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Surtout ne rien décider (P. Conessa)

Voici un délicieux petit livre, qui se déguste comme une gourmandise. Ça a la taille d'un petit four (138 pages en format poche), le prix d'un macaron chez Dalloyau (12 euros) et ça s’apprécie un peu plus longtemps que ledit macaron même si c'est fini en trois trajets de bus ou peu s'en faut.

source et lien vers le livre. Cliquez sur le titre pour lire le billet

Le sous-titre dit tout : Manuel de survie en milieu politique (avec exercices pratiques corrigés). On l'aura compris, le propos est impertinent et très amusant, en même temps que profondément attristant. Car il révèle la maladie profonde des systèmes politiques contemporains où les "responsables" (il faut bien ici mettre les guillemets) passent leur temps à ne rien décider face aux énormes problèmes auxquels ils font face. Il ne s'agit pas simplement du discours idiot sur "la France irréformable" car cette maladie se retrouve partout. Mais comme l'auteur est français, qu'il a une longue pratique des milieux de "pouvoir", il désigne ce qu'il connaît. Nulle exception française en la matière, juste des couleurs locales.

Accessoirement, l'auteur a longuement pratiqué les milieux de la défense et nombre de ses anecdotes sont issues du ministère éponyme.

Il ne s'agit pas d'indécision : il s’agit de l'art de la non décision. Car derrière l'ironie ravageuse, l'auteur pointe des questions sérieuses : "La non-décision doit devenir de plein droit un objet de sciences politiques qui suppose d'autres outils et d'autres concepts que l'étude de la décision" (p. 25).

Car passé l'amusement, le lecteur en arrive à la vraie conclusion : les gouvernants n'ont plus de pouvoir. C'est bien pour cela qu'ils ne l'exercent pas.

En attendant, voici un livre réjouissant qui procure ce rire rageur et désespéré des agneaux allant à l'abattoir : n'avez-vous pas constaté à quel point un bêlement ressemble à un ricanement ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 10 juillet 2014, 21:16 par Colin L'hermet

Bonsoir Docteur,

Pour avoir lu cet opuscule il y a 2 semaines et avoir croisé M. P.Conesa à diverses reprises avant, je m'interroge, et je ne manquerai pas de lui poser la question, sur ce que lui inspire l'articulation entre la vision qu'il développe ici et la prestation de service que diverses entreprises de consultance en intelligence géopolitique facturent à cet Etat qu'il décrit comme immobile-paralysé et incapable-sans volition (pouah pour ce terme que ALC pourra placer en mot bobo !)...
Mes substantifs oscillent entre ingratitude et cynisme. Si j'adhère au second, je n'aime pas le prime.
Mais je suis un effroyable idéaliste./.

Bien respectueusement,
CL'h./.

Egéa : oui, c'est un fait. Dites lui. Il reste qu'en termes d'exemples d'indécision, la situation actuelle de la SNCM semble confirmer son diagnostic. Accessoirement, regardez le nombre de "dirigeants" du public ou du privé" qui demandent des rapports à des consultants et autre cabinets conseils pour soit délayer un problème, soit justifier une décision pris par avance, soit justifier une non décision. Bref,c e n'est as parce qu'on est un instrument au mains de la gabegie qu'on approuve forcément cette gabegie. Je le dis d'autant plus que je ne suis pas consultant...

2. Le lundi 14 juillet 2014, 18:46 par Ph Davadie

Et on pourrait aussi se demander à quoi servent les cabinets ministériels si, à chaque fois qu'un problème réputé "sérieux" apparaît, il faut nommer une "commission d'experts qui rendra son rapport" ou un "médiateur".
Et c'est là qu'on s'aperçoit que le discours sur la "France irréformable" n'est pas si idiot que cela, il suffit juste de définir correctement la France (d'en haut, bien sûr).
Ne surtout pas oublier les deux expressions fétiches lorsqu'un réel idiot, benêt, béotien ou autre pose un question qui s'avère réellement pertinente :
- c'est pas si simple ;
- c'est plus compliqué que ça.
Muni de ces deux viatiques, beaucoup plus politiquement corrects que le fameux "touche pas à ça p'tit con" de la 7° compagnie, on peut espérer s'en sortir.

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