Turquie Arménie: le rapprochement continu

Le continu rapprochement entre la Turquie et l'Arménie poursuit son œuvre, lentement mais sûrement. Ainsi, c'est quasi officiellement que les deux pays vont normaliser leurs relations (voir ici et ici).

Cela évoque, souvenez-vous, la reprise en douceur des relations entre le Liban et la Syrie...

Pourtant, les choses sont bien différentes.

1/ Du point de vue de l'Arménie : c'est le moyen de sortir d'un isolement terrestre qui commençait à devenir pesant. En effet, en hostilité avec l'Azerbaïdjan à cause du Nagorny Karabakh (orthographe ?), en froid avec la Géorgie pour cause de solidarité russe, en différend avec la Turquie pour cause de génocide, l'Arménie était en panne avec tous ses voisins. Ce n'était pas tenable durablement. D'où la nécessité de se réconcilier avec un des trois. ON a pris celui dont le problème est le moins actuel (la question du génocide) malgré tous les relents identitaires que ça comporte. Mais ceux-ci étaient utilisés jusqu'à présent pour peser sur la Turquie, sans efficacité malgré le vote de quelques motions occidentales (!). Or, du côté de la Turquie, on voyait que le moment d'avancer s'avançait, grâce à l'AKP, beaucoup plus ouvert sur la question puisque anti-kémaliste.... : il y avait là une opportunité politique de convergence que les deux parties ont saisie. Et tant pis pour le génocide, qui est important surtout pour la diaspora, qui a le plus besoin de ce marquant identitaire.

2/ Du point de vue turc, les choses s'appréhendent à plusieurs niveaux.

11/ Le premier est celui de la politique intérieure : il s'agit à encore de saper, un peu plus, l'assise kémaliste, en contrepoint du procès Argenekon. Cela explique d'ailleurs les avancées simultanées du côté kurde. Où il apparaît qu'un parti "islamique" est aujourd'hui le moyen de changer les choses dans la voie d'un certain progrès....

12/ LE second s'insère dans une politique plus large de la Turquie vers le nord. En clair, les relations avec la Russie. A l'aune de la mer Noire (où les deux sont des alliés objectifs), et de la Caspienne (extraction des ressources minières dela région). Cela pose la question des tubes. Russie et Turquie sont ici objectivement d'accord pour circonvenir la voie du milieu : la Transcaucasie, afin de privilégier soit l'option nord (russe, SOuthstream) soit la sud (turque, via Nabucco, cf. billet). Pour cela, il faut circonvenir le promoteur de cette Trancauccasie : la Géorgie. Et donc, se réconcilier avec l'Arménie, alliée traditionnelle de la Russie. CQFD.

Référence : voir ce billet d'avril et celui-ci de juillet 2008 ! Preuve que la géopolitique peut anticiper les choses, notamment sur EGEA.....

O. Kempf

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