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Clausewitz (Livre II, chap. 5) « La critique » (pp. 156-160)

J’intitulerai cette sous-partie « la critique doit-elle connaître le dénouement ? ».

1/ « Est-il licite, ou impératif, pour la critique de se placer du point de vue de sa meilleure connaissance de l’événement, y compris de son dénouement ? Quand et où lui faut-il s’abstraire de cette connaissance afin de se replacer exactement dans la situation de celui qui dirigeait l’action ? » (p. 156). Cette question méthodologique est d’importance, et elle revêt une acuité qui n’est pas forcément aperçue de nos jours. En effet, à lire les publications du CDEF, on ne cesse de lire des appels à l’utilité de l’histoire militaire et de ses vertus d’enseignement. Fort bien, mais il y a un présupposé épistémologique derrière que soulève ici Clausewitz, et qui n’est omise par nos penseurs contemporains.

2/ Or, « si la critique désire distribuer le blâme et l’éloge, elle doit en tout cas se placer exactement dans la position qu’occupait le chef militaire ». Même si : « il manquera donc toujours à la critique bien des éléments présents à l’esprit du chef » (p. 157).

3/ Pourtant, « il est encore plus difficile pour la critique de ne pas tenir compte de ses connaissances excessives ». « Il est tout à fait normal d’examiner les événements à la lumière de la totalité ». « cela ne vaut pas seulement pour le dénouement (...) mais aussi pour les antécédents ». Ainsi, en fin d’étude,que CVC affirme « nous affirmons qu’il est aussi impossible de s’abstraire de cette connaissance que de celle du résultat ».

4/ C’est qu’il y a une raison majeure à cette distanciation : « qui oserait être doué de la virtuosité d’un Frédéric le Grand ou d’un Bonaparte ? » (p. 158).

5/ Il y a toutefois une difficulté : « si le critique se met en avant et attribue pompeusement à sa grande sagesse la science qui lui vient d’une connaissance parfaite de la situation ». CVC prend ainsi l’exemple de la campagne de Russie de 1812. « même si les résultats de la poussée vers Moscou avaient été meilleurs encore, auraient-il inspiré assez de terreur (notons encore cette notion d’effroi, vue au billet précédent, et qui paraît donc essentielle à la victoire) au tsar Alexandre pour le pousser à la paix ? » (p. 159). En revanche, « si le tsar Alexandre avait concédé une paix désavantageuse, la campagne de Russie aurait pris place aux côtés des campagnes d’Austerlitz, Friedland et Wagram ». Bref, le sort des armes ne suffit pas forcément à déterminer la justesse des manœuvres conduites. Il faut autre chose. C’est au critique de l’analyser. Il serait donc bon que nos historiens militaires relisent et surtout méditent ces lignes du maître : quitte d’ailleurs à les ‘critiquer’....

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 24 janvier 2009, 14:06 par

ca peut etre vrai :)

2. Le samedi 24 janvier 2009, 14:06 par

ca c vrai!! merci :)

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