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Mali, Cameroun, même combat ? (MAJ 1+2)

L'observateur reste un peu interdit et peu assuré, à la suite de cet enlèvement au Cameroun d'une famille française, transférée au Nigéria par un groupe "secto-islamiste", Ansaru. Certains, éminents spécialistes, font aussitôt le lien avec ce qui se passe au Mali : tout ça, c'est le terrorisme islamiste, tout ça c'est un sahélistan généralisé, aïe aïe aïe! ouille ouille ouille ! comme dirait Dutronc.

source

Oui. Peut-être. Pourquoi pas. Vrai aussi. J'entends bien. Je me rends à vos arguments. Mais... un tout petit mais.....

Mais le géopolitologue, vous savez ? ce spécialiste de rien, amateur en tout, qui parle d'une discipline qui n'est pas scientifique, d'ailleurs elle n'est pas enseignée à l’université mais seulement dans les écoles de commerce, bref, le géopolitologue, pas fiable, a malgré tout quelques idées simples (que dis-je ? simplistes) à faire valoir.

La première est qu'une explication unique, monocausale, détient peut-être (probablement, sûrement...) une part de vérité mais ne peut être LA vérité, toute la vérité : cela, il le tire d'une sorte de variation de l'irréfutabilité de Popper, si vous voyez ce que je veux dire.

La seconde est qu'il faut regarder les cartes, et à plusieurs échelles, pour comprendre l'articulation entre des dispositifs locaux, régionaux, continentaux et mondiaux. Et que selon le degré de focale, les explications peuvent varier et même, (aïe aïe aïe! ouille ouille ouille ! ) diverger !

Pas simple. Non, une discipline pas simple car elle cherche à appréhender un monde pas simple, nous sommes bien d'accord.

Alors, à comparer le Mali et le "Cameroun-Nigéria" (ci-après dénommé Nigéria par commodité), que peut-on dire ?

Certes, voici des pays organisés selon un gradiant physique nord-sud, même si ce gradiant est plus marqué au Mali qu'au Nigéria : ce dernier est "géographiquement" plus homogène, quand on distingue bien au Mali une zone de savane, puis une zone sahélienne, enfin une zone désertique. Ce gradiant recoupe de plus dans les deux cas, un gradiant ethnico-religieux (sur lequel nous allons très vite revenir). Enfin, on constate le rôle polarisateur des deux grands points d'eau de la région : à l'ouest la boucle du Niger, à l'est le lac Tchad. Remarquons au passage que l'accès au lac fut à l'origine (coloniale) de la découpe byzantine des frontières de la région entre Français (Tchad), Anglais (Nigéria) et Allemands (Cameroun).

Et puis... c'est tout. Pour les similitudes, du moins.

Car le Mali est clairement dans la zone sahélienne, quand le Nigéria n'y est distinctement pas.

Le gradiant de population, dans le cas du Mali, n'est pas religieux (90 % de la population est musulmane : on n'est donc pas comme dans le pas de l'ex-Soudan réuni) mais racial (avec de très profondes racines historiques, bien antérieures à la colonisation et remontant au Moyen-Âge) et opposant des populations noires et des populations blanches. Dans le cas nigérian, ce gradiant est religieux et oppose musulmans au nord et chrétiens/animistes au sud, selon la configuration soudanaise déjà évoquée (et avec d'ailleurs la même difficulté de répartition des richesses pétrolières).

Enfin, et si je comprends bien ce que je lis mais je ne suis pas un spécialiste et m'abreuve uniquement à des sources ouvertes, donc forcément suspectes (ironie), les organisations terroristes semblent obéir à des structures différentes. Tout juste peut-on constater comme point commun leur diversité et donc leur éparpillement, au Mali comme au Nigéria. Pour le reste , on aurait :

  • au Mali, trois groupes avec, en simplifiant à l'extrême et en étant assuré qu'il y a dans chaque groupe des éléments d'un autre :
    • AQMI, constitué d’Algériens, arabes et extérieurs : disons que c'est une composante idéologique "mondialisée" (ce serait d'ailleurs eux qui lanceraient les opérations de harcèlement dans la région de Gao) (j'ajoute ce billet qui décrit la stratégie d'AQMI d'après un document d'AQMI)
    • MUJAO composé de Maliens locaux, de la boucle du Niger, noirs : ce serait une composante idéologique localisée..
    • Ansar Edine (et/ou MIA et MAA, le MNLA -laïque- ayant été associé débordé-Mise à jour), composé de locaux Touaregs, centrés autour de l'adrar des Iforas, et blancs. Ce serait une composante localisée et moins idéologique . (sur les mouvements touaregs, voir ici : http://www.opex360.com/2013/02/24/mali-le-mouvement-des-arabes-de-lazawad-a-attaque-les-rebelles-touareg/) - MAJ)
  • au Nigéria, deux groupes identifiés et là encore avec une analyse simplifiée (de ce que je comprends de mes lectures) :
    • Boko Haram : des locaux, noirs, et ciblant les Nigérians : localisés, avec un mélange d'idéologie et de secte
    • Ansaru : des locaux, noirs, ciblant les extérieurs, et notamment les occidentaux. Moins localisés, plus d'idéologie, aspects sectaires.

Ainsi, j'en tire deux conclusions :

  • il a pu y avoir des coopérations opérationnelles de circonstances, notamment entre AQMI et Boko Haram.
  • Toutefois, la distance et la différence des conditions géographiques relativisent les convergences entre ces mouvements. On nous expliquait habituellement que le phénomène de l'islamisme faisait tâche d'huile (une sorte d'adaptation de la théorie des dominos, qui d'ailleurs est très controversée en théorie des relations internationales). Ici, il y aurait un "saut d'huile". Le Niger, liant le Nigéria au Mali, est curieusement omis de la théorie sahélistano-islamico-terroriste Pourquoi pas, mais...
  • Mais il semble plus exact de considérer que même s'il y a incorporation de discours radicaux extérieurs, il faut surtout constater les localisations et les acculturations de ces phénomènes.

Al Qaida n'est qu'une franchise, et "n’organise" pas. Le terrorisme est auto-porteur. C'est une pratique politique qui vient se greffer sur des conditions politico-sociales données (avec d’ailleurs l'importation d’élément radicaux exogènes, venus là comme les radicaux alters se précipitent dès qu'il y a un mouvement social en Europe, du TGV Lyon-Turin à l'aéroport de Nantes : la logique est exactement similaire). Et qui obtient d'étonnants résultats en terre d'islam... mais pas seulement. Faut-il rappeler que l'attentat suicide fut inventé par les Tigres tamouls ?

Il reste que j'entends un silence assourdissant : quelle autorité musulmane de Turquie, d'Arabie ou d’Égypte condamne les excès commis au nom de l'islam ? Il y a là une sorte de complicité objective qui est particulièrement déplaisante. Quelles que soient les acculturations et les diversifications de l'islam, la solidarité de fait avec toutes les radicalités illuminées paraît difficilement tolérable.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par

Jusqu'à ce jour on ne sait pas si c'est Ansaru.

2. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par yves cadiou

Les différents méfaits constatés actuellement au Mali et au Cameroun n’ont aucun rapport entre eux. J’en ai la conviction, c’est-à-dire que je ne peux pas le démontrer : c’est la fameuse « intime conviction », peu fiable parce que son passif comporte des erreurs judiciaires en Cour d’Assises.
Pourtant j’ai la conviction qu’attribuer les malheurs de l’Afrique intertropicale à une sorte de coordination islamique, c’est une explication trop facile, peu cartésienne mais conforme à nos habitudes de pensée catho-centrées.

En Afrique sévit un banditisme ordinaire. Banditisme au vrai et simple sens du mot : des bandes. Solidement équipées d’armes légères et maniables, ces bandes ne peuvent exister que par absence d’Etat. Sur ce terrain le banditisme, autrefois tribalisme, a fonctionné de tous temps excepté pendant la brève période où les colonisateurs en faisaient leur affaire.
Après la décolonisation, le banditisme s’est modernisé, matériellement d’abord (kalachnikov, toyota) puis dans le domaine de la comm’, utilisant des étiquettes adaptées et compréhensibles par notre aristocratie politico-médiatique parisienne : « libération nationale » d’abord (frolinat, polisario), puis « choc des civilisations » aujourd’hui. Les caïds du banditisme sahélien récupèrent une idée des néocons qui est au goût du jour à Paris et pour ce faire ils évoquent Al Qaïda, l’Islamisme, le Djihad et autres références. Le procédé est connu en matière publicitaire, son succès se mesure au « taux-de-reprise ».
A côté de ces grosses entreprises criminelles multinationales ayant acquis, en quelque sorte, « pignon sur rue », il existe des petites entreprises locales, artisanales et indépendantes, qui profitent elles aussi de l’absence d’Etat.

Les bobos qui nous gouvernent, de même que ceux qui rédigent-en-chef les journaux proposés à nos concitoyens, devraient avoir compris le mécanisme parce qu’on nous a déjà fait le même coup ailleurs dans les années quatre-vingts : en Amérique du Sud les cartels de la drogue se collaient des étiquettes marxistes comme aujourd’hui au Sahel les trafiquants multicartes se collent des étiquettes islamistes.

Au Sahel ce banditisme ordinaire, mais de plus en plus élaboré parce qu’il a maintenant cinquante ans d’expérience, se pare des vertus morales d’un combat religieux. Dans ce discours habile il est suivi par nos zélés commentateurs professionnels qui aiment bien les raccourcis percutants (peu leur importe que ces raccourcis soient faux) et n’hésitent pas à parler d’Islamisme ou de Djihadisme comme autrefois et ailleurs on glorifiait le « Sentier Lumineux », le « Tupac Amaru » et autres mouvements dits révolutionnaires mais vivant, les armes à la main, de trafics lucratifs. Depuis le temps nos bobos auraient dû finir par comprendre mais encore aujourd’hui ils n’ont rien compris.

En réalité, aucune religion n’a rien à voir dans l’actuel banditisme sahélien (on trouve le même banditisme dans l’est de la RDC, zone qui n’est ni sahélienne ni musulmane) et c’est pourquoi les « autorités religieuses » musulmanes n’ont rien à dire sur les désordres sahéliens, ne se sentant pas concernées.

S’étonner du silence des « autorités religieuses » musulmanes, c’est une réaction compréhensible, mais c’est une réaction de chrétien, habitué aux religions hiérarchisées avec un clergé pyramidal et des diocèses, ce qui ne correspond pas à l’organisation de l’islam.

égéa : Vu pour les autorités religieuses.... Pour le reste, je suis heureux de votre commentaire, car on m'a consciencieusement expliqué, sur Internet, que je n'y comprenais rien et que je n'avais pas conscience du danger et que le terrorisme état un grave danger et que je confondais tout (marrant, alors que justement j’essayais de dire "faut pas confondre"). Toutes choses probablement vraies, d'ailleurs. Mais partiellement, comme toujours. Je retiens votre idée féconde de la reprise publicitaire. 

Il est vrai, enfin,  que je ne me proclame spécialiste de rien et que je me mêle de parler de tout un tas de choses, ce qui est très mal vu. Mais alors très très très mal vu : j'empiète sur le terrain de "vrais spécialistes" qui vouent aux gémonies quiconque vient sur leurs terres (qu'il s'agisse de l'honnête gogo que je suis ou du maître des débats télévisuels ayant pignon sur rue médiatique : il faut dire qu'il y a souvent matière à être colère), ou encore des "scientifiques" qui peinent dans l'anonymat de leur bureau sur la basse-Macédoine, n'intéressant personne jusqu'à ce que la basse Macédoine entre en irruption, et amène tout un tas de commentaires de toutes sortes, où la voix du spécialiste est forcément noyée. C'est un peu casse-pied, d'être spécialiste, car on est toujours agacé des approximations des généralistes.

Mais pas de généralistes sans spécialistes, et aussi, ce qui est rarement observé, pas de spécialistes sans généralistes.

Bon, c'est vrai aussi que quand j'entends des commentaires sur l'Otan qui me semblent dater de 1966, je me dis que certains pourraient lire un peu ou, à tout le moins, réfléchir.

Jamais tout noir, jamais tout blanc !

3. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par Ph Davadie

Encore que, pour les autorités religieuses, il ne semble pas inopportun de se souvenir des propos de Jean-Paul II à l'IRA (regroupant des catholiques culturels si on peut dire, mais non soutenue par le Vatican me semble-t-il) lorsque, à propos de l'Irlande où il se trouvait en visite il parlait du "pays que vous prétendez aimer", montrant implicitement sa désapprobation de leurs actes.
Pas de clergé chez les musulmans, sauf chez les chiites.
Et le recteur d'al azhar dirige la mosquée qui "prétend porter le titre de la plus haute autorité de l'islam sunnite et forme la plupart des muftis du moyen orient" (wiki...)

4. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par oodbae

Cadiou: En bref, vous vous chargez de trouver des excuses à tous les musulmans, à l'instar des "bobos, parisiens, journalistes de la rive gauche". Quand un musulman commet un crime, il n'est pas un musulman, il est un bandit pseudo-islamiste. Quand un chef politico-religieux doit désavouer ce crime, il n'est pas une autorité religieuse car il n'y a de maître qu'Allah. Raisonnement imparable. Raisonnement incontournable quand on désavoue quiconque suit une autre approche parce qu'elle est "typiquement chrétienne". Raisonnement masochiste puisqu'il empêche toute réprobation sociale, seule à même d'empêcher l'afflux de recrues et de s'opposer à la légitimation de leur cause.
En d'autres temps et à d'autres propos, mais à propos de la même logique d'apaisement fanatique, Churchill dit: "au lieu de dérober les victuailles de la table, l'ogre se les est vues servies sur un plateau." Décidemment, l'histoire se répète sans cesse.

C'est sûr que Ennahda, les frères musulmans, le croissant islamique, les diverses républiques islamiques pour ne citer qu'eux ne sont pas des autorités musulmanes, non, non, ce sont des projections de notre civilisation chrétienne sur l'islam, presque des hallucinations collectives, en tout cas rien de légitime puisqu'il n'y a de maître qu'Allah et Mahomet est son prophète.

Bon, je l'avoue, je ne suis pas musulman, je suis un infidèle alors comme je suis déjà condamné, je vais suivre un propre raisonnement quand même. Déjà, c'est sûr que l'Afrique n'est pas un pays, c'est un continent, avec toutes les nuances qu'il faut apporter au terme. Personne ne pourrait prétendre posséder une autorité homogène sur ce continent, ni même sur sa partie nord-tropicale, et certainement pas sur l'ensemble formé par l'Afrique du Nord, de la péninsule arabique et de toute l'Asie de l'Ouest. Cela eut pu être concevable si un empire multi-séculaire avait servi de base admnistrative, comme l'empire romain pour la chrétienté, et encore, on connaît le résultat: catholiques, coptes, orthodoxes, etc, autant de branches familiales qui se haissent ou qui se sont haies. D'ailleurs, cela a été rendu possible pour l'islam, du temps de l'empire turc, du califat, de Saladdin.

Mais passons. Car ce qui est intéressant, c'est l'évangélisation. Les ordres chevaleresques catholiques furent un vecteur de l'évangélisation, notamment vers l'Est européen, vers la Pologne. Derrière les prétextes de l'évangélisation, il y avait aussi des ambitions territoriales, notamment en ce qui concerne les templiers germaniques, du temps de Frédéric 2 de Prusse, de même qu'il y a aujourd'hui derrière les mouvements islamiques des enjeux eçonomiques à travers les trafics de drogue et des enjeux geopolitiques en ce qui concerne notamment le rôle de l'Algérie dans la situation au Sahel. Sont-ce les états papaux qui ont conquis la Pologne du temps des templiers? non, bien sûr, mais ils donné leur assentiment et finalement ont atteint l'objectif principal: l'évangélisation (avec le prélèvement de la dîme associé, soyons ŕealistes), puisque les polonais ont fini par préférer se convertir pour préserver leur indépendance.

Alors, comme les états de l'Eglise n'ont pas rendu de compte à l'époque devant l'ONU, on doit s'interdire aujourd'hui de demander aux autorités musulmanes de même. Ah, c'est sûr, les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs.

5. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par

Je fais suite à la réponse d’égea (n°2), premier paragraphe. J’ai rédigé ceci, tel que, avant d’avoir vu l’intervention d’oodbae (n°4) postée à 2h55 cette nuit et publiée ce matin.

Cher Monsieur Kempf, vous nous rapportez ce que quelqu’un vous a expliqué par mail : selon ce correspondant, vous n'avez pas conscience du danger, le terrorisme est un grave danger et vous confondez tout.

Au rayon des explications globales (« global » pris dans son acception française), la prétendue « menace islamiste » a remplacé la « menace soviétique » qui a prévalu jusqu’en 1990. Celle-ci imprégnait tellement son époque qu’il était éliminatoire, lorsqu’on parlait de relations internationales ou même de désordres intérieurs, de ne pas faire de la menace soviétique sur le monde l’explication centrale, voire unique. Ce mode de pensée a longtemps perduré même après 1990, la Russie ayant pendant un moment involontairement pris la suite de l’URSS dans le rôle de l’épouvantail. Aujourd’hui le même mode de pensée n’a pas disparu : l’islamisme a tout simplement remplacé le soviétisme pour fixer les peurs.
Le phénomène psychologique est aujourd’hui le même, sauf que l’épouvantail a changé : naguère le Communiste, aujourd’hui l’Islamiste. Les éternels trouillards emploient de préférence le mot « islamiste » pour dire « musulman », espérant par ce mot en -iste faire partager par tout le monde leur trouille fondée sur l’ignorance de l’Islam. C’est affligeant.

Pour ma part, Breton baptisé, l’Islam ne me fait pas peur : c’est que, à la différence de ceux qui en ont peur, je le connais bien. Tous les Musulmans que j’ai rencontrés, que ce soit en Afrique ou dans nos banlieues, étaient clairement d’honnêtes gens soucieux de vivre en paix : dernièrement les caricatures de Charlie-Hebdo n’ont pas donné lieu aux manifestations espérées par la presse. J’ai participé à l’opération Tacaud en Afrique (1978) : les gens du peuple, pourtant majoritairement musulmans, étaient très contents que nous neutralisions les bandits (musulmans comme eux) car à leur yeux c’était par décision d’Allah que nous le faisions, comme certainement aujourd’hui au Mali.

Bien évidemment, on me citera quelques cas particuliers pour m’expliquer, comme à Olivier Kempf, que le danger est partout : cette idée est tellement à la mode que l’on fait patrouiller l’armée dans les gares. Tout ceci n’est pas une preuve de compétence ni de sagesse de nos personnels politiques de tous bords, au contraire.

Mohamed Merah, un fou furieux que nos lois permettaient pourtant d’interner en psychiatrie et de calmer avant qu’il commît ses crimes, est arrivé à point nommé pour conforter les paranoïaques dans leur paranoïa.

6. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par

Intéressantes objections d’oodbae (n°4) parce qu’elles permettent de pointer et réfuter de multiples sophismes qui circulent au sujet des Musulmans (je suis Breton baptisé, on peut croire à mon impartialité).

D’abord le rappel d’une réalité qu’on aurait tort d’oublier, très significative. En septembre dernier, à la suite des caricatures de Charlie-Hebdo, la presse s’attendait à des manifestations musulmanes. Peut-être espérait-elle des manifestations spectaculaires qui auraient démontré que la presse du XXème siècle, nonobstant le passage au XXIème siècle et l’existence d’@internet, était encore dans le coup et pouvait créer l’événement. Mais ces manifestations musulmanes n’ont pas eu lieu : sur le terrain, il y avait plus de journalistes que de manifestant, sans S à manifestant. Une autorité musulmane française (je ne me rappelle plus qui) avait d’ailleurs préconisé le calme, peut-être l’indifférence.
Les Guignols de Canalplus ont bien réagi sur ce coup-là : « j’espère avoir contribué moi aussi à la terreur ambiante » dit le journaliste-marionnette PPD à la fin de son sujet le 17 septembre. Le 19 septembre c’est la marionnette de Jean-Marc Ayrault qui parle : « arrêtez d’utiliser le mot musulman à tort et à travers, on va finir par avoir des ennuis » ; « le hot- dorade, c’est délicieux et ça ne choque personne ». Le 24 septembre, dialogue entre les marionnettes de deux journalistes : « je crains que les musulmans soient bien intégrés en France ---- alors là c’est clair, c’est la fin du journalisme. »

On excusera mon simplisme : lorsque quelqu’un commet un crime, pour moi c’est un criminel. Ensuite, l’enquête peut s’intéresser à d’autres éléments : sa personnalité, son environnement social, ses fréquentations, le cas échéant sa difficulté d’adaptation entre deux cultures. Puis des sociologues compétents pourront étudier les traits communs entre plusieurs criminels qui se ressemblent pour en tirer des règles générales. On n’en est pas là : pour l’instant on en est seulement aux préjugés répandus et entretenus par l’impressionnisme de la presse.

Je cite encore les Guignols de Canalplus parce qu’ils ont le mérite de porter un regard critique sur tout, y compris sur la presse elle-même : « vous regardez trop la télévision ». Quant à moi qui n’ai rien à vendre, je me fais une opinion fondée sur mon expérience de terrain, en Afrique et dans nos banlieues.

7. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par oodbae

@cadiou: merci de répondre.

Votre expérience, voire votre expertise, vous amènent à formuler des jugements justes et des conseils valeureux. Mais elles ne vous rendent ni infaillible ni forcément courageux.

Il ressort de votre propos qu'un criminel de confession musulmane, exécutant ses crimes au nom de l'islam, n'est qu'un criminel, tandis qu'un géopolitologue commettant son texte sans parler de sa confession est berné par sa vision typiquement chrétienne. Cherchez l'erreur. Il n'y en pas, il y a simplement deux poids, deux mesures. Mais je ne veux pas engager plus loin egea.

Votre confession personelle ne joue qu'un faible rôle dans la discussion à moins bien sûr que vous ne fassiez de celle-ci un argument, ce qui serait le comble pour quelqu'un prétendant que la confession est à dissocier absolument des actes et surtout des motivations d'un individu. Mais d'après moi, que vous soyez chrétien ou vaudou ne vous rend pas plus génial qu'un autre, ni plus impartial. Judas lui même était juif comme Jésus et disciple de celui-ci quand il l'a vendu.

J'aime beaucoup les discours qui dénoncent les campagnes d'apeurement de la population. Forcément, si on est de l'autre bord, c'est qu'on a les jetons et qu'on est trop naîf pour ne pas voire que tout cela n'est qu'un leurre. Ainsi, soit on est d'accord avec ce discours, ce qui prouve qu'on est intelligent et courageux comme un homme doit l'être, soit on est en désaccord donc pleutre et peureux, en plus d'être stupide. Evidemment, tout le monde préfère se retrouver entre gens intelligents et courageux et finalement on se retrouve en scandant "pas de tolérance face à l'intolérance", qui est quand même un summum de la débilité de la propagande.

Que vous le vouliez ou non, une part de la population francaise se sent solidaire des évènements se produisant ailleurs sur Terre pour la seule raison de l'identité de leur confession. C'est vrai notamment vis-à-vis des palestiniens de la part de francais musulmans.

Que voulez-vous dire? Que la majorité des musulmans francais, ou plutôt des francais musulmans, reconnaissent la loi de la république avant la loi de leur foi, à l'instar des francais chrétiens, des francais juifs, des francais athées, des francais vaudous, etc? Qui en a jamais douté? Les antiracistes sans doute. De toute facon, ce n'est pas le sujet. Le sujet est de décider si oui ou non, quand des criminels agissent en votre nom ou en votre nom commun, vous vous devez de vous distancier de leurs actes. Vous qui affirmez avoir travaillé dans la politique et pour le moins avec des politiciens, vous connaissez très bien la réponse, à savoir que "qui ne dit mot, consent".

Maintenant, sur le sujet d'origine qui était de savoir ce qui se cache derrière le "terrorisme islamiste" en Afrique subsaharienne et l'alliance "terroristes maliens (!) - preneurs d'otages au cameroun", je commencerais par aller sur google (ou un autre site de cartographie). Entre les deux villes de Sokoto ( Nigeria) et Gao (Mali),il y a à vue d'oeil 600 km. Et entre Sokoto et la frontière camerounaise, il y a 1000km.

Quel intérêt stratégique pour les AQMI/Ansar Dine et autres MUJAO maliens? Outre l'étirement des lignes de communication et l'ouverture de facto d'un deuxième front, ils confirment leur nature terroriste donc au revoir le soutien des populations ou au moins au revoir la démoralisation de l'adversaire. (1)
Même tactiquement, ca me paraît idiot, vu qu'ils dévoileraient leurs bases et leurs forces "cachées". En bref, ce ne sont pas les maliens, d'après moi.

Donc, de trois choses l'une, ou bien c'est un coup du contre-espionnage (francais? américain?) pour justement souder la population derrière l'intervention CEDEAO-francaise, non qu'ils aient provoqué cette prise d'otage mais qu'ils ne l'aient pas empêchée et comme ils sont rares cceux qui font l'effort de regarder une carte, ca passera comme dans du beurre. (1ère option)
Ou bien c'est un coup de nigérians qui ont besoin d'argent et comme le Nigéria, c'est pas la Mali, les francais payeront parce qu'ils ne s'engageront pas dans un second pays. (2ème option)
Ou bien c'est un nouveau concept de TV-réalité pour l'année prochaine "a la recherche du nouvel otage". (3ème option)

Dans tous les cas, ca a été fait au nom de l'islam et, l'avez vous remarqué, il est plus probable que les victimes aient été baptisées qu'elles n'aient effectué leur ramadan en 2011. D'un point de vue d'une autorité religieuse musulmane "pacifique", vue l'exposition médiatique, plusieurs approches sont possibles:
1) ou bien je désavoue cette prise d'otages francais parce que la religion que je prêche est une religion de paix,
2)ou bien je désavoue cette prise d'otages francais parce que je trouve ca anormal que la DGSE nous manipule pour sa guerre (1ère option)
3)ou bien je désavoue cette prise d'otages parce que je suis contre l'utilisation mercantile de la religion que je prêche, (2ème et 3ème option)
4) ou bien je désavoue cette prise d'otages parce que je ne connais pas ces preneurs d'otages mais mon pays est en de bonnes relations avec la France (les 3 options)
5)ou bien je ne dis rien parce que ce sont des infidèles qui sont enlevés et leur sort ne m'intéresse pas, les droits de l'homme, l'ONU, etc, ca ne me concerne pas, j'ai déjà assez à faire avec le culte du Très Grand (les 3 options)
6) ou bien je ne dis rien parce que ce sont des infidèles qui sont enlevés, or Allah a donné la Terre aux fidèles et les autres doivent payer une taxe pour y vivre aussi si ils ont la chance de faire partie des religions du livre et sinon ils doivent s'estimer heureux de n'avoir pas déjà été exécutés. (2ème option)
7) ou bien je m'en fous, il y a déjà assez de génies chez les francais qui se chargent de gommer du dossier la cause, la religion, la confession, brandies en étendard par ceux qui passent à l'autre bord criminel, donc je n'ai aucun effort à faire car on est innocent jusqu'à preuve du contraire et en plus, non seulement on ne me met pas en question mais ces mêmes génies de chargent de faire taire ceux qui l'oseraient en les faisant passer pour des racistes, des islamophobes, des idiots naifs, d'ailleurs, je me demande si c'est même la peine de leur envoyer un cadeau pour les remercier, je vais peut-être plutôt leur envoyer quelques mauvais cancres donc je ne sais plus quoi faire, à ces francais de bonne volonté.

On a l'embarras du choix, c'est le cas de le dire.

Cordialement

(1): Je confesse que j'essaie de ressortir les concepts lus chez Clausewitz

8. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par Colin L'hermet

Bonsoir,

Dans son livre Remonter la Marne, JP.Kaufmann cite un aphorisme dont je ne situe pas l'auteur, mais qui prolonge l'enjeu de vos épanchements bloguesques : "si ce n'est pas écrit, c'est perdu à jamais". Dans le cadre de l'accouchement de la pensée, je le trouve pertinent.
Vous nous dites parfois que vos proto-pensées tournent, que vous les couchez sur le papier, les fixez, les cristallisez et les retravaillez. Donc faute de cela, elles s'évanouiraient certainement, à terme.

Sinon, la lecture (trop) rapide et diagonale du présent billet me mène à esquisser quelques observations :

a) votre point conclusif : "distance et différence des conditions géographiques (...) tâche d'huile (...) incorporation de discours radicaux extérieurs, (...) localisations et acculturations de ces phénomènes"
c'est ce qui se regroupe sous le vocable de glocalisation que le CT et l'AT ont fini par admettre dans le jargon ;

b) "quelle autorité musulmane (...) condamne les excès commis au nom de l'islam ?"
En sus de la complaisance-complicité objective que vous croyez percevoir, il y a la question de la légitimité.
Le principe de Dawla (pouvoir, structure d'Etat, cycle du pouvoir) est l'objet de bien des enjeux contradictoires entre détestation et captation.
En substance : "L'Islam, quel numéro ?".
Quelle autorité, en butte à une contestation de sa fragile légitimité, peut raisonnablement jouer son toujours relatif crédit sur une situation somme toute externe ? Le jeu en vaut moins la chandelle que la récupération de la détestation larvée qui semble monter, comme le populisme donne l'impression de monter en Occident (le parallèle sur ces ressentis est à creuser) ;

et c) @ Oodbae :
Vous êtes redoutable : vous tentez de circonvenir toute contestation en construisant votre propre contradicteur. Plaisant autant qu'intelligent, rhétorique en diable (je n'ose dire sophistiqué) , MAIS...
Mais Y.Cadiou avec qui vous souhaitiez débattre n'a jamais convoqué, lui, l'histoire des ordres chevaleresques religieux, que vous maîtrisez par ailleurs fort bien, pour éclairer son propos. C'est vous seul qui avez poussé dans cette voie. Or vos développements ultérieurs ne font que récuser les constructions que vous avez vous-même bâties. Pas celles d'Y.Cadiou.
Bref vous vous acharnez seulement contre vous-même dans ce cas là ;
par exemple : "Alors, comme les états de l'Eglise n'ont pas rendu de compte à l'époque devant l'ONU, on doit s'interdire aujourd'hui de demander aux autorités musulmanes de même."
C'est vous seul qui le dites. Je n'ai lu nulle part sur les billets une telle affirmation.
Ou plus exactement je reformule : je n'ai perçu nulle part une inclination dans ce sens qui légitimerait la pseudoréponse que vous apportez ;

. au point d'employer votre ironie agile à des outrances grossières :
oui, effectivement, il est "plus probable que les victimes aient été baptisées qu'elles n'aient effectué leur ramadan en 2011".
Votre remarque, là, n'était pas fine, quand on voit le nombre de tués de confession musulmane par les activistes musulmans. J'aurais voulu ne pas relever, mais il me semble plus utile d'attirer votre attention sur ce point que vous avez dû négliger plus par maladresse que par méchanceté.
Car si on enlève les mécréants, on TUE les coreligionnaires. C'est le fondement du terrorisme qui sévit depuis 1995-1997 sur la base des différences de tonalités entre courants et écoles. Les coreligionnaires sont des opposants, pas des monnaies d'échange, on n'a donc aucune raison de s'en encombrer. Quant aux K&R au sein d'un même groupe religieux, ils sont donc purement criminels, et donc vont bien dans le sens qu'exprimait Y.Cadiou, la criminalité prenant largement le pas sur l'aspect religieux ;

. je reviendrais également sur vos développements dont j'hésite à les prendre pour de l'aimable blague : "c'est un coup du contre-espionnage (francais? américain?) pour justement souder la population derrière l'intervention CEDEAO-francaise".
S'ensuivaient les exploitations de vos 3 hypothèses de base, en autant de développements quand même ébouriffants.

Au cas où cet échafaudage ne serait pas vôtre (je me refuse toujours à vous lire au 1er degré, vous êtes trop narquois pour cela) mais que vous le prêteriez à un musulman paranoiaque et complotiste, même lui ne se risquerait pas à proférer un tel truc ; le public qui suit cela est soit fier des actes de ses héros du jihad glocal, soit indifférent aux coulisses. Mais complotiste avec une telle sophistication, non. Vous les prenez soit pour des quiches soit pour des pervers. Ce public n'est ni à l'un ni à l'autre de ces extrêmes.
Quant à ceux qui, de l'autre côté, ont pu oeuvrer un jour dans une affaire d'otages, ils ne rigolent pas, mais pas du tout, avec les situations non encore dénouées : aucune projection de gain-crédit n'est assurée dans le domaine de la martyrologie chez les Occidentaux, le soutien de ce qu'on appelle "les opinions" est trop volatile pour qu'on fonde une stratégie de développement de semblable coup tordu ;

. Vous vous interrogiez à voix haute sur "l'intérêt stratégique pour les AQMI/Ansar Dine et autres MUJAO maliens? Outre l'étirement des lignes de communication et l'ouverture de facto d'un deuxième front, ils confirment leur nature terroriste donc au revoir le soutien des populations ou au moins au revoir la démoralisation de l'adversaire."
en faisant une référence à Clausewitz.
Pourriez-vous développer, je ne vous ai pas suivi sur ce coup-là./.

Bien à tous,
Cl'H./.

Egea: heureux de vous relire, cela faisait longtemps. Oui, le bouquin de Kaufmann à l'air très bien, et je crois que qq. un va me l'offrir.... 

a) je n'aime pas trop cette notion de glocalisation. À la mode, sensée expliquer et réunir les contraireś, elle me semble finalement insatisfaisante. Ms ce n'est qu'une 'opinion, il faudrait que j'elabore. 

b) bien vu, bien dit. 1-0

c) oui, les plus nombreuses victimes du jihadisme sont des musulmans, ne l'oublions pas.

9. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par oodbae

@L'hermet

Merci pour votre réponse. Je vous réponds sur le seul point qui le mérite.

Au vu des distances séparant le Nigeria et le Mali, entreprendre des actions de prise d'otage, et peut-être d'autres par la suite, par le même groupe que l'un de ceux agissant au Mali entraîne un étirement des lignes de communication. Même si les télécommunications par satellite et antennes-relais et par l'internet facilitent malgré tout la communication, ces lignes demeurent étirées et rendent la coordination des forces plus complexe et difficile. Or les groupes agissant au Mali sont en phase de retraite, donc ont déjà des soucis de communication. Pourquoi en rajouter?
Constatant le retrait, des sous-groupes ont pu prendre leur autonomie. Du fait de la débandade, certains veulent peut-être déplacer l'action ailleurs, au Nigeria par exemple. Ceci constitue l'ouverture d'un second front. Ceci n'est pas judicieux si ils n'ont pas les forces nécessaires pour soutenir les deux fronts.

En plus, en procédant ainsi, ils montrent qu'ils n'ont pas l'intention de négocier, donc qu'ils sont terroristes. Ou alors, ils se placent en position de force en vue d'une négociation mais alors il faudrait vraiment qu'on soit stupide pour négocier avec ce genre de personne qui continue à prendre des otages alors qu'on leur met la râclée, en espérant qu'ils cesseront quand on sera parti. En confirmant qu'ils ne changent rien à leur nature terroriste (et criminelle), ils se passent du soutien de la population (surtout si comme vous l'affirmez les djihadistes tuent surtout des musulmans, mais passons), ce qui n'est pas judicieux pour mener une guerre au sein des populations.

Enfin, en supposant toujours que ce soit un groupe malien, ils dévoileraient des bases arrières puisque ces preneurs d'otages ne sont pas apparus par magie au Cameroun, donc étaient soit stationnés dans le coin depuis quelques mois, soit ont voyagé en quelques nuits et on pourra chercher les traces de leur passage pour connaître leurs lignes de communication arrière.

Bref, à moins bien sûr que le groupe malien soit mu par un instinct masochiste et suicidaire, ce qui est possible car les prises de décision politiques sont rarement rationelles, il n'a pas pris les otages au Cameroun.

Faut il le préciser? J'accepte volontiers la contradiction ou le soutien sur ce raisonnement.

10. Le vendredi 22 février 2013, 20:49 par Colin L'hermet

Bonjour,

@Oodbae
Merci de votre réponse,

J'abonde dans votre sens, une action malo-malienne dans cette prise d'otage est absolument impensable.
Il s'agit bien plus, comme vous le posez, d'une autogénération sur le mode même de la dispersion-diffusion de l'action violente dans les affaires glocales : des sujets locaux non gérés politiquement deviennent des sujets d'irrédentisme, la violence surgit, le travail de diffusion religieuse comme mouvement altermondialiste-moralisateur-moderniste s'en empare, l'habillage idéologique jihadiste suit.
C'est pourquoi l'interrogation à voix haute sur l'hypothèse malienne ne pourrait que déboucher sur son invalidation.
Mais je m'interrogeais sur les placages de Clausewitz sur le rapport aux populations : le terrain populaire connaît-il tant de similitude avec l'Europe rurale ?
La question des proportions de mortalité, et donc la peur qu'inspirent les tenants du jihad est à mettre dans l'équation de la fusion avec le terrain si on reprend Mao et l'idée d'un"poisson dans l'eau".
A quel seuil le soutien ou la neutralité populaire peuvent-ils disparaître ? Existent-ils seulement ? Et si oui, dans quelle période (juin 2012-ocotobre 2012) avant que de disparaître ?
Et quel est "le peuple" ? Populations rurales, populations citadines, élus de minorités, représentants d'une classe batarde-écartelée entre pouvoir étatique corrompu du sud et clans du nord ?
Autant de questions quant à la réalité-complexité d'un substrat sur lequel nous souhaitons a) atteindre nos objectifs de liquidation des entités terroristes et b) contribuer à l'établissement d'un processus de long terme pour stabiliser le pays puis la zone...
"Vaste programme" comme disait Le Général en d'autres circonstances.

Bien cordialement,
Cl'H./.

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