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De la démocratie suisse

Le référendum suisse a suscité une indignation des élites et de l’Europe. Décidément, ces référendums sont dangereux, souvenez-vous du référendum constitutionnel de 2005. Là encore, tout le monde était pour et finalement le non l’emporta. Voici un procédé pareil : tout le monde était contre : tous les partis (sauf l’UDC), le gouvernement, le patronat, les syndicats et les médias. Malgré tout, la proposition fut adoptée. (cliquez sur le titre pour lire la suite)

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A chaque fois, remarquez, on nous sert le même argument : ce qui va dans le sens du pouvoir semble établi pendant des mois dans les médias et les quinze derniers jours, on observe, comme par hasard, une évolution des intentions de vote. Ainsi, les instituts de sondage peuvent expliquer pourquoi ils se sont trompés. Ici, deux options : soit il y a une évolution réelle à mesure que l’échéance se rapproche et que les gens disent vraiment ce qu’ils vont voter ; soit on minore pendant longtemps les observations désagréables. Pas forcément par théorie du complot, mais simplement parce que c’est désagréable : le conformisme médiatique est quelque chose qu’on hésite à contrecarrer, lorsqu’on fait des affaires. Tenez, regardez le référendum écossais. Il y a encore deux mois, on nous expliquait qu’il était mal parti. Et comme par hasard, on entend parler d’une remontée du oui.

Revenons aux Suisses. Immédiatement, la machine à condamnation c’est mise en marche, avec des admonestations des commissaires européens ou de Jacques Attali. Il y aura des représailles, nous dit-on. Je serais suisse, je tremblerai de peur.

Plus sérieusement, je constate que voici une troisième gifle infligée à l’Europe en quelques semaines, après le refus ukrainien du partenariat et les mots sans ambages de Victoria Nuland. Si on peut accuser les deux premières claques d’être le fait d’une certaine Realpolitik qui irait à l’encontre de la démocratie. Dans le cas suisse, voici la votation démocratique d’un pays qui s’est exprimé régulièrement, selon des règles établies par l’une des plus anciennes démocraties européennes. Aussi ne faut-il donner aucune leçon à la Suisse et surtout pas appeler à des représailles.

Au contraire, cela appelle à une remise en cause de l’Europe et de son « modèle » : le soft power ne fonctionne plus. Il semble même que l’UE apparaisse comme un repoussoir. En fait, la Suisse rend service à l’Europe car elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Plutôt que de manier l’anathème, il est temps de s’interroger sur les limites européennes.

Pour se faire plaisir, on lira le billet et celui-ci d’un Suisse (qui n’est pas UDC mais appelle à respecter le vote) et celui de Marianne qui est un petit bijou que j’aurais aimé écrire.

Le Chardon

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