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Contes de Noël

La période de Noël est propice aux contes de Noël cinématographiques. Et ce soir, il ne sera pas question de géopolitique, mais de plaisir pur. Na.

1/ Contes de Noël, car il faut une âme d'enfant pour aller les voir. çà tombe bien, nous avons tous une âme d'enfant même si nous passons notre temps à la cacher derrière nos préoccupations sérieuses. Or donc, sans aucun prétexte (ni enfant, ni petit-enfant, ni petit neveu, ni moutard de la concierge, non rien que moi et madame K), nous sommes allés, deux soirs de suite, nous accorder deux moments de pur infantilisme. Le pied.

2/ Ernest et Célestine : à voir lorsqu'on a plutôt une âme de "petite enfance", genre cinq ans, ce qui est mon cas. Encore un "dessin animé" de souris : après Mickey, Ratatouille et Gus de Cendrillon, cela fait beaucoup, me direz-vous ? Mais celle-ci, de petite souris, est si mignonne. En fait, voici un dessin animé "à l'ancienne", avec traits et aquarelles, et sujets "simples". Du délicat, du charmant, du premier degré, du poétique. Enchanteur et ravissant.

3/ Hobbit : là, un sujet d'enfance plus avancé, pré-adolescent en qq sorte. Du rêve,des bons sentiments, du bien et du mal, des méchants on sait qui c'est, des gentils on sait aussi qui c'est, des paysages splendides, des combats et des angoisses, des Elfes, Orques, nains, Orguals, Golum, magiciens, et autres puissances de tout acabit. Le film met un peu de temps à démarrer mais une fois lancé, on goûte son plaisir. Intensément.

4/ Un peu de géopolitique ? quand même ? Oh, qq chose de très léger, à la hauteur de ces enfantillages : deux films qui sont autant de représentations de l'Occident : celui-ci est non seulement une culture héritée, comme on le dit trop souvent, il est aussi une culture construite, et toujours en construction. Replonger dans l'art de l’enfance, c'est replonger dans nos racines et dans notre identité. D'où l'urgence intemporelle de ces deux films.

Car là réside la vraie utilité des contes, alors qu'on a passé l'année à nous parler des comptes....

Olivier Kempf

Commentaires

1. Le mardi 18 décembre 2012, 21:39 par Colin L'hermet

Bonsoir Docteur,

Tout pareil sur l'esthétique de l'aquarelle animée.

Toutefois...

Je sais bien que l'on s'adresse - a priori - à un jeune public avec Ernest & celestine, mais un point m'a dérangé : comment glisse-t-on de l'accusation de désordre et trouble à l'ordre public à l'invocation de harcèlement sur base de discrimination ?
Car dans les deux cours de justice, c'est la plaidoirie finale, chrétiennement très jolie ("laissez-nous vivre notre différence") qui vient caricaturalement éteindre l'action publique.

Bon je sais que c'est plutôt l'incendie qui vient l'éteindre, l'action publique, mais c'est la dernière grande tirade déclamée avant l'amnistie.

"Eh, it's a cartoon, guy !", entends-je déjà répondre.
Et aussi "mais c'est pour des gosses !".
A la 2nde remarque je dirais bien que les gosses ont bien le droit de ramasser l'intelligence que les adultes abandonneraient.
La 1ere, par contre, elle, est sans appel, on a bien le droit de lâcher le réel 5min si lui ne veut pas nous lâcher.
Mais la question ne mériterait-elle pas d'être creusée en ces temps de difficulté à embrasser la diversité ? Tout le monde a-t-il perçu ce glissement ? Et les auteurs ont-ils été confrontés à cet équilibre délicat entre morale et réalisme ou le director's cut a-t-il emporté la question ?

Bien à vous,
Colin./.

2. Le mardi 18 décembre 2012, 21:39 par

Bonjour,

En ce qui concerne le Hobbit, beaucoup de questions géopolitiques, géostratégiques et militaires selon moi.

I. A l'échelle du film

1- Un peuple (nain) qui a perdu son pays et souhaite le récupérer, même deux siècles après. Le film pose très clairement le problème d'un peuple errant qui doit trouver son "chez-lui".
2- Le film ne propose qu'une seule solution : la guerre. Erebor a été envahie, Erebor doit-être récupérée. Ils auraient très bien pu partir s'installer ailleurs mais les nains sont trop fiers pour cela. Certains nains l'ont fait et sont considérés comme des lâches qui travaillent dans des villes humaines ou ont formé d'autres groupes en oubliant leur passé glorieux.
3- L'armée (le commando ?) formée à l'occasion est populaire. Ce ne sont pas des soldats mais des nains pour la plupart civils désireux de récupérer ce qu'on leur a volé.
4- Leur combat semble impensable en l’absence de leur chef, descendant du dernier roi d'Erebor. On met le doigt sur l'importance de trouver un symbole et quelqu'un pour incarner cette cause. On est ici moins prêt à mourir pour son pays que pour son capitaine.
5- Ils sont accompagnés d'un hobbit. Un jeune civil bien a l’abri de tout à qui on promet l'aventure, la gloire, la richesse et presque la mort. Une sorte de volontaire international près à l'emploi. Symbole d'une jeunesse en mal d’aventure manipulable à merci ?
6- Les nains sont dirigés par Gandalf le magicien, un attaché de défense qui coordonne les moyens, décide du trajet du voyage à la place du chef de l’expédition et met ce dernier en contact avec les Elfes pour lui donner des alliés qu'il ne désire pas lui même.

II. A l'échelle de la Terre du Milieu

Le film "Hobbit" nous montre donc toute la stratégie qui se met en place pour préparer au mieux la guerre de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Gandalf veut unir ses alliés, non seulement à lui mais aussi entre eux (rapprochement Elfes-nains, de même que Rohan-Gondor durant la guerre). Cette petite aventure n'a d’intérêt pour lui que si elle permet de reprendre Erebor avant Sauron par une action presque clandestine en temps de paix.
Le contraire donnerait à l'ennemi un immense trésor de guerre, un atout militaire (un dragon)et permettrait de menacer les elfes sylvains par le Nord (les occuper pendant l'annexion des royaumes du Sud : Gondor et Rohan)(de même au Sud de la forêt Noire avec le bastion de Gol Dulgur que Sauron projette de renforcer avant le début des hostilités).

Conclusion :

Ce film en plus de montrer des mécanismes dans les moyens et les buts de cette aventure "inattendue", montre bien le rôle de la diplomatie,du renseignement, des alliances et de la préparation à la prochaine guerre.
En ce sens le plus intéressant est peut-être ce personnage de Gandalf qui prépare la guerre sans encore savoir précisément qui est son ennemi (malgré ses recherches) car il ne peut se permettre de lui laisser l'initiative.
Car oui, Gandalf est un disciple de Sun Tzu ! Il s'attaque d'abord au plan de l'ennemi.

Il se prépare à tout, surtout au pire. L'histoire lui donnera raison.

égéa : bravo !!!!!

3. Le mardi 18 décembre 2012, 21:39 par Ronin

Je suis également un grand fan de Tolkien, et j'ai beaucoup aimé une nouvelle fois le film de Jackson.

Et sans être un puriste, je dis attention : attention à vouloir absolument voir des symboles partout, à essayer de tout interpréter, à tenter de trouver un sens caché dans telle ou telle action de personnage. N'intellectualisez pas trop... c'est justement de loin le plus gros défaut de nous, les Occidentaux.

J'ai lu et relu dans ma jeunesse la Trilogie et le Hobbit, et même le Silmarillion. N'oublions pas que avant tout, les oeuvres de Tolkien sont des contes, ayant comme principal objectif d'exorciser le pauvre JRR Tolkien de ses démons rencontrés dans les tranchées de la Somme au cours de la 1ère Guerre Mondiale. Ses oeuvres sont malheureusement le reflet de ses souffrances : chocs d'armées, barbarie des orcs, manichéisme primaire bien/mal.

Arrêtons de voir de la géopolitique où il n'y en a pas. Trop de géostratégie nuit à la géostratégie.

4. Le mardi 18 décembre 2012, 21:39 par Colin L'hermet

Bonsoir,

Deux observations :

a) le film est un produit des temps présents. Malgré sa propension à la réécriture permanente, JRR.Tolkien n'a jamais échaffaudé son aventure comme l'a si brillament synthétisé JM.
A peine vaguement saupoudré de géoenchevêtrement bien après avoir commis ce conte pour enfants. Dans la version originelle, on va en Erebor pour reprendre son dû, mais de course contre l'Adversaire pour le trésor et les moyens militaires à détruire sous peine de récupération, il n'y a point.
L'Adversaire, chez Tolkien, c'est l'entité dont les plans tentent d'aller contre le destin (illusoirement car tout est écrit, sauf surprise stratégique laissée entre les mains déliées des hommes).
Chez Tolkien, pour le dire plus clairement, il ne peut y avoir de stratégie au sens où nous en causons sur ce blog, tout au plus de la tactique et de l'opératique, car le Destin surplomble l'ensemble (Gandalf est dépassé par sa "mission" et sa chute ne lui permet que de passer à la réalisation de l'étape suivante d'un plan divin).
Ce que décrit avec acuité JM n'est donc qu'une sophistication scénaristique qui répond à nos schémas de pensée. Pas aux schémas de pensée de JRR.Tolkien d'alors.

b) ce qui m'amène à ma 2nde observation.
Tolkien avait écrit sur 60 ans ces ouvrages, rustinant, collant, réajustant à mesure de l'inspiration et de la marche du monde.
C'est fou comme on peut (moi le 1er, veux-je dire) se prendre le chou sur des trucs qui sont simplement de loisir.

Vous ai-je déjà parlé de mon mémoire de thèse sur le contenu géopolitique et de réassurance identitaire des séries TV comme Appareils idéologiques d'Etat visant à aliéner l'homo festivus ?
Naaan, j'plaisante.

Bien à vous,
Colin./.

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