Géopolitique des rroms (roms)
Par Olivier Kempf le jeudi 28 mai 2009, 22:21 - Géopolitique européenne - Lien permanent
Cela fait quelques années que je m'interroge sur l'analyse géopolitique des roms (rroms, tsiganes, manouches, romanichels, ...).
C'est Joëlle Kuntz qui avait attiré mon attention sur le sujet, au détour d'un chapitre de l'excellent "l'adieu à Terminus" qu'elle avait écrit en 2004, et que je ne saurai trop conseiller.
Trop souvent, les livres sur la question privilégient l'approche sociologique sur le thème "c'est une culture à part, il ne faut pas les stigmatiser, etc...". Discours tout à fait estimable mais trop "défenseur des minorités" : pas assez analytique, à mon goût, trop militant.
Pourquoi cet intérêt ? parce qu'il s'agit d'un phénomène d'abord européen, donc directement dans le champ d'intérêt d'EGEA. Et que surtout voici une "nation" sans Etat (cela arrive à d'autres) mais surtout sans territoire, puisque son principal identifiant tient justement à l'errance. Reprenez la définition extensive de la géopolitique : "rivalité de puissance sur les territoires ET les populations qui y vivent" : c'est sous-entendre qu'une population est fixée à un territoire. Avec les roms, la migration est institutionnalisée. Je choisis d'ailleurs le mot d'institution à dessein : la loi est forcément celle du groupe, puisque c'est le facteur de fixité qui unit le groupe errant. Cette loi errante entrera mécaniquement en conflit avec les lois et institutions des pays traversés.
J'ai remarqué aujourd'hui un ouvrage qui me paraît mieux construit que ce que j'ai pu voir par ailleurs, car ne versant pas (trop) dans l'écueil culturaliste. Il s'agit de "Les rroms, une nation en devenir" de Morgan Garo, qui vient de paraître aux éditions Syllepse. Je précise que je ne l'ai pas lu, mais que l'approche géopolitique me paraît ici adéquate.
Puisqu'on y est, je mentionne également le blog "la voix des roms". Pour le coup, il s'agit d'un blog culturaliste et communautaire.
Je note enfin la difficulté à classer ce billet : je le place dans la catégorie "géopolitique européenne", ce qui est bien sûr insatisfaisant : cette difficulté de classement illustre, si besoin était, la perplexité que provoque cette altérité.
O. Kempf
Commentaires
Ce livre est en effet très intéressant, et pointe à la fois sur des analyses globales de la situation des Roms et sur des études de cas spécifiques. Pour une première approche de la question des Roms, en tant que nationalité sans Etat, que minorité sans territoire approprié, l'article de Grégoire Cousin, publié récemment dans la revue Espaces.Temps peut être une bonne introduction à la question de l'identité et des mobilités de ce peuple sans nation :
http://espacestemps.net/document772... Grégoire Cousin, "Rroms migrants.", EspacesTemps.net, Mensuelles, 16.04.2009
EGEA : merci de la référence que je ne conaissais pas.