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Audition du général Henri Bentégeat sur la politique de défense et l'Europe de la défense par le Sénat

Le 12 février, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a auditionné le général Henri BENTEGEAT, ancien chef d'état-major des armées, sur la politique de défense et l'Europe de la défense. Pascal Tran-Huu nous rend compte des débats, merci à lui.

source

Pour l’ancien président du Comité militaire de l'Union européenne, depuis 2008, année de la parution du dernier Livre blanc, le contexte stratégique a connu 4 évolutions majeures :

  1. 1. La crise économique et financière qui a surtout touché l'Europe et les Etats-Unis et qui a eu pour effet de réduire significativement les budgets de la défense partout en Europe alors que les dépenses militaires des puissances émergentes ont continué à s'accroître ;
  2. 2. Le« printemps arabe », dont les développements restent encore très incertains, mais qui produisent déjà certains effets avec la crise de la gouvernance mondiale ;
  3. 3. Le rebond de l'OTAN, avec le succès de l'intervention en Libye, le retour de la France au sein du commandement militaire intégré et le lancement de deux grands projets : la défense anti-missiles et la « smart defence » ;
  4. 4. Le retour de l'Afrique illustré par l’opération Serval.

De ces principales évolutions, Bentégeat tire 4 conclusions :

  1. 1. Un repli des Etats-Unis qui estiment que les Européens devraient jouer un plus grand rôle pour assurer la sécurité dans leur voisinage ;
  2. 2. Les évènements en cours dans l’Afrique subsaharienne ont démontré la pertinence de nos bases prépositionnées, gage d’une intervention rapide ;
  3. 3. Les Européens manquent de plus en plus de moyens mais aussi et surtout de volonté politique pour bâtir l'Europe de la défense ;
  4. 4. Un nouveau mode d'action de la communauté internationale caractérisé par une « guerre aérienne » en évitant d’engager des troupes au sol (cf. l’Affaire libyenne) alors que chaque crise, chaque intervention est spécifique.

« la principale conclusion que je retire est qu'il n'y a pas de changements majeurs dans la typologie des conflits auxquels nous pourrions être confrontés, que nos lacunes capacitaires sont bien identifiées, et que les foyers de tension restent toujours aussi vifs et qu'ils se sont même accentués avec des facteurs nouveaux d'incertitude, comme la crise de la gouvernance mondiale, la nouvelle attitude américaine ou les conséquences du « printemps arabe ». »

Face à ce constat, Bentégeat estime que l’OTAN reste indispensable sans « s'illusionner sur le renforcement de la place et de l'influence des Européens au sein de l'Alliance ou sur la création d'un « caucus européen » que les Américains ne pourront jamais accepter. » Sans non plus se laisser dévorer par l’Organisation surtout du point de vue budgétaire. A ce propos, l’ancien CEMA a précisé que « pour financer les projets de l'OTAN, nous devions renoncer chaque année à l'équivalent de trois hélicoptères de combat. »

L'Union européenne reste indispensable et un atout incontestable pour la France et l’ancien Président du Comité militaire de l’UE de préciser que « L'Union européenne est aussi la seule organisation au monde capable d'agir globalement sur une crise, de mobiliser un ensemble des moyens - militaires ou civils, tels que l'aide au développement ou en matière de police, de justice ou de douanes - pour faire face à une situation de crise, dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui une « approche globale ». »

Comment faire pour relancer l’Europe de la défense ? Pour Bentégeat il faut :

  1. 1. Mettre en œuvre le Service européen pour l’action extérieure qui ne dispose toujours pas de procédures, de structures de gestion de crise, de procédures financières ;
  2. 2. Soutenir plus fortement l'agence européenne de défense

En matière de capacité de la défense française, l’ancien CEMA a rappelé que l'idée générale qui guidait le Livre blanc de 2008 en matière de capacités militaires répondait à trois logiques :

  1. 1. dissuader toute menace majeure ;
  2. 2. être capable d'exercer le « leadership » sur une opération militaire de moyenne envergure ;
  3. 3. être en mesure de participer à une vaste opération militaire avec nos alliés en étant capable d'influer et de peser sur la stratégie d'ensemble.

Logiques qui restent globalement valables, toutefois la mise en œuvre se heurte, et se heurtera à un problème budgétaire qui imposera de réfléchir sur le poids de l’outil dont l’arme nucléaire.

« La dissuasion nucléaire représente aujourd'hui environ 20 % des crédits d'investissement en matière de défense. Mais, dans l'éventualité d'une diminution du budget de la défense, notamment en matière de dépenses d'investissement, cette proportion pourrait augmenter pour atteindre 25 à 30 %. Est-ce qu'un tel poids de la dissuasion au sein de notre effort de défense est supportable ? Ne risque-t-il pas d'avoir un « effet d'éviction » insupportable sur l'équipement des forces classiques ? C'est un vrai sujet. »

Plus loin, Bentégeat estime que « Si l'on cherche vraiment à réaliser des économies, je pense qu'il faudra passer à plus de « rusticité » dans nos équipements, ce qui demande un effort conjoint de la part des chefs d'état-major des armées, de la direction générale de l'armement et des industriels. »

Concernant la réorganisation du ministère de la défense etla redéfinition du rôle du CEMA que prépare le cabinet du Ministre de la défense, Bentégeat avertit que « l'organisation du ministère de la défense passant ainsi d'une finalité opérationnelle à une finalité administrative et gestionnaire… Or, en retirant au chef d'état-major des armées les bases de son autorité sur les trois chefs d'état-majors de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air, on relancera inévitablement les guerres intestines interarmées, les querelles stériles et incessantes entre les uns et les autres, qui avaient cours avant la réforme de 2005, avec les incohérences et les distorsions qui en résulteront »

Un exposé qui s’est conclu par des réponses, à découvrir dans le document joint, à une salve de questions posées par nos sénateurs…

Pascal TRAN-HUU

Commentaires

1. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par yves cadiou

Le texte intégral de cette séance de la commission défense du Sénat n’est pas passé inaperçu, au moins parmi les anciens de Saint-Cyr, Bentégeat étant une référence : le texte circule depuis un moment sur les mailing-lists, accompagné de commentaires que chacun ajoute au passage. Merci à Pascal TRAN-HUU qui rend compte des propos intéressants tenus par Bentégeat et s’abstient de reprendre les questions, terriblement quelconques, affligeantes, qui viennent ensuite. On peut les voir sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/compte-rendu-co...

La commission « défense » du Sénat est une création nouvelle (elle date des dernières sénatoriales), création contestée parce que coûteuse. On peut de ce fait supposer qu’elle s’active pour justifier son existence et les primes qu’elle verse à ses membres.

Je connais bien ce genre de personnels, pour avoir dû fréquenter des députés-maires, des sénateurs-maires et autres anciens ministres revenus aux collectivités territoriales. Il ne faut se faire aucune illusion sur leur dévouement au service public ni sur leur compétence. Les questions posées à Bentégeat ont été rapidement étudiées, pendant le trajet dans le train ou dans l’avion, sur des antisèches préparées par des collaborateurs.

On peut cependant être partiellement optimiste parce que la création de cette commission démontre que les élus, après avoir longtemps cru que le sujet n’était pas porteur, ont compris l’importance électorale de l’armée et de la défense, domaine qui intéresse 10% du corps électoral au moins. Ce fait passait inaperçu à l’époque où les militaires ne disaient rien : les spécialistes que nous étions laissaient par tradition l’exclusivité de la parole publique sur ce sujet aux élus et aux journalistes, ce qui était idiot. Heureusement ça change maintenant grâce à @internet : le petit monde politico-médiatique commence à comprendre que l’armée et ses sympathisants ne sont pas négligeables.

Quant au sujet choisi cette fois, l’Europe de la défense : ce n'est qu'un serpent de mer. Le procédé est courant. Quand on ne sait pas quoi dire et qu’on est spécialisé « défense », on parle de l’Europe.de la défense, ça passe le temps. Ou plutôt, mieux que d’en parler, on convoque un expert pour qu’il en parle. C’est ce que fait cette commission pour l’une de ses premières séances, faisant traiter par Bentégeat d’une question qui est aujourd’hui la même que sous la IV° République avec la CED : au fond, personne n’en veut parce qu’il faudrait une autorité politique supranationale pour donner des directives à une armée européenne. Tout le monde a compris mais il est de bon ton de faire semblant de croire encore à l’Europe de la défense, à l’exception de quelques uns (comme Jean-Yves Le Drian, qui ne s’est pas gêné en parlant des Européens au Mali) qui apparaissent ainsi comme d’intéressants originaux.

En ce moment (depuis longtemps mais surtout en ce moment), la vraie question que nous devons nous poser au sujet de l’Europe et de la défense concerne notre défense économique : il faut rétablir nos finances et pour ça retrouver notre souveraineté monétaire. C’est un domaine où les intérêts des pays partenaires, et notamment de l’Allemagne, sont clairement différents des nôtres. Par conséquent la question qui devrait concerner une commission dite « de la défense », car la défense ne se limite pas aux forces armées, c’est « comment sortir de l’€uro ? ». Mais la question fait peur et on l’évite. Alors on s’intéresse à quelque chose qui n’engage à rien : on évoque l’Europe de la défense, sans définir de quoi il s’agit et en se limitant à l’audition d’un expert qui s’en sort bien.

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Ps : j’ai noté une question intéressante (quand-même) à la commission de défense de l’AN à l’occasion de Serval et concernant la faible implication des Européens : «Je m’interroge notamment sur les propos tenus par le Président de la République lors de son discours à Bamako. En disant que la France était intervenue pour payer sa dette à l’égard des Maliens, n’a-t-il pas changé le sens de l’opération engagée le 10 janvier ? N’en a-t-il pas fait une opération purement française, au risque d’en limiter la portée internationale ? Dès lors, les Européens auront beau jeu de s’exonérer de tout effort supplémentaire, en dehors d’un soutien à la Misma. »

2. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par panou34

''Le projet actuel de réforme du ministère est présenté comme un moyen de rétablir ou de renforcer''le contrôle politique'' sur les armées.Mais c'est absurde dans la France d'aujourd'hui.Il n'y a que dans les démocraties populaires,avec des commissaires politiques,qu'un tel contrôle existe''
Voilà ce qui m'apparaît être la seule phrase percutante dans les débats de la commission du Sénat.Prononcée par un ancien CEMA elle sort des ronrons et des serpents de mer habituels.Pour qui veut l'entendre le propos est violent et politique bien loin du consensus mou qui prévaut sur les questions de Défense.Elle engage l'avenir bien plus que les considérations habituelles sur l'OTAN,la défense européenne et les problémes budgétaires.Souhaitons que le chef des armées lise cette phrase et en tire les conséquences.Affaire à suivre.

3. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par RS-Tu

Je suis d'ordinaire très respectueux, mais je dois dire que la lecture de cette intervention m'a terriblement déçue. Ce n'est rien de plus que la copie moyenne d'un candidat à l'école de guerre qui évite de prendre des risques pour ne pas fâcher le correcteur. On n'y trouve qu'un concert de banalités. C'est un recueil de fatalités qui n'apporte que les arguments de la réduction future des armées.
Quelle déception. On aurait pu attendre de lui une parole plus libre et plus offensive. On aurait aimé qu'il défende avec force la nécessité de maintenir les budgets de la défense.
Lui, plus que tout autre, devrait avoir une vision stratégique de long terme. Au lieu de cela, il prend acte de la diminution attendue des budgets en proposant comme solution de rogner sur nos capacités stratégiques nucléaires. Autant dire leur disparition à moyen terme. Quand on sait à quel point ces technologies peuvent bénéficier à l'ensemble des équipements, toutes armées confondues, on croit rêver.
Autre solution avancée: rendre plus rustiques nos équipements. Voilà une belle arlésienne et une fausse bonne idée. C'est la meilleure façon de réduire en miettes ce qu'il reste de notre industrie de défense. N'importe quel pays émergent est capable aujourd'hui de développer l'ensemble du panel capacitaire d'une armée dite moderne. Si nous ne pouvons pas ou ne voulons pas soutenir l'effort de recherche et développement de nos industriels pour développer les outils innovants du futur, alors non seulement nous perdrons définitivement les avantages tactiques que nous possédons encore aujourd'hui dans les opérations, mais en plus il n'y aura plus aucune raison à acheter ailleurs la même technologie, mais moins chère. C'est donc la meilleure façon de casser définitivement l'outil industriel de défense dont nous bénéficions encore et, en outre, ce n'est pas rendre service à nos soldats sur le terrain que de les priver de cet avantage technologique, même si cela ne fait pas tout et peut avoir aussi des effets pervers.

Egea : j'ai mis du temps, mais peu à peu j'entends l'argument technologique, valable aussi ds les guerres irrégulières. Par exemple, nous réussissons ds le nord Mali grâce aux drones et à l'intégration de la chaîne rens. Il reste que je trouve l'équipement Félin trop lourd, et je demeure sceptique envers le Vbci. Mais je n'y connais rien, hein.....

4. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par yves cadiou

Je ne partage pas la déception de RS-Tu (n°3).
On comprend que « RS-Tu » est déçu parce que, probablement, il ne connaît pas la règle du jeu qui s’applique lors d’une audition d’un expert par une commission parlementaire. Bentégeat la connaît : on le fait participer à une mascarade. Il sait que ses auditeurs font mine de s’intéresser à un domaine dont, sincèrement, ils n’ont rien à f… (je laisse chaque lecteur remplacer les points de suspension par l’infinitif de son choix). Un élu de ma connaissance qualifiait de « distribution des sucettes » les inscriptions en commission après l’élection. Sur les 57membres que compte cette commission, aucun n’avait jamais manifesté jusqu’à présent le moindre intérêt pour les armées (j’aimerais être démenti sur ce point).

Bentégeat sait qu’à l’occasion de son audition (exercice où c’est lui qui fait tout, rappelons-le) il pourra seulement, au mieux, faire passer un message. Un message mais pas deux : s’il tente d’en faire plus personne ne l’écoutera, ses propos seront accueillis avec une indifférence polie avant d’être rangés au rayon des revendications corporatistes. Mieux vaut ne pas aborder les sujets que « RS-Tu » voudrait voir traités car il y aurait saturation et rejet. Il ne servirait à rien de parler des vrais sujets, c’est-à-dire les sujets qui préoccupent notamment les lecteurs d’egea. Il ne servirait à rien d’en parler parce que sur ces questions les élus voteront selon les consignes de leur parti et non après avoir personnellement réfléchi aux propos d’un militaire, aussi qualifié soit-il.

Y réfléchiraient-ils et voudraient-ils donner satisfaction aux revendications que les militaires (et ici « RS-Tu ») expriment au nom de l’intérêt général, les élus ne le pourraient pas. Actuellement, le principal souci de nos représentants à la tête de l’Etat (Législatif et Exécutif), c’est de nous cacher encore quelque temps, le plus longtemps possible, qu’ils n’ont aucun pouvoir : les futurs budgets sont déjà engagés avant d’être votés parce que des décisions passées font que c’est ainsi. L’on est dans une impasse budgétaire dont on ne sortira qu’en prenant des décisions courageuses annulant les mauvaises décisions passées, ce qu’aucun élu ne sait faire : depuis 1993 où nos représentants ont voté « l’indépendance de la banque centrale » pour ensuite nous amener à l’€uro, nous n’avons plus la souplesse budgétaire d’antan et nous empruntons chaque année pour équilibrer le budget. Vingt ans d’emprunt font qu’aujourd’hui nous avons atteint une limite. Demander aux élus de l’argent pour les armées permet seulement d’éviter qu’on en retire aux armées pour servir des corporations plus menaçantes. Si Bentégeat se livrait à un tel exercice, ce serait inutile car le message est désormais passé : au moins 10% du corps électoral se sent fortement concerné par les armées et tout le monde connaît l’opinion des Français, illustrée par le sondage que Merchet vient de reprendre sur son blog.

Par conséquent je suppose que Bentégeat (je ne veux pas parler à sa place, c’est seulement une supposition) préfère concentrer son intervention sur un seul problème, celui que « panou 34 » (n°2) pointe à juste raison : les contrôles. Il faut lire ce passage de l’intervention de Bentégeat car chaque mot compte, suggérant finement les non-dits. Selon ma lecture (je ne veux pas parler à sa place, bis) ce n’est pas par hasard que Bentégeat parle des « démocraties populaires, avec des commissaires politiques ». Ce qui est sur la sellette ici, c’est le Corps du Contrôle car c’est effectivement un vieux problème qui date des années soixante-dix et qui vient d’éclater avec louvois.

En 1985, je suivais un DESS de défense à la Sorbonne. Les partis politiques sont venus les uns après les autres nous expliquer leur point de vue. Les représentants du PS ne nous ont pas caché que, tirant les enseignements du 29 mai 68, ils avaient encouragé leurs militants à prendre des responsabilités dans l’armée en rengageant comme officier à la fin du service militaire. Ces gens, peu désireux de crapahuter et cherchant à acquérir du pouvoir en bons militants du PS, se sont rapidement transférés dans les services. Aujourd’hui, ils terminent des carrières bâties plus sur les accointances que sur les compétences.

Mon commentaire a été un peu long (mais le lecteur peut zapper quand il veut) : je voulais rassurer le jeune « RS-Tu » et ceux qui font la même lecture que lui. Cette intervention de Bentegeat est à lire entre les lignes. C’est un bouquet de sous-entendus.

5. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par pernet

C'était un copain de promo de la 97 a l'école de guerre et au CSI.
d'une grande finesse et visionnaire; en 2 mots, il remet proprement a leurs niveaux ses 2 successeurs CEMA, un bourichon arriviste terrien, un marin des médias; qui nous ont remis dans l'esclavage de l'OTAN.
Son analyse synthétique est remarquable, j'y souscris entièrement.
et pendant ce temps qques uns aux ordres vont mous sortir un nouveau livre blanc, sans logistique, et vont supprimer , bouger des régiments????

6. Le lundi 4 mars 2013, 19:09 par

Je fais suite au commentaire n°5 en y ajoutant trois observations.

1 / Je ne crois pas que Bentégeat (que j’ai eu moi aussi l’occasion d’apprécier, étant TdM) ait cherché à « remettre à leur place » ses successeurs.

2 / Au contraire de pernet (auteur du commentaire n°5), je ne reproche pas à l’Amiral Guillaud d’être « un marin des médias » : s’il l’est c’est une qualité qui permet de faire face aux politiciens qui nous gouvernent. Certes, on peut toujours brocarder les Marins (et je ne m'en prive pas, ils sont marrants ) parce qu'ils saluent tout ce qui bouge et repeignent tout ce qui ne bouge pas, aussi parce que pour eux c'est la poussée d'Archimède qui fait la différence entre un cercle et un carré, ou encore parce qu'ils prennent le quart par tiers, etc. mais on serait injuste de ne pas voir que l’Amiral Guillaud, « l’amiral qui gagne les guerres » (JDMerchet)http://www.marianne.net/blogsecretd... a réussi à empêcher que l’intervention au Mali ne commence mal.
Initialement, en octobre dernier les élus locaux, et mous, qui nous gouvernent voulaient qu’on y aille sans y aller. On ferait au Mali de l’instruction et de la logistique, c’est-à-dire qu'on y serait sans moyens de renseignement ni d’appui-feu et avec interdiction de faire usage des armes sauf pour se défendre donc trop tard. On a connu ça au début de plusieurs opex avant d’avoir des pertes qui décidaient le gouvernement à envoyer des moyens de combat suffisants.
Cette fois ça n’a pas été le cas : alors qu’en octobre on pouvait craindre de la part du gouvernement des hésitations mortelles, en janvier on a « mis le paquet » d’emblée en utilisant les médias (nos télés-satellite, qui sont captées partout en Afrique, montraient qu’on envoyait du lourd) pour faire fuir les malfaiteurs comme... des lapins.
Je ne suis pas dans le secret, mais je suppose que l’Amiral Guillaud a su se montrer convaincant grâce précisément à son aptitude médiatique et expliquer que cette fois ce ne serait pas le commandement, mais le gouvernement, qui porterait le chapeau d’un manque de moyens initial.
Je ne sais pas, mais j’imagine que les choses ont pu se passer comme ça à l’interface du politique et du militaire.

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3 / Ce billet date de début mars et nous sommes fin avril. Ce que je veux surtout faire observer, c’est qu'en près de deux mois pas un seul des 57 sénateurs qui font partie de la commission « des affaires étrangères, de la défense et des forces armées » n’a jugé utile de venir sur egeablog pour y donner son point de vue.
Egeablog est pourtant un lieu d’expression qui recouvre parfaitement leur sujet, un endroit où ils pourraient débattre tranquillement avec des gens comme vous-et-moi, c’est-à-dire courtois, ayant au moins quelques notions et parfois une certaine expérience des sujets traités, ainsi qu’un contact avec l’armée d’active dont ils font partie ou par les Amicales dont ils sont membres. Mais non : on constate et on s'étonne de l'absence totale des représentants de la Démocratie dite représentative qui préfèrent rester dans leur tour d’ivoire et refusent @internet, ce nouveau moyen qui leur permettrait d’être en contact avec ce que pense le Pays réel.

« Délétère et chaotique » disait opportunément Olivier Kempf il y a une dizaine de jours. http://www.egeablog.net/dotclear/in...

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