Surtout ne rien décider (P. Conessa)

Voici un délicieux petit livre, qui se déguste comme une gourmandise. Ça a la taille d'un petit four (138 pages en format poche), le prix d'un macaron chez Dalloyau (12 euros) et ça s’apprécie un peu plus longtemps que ledit macaron même si c'est fini en trois trajets de bus ou peu s'en faut.

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Le sous-titre dit tout : Manuel de survie en milieu politique (avec exercices pratiques corrigés). On l'aura compris, le propos est impertinent et très amusant, en même temps que profondément attristant. Car il révèle la maladie profonde des systèmes politiques contemporains où les "responsables" (il faut bien ici mettre les guillemets) passent leur temps à ne rien décider face aux énormes problèmes auxquels ils font face. Il ne s'agit pas simplement du discours idiot sur "la France irréformable" car cette maladie se retrouve partout. Mais comme l'auteur est français, qu'il a une longue pratique des milieux de "pouvoir", il désigne ce qu'il connaît. Nulle exception française en la matière, juste des couleurs locales.

Accessoirement, l'auteur a longuement pratiqué les milieux de la défense et nombre de ses anecdotes sont issues du ministère éponyme.

Il ne s'agit pas d'indécision : il s’agit de l'art de la non décision. Car derrière l'ironie ravageuse, l'auteur pointe des questions sérieuses : "La non-décision doit devenir de plein droit un objet de sciences politiques qui suppose d'autres outils et d'autres concepts que l'étude de la décision" (p. 25).

Car passé l'amusement, le lecteur en arrive à la vraie conclusion : les gouvernants n'ont plus de pouvoir. C'est bien pour cela qu'ils ne l'exercent pas.

En attendant, voici un livre réjouissant qui procure ce rire rageur et désespéré des agneaux allant à l'abattoir : n'avez-vous pas constaté à quel point un bêlement ressemble à un ricanement ?

O. Kempf

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