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Mali et territoire

Je veins d'avoir entre les mains l'ouvrage sérieux, dirigé par Th. Flichy, sur Serval et le Mali. A recommander, j'y reviendrai. Mais le Mali pose plusieurs questions de philosophie politique. Communes au Mali, au Sahel et à bien des coins d'Afrique, voire d'ailleurs.

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En effet, le Mali est un pays trop grand, divisé de facto en deux, entre un sud peuplé, agricole, noir et animiste, et un nord peu peuplé, pastoral, blanc et musulman.

Le Mali et le Sahel ont toujours été contrôlés par des empires, qui dominaient aussi bien les parties désertiques et les franges sud. D'une certaine façon, la colonisation française n'a été qu'un des épisodes de cette longue succession d'empires.

L'empire a bien des défauts, mais il s'accommode assez bien de la diversité des populations et des territoires, Beaucoup mieux que l’État-nation, qui se veut unitaire. Or, ça ne marche visiblement pas au Mali (ni dans bien des coins du monde).

LA différence démographique, avant même toute question de culture ou d'économie, explique que le sud se désintéressera longtemps du nord. Mais que dans le même temps, l'intangibilité des frontières acquise comme principe à l'indépendance empêche toute remise en cause du statut. Et que dans le même temps, deux facteurs d'internationalisation rendent l région plus sensibles à bien des influences. Remarquons au passage que ces deux tendances ne sont pas si nouvelles, puisque le désert a toujours été une mer à traverser, et donc un lieu d'échange entre régions très opposées, et en même temps la limite entre deux types de religions.

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Ces deux facteurs internationalisant sont d'une part l'islamisme (et toutes ses variétés, plus ou moins jihadiste, plus ou moins influencé par la matrice arabo-musulmane, plus ou moins en lien avec des revendications ethniques) ; d'autre part, la reprise du trafic, puisqu'on trafique toutes sortes de choses au travers du Sahel et du Sahara : des hommes (non plus des esclaves mais des migrants), drogue (15 % de la cocaïne consommée en Europe traverse le Sahara), or et autres ressources précieuses (bois), ...

Dès lors, quel modèle politique ? Séparation ? Cela mettrait en cause l'intangibilité (je sais, Érythrée et Soudan du sud sont e fâcheux précédents), et surtout, ces modèles ne sont pas viables. Remarquons qu'il y a plusieurs sortes de Touaregs, des arabes (maures) et des non arabes (tardivement islamisés, d'ailleurs). Et qu'il faudrait donc plusieurs indépendances, qui de plus déborderaient vers les pays voisins, Mauritanie d'un côté, Algérie et Niger de l'autre : la boite de Pandore.

D'où un modèle fédéral ? Selon quel modèle ?

L'inconvénient tient probablement à ce qu'on veuille appliquer le principe d'un homme une voix, dissolvant tout lien politique et surtout réflétant les différentiels démographiques, entre zones de haute densité et zones de basse densité. Ce la pose la question du rapport au territoire : une communauté élargie peut-elle dominer un territoire élargi, mas pauvre ? Le vote doit-il être individuel, ou ne faut-il pas imaginer des dévolutions communautaires, puisqu'en Afrique on n'est pas d'abord u individu, mais le membre d'une communauté, qui est titulaire de droits ? Comment assortir politiquement droits, populations et territoires ? Voici le vrai questionnement politique soulevé par cette crise malienne, et au-delà sahélienne, et au-delà africaine. Nos principes constituent de profonds handicaps à la solution des difficultés de ces pays.

Le Chardon.

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