La construction nationale, un problème militaire

Le dernier édito de Stéphane sur AGS est éclairant.

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"En revanche, la violence revendicative et la violence prédatrice sont plus difficilement gérables. Au demeurant, la “Reconstruction” et la “Réconciliation” entreprises par les Américains et par le Premier Ministre ne se ressemblent guère. Si les premiers ont tenu à présenter la dynamique conflictuelle comme une guerre civile dont ils pouvaient être les arbitres, le second a manœuvré pour se constituer une clientèle au-delà des clivages ethnoconfessionnels et partisans. En revanche, la question de l’intégration nationale reste au cœur des difficultés actuelles du pays. Fragmentée par le pouvoir clanique de Saddam Hussein, la société irakienne a été victime de l’approfondissement des clivages confessionnels et ethniques à partir de l’occupation américaine, clivages qui ont été instrumentalisés après avoir été réactivés par les entrepreneurs politiques au cœur des communautés. On ne peut exclure de réelles difficultés à gérer et à atténuer cette violence: les succès militaires de la Coalition n’ont pas accouché des succès politiques promis."

Conclusion que j'en tire : la grande difficulté contemporaine consiste à trouver les voies et moyens d'une construction nationale, sur des bases qui ne soient pas simplement linguistiques ou religieuses. Autrement dit, d'un consensus politique qui rassemble, au-delà des clivages idéologiques. Or, cette question (proprement géopolitique) est devenue un problème militaire, ou plus exactement, pour les militaires.

Ceux-ci ne peuvent désormais se passer d'appréhender les questions politiques. C'est la vraie conclusion à tirer des discours actuels sur la "guerre au milieu des populations". N'y a-t-il d'ailleurs pas confusion de plus en plus fréquente entre le politico-militaire et le stratégique ? et la doctrine Petraeus n'est-elle pas le mise en œuvre de cette approche politique des actions militaires ?

O. Kempf

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