Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Frapper l'EIIL : surtout en Syrie ?

Avez vous écouté les nouvelles, ces derniers temps ? Oui, certainement. On ne cesse de nos parler de frappes contre l'EIIL en Syrie et du coup, je me pose une question....

source

Ici à Rakka, là contre des raffineries, cette fois-ci des Saoudiens, là des Anglais... Même les Français qui avaient dit qu'ils n'iraient pas sont en train de reconsidérer leur avis. Pourquoi ?

"Pour casser, le nerf de la guerre" a expliqué consciencieusement un journaliste qui avait lu Sun Tzu et qui se croyait réaliste en suggérant l'hypothèse pétrolière habituelle (faire monter les cours). Bon. Admettons. Mais il y a des puits en Irak et on ne nous parle pas de frappes à leur encontre, curieusement. D'autant qu'il parait qu'ils ont plus de débit que les puits syriens. Donc ce doit être autre chose.

Faire plaisir à Assad ? J'en doute. J'entendais un autre analyste dire qu'il fallait expliquer à Assad de ne pas en profiter pour se réimplanter dans les zones qui étaient occupées par le GEI et dont ils auraient fui. Je suis sûr qu'il va se laisser convaincre, "Bachar", comme dit maintenant notre merveilleux et sublime Ministre qui a enfin trouvé un moyen"populaire" de désigner l'ennemi : par son prénom.

Bon, donc ce n'est pas la raison. Alors ?

Alors, peut-être s'agit-il de briser l'ambition "internationaliste" du GEI, son transfrontièrisme. Le frapper en Syrie pour le forcer à refluer en Irak où l'on considère que peut-être, il sera plus facile de le "traiter". Faire respecter au fond le découpage frontalier. Raffermir le principe régional de l’intangibilité des frontières : somme toute, il s'agit du seul principe qui réunit vraiment tous les participants : Iran, Arabie Saoudite, Irak et même Syrie, sans même parler d'Irak.

Mais ce n'est qu'une hypothèse. Vous allez voir que dès demain une frappe "en Irak" va démentir la belle explication que j'avais échafaudée.

A. Le Chardon.

Commentaires

1. Le mercredi 1 octobre 2014, 15:25 par le concombre masqué

Oh l'odieux et noir soupçon d'une "guerre du pétrole" mâtinée de colonialisme à picots en guise de godillots. Parce que oui, ça ils tapent sur l'Irak (77,7% de leurs bombardements à 10 millions de dolls la journée -toute heure commencée est due- soit déjà une centaine nous fait savoir le comptable du Pentagone), mais pas sur ses puits: exclusivement en Syrie, ce qui rend le constat du Chardon encore plus piquant.
Faire décaler les cours du pétrole et gaz? Là, il faudrait mettre plus cher, version film à la SpielKriegBerg, on ne peut pas croire cela.
Mais, un zoom arrière spatiochronologique fait sens: cette affaire n'est qu'une guerre contre le Russe, une guerre dont le premier centre de gravité est la volonté de pratiquer un embargo contre le jumbo producteur de gaz/pétrole qu'il est, à destination de l'Europe. Et que je te bloque à la fois l’Ukraine et le south stream, cette cuisante défaite géopolitique des années précédentes. Et que je te mets en place un tuyau alternatif.

Corridor Sud: depuis de nombreuses années nos meilleurs alliés veulent nous couper le gaz ou plus exactement nous obliger à emboucher les trompettes de Verdi. Patiemment ils ont pour cela conçu un projet sans queue ni tête nommé Nabucco, et seuls les béotiens croient que c'est en 2013 que la mort dudit pipeline a été connue de ses inventeurs: dès 2011 les revues pétrolières annonçaient qu'il n'y avait aucun producteur au bout du tube, qu'Azerbaïdjan (et RWE ou BP... et la Turquie) se retireraient. Amusant, c'est l'époque où le printemps syrien passe à la lutte armée...

Désormais, ils ont trouvé un producteur, il s'appelle Qatar, il faut juste faire passer le tuyau un peu plus bas, par le territoire syrien pour déboucher sur l'Europe. Le Qatar a déjà payé plus de trois milliards de dollars pour armer les modérés Syriens, et il n’a rien. Sinon, comment expliquer cet acharnement sur cousin Bachar, lequel avait entravé ce deal ce qui l’a propulsé au rang d’ennemi, lui qui pourtant avait coalisé contre Saddam?

Et les cousins africains du concombre lui font savoir que les guerres forcenées dans les plates-bandes de l’arc sahélien et en dessous, y compris avec l'Algérie "notre amie", pourraient bien avoir même motif: construire le gazoduc transaharien depuis le Nigeria qui, ne pouvant passer par la Libye (tiens, pays qu'on a bombardé...) devrait passer par l'Algérie pour déboucher sur Italie et Espagne. Voilà pourquoi on a pu oublier le MEND des zones pétrolières nigérianes pour tomber sur le bec de BOKO qui ne tient qu'une forêt sans autre intérêt que celui de constituer l'Ukraine africaine. Avec ses « frères », musulmans ou non, qui trônent sur le passage du Niger ou du Mali et se voient bien nous racheter nos portiques écotaxes…

Alors demain un bombardement en Irak ne désavouerait pas le Chardon, et même si cela se produisait sur une installation pétrolière, nous dirions qu'il s'agit d'une faute de frappe. Mieux: que c'est pour contredire le Chardon qui serait donc lu par les maîtres de ce jeu. Sait-on jamais?

On connaît déjà leur cynique humour : Nabucco=Nabuchodonosor=Verdi=Italie…

En attendant, à cette heure, le parlement turc délibère pour renouveler les autorisations d’envoi de troupes en Irak et Syrie destinées à … lutter contre les Kurdes du PKK ! Avouez que l’époque est farce, messieurs les dindons.

Finalement, l’Orient, c’est pas compliqué, même si c'est plein de salades.

2. Le lundi 13 octobre 2014, 07:56 par A

Et si tout simplement c'était un prétexte pour entamer contre un premier adversaire une campagne de Syrie dans le dos des Russes (et des Chinois)
Habituer l'opinion au conflit syrien en quelque sorte : aujourd'hui des vilains barbus, demain d'autres plus ou moins barbus, vous savez ma bonne dame, tout ça c'est des sauvages ! et ils ont des armes chimiques en plus !!

Hypothèse simplement. D'autant plus qu'elle jouerait sur la faiblesse de réaction (bien connue) des Russes du début du XXIe siècle. Ceci dit, des stratèges restés en boucle sur l'ère postcommuniste des années 90, ce n'est pas ça qui manque.

Autre hypothèse : personne n'a de raison, tout le monde en a un peu. Le bombardement remplace la pensée politique; les pousse-cailloux des relations internationales viennent simplement d'avancer le pied gauche après le droit. Ils ne savent pas pourquoi ni vers où. Simplement le mouvement c'est la vie donc ils bougent... Les lapins-crétins aussi après tout !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/2438

Fil des commentaires de ce billet