Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

7/16

Semaine un peu folle, marquée par la confusion extrême des événements, des "décisions", des déclarations. De Bruxelles à Munich, d'Alep à Syrte, de Washington à Moscou, on vit beaucoup d'imprécision. Le trouble géopolitique est d'abord dans les esprits et le manque de clairvoyance. La sidération de l'Occident fait peine à voir.

Pensées fugaces

L’Allemagne et la Turquie ont donc appelé l’OTAN à intervenir dans les eaux de la mer Egée pour faire face au problème des migrants. « Nous allons utiliser la rencontre des ministres de la Défense de l'Otan (...) pour parler des possibilités et dans quelle mesure l'Otan peut aider en matière de surveillance en mer pour soutenir le travail de Frontex et des garde-côtes turcs ». Passons sur les questions évidentes de compétence : en quoi une organisation de défense peut-elle jouer un rôle de garde-côte, ce qui n’entre pas dans les attributions militaires usuelles ? surtout, concrètement, à quoi cela peut-il servir pour un espace maritime de quelques miles séparant les côtes anatoliennes et les îles grecques ? mentionnons enfin qu’il ne s’agit point là des frontières extérieures à l’Alliance mais de frontières intérieures entre deux pays alliés, la Grèce et la Turquie. Passons, car là n’est pas le plus important : précisément, c’est parce que visiblement cela ne servira à rien que la chose est inquiétante : elle témoigne de l’absence de solution concrète, de l’impasse totale dans laquelle l’Europe est plongée (mais aussi la Turquie). Voici qui est profondément inquiétant car cette agitation n’a pour but que de rechercher la mousse médiatique, de montrer qu’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien. Pour le coup, on ne pourra pas accuser l’Otan d’impuissance car cela ne dépend pas d’elle. Même si les ministres alliés ont finalement accepté l'envoi d'un groupe naval qui se trouvait déjà dans le coin et dont la mission sera de "surveiller les réseaux de passeurs".

DAns cette semaine à la Labiche, où les coups de théâtre se succédèrent comme sur le Boulevard du crime, avec soubrettes et maris trompés, voilà venir la Conférence de sécurité de Munich. Moment étrange où l'on entendit parler de dissuasion nucléaire et de menace russe, comme si Moscou était responsable de tous les maux du moment. La confusion était à son maximum, avec les Américains de la défense (DOD) très remontés quand Kerry (DOS) lâchait "mais vous ne voulez pas que nous entrions en guerre contre la Russie?". Un cessez-le-feu en Syrie était négocié entre le même Kerry et Lavrov, effectif d'ici une semaine, le temps de laisser le temps au temps, et surtout aux événements.

Ils intervenaient rapidement puisque les rebelles kurdes, au nord-ouest d'Alep, avançaient contre les rebelles coincés au sud par les troupes du régime, à l'est par l’État Islamique. Mais les dits Kurdes sont sensés être nos alliés contre l'EI ! du coup, Washington jouait profil bas. La Turquie décida alors de prendre l'initiative, pour tenter de forcer le cours des choses : quelques obus d'artillerie et, peut-être, l'envoi de quelques troupes dans la région (annoncé ce dimanche soir, non encore confirmé), marquait une tentative désespérée de retarder le désastre. Mais l'envoi de troupes hors du territoire turc ne devrait pas attirer le soutien des alliés puisqu'il ne s'agit en aucune façon de légitime défense... D'ailleurs, les États-Unis, suivis un peu plus tard par la France, appelaient Ankara à ne pas s'immiscer. On apprenait que l'Arabie Séoudite envoyait des avions à Incirlik et était disposée à engager un campagne terrestre contre l'EI. Théâtre d'ombre, course au bord du précipice, volonté d'avancer sans aller trop loin, les impasses se manifestaient aux yeux de tous. Pendant ce temps là, les troupes du régime avançaient à Lattaquié et même, selon certains compte-rendus (voir ci-dessous), s’approchaient de Rakka, capitale syrienne de l'EI. La confusion était à son comble. Aucune vue claire n'était visible de la part des Européens.

Que prédire ? certains annoncent le pas de trop de la part des Turcs, menant à une déflagration générale dans un entraînement à la 1914. J'en doute. B. Obama ne se laissera pas entraîner dans une telle aventure, d'autant qu'il annonce vouloir défier l'EI en Libye. Au fond, on a l'impression d'un espèce de marchandage : "à vous (les Russes) la Syrie, à nous (les Américains) la Libye". Quelques troupes envoyées en Europe pour rassurer ceux qui ont besoin de l'être et masquer quelque peu le laisser-aller moyen-oriental... Du coup, les Russes paraissent maîtres du jeu. Le réduit rebelle au nord d'Alep risque donc d'être annihilé et repoussé au nord. Les dernières positions rebelles à Lattaquié devraient également tomber sous peu. Il restera alors à clore le siège d'Alep puis à prendre Idlib en tenaille. Assad a donc bon espoir de reprendre peu à peu le contrôle non seulement de toute la Syrie utile, mais de l'ensemble du territoire, une fois le corridor kurde établi au nord : il ne restera plus alors qu'à s'occuper des positions résiduelles de l'EI. Au sud, la Jordanie vire de position et devient bien plus accommodante avec le régime syrien, menacée qu'elle est par l'afflux de réfugiés. Voici le probable. Il reste à la diplomatie européenne (particulièrement française) de s'en apercevoir à temps pour bien hiérarchiser ses objectifs, toute honte bue.

Rencontre entre François et Cyrille. Je reviens sur le sujet : il semble qu'au fond, les arrière-pensées géopolitiques aient bien animé les deux partenaires. Aussi bien en ce qui concerne le Moyen-Orient où la défense des chrétiens locaux, catholiques, orthodoxes ou divers, inquiète les deux ; mais aussi en Ukraine puisque les nationalistes à l'ouest semblent remettre en question la primature orthodoxe du patriarche de Moscou, ce qui l'inquiète forcément. Du coup, la question des Uniates catholiques est bien moins sensible : ceci est également une des causes de la réconciliation entre les deux saintetés.

Essai spatial nord-coréen. Dans le jeu de dupes qui anime l’Extrême Orient, le tir spatial nord coréen a montré plus clairement l’enchevêtrement des positions. Une fois la condamnation unanime proférée par la communauté internationale, qu’observe-t-on ? Que la Corée du sud et le Japon en tirent argument pour mettre en place un système antimissile sur leur territoire, avec l’aide des Etats-Unis. Or, ce système contre directement la Chine qui ne voit pas d’un bon œil cette alliance à trois (toute fragile qu’elle soit, tant l’inquiétude stratégique des Japonais et des Sud-Coréens est patente, et défiante envers la garantie américaine). Du coup, la Chine s’élève contre ce projet, ce qui l’amène à ne pas condamner la Corée du Nord. Pour Pyongyang, c’est finalement tout bénéfice. La solution consiste-t-elle à penser à un deal « à l’iranienne » ? j’ai l’impression d’être très grossier en posant cette simple question.

Valls à Munich déclare qu'en gros, l'Allemagne est responsable de la crise des réfugiés. La presse allemande s'en émeut : "c'est comme ça que vous nous remerciez de la solidarité qu'on a montré après le 13 novembre ?"...

Départ de Fabius. Même s'il se met à rêver du prix Nobel (si! si! je l'ai vu passer), constatons l'échec global de son action. A son seul actif, de taille il est vrai, le succès de la COP 21. Pour le reste, l'incapacité à définir une politique étrangère française consistante est frappante. On faillit avoir S. Royal pour le remplacer : l'opposition de tous les milieux diplomatiques y mit le ho! là. Du coup, un ancien premier ministre est nommé, JM Ayraud, monsieur certes estimable mais dont on voit mal qu'il définisse en quelques mois une ligne politique. Vous avez dit "affaires courantes" ?

Parutions

INHESJ : L’enjeu énergétique a toujours été décisif pour les sociétés et les nations. Aux dimensions géopolitiques traditionnelles s’ajoute désormais la dimension environnementale, qui dépasse le champ des stricts intérêts nationaux pour relever de ce que l’on pourrait appeler l’intérêt supérieur de l’espèce humaine, à travers une « gestion » respectueuse de la planète. Déjà abordé dans son numéro 21 paru en octobre 2012, ce nouveau numéro des Cahiers est consacré au thème de l’énergie et confirme que c’est un enjeu central et majeur de pouvoir dans les affaires internationales. Sommaire. Commander

Information Warfare, 2nd Edition Daniel Ventre ISBN: 978-1-84821-660-0 352 pages February 2016, Wiley-ISTE. Cyberspace is one of the major bases of the economic development of industrialized societies and developing. The dependence of modern society in this technological area is also one of its vulnerabilities. Cyberspace allows new power policy and strategy, broadens the scope of the actors of the conflict by offering to both state and non-state new weapons, new ways of offensive and defensive operations. This book deals with the concept of "information war", covering its development over the last two decades and seeks to answer the following questions: is the control of the information space really possible remains or she a utopia? What power would confer such control, what are the benefits?

Articles, sites et liens

Événements

18 février le Forum du Futur a le plaisir de vous inviter le jeudi 18 février 2016 de 18h00 à 20h00 à l'Ecole militaire amphithéâtre DESVALLIERES à une conférence-débat sur le thème : "La modernisation de la France, l'enjeu de la confiance" par : M. Hervé SERIEYX, ancien chef d'entreprise, ancien Délégué interministériel à l'insertion des jeunes, Auteur de : "Le choc du réel" et "La confiance, mode d'emploi". Comme la conférence de M. Frédéric SUTTER du 21 janvier 2016, l'intervention de M. Hervé SÉRIEYX s'inscrit dans le cycle d'évènements que Minerve et le Forum du Futur ont décidé de développer conjointement sur le numérique. Inscriptions

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/2542

Fil des commentaires de ce billet