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L'étranger proche s'éloigne

Nous sommes tous à regarder l'Iran, mais il ne faut pas oublier nos alentours. Il faut lire l'article du Monde sur la Biélorussie qui se fâche avec la Russie.

L'année dernière, Marie Jégo avait publié un bon article sur l'incapacité russe de produire du soft power. Toutefois, l'affaire géorgienne de l'été dernier, puis la guerre du gaz de l'hiver avaient incité les Européens à considérer que "l'Occident" avait été trop loin et que, d'une certaine façon, il fallait apaiser nos relations avec le voisin russe. Du coup, on avait été très indulgent avec les foucades russes : Abkhazie, Ossétie, Asie centrale, Kaliningrad, Ukraine mais aussi Biélorussie.

On s'était de même accommodé de la création d'une force de réaction rapide organisée par "l'organisation du traité de sécurité collective" qui devait s'installer sur la base de Manas (et empêcher l'Otan d'utiliser celle-ci pour sa logistique vers l'Afghanistan).

Aussi considérait-on M. Loukachenko comme "le dernier dictateur européen". Et croyait-on qu'il était l'homme lige du Kremlin (voir mon billet) même s'il n'avait pas reconnu les indépendances abkhaze et ossète.

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Lors du partenariat oriental (voir cette géopolitique involontaire) on avait considéré la présence de M. Loukachenko comme un affichage et une duperie. Il semble que la volonté biélorusse soit réelle, et que Minsk veuille utiliser l'Europe comme contrepoids à la Russie.

Cela manifesterait que celle-ci n'est pas aussi influente qu'on le croit ; que la crise la fragilise, et que l'arme énergétique ne suffit pas ; et qu'il faudra bien considérer ces confins comme un entre-deux, une zone mêlant Europe et Russie : que l'étranger proche sera en fait l'étranger proche des deux parties, et non plus le seul étranger proche de Moscou.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 17 juin 2009, 22:17 par Ombrageux

Il est pratiquement impossible pour un pays comme la Russie de contrôler un autre Etat, sauf par la violence. C'est un peu comme quand les présidents américains et les propagandistes soviétiques assuraient le monde benoitement que la Guerre froide s'agissait d'un conflit *idéologique* entre monde libre et monde communiste. En attendant, les Yougoslaves, Chinois, Roumains, Vietnamiens et même Albanais et tout autre communiste se sont battu pour leur indépendance contre toute menace, les Soviétiques aussi bien (ou surtout!). En Hongrie et en Tchécoslovaquie on voyait le même mouvement d'indépendance, communiste ou non, et seul les chars russes pouvaient assurer le maintien des liens dit 'fraternels'.

La Russie est a cet égard une grande puissance sans influence. Elle manque la capacité à avoir des atouts reelements positifs pour ses amis - comme un grand marche, un centre financie, ou un modele politique. Donc elle influence seulement par la force, le chantage et, au mieux, de l'argent. La Russia n'a donc pas d'amie, mais seulement des voisins jaloux et sans securite. Mais il n'y a pas la possibilite d'un projet positif ou solide. Les Russes cedent a ce que Dominique de Villepin a habilement decrit chez Napoleon Ier: l'illusion de la puissance.

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