Voilà en effet une des choses les plus intéressantes de cet ouvrage : il montre la complexité de la société pakistanaise, aussi bien dans les villes que dans les campagnes.
Ainsi, on voit bien la différence entre Islamabad et Rawalpindi (la capitale administrative) mais aussi les réactions de la rue ou encore les vanités de l'entourage de Benazie Bhutto. De même, dans les campagnes, on sent le tiraillement d'une population écartelée entre la pression des talibans et la recherche d'un mode de vie juste et équitable.
Ces découvertes sont très bien servies par l'histoire mais aussi par un dessin qui sait croquer expressions et paysages, situations et psychologies. Signalons qu'Hubert Mauray est un cyrard, reconverti dans la diplomatie et désormais se consacrant à plein temps à sa vraie passion, le dessin.
Voici donc un utile contrepoint aux articles savants ou aux déclarations àl'emporte-pièce sur le pouvoir pakistanais.
S Caron et H Maury, Le pays des purs, La boite à bulles, 2017, 25 €. 4ème de couverture : Le 27 décembre 2007, la ville de Rawalpindi, au Pakistan, est la proie de violentes émeutes, suite à l’assassinat de Benazir Bhutto, principale opposante au régime en place. Dans la foule, Sarah Caron, photographe française, saisit avec son appareil les moindres détails de la scène. Mais très vite, la jeune femme est repérée et se retrouve poursuivie, craignant pour sa vie. Un mois plus tôt, Sarah rencontrait Benazir Bhutto afin de réaliser une série de portraits commandée par le magazine Time. Une entrevue difficilement décrochée et qui, par un pur hasard, survenait le jour même de l’assignation à résidence de l’opposante. Une aubaine pour Sarah : pendant 4 jours, elle se retrouvait aux premières loges de l’actualité ! De jour, elle mitraillait les lieux, de nuit, elle transférait ses clichés. En immersion totale et au gré des commandes, la jeune femme passe cette année-là du monde de l’élite pakistanaise à celui des talibans, avec l’aide d’un fier guerrier pachtoune. Son objectif est une arme dont elle se sert pour frapper les esprits et franchir les frontières, qu’elles soient physiques ou culturelles, et ce malgré le danger des lieux et des situations. Une immersion sous-tension dans le hors-champ du reportage photographique, vu sous toutes ses coutures.
O. Kempf