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Le porte-avion, ou la base ?

Joseph Henrotin a donné une excellente analyse de la nouvelle base française d'Abu Dhabi, récemment inaugurée.

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Ne nous y trompons pas, même si Joseph fait semblant de croire qu'il y a encore le choix : cette base remplace le deuxième porte-avion, dont la décision était reportée à la fin de la loi de programmation, manière polie de dire "aux calendes émiriennes".

Pour deux raisons :

  • une stratégique, qui tient à la remise en cause de l'utilité des porte-avions. Pour cela, il faudra suivre avec attention le blog "Alliance géostratégique", dont le prochain thème mensuel évoquera "l'action stratégique en mer". Nul doute que ce débat sera soulevé avec passion. Mais certains expliquent aujourd'hui que "deux" porte avions ne sont pas nécessaires. Je n'ai aucun avis sur la question, mais je constate seulement l'existence du débat, qui n'avait pas lieu il y a seulement un an : alors, on disait qu'il fallait la permanence à la mer, mais que toute la question revenait à savoir s'il fallait la détenir "seuls" ou à plusieurs. Aujourd'hui, c'est la pertinence de cette action qui est aujourd'hui en débat.
  • l'autre financière : à supposer qu'on avait le choix il y a dix mois quand on a décidé de reporter à plus tard la décision, la crise économique actuelle ne laisse plus aucune marge. Le niveau de déficit budgétaire (aux alentours de 6%) est tel qu'il est inenvisageable de construire un 2ème PA. D'autant que les coûts de fonctionnement de l'IMFEAU (Implantation Militaire Française aux Emirats Arabes Unis selon le charabia officiel) seront mis forcément en balance avec le coût de fabrication du sister-ship du De Gaulle.

D'ailleurs, la base d'Abu-Dhabi (BAD ???!) est commandée par un marin.

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par Frédéric

L'''Implantation militaire française aux Émirats arabes unis'' (nom officiel) ne remplaceront pas un porte avions :
A ) : La BA 104 ne peut accueillir que 6 avions sur l'enclave qu'elle possède sur la grande base émiratie d'Al Dhafra.
B ) Les EAU ne vont pas se fâcher avec l'Iran en permettant à la France d'entreprendre des missions de reco ou d'attaque seule dans son coin.
C) La région est tout de même loin de l'Afghanistan ou les SEM du CdG allaient jeter quelques bombinettes ;)

2. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par

Très intéressant, repris sur http://www.acoram.com/dossier.php?rubrique=1

3. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par Frédéric

Au fait, les frais de fonctionnement (soit 15  millions d'Euro par an) seraient, selon l'EM Français, pris en compte par les Emirats ;

EGEA : Si en plus la base ne coûte rien, alors qu'un PAN a des coûts.... Je ne suis pas sûr que votre argument soit à l'appui du PAN que vous avez l'air de défendre. Cordialement,

4. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par BPCs

C'est sûr que cette base est un superbe coup d'échec : assurer la présence d'une base à proximité d'un des 3 foyers de crise possibles et si possible de le doubler d'une vente de rafales.
De surcroît, possibilité d'y baser éventuellement des ravitailleurs si soucis à Manas.
Voire si soucis sur la 2ème zone à soucis, l'Afghanistan, pour ce qui est d'y "larguer des bombinettes" , on peut remarquer que cette base est plus proche de cette zone que ne l'étaient les F-15 US basé au Koweït pendant Enduring Freedom, où pourtant ceux ci ont pu faire du loitering au dessus de l'A-Stan et des missions allant parfois jusqu'à 15 h pour les plus longues.
Donc potentiellement le contrôle de 2 zones à soucis et la vente de rafales : rien que du bonheur.
La troisième zone : le Liban restant potentiellement à portée de raids d'une AdA équipée de Rafales avec ravitailleurs.
Donc dans cette optique, qui est celle de garder des positions juste à l'Est de Suez (mais quand même, à la différence des Anglais) il n'y a effectivement plus besoins de porte-avions.
Sauf que l'histoire des 50 dernières années devrait rendre prudent dans cette affirmation maintes fois battue en brèche :
Guerre de Corée : les PA sauvent la mise aux troupes de l'ONU acculées dans le bas de la péninsule.
Falkland, l'Hermès décommissionné est rappelé et n'est plus vendu aux Australiens.
Enduring Freedom, les PA ont dû se coller à la côte pakistanaise pour diminuer le temps de vol vu que le loitering au dessus de l'Afghanistan générait une intense fatigue des équipages avec des missions de près de 10 h.
Iraki Freedom, les interdictions de survol contraint l'USAF à de longs contournement set nombre d'appareils n'arrivant pas à avoir la quantité de Fuel Bingo pour leur mission.

De sorte que pour une puissance se voulant "globale" comme la France, ou bien vous avez une solution à la question du loitering, type drones armés, regional bomber (je ne parle même pas d'un lourd) ou base locale que vous pourrez assurément utiliser
Ou bien vous avez besoin de 2 PA pour la permanence de service.
D'ailleurs quelles sont les conditions d'utilisation de la base des EAU :
Serait il possible de l'utiliser si l'Afghanistan et le Pakistan partent en dérive et qu'il faut y baser des Rafales pour des missions offensives sur des territoires musulmans ?

Sinon on joue effectivement avec une raquette trouée et il faut seulement espérer que la balle ne tombera pas dans le trou...

EGEA : je pense que vous évoquez  des arguments pertinents. Souhaitons que ce débat convainque les décideurs.

5. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par Karlosaure

Sans parler du fait que le porte-avions est LA puissance offensive anti-surface dans la doctrine OTAN et française, contrairement à la doctrine soviétique (de missiles anti-navires très longue portée, bombardiers longue portée en attaques massives, et sous-marins).
Alors l'abandon de la doctrine PA nécessite de revoir le format de notre flotte (actuellement on diminue le nombre de frégates de premier rang et d'avions de patrouille maritime, et notre missile mer-mer a une portée qui reste plutôt moyenne, sans parler de l'AM39)

EGEA : la question n'est pas, je crois, d'avoir UN porte-avion : mais d'en avoir un deuxième. Vous soulevez une question intéressante : notre doctrine s'accommode-t-elle de l'absence, de temps en temps, d'un PA ?

NB : je le répète, je n'ai aucun avis sur la question, je me contente juste de faire apparaître un débat sous-jacent

6. Le dimanche 31 mai 2009, 16:21 par PAntoine

Pour tenter une réponse simple à la question d'O.Kempf, il faut simplement être certain que de disposer d'un seul PA cela revient à ne pas en avoir du tout pendant les périodes d'indisponibilité pour entretien et réparation (IPER) du CDG. La question alors est : La France (et l'autorité politique suprême) est-elle prête à renoncer à jouer un rôle sur certains théâtres extérieurs?

Certes, la base d'Abu Dhabi apporte une plateforme d'envol placée à un endroit stratégique pour plusieurs théâtres d'opérations "up to date" mais quid de tous les autres pour lesquels seule la plateforme maritime mobile d'aviation embarquée -affranchie des contraintes juridiques terrestres- reste irremplaçable (Que vive la convention de Montégo Bay et la liberté des mers qu'elle consacre!). D'autant que comme le dit fort justement Frédéric, les EAU qui disent "oui" aujourd'hui sont susceptibles de dire "non" demain.

Tout à fait d'accord en revanche avec O.Kempf sur le coût du PA au regard de la "faillite" financière actuelle de notre pays (le déficit qui pèse sur nos enfants devient abyssal). Mais dans ce cas il convient de faire des choix (c'est l'honneur et le devoir des hommes politiques qui gouvernent). Si l'on renonce au second PA, c'est la capacité d'intervention en opération extérieure que l'on ampute gravement. La responsabilité des gouvernants est bien l'arbitrage avec l'obligation d'expliquer leurs choix (à défaut de réussir toujours à les faire partager). La RGPP qui devrait conduire à quelques économies budgétaires sur tous les ministères (y compris dans les deux sphères plutôt épargnées des dépenses de sécurité sociale et des collectivités locales) est l'une des solutions devant permettre de dégager les marges budgétaires nécessaires à la construction et à l'armement indispensables du second PA.

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