Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Jurong Island (Th. Berlanda)

Voici un livre plaisant et plus fin qu'un simple polar d'espionnage. Donnons en d'abord l'argument : un cartel de firmes multinationales extrêmement puissantes prend peu à peu le contrôle des organes politiques des États de la planète. Disposant de capacités illimitées, il lance une cyber agression d'ampleur sur la France (blocages des feux rouges et des centrales électriques). L'héroïne, Justine Barcella, est tirée de sa retraite toscane par un micro réseau de résistants conscients et au terme d'un périple aventureux, atteint le cœur informatique de l’organisation basé sur l'ile de Jurong, île artificielle au sud de Singapour.

source

Nous voici donc face à des situations assez classiques : la grande organisation, le héros qui sauve le monde, etc. C'est d’habitude lassant à cause de l'invraisemblance des situations. C'est ce qu'on craint au début de la lecture : que le livre soit banal dans l'exploitation de codes utilisés ad nauseam.

Heureusement, le traitement est plus fin. D'une part, l'action se place dans un temps légèrement décalé, une anticipation d'une dizaine d'années qui permet de gommer les invraisemblances les plus flagrantes tout en restant dans un univers psychologique très proche de la société que nous connaissons aujourd’hui. D'autre part, cette vraisemblance fait que l’omniprésence du cartel n'est pas absurde. L'auteur prend un malin plaisir à lancer des allusions aux grandes puissances de ce temps, GAFA, NATU et autres BATX.

C'est d'ailleurs ce qui donne un intérêt croissant au livre. Derrière la fable du roman d'espionnage, Thierry Berlanda dresse le portrait d'une société fliquée et eugéniste où les ressorts habituels de pouvoir s'estompent et où les libertés individuelles s'affaissent. C'est ce qui rend le roman très attachant. Il est d'ailleurs évident, à le lire, qu'il n'aurait pas pu être écrit par un Américain.

Bref, un vrai plaisir de lecture en même temps qu'une fable habile qui en fait un peu plus qu'une distraction.

A recommander chaudement.

Olivier Kempf

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/2184

Fil des commentaires de ce billet