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Encyclopédie de la Grande Guerre, tomes 1 et 2

Jérôme Pellistrandi nous livre ci une fiche de lecture sur qq chose d'indispensable, à un an du centenaire : il est temps de réviser nos classiques.

Encyclopédie de la Grande Guerre, tomes 1 et 2, sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker

  • Collection Tempus, éditions Perrin, Paris, 2012

Encyclopédie de la Grande Guerre, tomes 1 et 2, sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker

  • Collection Tempus, éditions Perrin, Paris, 2012

En 2004, les historiens S.Audouin-Rouzeau et J-J Becker, avaient édité une Encyclopédie de la Grande Guerre, qui avait fait date dans le corpus historiographique dédié à la première guerre mondiale. A l’occasion du prochain centenaire de la Grande Guerre, cette encyclopédie vient d’être rééditée sous format « poche » avec de nouveaux compléments en deux volumes représentant au total près de 1800 pages d’un texte dense, riche et précis.

Ce travail collectif a été conduit depuis plusieurs années avec les meilleurs historiens français mais aussi étrangers de la période et est désormais incontournable pour mieux comprendre aujourd’hui ce conflit qui a conditionné toute l’histoire du XX° siècle. Organisés en sept parties, les deux tomes permettent ainsi de couvrir tous les aspects de la guerre –des faits militaires étudiés depuis longtemps aux aspects sociétaux les plus diverses – et dont les conséquences douloureuses sont encore perceptibles un siècle après, à l’exemple du conflit des Balkans engagé au début des années 1990. La disparition du dernier Poilu, Lazare Ponticelli, le 12 mars 2008, à l’âge de 110 ans, a clôt la mémoire combattante de la Grande Guerre. Désormais, c’est essentiellement l’apanage des historiens à poursuivre les recherches et à continuer l’exploration des archives et des multiples sources documentaires encore disponibles.

L’intérêt d’une telle somme est qu’elle permet donc à chacun de percevoir ce qu’a été la « der des ders », y compris pour la communauté militaire de 2013 et pour une opinion publique désormais très éloignée des souffrances endurées alors tant par les soldats que par les populations civiles. Les plus anciens des lecteurs y retrouveront les racines de leur propre vie, dans la mesure où toute notre histoire récente a pris corps dans les champs de bataille de l’Est de la France, tandis que les plus jeunes y apprendront le caractère central et fondateur de cette guerre qui ne devait durer que quelques semaines et qui a englouti des millions de vie dans les tranchées de l’Est.

Une Encyclopédie à lire impérativement en cette veille de centenaire.

Jérôme Pellistrandi

Commentaires

1. Le mercredi 27 mars 2013, 22:14 par

Un point complémentaire simplement : si cette Encyclopédie est effectivement un outil de référence à connaître et à utiliser, elle comporte également de nombreuses faiblesses pour les questions strictement militaires, généralement analysées au prisme d'une "école" universitaire.
Amicalement.

2. Le mercredi 27 mars 2013, 22:14 par oodbae

C'est regrettable que la der des ders ait été utilisée par les mouvements politiques à des fins pacifistes et anti-militaristes. La grande guerre patriotique, nom de la 2GM pour les russes, fut autrement plus coûteuse pour les peuples de l'URSS, et pourtant, elle a constitué un ciment du patriotisme russe qui perdure aujourd'hui. A contrario, la 1GM est sans cesse évoquée pour argumenter que la nationalisme conduit à mourir pour un bout de tissu (faux), que les investissements militaires obligent à faire la guerre (faux), que les soldats ne sont que de la chair à canon (faux), que les colonies ont fourni encore plus de chair à canon que la métropole (faux), que la guerre est toujours la pire des solutions (Chirac)(faux).

Et même si on argumente que la 1GM est plus ancienne que la 2GM, donc moins présente dans les mémoires que la 2GM, je constate que les russes ont souvent en tête l'invasion de Napoléon en 1812 et la guerre patriotique qui s'ensuivit.

On aimerait bien qu'on soit à nouveau fier de notre histoire francaise. Fier tout court, sans avoir à s'en justifier parce qu'on découvre que tout n'était pas rose. La 1GM fut horrible et a meurtri la nation francaise. Mais ce fut une victoire. Au lieu d'utiliser les morts de l'époque pour justifier l'antimilitarisme, il est urgent de traiter l'après-guerre et notamment les conditions de reddition de la triple-entente, en se posant la question: mais pourquoi n'a t on pas envahi l'Allemagne à cette époque?! Pourquoi avoir renoncé à démontrer sa victoire au vaincu?! Car il est là finalement le résultat criminel: tant de gens sont morts pour renvoyer l'envahisseur dehors, sans lui rendre la monnaie de sa pièce. Il y a là un gros goût d'inachevé. Il y a un vide qui peut rendre fou. On n'a pas vaincu l'adversaire sur le champ de bataille, on l'a humilié à Versailles. Les peuples de la triple entente n'ont pas vu le vainqueur défiler dans leurs rues (sauf en Rhénanie), ils ont vu qu'on leur extorquait leur richesse par les impôts et les réparations de guerre après avoir donné des fils. D'une point de vue stratégique, et en reprenant Clausewitz, les victoires de l'été 1918 (saint Quentin par exemple) n'ont pas été exploitées stratégiquement. Elles ont conduit à l'armistice, pas à la victoire totale.

L'une des lecons de la Der des Der, c'est qu'il faut savoir terminer le travail. Est-ce qu'on s'en rappellera au Mali?

Cordialement

PS: Est-ce que c'est une manie des USA depuis cette époque de déclencher des guerres puis de s'en aller sans rien régler?

3. Le mercredi 27 mars 2013, 22:14 par oodbae

@ Porte

il faut de toute facon toujours diversifier ses sources pour couvrir un sujet dans son ensemble et dans le détail. J'ai moi-même eu la chance de lire jeune un livre sur la 1GM couvrant aussi les suites de la 1GM. Mais ce livre était anglo-saxon et donc suivait une ligne traditionelle de mise en exergue de certains points de détail, comme la choix de Haig de diluer le bombardement sur une profondeur deux plus longue que prévue lors du déclenchement de l'offensive de la Somme, ce qui a soulagé les allemands et leur a permis de survivre au bombardement et de resortir des tranchées à temps pour mitrailler les assaillants britanniques qui, en plus, durent attaquer dans la mâtinée au lieu de l'aube voire de la nuit, pour (sic) surprendre l'ennemi.
Mais presque rien n'est dit des armements, des tactiques à proprement parler, de la collaboration franco-anglaise, des concepts stratégiques et tactiques en vigueur à l'époque.

Alors, si l'encyclopédie a la prétention d'être exhaustive... alors c'est un signe qu'il faudra acheter un livre contradictoire! :-) D'ailleurs Diderot, l'inventeur de l'encyclopédie, était lui-même un adepte des dialogues contradictoires.

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