Piraterie : raisons des réactions occidentales

Beaucoup de forces maritimes occidentales naviguent dans le golfe d'Aden pour lutter contre la piraterie : Otan, UE (Atalante), CTF 151.

Pour avoir un compte-rendu assez exhaustif des opérations, on se reportera tout d'abord à

  • Nicolas Gros-Verheyde, et les billets sur la piraterie (voir ici)
  • Le site de l'Otan, pour l'action de l'AA dans le golfe d'Aden (ici)
  • Le site de l'US navy pour l'action américaine de la CTF 151 (ici)

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1/ Le lecteur attendra ultérieurement une analyse comparée des trois "missions/opérations" (puisqu'il apparaît que seule Atalante mérite réellement le nom d'opération, voir ici). Il est d'ailleurs à remarquer que le 17 juin, l'UE a décidé de reconduire d'un an la mission Atalante jusqu'à décembre 2010.

Ce qui m'intéresse, au-delà, tient à la signification de ces opérations.

2/ On peut bien sûr y voir l'intérêt économique des puissances occidentales : le Japon n'a-t-il pas engagé deux avions, sortant ainsi radicalement de son aire d'intérêt habituelle ? La sécurisation des acheminements pétroliers (mais aussi des exportations asiatiques vers l'Europe) permet de garantir le fonctionnement de l'économie. Ainsi, logiquement, une politique d'intérêt est ainsi à l'œuvre et justifie, sans que l'opinion ne s'en émeuve, les déploiements en cours.

3/ Il est intéressant d'entendre également l'argumentation qui reporte la problème vers la Somalie : selon celle-ci, le problème n'est pas en mer mais à terre, où l'absence d'Etat empêche tout contrôle public, d'autant plus que la pauvreté pousse les pêcheurs à trouver des revenus. La faillite de l'Etat apparaît alors comme le facteur explicatif premier. Et comme aucun pays n'a envie d'intervenir en Somalie (souvenir américain d'il y a quinze ans, et échec éthiopien des dernières années), on préfère s'attaquer aux effets qu'aux causes.

4/ Une dernière explication est encore subliminale, mais risque de se faire jour. Il s'agit d'associer la piraterie au terrorisme. Selon ce discours, la piraterie serait une version maritime du terrorisme et entrerait ipso facto dans le cadre de "la longue guerre". Cela expliquerait ainsi que les Américains aient mis sur pied le CTF 151 (après Atalante). Mais derrière cette affirmation brutale qui ne convainc pas vraiment se cache un autre calcul : si aujourd'hui les pirates ne cherchent que leur propre intérêt, il est tout à fait possible qu'ils soient à terme instrumentalisés, d'autant que la Somalie n'est pas loin de basculer sous un pouvoir islamiste. Déployer dès à présent des forces permettrait d'éviter l'expansion du phénomène.

D'ailleurs, avez-vous remarqué ? cela fait plusieurs semaines qu'on n'a pas parlé d'attaques de pirates.....

O. Kempf

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