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Blanca Nieves

J'avais prévu de vous parler du Mali, puisqu'il y a énormément à dire. Cela pourra attendre : il est en effet beaucoup plus urgent que je vous parle du film dont je sors : Blanca Nieves, un chef d’œuvre absolu. Je ne crois pas manier trop l'emphase et avoir utilisé la brosse à reluire jusqu'à présent sur égéa. Il y a eu de très bons films que j'ai signalés. Mais celui-là, c'est la classe exceptionnelle. A voir absolument, d'urgence, en se dépêchant car il ne va pas traîner sur les écrans.

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1/ Comme son nom l'indique, l'histoire est inspirée de Blanche Neige. A ceci près qu'elle est réécrite pour se situer au début du siècle, en Espagne. Le père, célèbre matador, est victime d'un accident dans l'arène, au sixième taureau. Son épouse, enceinte, meurt en accouchant d'une petite Carmen. L'histoire raconte le destin de celle-ci, comment elle est recueillie par sa grand-mère, puis sa marâtre, comment elle s'enfuit pou rejoindre une troupe de nains toreros, etc...

2/ Le film est d'abord "espagnol" : il joue sans cesse sur le registre de la civilisation espagnole, et sa culture partagée par le peuple espagnol, où le flamenco est une danse qui répond à celle des toreros. Et sans être un expert de civlisation hispanique, on est séduit par l'utilisation habile du registre culturel.

3/ Le film est noir et blanc, et noir et blanc. Plein de contrastes, et merveilleusement mis en musique. Oui, il vient après "the artist". Peut-être n'aurait-il pas été possible sans le succès préalable de celui-ci. Mais alors que the Artist est un bon mélo sympathique et à l'intrigue attendue, Blanca Nieves est une tragédie, un pur joyau d'émotion, un chatoiement de lumières et de noirceurs.

4/ Le film évoque la vie, la mort, l'amour, trois composants essentiels, mais aussi la lignée, le destin, la communauté, la famille... Des choses fondamentales et simplement évoquées, avec une caméra tourbillonnant au son des castagnettes et des claquements de main battant la mesure de la guitare sèche.

5/ On sort du film bouleversé d'émotion, car cela ne finit pas comme dans Walt Disney. Un film pour adulte, tellement il porte une âpre intensité, combinant des contrastes violents entre rayonnement extrêmes et noirceurs les plus profondes. Il rafle 16 nominations aux Goya, les Oscars espagnols. Décidément, le cinéma espagnol est capable du meilleur, car je ressors avec le même enthousiasme qu'après Agora (voir mon billet). Mais autant Agora était remarquable par son intelligence, autant Blanca Nieves touche par son émotion exceptionnelle. C'est une des dix plus belles émotions que j'ai ressenties au cinéma.

Bref, le rater serait non seulement une erreur, mais une faute.

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 27 janvier 2013, 22:40 par Françoise

J y suis allée hier , sur vos conseils - je vais rarement au cinéma. Merci , c'est un petit chef-d'oeuvre, captivant , merveilleux, plein de lumière et de charme . Cela montre que tout a été dit , mais que ce n'est pas cela, la question de l'inventivité : elle fleurit toujours sur des chemins anciens, déjà tracés.

Egea: sympa quand des lecteurs vont au ciné sur mes conseils, et valident à l'issue...

2. Le dimanche 27 janvier 2013, 22:40 par Ph Davadie

Accord total avec la critique ci-dessus.

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