Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Sahelistan, de la Libye au Mali, au cœur du nouveau Jihad par Samuel LAURENT

Voici une fiche de lecture proposée par J; Pellistrandi : merci à lui, encore une fois...

source

O. Kempf

Samuel LAURENT : Sahelistan, de la Libye au Mali, au cœur du nouveau Jihad. Seuil, 2013

Samuel Laurent fait parti de ces aventuriers baroudeurs dont la vie est elle-même un roman. Après l’Asie du Sud-Est, le monde arabe, c’est désormais le Sahel qui est son terrain de prédilection. Et son livre mérite l’attention.

Certes, le style est plus proche d’un SAS que d’un livre érudit écrit au calme. Mais la sincérité du ton utilisé témoigne de l’engagement de son auteur, qui, à travers sa connaissance du milieu djihadiste, apporte un récit édifiant sur la Libye post-Kadhafi.

A la suite du Printemps arabe engagé au début 2011, la Libye a vu l’intervention occidentale poussée principalement par Paris. Si, au bout de plusieurs mois, le régime de Kadhafi est tombé avec la mort brutale du Colonel, il serait illusoire de croire que ce pays, riche de son sous-sol pétrolier, est sorti d’affaire. Bien au contraire, et l’auteur veut ici lancer un cri d’alarme. Les faits rapportés et croisés avec les informations récentes comme l’attaque de l’ambassade de France à Tripoli, montrent un pays au bord du chaos, où les tribus se disputent des territoires et des richesses de toutes sortes, où l’état n’existe pas et où l’islamisme militant est en train de prendre l’ascendant. Déjà, au temps du bouillant colonel, le pays était loin d’être unifié et la Cyrénaïque était en marge du système de prébendes et de corruption institutionnalisée. Mais, aujourd’hui, l’unité de la Libye est devenue une fiction pour diplomates. Et pire encore, le territoire libyen est le refuge de toutes les milices islamistes plus ou moins violentes, plus ou moins terroristes et qui peuvent disposer à la fois de montagnes d’armements et d’argent issu de tous les trafics Sud-Nord. Rien ne fonctionne comme prévu, pas d’armée nationale, pas d’administration, pas de justice, mais une violence endémique, un racisme interafricain effrayant, où les Libyens noirs sont souvent agressés par les Libyens arabes.

Et un échiquier devenu infernal avec la déstabilisation de tout le Sahel comme le montre désormais la guerre du Mali. Tout le monde s’oppose à tout le monde pour se partager le butin des razzias et des trafics notamment de drogue venant du Sud et arrivant sur les rivages de la Méditerranée avant d’arriver en Europe. S. Laurent décrit ainsi ses rencontres avec les Touaregs, eux-mêmes en lutte contre les Arabes et les Toubous. Et les amis des amis ne sont pas forcément des amis. Un nid de vipères inextricables mais désormais aux portes de l’Europe.

Il faudrait croiser cette lecture avec d’autres rapports et études pour avoir une opinion plus précise, mais cependant, une certitude transparaît, le Sahel est le lieu désormais de tous les dangers et la France y est en première ligne, avec ses Alliés africains mais aussi ses ennemis islamistes désireux avant tout d’étendre le règne de la Charia. Plus que jamais, une part de notre sécurité – mais également de l’Europe- se joue au Sahel, loin des regards des médias et des opinions, mais en fait, à nos portes.

Jérôme Pellistrandi

Commentaires

1. Le lundi 13 mai 2013, 22:41 par yves cadiou

C’est une fiche de lecture claire et nette qui laisse supposer que le livre est aussi clair et net.
La déstabilisation de la Libye, devenue un terrain favorable à tous les trafics, est un sujet évité par les journaux de référence. Ceux-ci, concernant par ailleurs le Sahel, continuent de parler de « jihad » et de « djihadistes ». L’existence de ces mouvements, présumés religieux mais incontestablement violents, est généralement reliée au fameux « choc des civilisations » qui est une mode américaine… (Tiens ? La « gay pride » et le mariage y afférent sont aussi une mode américaine : le soft power américain est infiltré partout, du moins partout dans notre microcosme politico-médiatique. Mais je me disperse, revenons au sujet)… Alors que les journaux de référence continuent de parler de « jihad » et de « djihadistes » au Sahel, la vérité commence enfin à percer : au Sahel comme en Afghanistan et désormais en Libye, nous avons affaire à du banditisme pur et simple qui se camoufle sous une étiquette religieuse.
On oublie trop vite qu’en Afghanistan le régime des Talibans avait fortement réduit la production de pavot jusqu’à ce que l’intervention américano-otanienne, à laquelle nos décideurs politiques ont apporté la caution de la France, permette de multiplier la production de pavot et la quantité de drogue exportée par quatre ou cinq en quelques années (chiffres de l’ONU) http://fr.wikipedia.org/wiki/Narco-... . A l’écart des habituels mensonges politico-médiatiques, mensonges par omission et par langue de bois, ce livre rappelle opportunément des vérités qui fâchent et des comptes qui restent à rendre.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1793

Fil des commentaires de ce billet