A propos des Cyrards

Le général de Lardemelle, commandant les Écoles de Coëtquidan, a publié dans le dernier Casoar un article dans lequel il ne évoque le départ régulier des Cyrards dès les premières années : "''Les départs de saint-cyriens dans la vie civile restent en quantité très mesurée, en particulier au regard de nos voisins alliés. Ces départs sont une chance, qui sert non seulement les intérêts de la défense de la France, mais aussi la qualité globale des officiers''."

JD Merchet s'en fait l'écho sur son blog, ce qui attire énormément de commentaires.

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Qu'on me permette les remarques suivantes :



1/ Il y a 25 ans, la promotion Gal Monclar était la plus petite de l'histoire, avec 152 officiers. Il y avait à l'époque plus de 300 000 hommes dans l'armée de terre. Aujourd'hui, une promo tourne à 160- 170 bazars, quand l'AT compte 130 000 soldats. Cherchez l'erreur.

2/ Il est donc "logique", du point de vue du jeune Cyrard, d'être très hésitant sur ce qu'on lui offre. Car force est de constater que s'il a l'assurance de commander un peloton/section comme lieutenant, il n'est déjà plus sûr de commander un escadron. Il a intégré qu'il serait très peu probable de commander un régiment (80 régiments, divisés par deux pour une passation de commandement tous les deux ans, font 40 TC offerts par an, dans les conditions actuelles de température et de pression). Enfin, on annonce aux brevetés du CID que 20 % d'entre eux ne passeront pas colonels.

3/ Un débat a lieu pour savoir si les jeunes cadres sortant d'école sont de bonne qualité (Cyr, EMIA, mais aussi Saint Maixent, etc.). Sans entrer dans ce débat, je m'interroge sur un point. Je constate que les jeunes Cyrards ne font qu'un stage de quinze jours en régiment, comme sergent, en espérant qu'il y ait une FGI à ce moment là afin de toucher du doigt la question du commandement. "oui mais, répond-on, ils commandent souvent avec des troupes de manœuvre à Coët". Pauvre argument, car ledit Cyrard aura la dite "troupe de manœuvre" pendant 8 à 12 h sous ses ordres. ON est bien loin des stages de trois mois des vieilles promo. A un moment, le Cyrard en 1ère année, fraichement formé comme aspirant, partait cinq mois en régiment commander un peloton d'instruction.... Autres temps, autres mœurs, certes.

4/ Parlons justement de notre temps. Et puisqu'on fait référence au civil regardons les grandes écoles civiles. Qu'observe-t-on ? qu'elles se préparent exclusivement au premier métier. Et qu'elles ont abandonné tout un tas de cours magistraux pour multiplier (le mot n'est pas trop fort) les stages pratiques en situations : vrai pour les ingénieurs et pour les commerciaux. Conclusion : une grande école forme au premier métier. Il sera toujours temps d'élever le débat (MBA dans un cas, Diplôme d'état-major puis école de guerre dans l'autre).

5/ Comparaison avec les étrangers. Les anglo saxons ont des sociétés beaucoup plus fana mili que les nôtres. Passer par l'armée, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, fait partie du cursus honorum. C'est tout sauf anormal. Admettons, et sans déprécier tous les Cyrards qui sont partis dans le péquin et y réussissent, que c'est chez nous loin d'être le cas.

6/ Conclusion : je trouve le raisonnement du général de Lardemelle peu convainquant (avec tout le respect que je lui porte, cela va de soi : mais puisqu'il s'exprime sur la place publique, il est logique qu'il s'expose aux critiques constructives, n'est-ce pas?). Et je trouve qu'on recrute trop de Cyrards. Même si cette remarque n'a rien à voir avec la qualité de ceux qui sorte de la Spéciale.

O. Kempf

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