Minorités russes
Par Olivier Kempf le dimanche 26 avril 2009, 21:24 - Toutes les Russies - Lien permanent
J'ai le sentiment que le problème des minorités russes revêt aujourd'hui la même importance que la question des minorités allemandes dans les années 1920.
Elles sont disséminées dans les pays Baltes (notamment en Estonie, sans parler de l'enclave de Kaliningrad), dans les petites Russies (Biélorussie, Ukraine, Transnistrie), et elles se renouvellent (création de "Russes de l'extérieur " au moyen de la distribution de passeports en Abkhazie et en Ossétie du sud). Personne n'admet que la Russie ait reconnu ces deux républiques "indépendantes". Que dira-t-on lorsqu'elles deviendront des républiques "russes", rejoignant la fédération de Russie ?
Enfin, si elle est plus discrète, la question des minorités russes n'est pas moins sensible en Asie centrale.
Anecdotique ?
Sauf que la Russie et ses voisins font aujourd'hui face à une crise aussi violente que celle de 1929 !
O. Kempf
Commentaires
Je suis du même avis que vous. Et les événements de cet été posent une espèce de jurisprudence tacite.
EGEA: da !
Bonjour ,
V. Poutine a en effet parlé de " plus grande catastrophe géopolitique du XX eme siècle " le fait qu'avec la disparition de l'URSS des millions de *Russophones* se sont retrouvés en dehors du territoire de la Fédération de Russie .
Toutefois il faut relativiser la comparaison avec les minorités Allemandes de 1929 .
1- Une des axes de la politique Russe ces deux dernières années a été de favoriser le retour au pays natal de ces Russes de l'étranger . Bien sûr la crise économique va limiter les effets de cette politique .
2- L'autre axe a consisté à fédérer ( sous la supervision du Kremlin ) les Russes vivant à l'étranger . Cette politique concerne aussi bien les minorités Russes que les Russes émigrés en Allemagne , en France ou en Uruguay . Il s'agit de créer des " relais d'influence " de la Russie dans les pays concernés . L'un des exemples a été la mobilisation de la diaspora Russe à Strasbourg lors de la guerre en Géorgie .
Cette politique concerne aussi les petits-enfants et arrière petits-enfants de l'immigration " Russe-blanche " . Il m'arrive d'en fréquenter et ceux ci sont sensibles à cette politique .
TOUTEFOIS
1- La diplomatie Russe demande à l'UE de se mettre d'accord avec ses principes concernant les minorités Russes de la Baltique , au point de vue du " droit des minorités " . Et là , elle joue sur sur du velours quand on analyse la politique intérieure de ces Etats .
2- Il n'y a pas de politique d' " Anschluss " . Ces minorités constituent des relais d'influence au sein d'Etats indépendants .D'autre part il n' y a pas toujours continuité territoriale ( Transnistrie , Ruthénie ) entre les territoires ou sont présentes ces minorités et les frontières de la Fédération de Russie .
3- Concernant la " jurisprudence " , le gouvernement Russe a invoqué le précédent du Kossovo pour justifier l'intervention en Abkhazie et en Ossétie du Sud . Si l'UE ferme les yeux sur une politique d'attribution de passeports aux Moldaves par la Roumanie , la Russie aura beau jeu d'en faire de même et de parler de " jurisprudence " pour délivrer des passeports aux Russes de Crimée .
4- Les minorités Russes de l'étranger semblent bien s'intégrer dans les Etats ou elles sont dispersées , mis à part dans la Baltique .
5- Comparer Natalia Vitrienko ( Crimée ) à Konrad Heinlein ( Sudétes ) me semble un peu réducteur , de la même manière que les associations de Russes à l'étranger ne constituent pas des relais comme l'AA ( Ausland Organisation ) . Il ne faut pas tomber dans le " reductio ad Hitlerum " .
6- Concernant l'Asie Centrale et la crise , c'est la Russie qui au travers des " gastarabeiters" immigrés dispose d'un moyen de pression sur les républiques d'Asie Centrale . La Russie est le " réservoir " où se déverse cette main d'œuvre qui ne trouve pas d'emploi chez elle et qui contribue à la survie économique de certains de ces Etats . Se souvenir de l'exemple de l'émigration Géorgienne .
Cordialement
EGEA :merci pour toutes ces précisions
Daniel BESSON