L'étranger proche s'éloigne

Nous sommes tous à regarder l'Iran, mais il ne faut pas oublier nos alentours. Il faut lire l'article du Monde sur la Biélorussie qui se fâche avec la Russie.

L'année dernière, Marie Jégo avait publié un bon article sur l'incapacité russe de produire du soft power. Toutefois, l'affaire géorgienne de l'été dernier, puis la guerre du gaz de l'hiver avaient incité les Européens à considérer que "l'Occident" avait été trop loin et que, d'une certaine façon, il fallait apaiser nos relations avec le voisin russe. Du coup, on avait été très indulgent avec les foucades russes : Abkhazie, Ossétie, Asie centrale, Kaliningrad, Ukraine mais aussi Biélorussie.

On s'était de même accommodé de la création d'une force de réaction rapide organisée par "l'organisation du traité de sécurité collective" qui devait s'installer sur la base de Manas (et empêcher l'Otan d'utiliser celle-ci pour sa logistique vers l'Afghanistan).

Aussi considérait-on M. Loukachenko comme "le dernier dictateur européen". Et croyait-on qu'il était l'homme lige du Kremlin (voir mon billet) même s'il n'avait pas reconnu les indépendances abkhaze et ossète.

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Lors du partenariat oriental (voir cette géopolitique involontaire) on avait considéré la présence de M. Loukachenko comme un affichage et une duperie. Il semble que la volonté biélorusse soit réelle, et que Minsk veuille utiliser l'Europe comme contrepoids à la Russie.

Cela manifesterait que celle-ci n'est pas aussi influente qu'on le croit ; que la crise la fragilise, et que l'arme énergétique ne suffit pas ; et qu'il faudra bien considérer ces confins comme un entre-deux, une zone mêlant Europe et Russie : que l'étranger proche sera en fait l'étranger proche des deux parties, et non plus le seul étranger proche de Moscou.

O. Kempf

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