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Chypre : fragments d'analyse

Cette affaire chypriote est bien compliquée, et l'observateur a du mal à s'y retrouver. L'entassement de crises et d'intérêts mais aussi de calculs et d'embûches sont à la source de cet imbroglio. Aussi, plutôt que de tenter de dénouer l'écheveau des raisons, vais-je simplement laisser parler l'opinion, la simple opinion, intuitive et pas forcément argumentée. Ce ne sera pas de la très grande géopolitique, mais parfois, il faut commencer par énumérer des idées simples, pour les raffiner ensuite.

source

Chypre est une île européenne, certes, puisqu'elle appartient à l'UE et à l'euro. Mais elle est au fond extrêmement orientale. Qu'on se souvienne qu'au XIX° siècle, la Grèce était déjà l'Orient. Alors, Chypre.....

Voici donc une des sources des complications chypriotes : une île, qui a hérité énormément de clivages, et qui n'a jamais été associée à un vrai pouvoir unificateur. Les dominants ont toujours été des passagers.

Le caractère insulaire augmente donc la conflictualité des peuples : Grecs contre Turcs, orthodoxes contre musulmans (quoique : consultant ma collection d'atlas, je ne trouve nulle part de carte religieuse de Chypre : or, j'ai l'intuition que l'orthodoxie est un grand facteur explicatif de l'île).

Orthodoxie, ce qui explique deux alliés "permanents" de la Chypre européenne (la partie occidentale de l'île, faut-il le rappeler) : la Grèce, et la Russie.

Les champs de gaz qui s’annoncent au large devraient enrichir à terme le pays : ils expliquent en tout état de cause une alliance objective, et rarement mentionnée, avec Israël. De même, la proximité de la côte levantine justifie bien des rapports avec le Liban voisin (voire la Syrie) : beaucoup de notables de ces pays ont installé à Chypre une base arrière pour "quand ça va mal à la maison".

Une île méditerranéenne, donc, pauvre comme toutes les îles méditerranéennes, Et bénéficiant, comme beaucoup, de sa proximité de côtes pour servir de bases arrière ou trafiquer - ce qu'en termes polis on nomme commercer.

Qui n'a donc pas grand chose à vendre. Et qui est donc devenue un paradis fiscal, comme l'Irlande, le Luxembourg ou la City. Accueillir des dépôts, pourquoi pas ? servir de maquilladoras à des entreprises voulant échapper l'impôt, et au besoin à lessiver des fonds douteux, voilà qui est moins admissible. Or, cette situation existait déjà en 2008 lorsque les sévères censeurs de la BCE (je crois même que c'était un Français, qui ne trichait pas, pourtant) ont admis le pays dans la zone euro.

Voici la faute originelle : avoir accueilli Aphrodite chez Europe. On a transigé avec les principes, pensez : 0,2 % du PIB européen, ou peu s'en faut ! pas de quoi inquiéter. Sauf que ce petit truc, justement, inquiète. Et montre les limites de échafaudage européen. Voici les censeurs d'autant plus sévères aujourd'hui qu'ils ont été tolérants hier (car voyez-vous, la tolérance n'est pas toujours une vertu).

Oh ! les Chypriotes, comme les Grecs, sont aussi responsables, et je ne les plains pas trop, pour dire le vrai. Ils en ont allègrement profité. Mais la responsabilité est partagée.

Je n'ai aucune idée de la solution. Ni de ce qu'il va advenir. Cela peut très bien se passer comme après tant de crises si graves qui finalement ont été "encaissées" (décaissées ?) par le système. Mais ce peut être aussi la goutte d'eau de trop.

Qui sait ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 26 mars 2013, 22:35 par

Bonsoir Olivier,
Si ce n'est déjà le cas, je ne saurai trop vous conseiller la lecture des billets quotidiens de Jacques Sapir à ce sujet ..

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