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Vers un nouveau gouvernement belge : une analyse géopolitique

Une coalition de droite semble en voie de constitution en Belgique (voir ici). Si les partis sont d'accord sur le principe, il leur reste à négocier le programme de gouvernement, sujet par sujet : car ça se passe comme ça, en Belgique : on négocie les réformes entre l'élection et la formation du gouvernement. De ce point de vue, l'affaire est convaincante. Mais là n'est pas le sujet du jour. En effet, que nous dit cet accord en vue ?

Tout le monde se souvient de la précédente crise politique où le royaume était resté plus de 500 jours sans gouvernement. Personne ne voulait rejouer cette comédie pas drôle. Du coup, les accords politiques ont été très tôt signés au niveau régional. En effet, exception de l'élection de mai, le national coïncidait avec le régional. Mais alors que d'habitude, on se débrouillait pour que la coalition au national se reflète au régional, il n'en a rien été cette fois-ci : Wallons d'un côté, Bruxellois de l'autre, se sont dépêchés de trouver un accord de gouvernement au niveau régional, excluant au passage le MR de Charles Michel de l'affaire : celui-ci était donc "forcé", pour ne pas être partout dans l'opposition, de trouver accord au national. Ce qu'il a fait en s'alliant avec les partis "de droite" en Flandres.

Ainsi, nous voici en présence d'un fait assez nouveau, celui d'un alignement "idéologique" en Belgique, chose qui n'était pas si fréquente ces derniers temps. Certes, ce la forçait au consensus et à la négociation mais au dépens d'une certaine efficacité. Les Belges vont ici avoir plus de cohérence. Un retour au politique qui dépasse la question "nationale", je ne peux que m'en réjouir. Plus d'idéologie = moins de communautarisme, la recette est connue.

Reste la question de la NVA : ayant l'occasion de discuter avec pas mal d'amis belges, Flamands et Wallons, j'ai pu constater dans leurs propos que le discours de la NVA est moins "autonomiste" comme on le croit trop souvent à Paris que "politique" : car ses sujets touchent d'une part à ce qui concerne les impôts (de ce point de vue, il s'agit d'un parti "libéral") d'autre part à ce qui concerne l'immigration, sujet passé sous silence des débats publics mais qui ressort de façon déguisée à travers le masque "communautaire" flamands-wallons.

Cela étant, les Flamands pâtissent de la maladie de gens riches qui ne veulent plus payer pour la cohésion avec les autres régions du pays, invariablement traitées de paresseux (voir les Padaniens ou les Catalans). Il reste que la démographie a repris en Wallonie (essentielle à terme pour l’équilibre de la Sécurité Sociale, objet de la discorde entre les deux régions) et qu'on y observe également une certaine reprise économique. Autrement dit, une part des arguments d'il y a cinq ou dix ans est peu à peu en train de s'émousser : c'est peut-être ce qui a facilité l'évolution de l'électorat de la NVA et de son discours, mais aussi de sa capacité à transiger.

Toutefois, la dispute entre les deux (trois avec Bruxelles) demeure présente et on va s'attendre à de nombreux blocages entre national et fédéral : chacun devra jouer avec précision pour éviter un blocage qui serait, à coup sûr, aussi néfaste que l'attente de 500 jours de la dernière fois.

Dernier point enfin : pour le roi, sur le trône depuis un an, cette formation gouvernementale constitue un succès (certains doutaient à l'occasion de son avènement de sa capacité politique à gérer des crises).

A. Le Chardon

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