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Foch et l'économie des forces : encore un clausewitzien

J'ai écrit une bêtise, l'autre jour. Je trouvais que Clausewitz n'avait pas la même conception de l'économie des forces que Foch. Je croyais (à tort) que chez Foch, cette "économie des forces " signifiait qu'il fallait garder des réserves et ne mettre au combat que le strict nécessaire pour l'emporter.

foch.jpg

Or, ce n'est pas le cas.

Qu'on en juge :

"Le principe de l'économie des forces, c'est au contraire l'art de déverser toutes ses ressources à un certain moment sur un point ; d'y appliquer toutes ses troupes, et pour que la chose soit possible, de les faire toujours communiquer entre elles, au lieu de les compartimenter et de les affecter à une destination fixe et invariable. Puis, un résultat obtenu, de 1es faire de nouveau converger et agir contre un nouveau but unique".

Foch partage donc avec CVC la même compréhension des choses. C'est rassurant, en fait. Et cela incite, encore et toujours, à se reporter aux textes....

On lira la conférence donnée par Foch en 1903 dans la page que je viens de publier (série des "grands textes").

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 2 juillet 2009, 14:29 par Jean-Pierre Gambotti

Cette mise au point était tout à fait nécessaire tant l’économie des forces est considérée, avec la liberté d’action, comme le fondement du fochisme. Bien entendu l’influence de Clausewitz, je n’ose pas écrire le plagiat, est patent. Dans Vom Krieg, il s’agit dans le chapitre 14 d’Ökonomie der Kräfte, dans On War, d’Howard et Paret , d’Economy of forces , Foch pour sa part a adopté la traduction littérale et utilisé « économie » dans le sens peu usité de « l’art de bien administrer les parties ». Mais incontestablement Foch parle le clausewitzien, les chapitres 11, 12, 13 et 14, à considérer d’ailleurs globalement, pourraient être, à mon sens, de sa plume ! Je me permets de vous renvoyer à mes deux commentaires sur le chapitre 12 , "Union des forces dans le temps", dans lesquels je rappelais que l’ensemble de ces chapitres annonçaient le principe fochien de « l’économie des forces ».
Mais je vais profiter de cette intervention pour être un peu provocateur et tenter d’agresser le père car il ne s’agit évidemment pas de le tuer... A mon sens « l’étonnante trinité fochienne » - économie des forces, concentration des efforts, liberté d’action- doit rester ce que Foch nomme lui-même « ces feux de pâtres sur la colline », ces repères pour notre formation stratégique, car elle est devenue inutilisable , voire caduque, dans le cours des travaux de conception et de planification des opérations. Personne aujourd’hui ne peut raisonner efficacement la guerre en s’appuyant explicitement et uniquement sur ces principes et surtout ils sont à présent consubstantiels à la méthode de raisonnement des opérations. Ce faisant nous faisons tous du Foch et du Clausewitz sans le savoir. Cependant le concept d’opérations et les modes d’actions arrêtés, nous devons toujours avoir le réflexe, avant de lancer la rédaction de l’OPLAN, de les passer au filtre de cette pensée fochienne et clausewitzienne et de se poser la question suivante : la manœuvre choisie répond-elle à ces trois principes de la guerre ? Mais disons que cette opération est plutôt de l’ordre du garde-fou culturel !
En terminant je voudrais insister avec vous sur l’importance de l’exégèse de l’œuvre de Clausewitz par Carl Bayerchen. Cette analyse est la plus lumineuse qu’il m’a été permis de lire jusqu’à présent , elle est, me semble-t-il, particulièrement pertinente à l’ère des guerres au sein des populations, asymétriques , ou bâtardes , comme on voudra, et je pense qu’elle pourrait initier un courant néo-clausewitzien chez les stratégistes.
Très cordialement.
Jean-Pierre Gambotti

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