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Ecologie et géopolitique

J'ai commis, il y a quelques années, un mémoire sur l'écologie comme éventuel facteur géopolitique. Tout à mes certitudes, je concluais alors qu'elle ne pouvait être considérée que comme un facteur aggravant, mais non pas déclenchant de la géopolitique. Il faudrait d'ailleurs que je mette, un jour, ce travail en ligne...

Cette introduction laisserait accroire que mon opinion à changé; et qu'insensiblement (ou sensiblement) je cèderai à la clameur en vogue sur le "nouveau discours écologique". J'aurais, il est vrai, des circonstances atténuantes puisque le frérot est un des ardent propagateurs, en France, de ce discours.

Pourtant, il ne s'agit pas de s'interroger ni de porter avis sur les causes du réchauffement climatique. J'ai déjà, sur ce blog, expliqué qu'il fallait considérer une géopolitique des ressources au sens large, qui comprendrait à la fois les ressources économiques (ce que d'aucuns nomment, de façon à mon avis impropre, la géoéconomie), et la ressource de la biosphère, autre face de ces ressources économiques (qui sont rares, souvenez-vous). Or, si j'ai écrit des billets sur la géopolitique des ressources ou l'économie, nul ne traite d'écologie : signe de ma prudence....

Je constate toutefois qu'il est au moins un cas, clair et pertinent, où l'écologie est directement à la source d'un événement géopolitique : je veux parler des États menacés par la montée du niveau des mers (quelle que soit l'origine de celle-ci : il s'agit en tout cas, incontestablement, d'un phénomène écologique). Et s'il ne s'agissait que d'un seul État ! on pourrait y voir la conséquence de la multiplication des micro-États, consécutive à l'émiettement international, phénomène par ailleurs bien connu et décrit. sidsbanner_francais.gif Mais dans le cas présent, ils se sont regroupés pour "peser", internationalement, dans une AOSIS (Alliance of small Island states), ainsi que nous l'explique cette page : "AOSIS est une coalition ad hoc de pays insulaires qui sont particulièrement vulnérables à une hausse du niveau de la mer et qui partagent des positions politiques publiques communes sur les changements climatiques. portant sur les mesures appropriées pour la période située au-delà de l’an 2000. Le protocole de Kyoto est le résultat des discussions de ce groupe spécial.

AOSIS regroupe 43 états et observateurs, issus de tous les océans et régions du monde: Afrique, Caraïbes, Océan indien, Méditerranée, Pacifique et la mer de Chine du Sud. Trente sept sont membres des Nations Unies, près de 28 % sont en voie de développement, et de 20 % des membres de l'ONU".

Là est en effet la nouveauté : ils pèsent un cinquième des votes à l'ONU ! c'est tout, sauf politiquement négligeable ! C'est à mon sens l'illustration la plus avérée d'un lien direct entre écologie et géopolitique, en-deçà des effets de mode et de manche. Cet exemple clair permettra de trouver d'autres illustrations particulières (éco et logiques) de la géopolitique des ressources.

Réf

  • Le site officiel de l'AOSIS
  • AOSIS entre l'ONU et Copenhague : article (du frérot)

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 28 septembre 2009, 21:59 par

Deux observations si vous permettez.

Ils pèsent un cinquième des votes à l'ONU, ce n'est pas politiquement négligeable. Mais il faut nuancer : ce sont, pour la plupart, des pays très pauvres et géographiquement isolés. Leurs dirigeants et leurs ambassadeurs, qui ne sont le plus souvent ni pauvres ni isolés ni menacés par la montée des mers personnellement, ne doivent leur brillante situation qu’aux subventions distribuées par les pays riches (avec une probable rétrocession partielle mais c’est une autre question). Par conséquent l’on peut imaginer que l’indépendance de leurs votes à l’ONU soit toute relative et qu’Oasis soit seulement un affichage, non une réalité.

Tout autre aspect : la France est très concernée par la montée des océans parce qu’elle touchera non seulement ses côtes comme tous les pays du monde mais surtout ses Dom-Tom où la grande majorité de la population vit sur des terres très basses, sur les atolls et sur les zones côtières des îles montagneuses qui, de plus, s'enfoncent continuellement par un mouvement géologique naturel. On aimerait savoir quelles dispositions sont prévues par les pouvoirs publics et quel est (ou sera) le degré de concertation avec la population parce que les procédures ordinaires (l’enquête d’utilité publique et la révision du plan d’occupation des sols) risquent de ne pas suffire. Cette étude théorique concernant nos Dom-Tom pourrait servir ailleurs ou s’inspirer d’études faites ailleurs, créant ainsi des règles coutumières internationales, et c’est pourquoi je l’évoque sur ce blog qui traite de géopolitique.

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