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Mad Maps

Le temps de Noël arrive, vous n'avez pas encore fait vos cadeaux, vous ne savez pas quoi demander (peu crédible) ou offrir à un de vos proches qui lui est fana géopolitique - géographie - cartographie (barrer la mention inutile). Voici ce qu'il vous faut : Mad Maps, sorti à la rentrée mais qui est particulièrement pertinent en ces temps de rêve (non, je n’ai pas dit grève ni trêve).

Voici donc un atlas qui propose de nouvelles "représentations du monde" ; exercice typiquement géopolitique. J'y apprends par exemple que le mot "statistiques" vient de l'anglais "state" : pas de cartographie sérieuse sans bonnes données dessous, c'est ce que j'avais appris en travaillant avec un cartographe sur un de mes bouquins. Du coup, voici par exemple une carte qui donne les taux de natalité en effaçant les frontières (p. 73).

Si les anamorphoses sont désormais choses assez courantes, superposer la France géographique, la France routière et la France ferroviaire présente un intérêt certain (p. 64).

Plus original : écrire sur la carte au moyen de ses traces GPS, c'est désormais possible sur OpenstreetMap (p. 83). On s'interrogera aussi sur les jeux de couleurs de nos cartes : rouge ? jaune ? (PP. 90 à 93), ou on s'amusera de la forme de la prochaine Pangée, dans 250 millions d'années (p. 120).

Vous l'avez compris : cet ouvrage est fait pour surprendre à coups de cartes, donc à interroger, donc à rendre plus intelligent grâce au décalage volontairement recherché avec le sérieux de la discipline. Mais ce n'est pas parce qu'on sourit souvent que cela n'est pas sérieux.

Voici au fond un atlas déclencheur d'interrogations, incitant à aller plus loin. Bref, idéal pour Noël et votre proche sera ravi de la bonne idée que vous avez eue.

Mad Maps, par Nicolas Lambert et Christine Zanin, Armand Colin, 2019, 19,9 euros.

Commentaires

1. Le lundi 16 décembre 2019, 10:04 par PSS

statistique ne vient ni de l'anglais ni du Royaume uni....
le terme vient du latin et de l’indo-européen en amont « se tenir ferme, solide »

Concrètement c’est l’Italie qui a employé le terme, autour de la conception de ce qu’est l’état et je dis que Machiavel avait une approche pré-scientifique, normative de la norme de gouvernance, qui pouvait déboucher sur la « statistique » terme inventé par l’allemand Achenwall près d’un siècle avant que le RU n’importe, via John Sinclair le terme et le concept créé, donc, par un économiste et philosophe allemand (1748). Il manquait davantage l’outil mathématique que la conception philosophique à Machiavel pour forger le terme/concept, le conduisant vers l’impasse de la référence historique comme norme, comme cadrage de l’action pour expulser le sentiment, pour tendre à la « vertu » comme dit Machiavel

le terme rare statisme est d’ailleurs employé dès l’époque de Machiavel (un peu après, dans sa lignée, dis-je, seul) par François de la Mothe Le Vayer, qui lui aussi recommande de se référer aux grands anciens; aujourd’hui il ne reste que sous la forme dévoyée de « végéter »

pour le reste (technique), l’école statistique anglaise a été extrêmement importante parce que le RU a inventé l’assurance moderne, en parallèle de ses activités maritimes, mais aussi et avant tout via le viager devant (là encore reflet de son commerce maritime) le risque de peste (John Graunt et ville de Londres avec ses tables de mortalité): tandis qu’italiens ou français étaient dans l’optique lucrative du jeu, eux étaient dans une optique pré capitaliste, rationnelle (protestante…) de la chose: les uns cherchaient des martingales devant les tables de jeu, quand les autres faisaient des affaires industrielles autour du pari consécutif à la volonté d’hommes de se rassurer moyennant paiement, ou d’hommes d’état faisant le lien entre la situation économique et l’état des finances de leur personne/royaume. La France se tournant là aussi vers une impasse (pourtant très féconde, invention de la comptabilité nationale) avec les Physiocrates (Sir John Sinclair introducteur du terme statistique au UK est un agronome scientifique descendant de cette école française, la Secte), appliquant le référent médical à la gouvernance, quand plus tard toute une école française appliquera la référence mécanique, autour de la notion.. d’équilibre (Walras).

Si Graunt s’est greffé sur une gouvernance anglaise qui à l’époque précise de Machiavel avait déjà établi les mortality bills à Londres, créant la conception et le besoin, la technique doit à beaucoup de gens/écoles, parmi lesquels les Français ne sont pas nuls (Fermat, Laplace etc. dont Pascal et son pari!) mais le premier est le Brit Bayes (d’où la confusion de ta source), le premier pote de tout étudiant en économie/statistique, sans oublier le suisse (donc allemand) Bernoulli et l’allemand Gauss

un bouquin remarquable (et pas si facile que le prétend l’éditeur) sur le sujet de l’histoire de la mesure « des risques » (bon on dirait occurrences, risque est un biais, fort utile, d’accord) est "Plus forts que les dieux" de Bernstein chez Flammarion

la statistique est certainement la branche la plus passionnante, vivante des mathématiques, je dis ça en toute objectivité… avec la logique booléenne elle est un outil de surclassage de tous dans la vie car, par quasi définition, elle est l'intelligence…donnant une complexité et fluidité redoutable à la pensée
PSS

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