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16/15 I've just seen a face

Loi sur le renseignement. Pour tout vous dire, je n'ai pas regardé les détails. J'écoute les uns et les autres, quelques proches qui essayent de m'expliquer mais rien n'y fait, je n’accroche pas. Plus exactement, je ne comprends pas la polémique (les termes du débat, comme on dit poliment). Car quelle est l'alternative ? Soit on ne fait rien, donc on ne régule pas, donc on continue comme avant dans l'opacité qui du coup ne protège rien ; soit on légifère avec forcément des aspects qui vont toucher, qui peuvent toucher aux libertés publiques. Du point de vue de ces dernières, que vaut-il mieux ? pas de législation ou une législation qui sera forcément jugée comme imparfaite ? En la matière, ce sera toujours imparfait car l'essence du renseignement, bêtement, c'est d'agir à la marge ou plus exactement, dans les marges, ces zones qui sont structurellement sombres.

Source

Pensées fugaces

Souvenez vous de la différence d'approche entre J. Assange (le leader de Wikileaks) et E. Snowden (l'homme qui révéla le scandale PRISM) : pour le premier, il n'y a pas de secret qui vaille, tout doit être révélé. Avec toutefois une contradiction puisqu'il a fallu expurger certaines infos qui risquaient de mettre la sûreté de certaines sources en danger. Signifiant par là, indirectement, que parfois l'opacité est nécessaire, y compris pour le bien commun. Le second, quant à lui, a toujours estimé que le secret était nécessaire à un État et donc à une démocratie. Son propos consistait à vérifier l'encadrement et quand on regarde le Patriot Act, on s'aperçoit qu'on est loin de cet encadrement (et je ne parle même pas de sa mise en œuvre qui, visiblement, à outrepassé les quelques limites émises). Revenons à la loi sur le renseignement : ouvre-t-elle autant les vannes que le Patriot Act ? Bien sûr que non. Bref, une loi qui fait ce qu'elle peut autour d'un sujet ambigu inhérent à la nature humaine et à la nature des sociétés. Désolé, vos cris d'orfraie ne me convainquent pas.

Mais je suis peut-être trop optimiste. Toutefois, soit on est dans un régime à peu près respectueux des libertés, soit on n'y est pas. Dans ce dernier cas, quelle que soit la loi, elle n'empêchera aucune dérive. Donc, mieux vaut une imperfection à une absence. Je préfère un texte imparfait à l'absence de texte.

Je ne suis pas cégétiste (ça se saurait) mais je viens d'apprendre, comme vous, que Thierry Le Paon, ancien leader débarqué, a été blanchi des accusations portées contre lui sur la rénovation de son bureau. Le gars a pu avoir été maladroit, il apparaît donc qu'il n'a jamais enfreint les règles ni qu'il a montré un goût particulier pour les ors et les apparences du pouvoir. Mais il a chuté, merci la campagne de presse montée contre lui. Quand les décisions se font dans les médias... Pas joli joli, tout ça. Bref, monsieur Le Paon, condoléances. Vous êtes tombé dans un traquenard alors que vous êtes visiblement un honnête homme : je compatis, pour le principe de la défense des honnêtes hommes. C'est d'ailleurs pour la même raison que je compatis à Christian Vanneste qui vient d'être relaxé, dix ans après une affaire qui lui avait valu d'être exclu de l'UMP et de perdre son siège de député.

La décision du Pakistan de ne pas envoyer de troupes aux côtés de l’Arabie Saoudite, dans le conflit avec le Yémen, est très significative. Certes, les deux pays sont proches puisque Riyad a de longtemps financé Islamabad. Pour cette dernière toutefois, de nombreux paramètres entrent dans le calcul. D’une part, l’engagement opérationnel en Afghanistan et dans les zones tribales suffit à occuper l’armée. Ensuite, le Pakistan a une frontière commune avec l’Iran et on remarquera que le ministre iranien des AE, Zarif, visitait le Pakistan au moment même du débat (voir ici). Alors que l’accord nucléaire suffit à Téhéran pour crédibiliser son potentiel nucléaire, le Pakistan n’a nulle envie de se fâcher avec le voisin du sud-ouest qui servira d’une part à tenter de contrôler l’Afghanistan, d’autre part à maîtriser les autonomistes baloutches des deux côtés de la frontière. Bref, le Pakistan ne pouvait suivre l’Arabie aussi « loin ». Mais dès lors, cela relativise grandement le discours saoudien qui ne cesse de propager la rumeur, depuis quelques mois, que le cas échéant il bénéficiera de la bombe pakistanaise. Si déjà Riyad n’a pas les troupes, je crains qu’il n’ait pas la bombe non plus…

Décidément, du côté de Téhéran, les bonnes nouvelles se succèdent. Sans l’avoir vraiment cherché, en ayant soutenu le Yémen seulement de la voix, l’obsidionalité saoudienne a incité Riyad à lancer une opération contre les Houthistes. On ne discerne pas les buts de guerre. Pire, voici que la campagne s’enlise (sans surprise tant l'air power peine à produire des effets politiques durables sans troupes au sol). Les Houthis sont toujours là, Aden est quasiment sous leur contrôle, personne ne se rallie au président Hadi qui a fui le pays…. Voici donc des Saoudiens collés dans une longue guerre, technologique et inefficace, sans but politique et avec des alliés qui peu à peu vont s’esquiver. Riyad, voulant montrer les muscles, s’affaiblit plus encore. Cela doit faire sourire à Téhéran. (on lira par exemple ceci).

En Ukraine, une série de décès suspects se déroule depuis quelques semaines. Trois membres du parti des régions (celui de l‘ancien président Yanoukovitch, en fuite), sont retrouvés décédés dans des circonstances troubles. On parle de « suicide ». Cette semaine, coup sur coup, deux pro-russes sont assassinés dont un proche de l’oligarque Akhmetov. Notons ici deux choses : aucune émotion internationale comme à l’occasion du meurtre de Boris Nemtsov à Moscou. Visiblement, la défense de la libre expression se joue différemment selon les goûts, selon les puissances, selon enfin les étiquettes du régime en place. Ensuite, constatons que le critère n’est peut-être pas simplement l'étiquette « pro-russe » mais la proximité ou non des individus avec les oligarques. De même qu’il y a des luttes sanglantes de clans criminels pour tenir un territoire (voir la Corse ou le littoral méditerranéen en France), de même il y a des luttes entre oligarques en Ukraine, avec une dimension politique qui est bien éloignée de nos représentations habituelles, qu’elles soient politiques ou géopolitiques. Faut-il rappeler, uen fois encore, que l'Ukraine est un État failli?

Parutions

L'Arménie au cœur de la mémoire par Hélène Kosséian aux éditions du Rocher. Le samedi 24 avril 1915, à Constantinople, 600 notables arméniens sont arrêtés et jetés sur les routes de la déportation. Commence alors le premier génocide du XXe siècle. 1,5 million d'Arméniens périssent, principalement sur leurs terres historiques d'Anatolie Orientale. Un siècle plus tard, l'auteur, d'origine arménienne, se plonge dans le passé de l'Arménie et de ces souvenirs douloureux. Un essai qui permet de comprendre l'histoire et la mémoire de ce pays, alors que le débat autour de la mémoire du génocide a fait couler beaucoup d'encre en France.

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Événements

29 avril ANAJ IHEDN : L’Indonésie, une puissance émergente entre ambitions mondiales et stabilité régionale avec Bruno Hellendorff, Chercheur au Grip. Le Mercredi 29 avril 2015 19h30 à 21h00 à l’Amphithéâtre Des Vallières, Ecole militaire.Inscriptions L’Indonésie doit à son nouveau Président ainsi qu’à la reprise des exécutions que ce dernier a avalisé un regain d’intérêt de la part des médias occidentaux. Ces événements rappellent que l’archipel s’inscrit aujourd’hui dans un processus d’émergence complexe, fait d’avancées spectaculaires autant que de retours en arrière. Pourtant, l’Indonésie représente bien plus que cela. Puissance moyenne aux ambitions mondiales, premier pays musulman et troisième démocratie au monde en termes de population, situé au carrefour d’influences multiples et en bordure d’une mer de Chine méridionale en ébullition, le pays pourrait bien détenir les clés de la stabilité de sa région. Cette conférence vise à resituer le contexte stratégique de l’émergence de l’Indonésie contemporaine, au travers d’une analyse de ses choix récents en matière de défense, et d’une transition politique toujours en cours.

6 mai Diploweb organise une conférence : Quelles frontières pour l'Europe ? Pendant une heure nous parlerons de L’Europe : cette grande et belle région du monde qui s'étend de l’océan Atlantique à la Russie et voit s’exercer au XXIème siècle de nouvelles rivalités de pouvoir... Au programme : l'histoire récente de l’Europe, L'Union Européenne et les "autres Europe" - soit les pays candidats à l’Union Européenne, et ceux qui s’y refusent. Mais aussi les questions migratoires. Gérard-François Dumont et moi vous donnons rendez-vous : Mercredi 6 mai 2015 à 18 h 64 rue du Ranelagh, 75016, Paris. Inscription

21 & 22 mai Colloque François Mitterrand et la Défense en présence d'acteurs, témoins et experts les 20 et 21 mai 2015 de 8h45 à 17h00. Autour de quatre tables rondes, des acteurs de l'époque, de grands témoins et chercheurs, français et étrangers, évoqueront les enjeux ayant marqué la politique de défense sous les deux septennats de François Mitterrand. Ecole Militaire 5, Place Joffre - 75007 Paris Métro: ligne 8, station Ecole Militaire RSVP avant le 7 mai 2015 Participation au colloque et aux déjeuners sur inscription uniquement Programme du mercredi 20 mai 9h30-12h30 1ère Table Ronde: "François Mitterrand et les militaires", modérateur: P. Servent Cadrage scientifique: L. Gautier Acteurs et témoins: P. Joxe, J.-F. Dubos, F. Cailleteau Experts: P. Vial; G. Saunier, S. Cohen 14h30-17h00 2ème Table Ronde: "De la guerre froide aux nouveaux enjeux de sécurité", modérateur: G. Leclerc Cadrage scientifique: F. Heisbourg Acteurs et témoins: J.-P. Chevènement, P. Morel, J. Bitterlich Experts: N. Gnesotto, F. Bozo, A. de Tinguy Programme du jeudi 21 mai 9h30-12h30 3ème Table Ronde: "La dissuasion", modérateur: J. Guisnel Cadrage scientifique: B. Tertrais Acteurs et témoins: H. Védrine, J. Rannou, J. Lanxade Experts: D. Mongin, D. David, R. Frank 14h30-17h00 4ème Table Ronde: "Les opérations", modérateur: J.-D. Merchet Cadrage scientifique: F. Charillon Acteurs et témoins: J. Lanxade, J. Musitelli, J. Heinrich Experts: F. Turpin, J.-P. Filiu, P. Boniface

6 juin Le 5ème Salon du Livre des Auditeurs Ecrivains de l’IHEDN se tiendra le samedi 6 juin 2015 de 10h à 17h pendant les 1ères Rencontres de l’IHEDN à l’Ecole Militaire (Pavillon Joffre) Ventes et signatures auront lieu toute la journée

8 juin Les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et son centre de recherche le CREC Saint-Cyr ont le plaisir de vous inviter à un colloque sur "le soldat augmenté" qu’ils organisent à l’Ecole Militaire de Paris, amphithéâtre Lacoste, le Lundi 8 juin 2015 9h00-17h30 Programme détaillé (sujet à modifications) sous Internet. Problématique sous Internet. Inscription obligatoire: 02 90 40 40 04 / 06 09 60 47 86

A. Le Chardon

Commentaires

1. Le lundi 20 avril 2015, 20:44 par Ph Davadie

My dear thistle,

j'aimerais être d'accord avec vous et estimer que les pourfendeurs de la loi sur le renseignement poussent des cris d'orfraie, mais cela n'est point possible.
Car si le législateur a l'habitude de prendre les Français pour des veaux, il arrive un moment où les veaux se rendent qu'on a dépassé les bornes des limites. Ce fut le cas avec des manifestations pour tous, ça l'est également à propos de la surveillance pour tous.
Car tel est le problème : cette loi permet-elle de surveiller tout le monde, dans une ambiance stasi ou NSA, as you want ?
Oui, sinon elle serait inefficace.

Car quel que soit l'algorithme utilisé, il faudra lui donner des instructions, puis vérifier qu'il les exécute bien. Cela nécessitera un échantillon test dans lequel on trouvera des gentils et des méchants. Si les gentils sont gentils, ils n'ont rien à cacher donc ils ne craignent pas les écoutes. Certes, mais rien à cacher ne signifie pas la fin de l'intimité, sinon, comment expliquer que notre bon président n'accepte point qu'on le photographie en gayette compagnie ?

Ensuite, une fois l'algorithme étalonné, il faudra l'utiliser. Mais s'il est conçu pour déceler de manière précoce les terroristes, il faudra bien qu'il écoute des personnes pas encore cataloguées comme terroristes. Donc des personnes qui n'ont théoriquement rien à cacher mais pensent que toute vie nécessite une intimité. Sinon, on juge sur des intentions. Or depuis au moins Veritatis Splendor, on sait que la morale de l'intention n'est pas si morale que ça.

Enfin, l'algorithme ne pouvant être infaillible, il y aura des faux positifs et des faux négatifs. Faux positif ? X est considéré comme terroriste alors qu'il ne l'est pas. L’État pourra donc, en toute tranquillité, sonoriser sa maison, sa voiture, son bureau, etc., etc. Oui, mais il n'a rien à cacher ? Cf. supra. Et s'il est arrêté car considéré comme terroriste, il sera invité à passer un moment de total confort face à des psychologues diplômés (cf. le film unthinkable). Une fois qu'on se sera rendu compte que, tout bien considéré, il n'est pas terroriste, l’État lui présentera-t-il ses plus plates excuses ? Que nenni, car on gardera les données, au cas où.

Nous arrivons au dernier volet de cette loi, la durée de conservation des données. Quelle est-elle ? Un certain temps, comme le fût du canon. Un peu flou, non ? Donc on vous arrête car vous êtes supposé terro, mais en fait vous ne l'êtes pas, mais on va quand même conserver vos données au cas où vous conserveriez un mauvais souvenir de votre passage dans les "hôtels" de police (ouf, ils demeurent gratuits) et décidiez de vous venger des vacances ainsi procurées par l’État. Sachant qu'en plus, la loi évolue, et qu'on pourra ressortir des données innocentes à un instant donné et coupables plus tard. Demandez donc à Guy Bedos ce qu'il pense de l'exhumation de ses propos de 2012 relatifs aux dessinateurs de Charlie.

En fait, le seul point positif dans cette actualité de la loi, est qu'on ne vend toujours pas les Mistral à Poutine. sinon, ce pourrait être la première d'un accord plus large aux termes duquel les refuzniks français seraient accueillis au goulag...

Comment faisait-on pour lutter contre le terrorisme avant d'avoir tous ces moyens ?
Et s'il faut perdre un peu de liberté pour accroître la sécurité, alors les États totalitaires devraient être les plus sûrs au monde.

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