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France-Italie : une crise plus profonde qu'il y paraît

En février, j'avais été participer à Gênes à un festival de géopolitique organisé par Limes, la revue italienne de Géopolitique. J'étais intervenu sur le thème des rapports entre la France et l'Italie. On était alors au sommet de l'animosité qui s'est depuis calmée. Mais si ces rapports ne démangent plus trop et font moins de bruit, cela ne signifie pas que tout va pour le mieux. Bref, un texte publié 9 mois après.... A vous de vous faire votre idée.

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France-Italie : une crise plus profonde qu’il n’y paraît

Le dissentiment entre la France et l’Italie était observable depuis plusieurs mois : la preuve, ce colloque est organisé depuis l’été et notre table ronde est prévue depuis ce temps-là. Cependant, l’escalade de ce début d’année a fait la une des journaux au point qu’il faille parler de crise « sans précédent depuis la fin de la guerre », selon les mots du quai d’Orsay.

Cette crise a pourtant plusieurs dimensions. Elle est évidemment une affaire de politique intérieure des deux côtés des Alpes, chacun des protagonistes faisant face à de profondes difficultés internes et ayant trouvé dans la dispute le moyen de se positionner. Le calcul politicien l’a largement emporté sur le calcul diplomatique, c’est une évidence. Mais le terreau était là.

Car la crise est aussi, plus profondément, une crise franco-italienne qui remonte loin. Il y a eu incontestablement une certaine arrogance française, il y a eu aussi des maladresses italiennes : il y a surtout un négligence réciproque sous-jacente qui est dommageable, tant elle témoigne de l’absence de vision régionale plus encore que bilatérale.

Car voici au fond le troisième caractère de cette crise : elle est européenne. Aussi bien une crise évidente de l’Union Européenne mais aussi, paradoxalement, une européanisation des débats politiques.

Est-ce seulement une affaire de politique intérieure ?

Le différend franco-italien n’aurait pas existé s’il n’y avait pas eu E. Macron, et s’il n’y avait pas eu L. Di Maio et M. Salvini. Les trois se ressemblent finalement par bien des aspects, malgré leur opposition profonde.

Macron, le Jupiter inconscient

Emmanuel Macron a en effet été élu par surprise au printemps 2017. Il a bénéficié d’un double écroulement : celui de la gauche, entraînée par le fond autant par la présidence de F. Hollande que par un logiciel idéologique épuisé ; celui de la droite qui avait campagne gagnée jusqu’à ce que le favori, François Filon, ne soit plombé par des soupçons sur sa moralité. Il ne restait que Marine Le Pen au deuxième tour. Macron l’emporta aisément mais pas très brillamment (60 % des suffrages au deuxième tour, dans un contexte de Front républicain) sachant que son socle électoral de premier tour était assez faible (24 %) et dans un contexte de grande abstention. Malgré les louanges incessantes de la presse, vantant un mélange de Kennedy et d’Obama, malgré son charme indéniable, malgré sa chance insolente, il n’avait pas convaincu plus que ça. Il crut cependant que son destin n’avait pas été seulement de renverser la table d’un jeu politique épuisé, mais qu’il le mandatait à conduire un programme de réformes finalement très conventionnel, dans la droite ligne du libéralisme européen.

L’état de grâce permit de conduire la réforme de la SNCF, déjà de façon crispée. Cependant, les macroniens étaient très inexpérimentés et leur manque de sens politique assez flagrant. Le président maniait tout le monde à la baguette. Se désignant Jupiter, il se croyait au moins l’égal de De Gaulle. C’était ne pas comprendre que les circonstances avaient changé. Le vieux pays encore ordonné des années 1960 avait beaucoup plus changé qu’on ne l’avait dit. Il se cabra.

C’est le propre des premiers révolutionnaires que de croire qu’ils peuvent maîtriser le flot dont ils ont ouvert les vannes. Quasiment toujours, ils sont finalement emportés par lui et d’autres viennent, encore plus radicaux ou habiles, qui les mettent à l’écart. On le sait depuis le passage de 1789 à 1793, plus tard des mencheviks aux bolcheviques. Elu sur le renvoi du vieux système, Macron croit qu’il pourra s’appuyer quand même sur les institutions.

Une crise française persistante

La crise s’annonça dès l’été. Le président connaissait une décrue dans les sondages, normale pensait-on. Voici qu’au début de l’été, un de ses conseillers, A. Benalla, était accusé d’avoir violenté des manifestants, sous un déguisement de policier. On découvrit alors un système très opaque de privilèges, un président isolé, un entourage mutique et apparemment sourd. Surtout, le président se raidit, couvrit son subordonné, clama d’une vois trop haut perchée, devant des députés réunis pour l’occasion : « Qu’ils viennent me chercher ». La France apprit que le macronisme n’était pas un programme, mais une bande autour d’un chef.

L’automne vint. Avec lui, les Gilets jaunes, mouvement improbable que personne n’avait vu venir et qui jeta des dizaines de milliers de manifestants dans les rues chaque samedi, sans même parler de l’occupation de ronds-points où se recréait une sociabilité perdue dans la vie moderne. Il ne s’agit pas ici d’analyser les ressorts du mouvement : toujours est-il que beaucoup voulaient justement « chercher » le président, qui était finalement le principal point commun des manifestants, à cause de l’hostilité qu’il inspirait.

Trois mois après, les manifestations continuent et le mouvement bénéficie toujours d’un large soutien de l’opinion, 70 % des Français « le comprenant ». Quant au président, il ne rassemble le soutien que d’un cinquième à un quart des Français, ne réussissant pas à élargir son socle électoral, malgré le désordre politique évident. Au fond, il apparaît plus comme un déclencheur que comme une solution : c’est gênant quand on se croit Jupiter.

E. Macron est donc dans une situation difficile car la crise intervient finalement très tôt dans son quinquennat. Il risque d’être bloqué dans sa volonté de réforme et ne veut pas terminer comme un roi fainéant. Aussi est-il enclin à rejouer, plus que jamais, le clivage qui lui a permis d’arriver en tête : celui de l’hostilité à l’extrême droite. Et puisque Marine Le Pen est habilement silencieuse à l’intérieure, il lui faut trouver un adversaire à sa mesure. Ce seront les dirigeants italiens. Passons sous le prétexte qui a causé le rappel de l’ambassadeur de France et l’émission d’un communiqué très dur du ministère des affaires étrangères. Il est vrai que l’expédition de M. Di Maio en France, à la rencontre des Gilets jaunes, est tout sauf courtoise et qu’il venait précisément rencontrer des acteurs de la vie politique intérieure française. C’est à l’évidence contre tous les usages et, à proprement parler, une incursion politique que Paris ne pouvait laisser passer.

MM. Salvini et Di Maio, duettistes improbables

Car à Rome aussi, on avait tout mis par terre. Le gouvernement de Matteo Renzi (élu finalement sur les mêmes prémisses que celui d’E. Macron, ce qui devrait attirer plus d’attention de la part des politistes) était devenu extrêmement impopulaire, perdant les élections qui virent la victoire de deux mouvements contradictoires mais partageant la même volonté de mettre bas le système.

D’un côté, une Lega renouvelée sous la houlette de Mateo Salvini, partie d’un mouvement régional nordiste pour s’élargir à l’ensemble de la péninsule. De l’autre, Luigi Di Maio, à la tête du mouvement Cinque Stelle, regroupement un peu anarchique des refuzniks du système. Deux mouvements marginaux ayant finalement peu de choses en commun, sinon le refus de l’existant et la volonté de passer à autre chose. Il ne s’agit pas ici de vous l’expliquer car vous êtes bien plus au fait de ces nuances, simplement d’exposer comment ces deux mouvements sont perçus de l’autre côté des Alpes.

Or, la dynamique de ces mouvements n’est pas homogène, tant M. Salvini prend des initiatives qui lui donnent l’avantage sur son allié mais concurrent, ce que l’on observe dans les élections régionales récentes. Là réside probablement la cause de l’initiative de M. Di Maio, désireux de trouver des alliés en Europe. En effet, la Lega se rapproche assez facilement des mouvements européens de droite radicale, et notamment du Rassemblement National de Marine Le Pen en France. Cinque stelle est un mouvement différent, sans ligne politique très claire et ayant donc des difficultés à trouver des alliés.

Il s’agissait donc pour M. Di Maio de faire un coup d’éclat, inspiré par deux considérations : tout d’abord, se démarquer de son partenaire de gouvernement qui est en même temps un concurrent sur la scène politique intérieure ; mais aussi démontrer que le mouvement a une signification européenne : de ce point de vue, le mouvement des Gilets jaunes procède finalement des mêmes racines que le M5S et cette rencontre revêtait une signification importante, dans la perspective des élections européennes à venir et au-delà, de la constitution de groupes parlementaires à Strasbourg.

Une signification européenne

Voici donc deux dynamiques politiques intérieures qui s’insèrent dans une perspective européenne, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. On ne peut en effet résumer la crise à une simple crise bilatérale, sur laquelle nous reviendrons. Elle possède en effet une dimension européenne.

E. Macron n’a cessé de clamer son programme européen, manifesté par exemple dans le discours de la Sorbonne, prononcé en septembre 2017, quelques mois seulement après son élection. Ce plaidoyer a pourtant eu du mal à s’incarner dans la réalité politique européenne : M. Macron s’est en effet fâché avec de nombreux gouvernements européens, notamment d’Europe centrale et orientale. Au fond, il émet une approche morale qui lui fait condamner les mouvements qui s’écartent, à ses yeux, de l’idéal européen : on pense bien sûr à la Hongrie de V. Orban, mais aussi à la Pologne et bien sûr, à l’Italie.

Il dénonce ainsi l’illibéralisme de ces partenaires, suggérant même (novembre 2017) de conditionner l’octroi des fonds européens au respect de l’Etat de droit, à l’occasion du prochain budget pluriannuel de l’Union, qui sera LE débat européen à partir de l’automne. De même, il n’hésite pas à se présenter comme « le principal opposant » de MM. Orban et Salvini sur le dossier des migrants : « Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ce discours de haine. S'ils ont voulu voir en ma personne leur opposant principal, ils ont raison » dit-il en août 2018. E. Macron voit ainsi une opposition politique qui traverse l’Europe, affirmant : « Il se structure une opposition forte entre nationalistes et progressistes ». Ainsi, Macron se voit à la tête d’un « arc progressiste ». Il y a là encore des arrière-pensées politiciennes puisque M. Orban fait partie du groupe PPE au Parlement européen, celui des conservateurs. Au fond, M. Macron souhaite reproduire en Europe le même dynamitage des clivages qui l’a conduit au pouvoir : faire éclater les groupes traditionnels pour constituer un groupe centriste majoritaire. Notons que cet éclatement du clivage ancien entre droite et gauche correspond très fortement à celui réalisé par l’attelage entre Lega et M5S. Au fond, même s’ils ont des lignes différentes, les dirigeants français et italiens ont des points communs.

Le seul problème d’E. Macron vient de ce que ses alliés naturels ne le suivent pas autant qu’il le voudrait : les Allemands poursuivent leur approche prudente qui convient à leurs intérêts et ne ils voient pas la nécessité du grand chambardement suggéré par le président français. Ce sont aujourd’hui les principaux bénéficiaires de la structure politique et économique européenne et ils se méfient de l’activisme d’E. Macron. Ce ne sont pas les seuls : à preuve, le gouvernement hollandais vient d’entrer subrepticement au capital d’Air France KLM, sans avertir Paris, afin de contrôler les initiatives de Paris sur ce dossier économique. Cette initiative défiante montre que l’Italie n’est pas le seul pays avec lequel Paris a des problèmes.

Économiquement en effet, la France continue de ne pas rassurer les tenants de l’ordo-libéralisme européen, rassemblés autour des Allemands. Si les Italiens ont testé les autorités européennes sur leur budget, constatons que les Français ne rassurent pas Bruxelles, surtout après avoir débloqué dix milliards d’euros pour calmer les Gilets jaunes et alors que les fondamentaux du pays ne sont pas des plus brillants.

L’auditeur italien pourra se dire que finalement, les situations des deux pays se rapprochent beaucoup, aussi bien vis-à-vis de la politique économique européenne que de l’établissement politique en place à Bruxelles et Strasbourg.

Ces considérations amènent à une conclusion partielle : la crise franco-italienne est la manifestation d’un débat plus large, européen, qui traverse tous les pays, avec bien sûr des expressions différentes mais qui toutes, tournent autour d’un débat commun : Quelle Europe voulons-nous ? Comment l’amender alors qu’elle est visiblement en crise ? Comment résoudre la « polycrise » décrite par J.-C. Juncker ? stagnation économique, poids dominant de l’Allemagne, crise des migrants, défis de l’Amérique trumpienne, développement de mouvements populaires antisystèmes, voisinage russe, voisinage méditerranéen en sont des expressions multiples mais qui pose une question d’abord européenne.

L’Europe fait évidemment partie de la réponse à ces questions géopolitiques. Mais force est de constater qu’il y a ici un particularisme franco-italien, qu’il s’agit de décrire.

Différends géopolitiques de part et d’autre des Alpes

Obsessions françaises

Il convient de revenir ici sur la psyché française. Elle tourne autour de la question de la puissance. La France a été une superpuissance, elle sait qu’elle ne l’est plus depuis la Seconde Guerre mondiale. Se pose alors la question de son rang : est-elle une grande puissance ou juste une puissance moyenne ?

Objectivement, elle demeure une grande puissance (poids économique, siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, langue internationale, rayonnement diplomatique mondial, possession de la bombe nucléaire, activisme militaire). Mais la crainte du déclassement l’obsède, surtout depuis le désastre de juin 1940. Cela explique son besoin d’un multiplicateur de puissance. Ce fut longtemps l’empire colonial mais sa disparition à la fin des années 1950 mit fin à ce rêve. Voici pourquoi elle choisit l’Europe, décision prise par le général De Gaulle au début des années 1960 : une Europe qu’il voulait contrôler afin de faire le poids vis-à-vis de Américains et des Soviétiques. Quelque furent les évolutions politiques depuis soixante ans, cette obsession demeure en France et explique par exemple que les élites parisiennes ne cessent de parler d’« Europe de la défense », expression ambiguë et intraduisible, donc totalement incomprise par nos partenaires européens.

Ce mythe de la puissance perdue explique également l’obsession allemande et corrélativement, la négligence envers les autres Européens. Au fond, il s’agit de tirer parti de la puissance économique allemande pour acquérir un poids politique suffisant et peser dans les affaires du monde. Ce faisant, la France adopte, sans s’en rendre compte, un complexe de supériorité envers les autres : c’est vrai des Belges, des Espagnols et bien sûr, des Italiens. Souvent, la France adopte envers beaucoup l’attitude dominatrice qu’elle reproche tant aux Américains, voire aux Allemands.

Raidissements italiens envers l’expansionnisme économique

Simultanément, la France se trouve très à l’aise avec ses voisins latins et ne se rend pas compte qu’elle agace. Les médias français ont beaucoup évoqué la rivalité entre MM. Macron et Salvini, bien peu ont remarqué à quel point la France était décriée en Italie, avant même l’arrivée d’E. Macron au pouvoir. Cela peut tenir à un certain expansionnisme économique (investissements de Bolloré dans Mediaset ou Telecom Italia, rachat de Moncler par Eurazeo, de Parmalat par Lactalis ou de Bulgari par LVMH). Ainsi, les acquisitions françaises en Italie (52 milliards d’euros entre 2006 et 2016 contre 7,6 milliards d’euros d’acquisitions italiennes en France durant la même période) nourrissent une méfiance croissante et des appels au patriotisme italien. Elles expliquent également la dispute sur la question du rachat des chantiers de l’Atlantique par Fincantieri, qui a été un temps bloqué par le gouvernement français ce qui a été mal vécu par Rome. On pourrait enfin évoquer la question de la ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin (le TAV), promue par les Français mais source de trouble chez les Italiens, non pas parce que cela vient de la France mais parce que les deux partenaires principaux de la coalition ont des points de vue différents sur le sujet, la Lega étant d’accord, le M5S s’y opposant.

Méditerranée, cause de discorde

Sur le versant plus géopolitique, les deux voisins ont manifesté leur désaccord notamment sur le problème des réfugiés. Il ne s’agit pas seulement de la question de l’immigration mais aussi des vagues de migrants traversant la Méditerranée et arrivant, pour beaucoup, en Italie. Or, la solidarité européenne et notamment française n’a pas fonctionné. Convenons que cela arrangeait bien Paris qui pouvait poursuivre ses manifestations publiques de vertu européenne sans accroître l’accueil interne de réfugiés, question également très sensible en France. Là encore, le différend bilatéral rend visible une question qui est d’abord européenne, même si les deux pays sont sortis temporairement de Schengen (la France sur la totalité de ses frontières, l’Italie pour sa frontière avec l’Autriche).

Mais ce sujet pose aussi la question de la Méditerranée, espace commun entre les deux pays, notamment la Méditerranée centrale et occidentale. Les deux pays devraient pourtant partager une approche commune et l’ont d’ailleurs longtemps eue (dialogue 5+5, EUROFOR, EUROMARFOR, Force de Gendarmerie européenne). Mais les choses se sont étiolées au cours de la dernière décennie, notamment à la suite de l’affaire libyenne. On sait qu’elle fut déclenchée par Nicolas Sarkozy, sans consulter ses alliés et que l’Italie s’y rallia, obtenant que cela passe sous commandement de l’OTAN. Pourtant, le chaos qui s’ensuivit a renforcé une certaine amertume romaine. D’une part, envers un déclenchement hâtif et des buts de guerre peu identifiés qui allèrent jusqu’à la chute du régime, avec le désordre consécutif, source première des migrations en Méditerranée centrale ; d’autre part, à cause de l’arrivée de la France en Libye, considérée comme un champ traditionnel d’influence italienne, depuis au moins la colonisation du début du XXème siècle. Or, les initiatives diplomatiques de Paris et de Rome se succèdent sans coordination, démontrant une sorte de rivalité latine et de lutte des egos assez infantile et surtout, sans guère d’effets sur le terrain. Mais si le dossier libyen est marginal pour Paris, beaucoup plus préoccupée de la bande sahélo-saharienne ou du Proche-Orient, elle est au contraire beaucoup plus centrale dans la politique extérieure de Rome qui est donc beaucoup plus susceptible sur ce dossier. Ceci explique également les sorties un peu outrées de Matteo Salvini sur le franc CFA ou le néocolonialisme français en Afrique, qui trahit plus l’impensé italien que la réalité actuelle, malgré tout fort éloignée de la « Françafrique » du général De Gaulle.

Conclusion

Nous pourrions évoquer cette psyché italienne qui anime sa géopolitique contemporaine : ce n’est ni le lieu ni le moment mais notons ici que s’il y a des obsessions françaises, il y a également des obsessions italiennes qui jouent incontestablement dans les rapports franco-italiens.

Ces dynamiques de fond s’insèrent dans un double contexte. Il est européen, en arrière-plan mais déterminant car la plupart des discussions entre Paris et Rome portent aussi sur l’Europe que les deux pays fondateurs envisagent pour la construction européenne. Mais il est aussi le fait des circonstances marquées par les personnalités au pouvoir dans les deux voisins transalpins. Les personnalités sont marquées et fortement différentes, tirant d’ailleurs parti de leur opposition qu’elles mettent volontiers en scène. Cependant, elles font courir un risque, celui d’abimer durablement une relation qui est naturellement celle de la proximité ; au-delà de la culture, il s’agit d’abord d’une communauté de tempérament qui font Français et Italiens si proches et si complices. Les responsabilités de cette crise sont évidemment partagées mais il est plus que temps de sonner le holà et de revenir à de meilleurs sentiments et des rapports plus courtois. Il semble que les deux capitales en aient pris conscience et soient en train de raccommoder les choses. Mais les temps sont désormais tellement imprévisibles que l’embellie actuelle reste encore bien fragile.

Olivier Kempf

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