l’espèce) qui en est à son deuxième et dernier mandat peut se permettre de faire un peu n’importe quoi, mais pas trop : il a dans son propre parti des gens qui voudraient lui succéder et ne veulent pas qu’il leur savonne la planche. Je crois qu’on assiste à un élargissement du rift plus qu’à une instrumentation américaine.

égéa : oui, j'aurais dû mentionner l'hypothèse d'élargissement du rift. Mais au fond, il s'agit d'inverser les facteurs : soit laissez-aller US qui entraîne autonomie EUR donc élargissement du rift. Soit autonomie EUR qui manifeste un élargissement du rift.

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