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5 options contre la Syrie ? prendre appui sur le vent....

Le journaliste a été surpris :

  • Alors, monsieur Kempf, laquelle de ces cinq options vous semble la plus probable ?
  • Aucune.

Je ne suis pas sûr d'être réinvité. Pauvres gars de France 24 : au cœur de l'été, ils suivent l'actualité et voient donc que le général Dempsey, plus haut gradé américain, vient d'envoyer une lettre au Congrès, où il expose cinq scénarios d'action contre la Syrie (voir ici). "Mais ça veut dire, put-être, la guerre ?". Et les voilà à faire la une sur le sujet. de la vraie actu, qui va, qui sait, relancer l'audience... Sauf que....

source

Sauf qu'il s'agit d'une affaire de pure politique intérieure. Entendu par le Congrès (je rappelle qu'audition est le substantif de ouïr, et qu'auditionner ne veut donc pas dire grand chose) lors de son "audition de confirmation" la semaine dernière, il avait été poussé dans ses retranchements par le sénateur Mc Cain (Républicain de l'Arizona). Du coup, son poste étant en jeu, le général Dempsey (aux Etats-Unis, les hauts fonctionnaires sont "confirmés" par le Congrès : inimaginable en France) a été obligé de sortir un peu du bois. Un peu.

D'où cette lettre, qui est assortie de tout un tas de précautions : ça coûtera cher, ça n'est pas sûr de marcher, c'est risqué, et de toute façon, moi, responsable militaire, n'ait pas à dire s'il faut le faire, car c'est une décision qui appartient au politique. Vous avez donc compris que le Gal Dempsey a fait le minimum pour répondre au Congrès, avec l'aval de la Maison Blanche qui lui a dit d'en faire le moins possible. Bref, ce n'est pas le changement radical de politique que certains imaginaient.

Est-ce tout ? Non, ajoutons quelques remarques :

  • Il est normal que les militaires fassent des plans.
  • il est moins normal qu'ils les rendent public : ceci appartient donc soit aux circonstances (ce que je crois en l'espèce), soit à un stratégie de communication (d'une pierre deux coups, le gouvernement peut aussi être habile, et avancer un pion sans trop de danger).
  • Si les Congressistes (certains) sont très excités par la situation syrienne, 70 % de l'opinion américaine est opposée à une intervention en Syrie. Je rappelle la "war fatigue" américaine. Celle-ci peut être interprétée de différentes façons : néo-isolationnisme, déclin, distanciation du monde...
  • Il reste qu'il y a un désinvestissment américain du Proche et du Moyen-Orient, et que le "leadership from behind", formule habile pour expliquer son désinvestissement, ne pousse pas à une intervention, même indirecte, en Syrie.

Cela étant dit : cela maintient la pression, puisque c'est la première fois qu'un responsable américain détaille aussi clairement un plan d'action complet.

Autrement dit, c'est un petit degré, un peu significatif (mais sans plus) dans une escalade qui m'apparaît encore très maîtrisée.

Bien sûr, je n'ai pas pu dire tout ça en deux minutes deux questions. Pas sûr d'être réinvité par FR24....

O. kempf

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