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Aron, préface suite

Dernière remarque sur la huitième et dernière préface de PGEN, dont nous avons parlé la dernière fois. Au début, Aron cite Rousseau qui cite lui-même l'abbé de Saint-Pierre.

Celui-ci est l'auteur d'un "projet de traité de paix perpétuelle" qui eut un grand succès au XVIII° siècle, à cause d'ailleurs de ce qu'en dit Rousseau. Ces textes popularisèrent une idée, celle d'une société internationale pacifiée. On en voit aujourd'hui les lointaines ramifications : système onusien, droit des conflits armés, etc.

Il y a une certaine mise en abîme de ces auteurs.... Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse ici.

En effet, il y a toujours cette question du rapport entre la force et la loi. Pour Rousseau, la loi domine la force à l'intérieur (c'est le droit des gens) mais pas à l'extérieur.

Aron admet cette idée classique: le droit entre États diffère de celui régnant à l'intérieur des États. Et il précise qu'écrivant "entre les Nations" il pensait "entre les États" (p. ii).

Enfin, il donne une définition de la guerre, "choc armé entre les États, ou épreuve de force entre les troupes plus ou moins organisées des États. Ni les assassinats, ni le terrorisme, ni la compétition économique ne constituent une guerre, au sens que je donne à ce concept". (p. iii)

Pour décrire le système économique, il utilise la formule du centre et de la périphérie (p. iv) qui suggère bien l'environnement marxisant de l'époque. Mais il dénonce cette approche : Iran et Irak se font une guerre sans motifs économiques (Lacoste dirait, à la même époque, pour des motifs géopolitiques). Bref, le système économique n'est pas une objection à la primauté donnée par Aron au fait étatique.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 2 août 2013, 19:53 par

Il est même étonnant qu'à la page XXXI, R. Aron soit si confus quand il expose premièrement que "l'envoi de Marines est passé de mode" puis que dans un second temps de sembler se contredire (p. XXXII). La présentation de la huitième édition m'a fait l'effet d'un discours pro domo, visant uniquement à réfuter toutes les critiques reçues et prévenant le lecteur qu'il n'était pas question de réactualisation (on est encore en 84, aurait-il dit ça en 90 ou 91 ?).

égéa : Tout d'abord, merci de m'accompagner dans cette lecture ; certes, on écrit d'abord un blog pour soi et cette longue fiche de lecture vise d'abord à organiser mes idées : pour autant, il est heureux de voir qu'elle peut aussi être l'occasion d'un partage, et donc d'un questionnement commun. Pour moi, cela sera fort utile, n'hésitez pas à marquer vos désaccords, ils seront source de progrès dialectique.

sur la présentation de la huitième édition, je n'ai même pas eu l'impression qu'il s'agissait de réfuter les critiques reçues, puisqu'on n'en trouve pas l'énoncé. On ne le perçoit qu’indirectement, comme si le long développement sur les affaires économiques répondait à des objections, et qu'il s'agissait de faire le point. Quant au plaidoyer pro domo, c'est un peu la loi du genre : un auteur cherche toujours à justifier ses écrits passés, quitte à amender telle ou telle partie jugée secondaire. S'il y avait eu quelque chose de radical, il aurait écrit un autre livre. Un intellectuel a toujours envie de bâtir une certaine cohérence de ses écrits.

Quant à la confusion, je ne dirais par les choses ainsi, mais peut-être s'agit-il de la même chose : on ne comprends pas très bien l'utilité de ces longs développements, d'autant que le livre a pour ambition de traverser les âges, et qu'on a là des passages qui semblent bien contingents.

2. Le vendredi 2 août 2013, 19:53 par Bertrand

Bonsoir,
Modeste remarque : JJ Rousseau traitait de la force et du DROIT, cette différence sémantique autorisant à mon sens l'interprétation à l'endroit des relations inter-étatiques, et non pas seulement intra-étatiques.
Pour Rousseau, le droit faisant la loi, et non pas le contraire. Le droit aussi, entendu comme périmètre du "légitime" et pas uniquement du "légal".
Qu'en pensez-vous Docteur ?

cdlt

égéa : je ne suis pas juriste, et aurait bien du mal à vous répondre valablement. Aron marque une certaine défiance envers le droit, qui ne lui paraît que subrodonné à la réalité des rapports interétatiques. Pour ma part, je note qu'à l'origine, c'est la force qui crée le droit. Ensuite, le droit essaye d'élargir son emprise pour prévenir la force. Mais le droit ne fait pas la simple légitimité, contrairement à une opinion couramment donnée.

QUant à la légitimité et la légalité, vaste sujet.

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