Les élections européennes se sont donc tenues dimanche dernier, en même temps que les élections libanaises (voir l'éditorial d'AGS sur le sujet).
Et pourtant, plus que d'une libanisation (découpage électoral selon des communautés fondées sur l'appartenance religieuse), j'ai plutôt l'impression que le scrutin européen témoigne d'une belgication.
Qu'est-ce à dire ?
Que la Belgique a échoué à construire un cadre politique national à partir du moment où les partis n'étaient pas trans-communautaires, mais spécialisés dans chaque région (flamande, wallonne, bruxelloise et eupenoise). Du coup, le système électoral a forcé des ressorts régionaux (qui préexistaient, j'en suis d'accord) au lieu de pousser à une intégration nationale, selon un modèle suisse.
S'agissant de l'Europe, c'est la même chose. Les listes sont nationales, du coup les thèmes électoraux sont nationaux. Cela favorise mécaniquement les extrêmes (plus ou moins racistes et xénophobes, c'est selon) ou les partis anti-européens. Pas conséquent, à mesure que le temps passe, le désintérêt pour la chose politique européenne s'amoindrit, puisqu'on vote selon des critères nationaux pour désigner un corps politique qui n'est pas national : là est la cause majeure de l'abstention grandissante, à mon sens.
Si l'on voulait lutter contre l'abstention, il faudrait forcer des listes multinationales. Illogique ? pourquoi, puisqu'il s'agit d'un critère fondamental pour la formation des groupes parlementaires au PE. Chaque liste devrait se présenter dans un nombre minimal de pays (quatre ?) avec des candidats venant d'au-moins ces quatre pays, et dans des positions éligibles (selon un critère démographique, par exemple). Par conséquent, le programme développé se ferait sur des thèmes européens, et motiverait l'intérêt.
La solution paraît donc simple. La seule question tient à sa faisabilité, comme on dit maintenant. Pour le coup, rien n'est moins sûr.....
O. Kempf