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Dénuclérisation, entre Iran et transatlantique

1/ Selon B. Obama, la dénucléarisation constitue LE moyen de peser sur l'Iran, mais aussi sur la Corée. Il s'agit de la deuxième option majeure du président, simultanée avec la création de l'AfPak. Le reste (Guantanamo, discours du Caire, ....) n'est que puissance douce et diplomatie publique.On se référera à la promotion d'un TNP plus vigoureux, la négociation SORT avec la Russie, et le discours de Prague en avril dernier (voir billets ici, et ici). Or, cette stratégie se heurte à des avanies assez nettes (voir billet).

(image tirée du billet de D Guimond, news of tomorrow)

2/ Or, le discours du président Sarkozy, la semaine dernière à l'ONU, est intéressant à plus d'un titre, ainsi que le remarque judicieusement Natalie Nougayrède.

3/ La Dénucléarisation, "c'est un rêve". Pour deux raison : on ne désinvente pas l'arme nucléaire . Ce n'est pas le bon moyen pour peser contre le risque terroriste (qui n'est pas fondé sur l'arme nucléaire, mais sur des bombes sales) ni sur des États voyous.

4/ Le nucléaire ne rend pas le monde moins dangereux : Elle n'existait pas en 1914 ni en 1939 ; il n'y a pas eu de guerre majeure depuis 1945 ; surtout, et contrairement à ce que sous entend M. Sarkozy, l'arme nucléaire ne "menace" pas : ce n'est pas une arme offensive, mais défensive (voir ici). Toutefois, le président français ne peut s'appuyer sur cet argument, car alors, comment peser sur l'Iran et la Corée ? il faut donc maintenir le mythe de la "menace nucléaire".

5/ Comme le remarquait I. Lasserre dans le Figaro de samedi (analyse non disponible en ligne), on assiste à un retournement des positions d'il y a trois ans. Pour simplifier, au duo Chirac le doux-Bush le dur, succède le duo Obama le doux-Sarko le dur ! Cela rejoint le creusement du fossé transatlantique, déjà signalé par ailleurs. C'est d'autant plus significatif que M. Sarkozy se présentait comme le plus américain des dirigeants français, et qu'il paraît donc d'autant plus libre à énoncer ses constats. Certes, on peut opposer l'affichage "Obama + Sarkozy + Brown" pour rendre publique l'existence d'un site d'enrichissement à Qom, signe qu'il y a un "trio" transatlantique... Mais je ne suis pas sûr que ce soit très convainquant (d'autant que chacun aura remarqué l'absence d'A. Merkel, autre philo américaine....).

6/ Ainsi, on sent bien qu'un nœud historique est en train de se nouer, et qu'il sera marqué symboliquement par les négociations de Genève qui vont s'ouvrir dans les jours prochains. Un nœud, car il est au croisement de deux trajectoires :

  • - une qui se déroule en Iran (Les gardiens de la révolution contre... le reste du pays
  • - l'autre qui se déroule au-dessus de l'Atlantique, et qu'on a déjà décelé

Curieusement,, ce nœud géopolitique laisse de côté le cas israélien, que l'on croyait constituer le point central entre le Moyen-orient et l'Occident....

C'est vraiment quelque chose d'important qui est en train de se passer : non probablement à cause de la dimension nucléaire, mais parce qu'à cette occasion, elle révèle des réalités qui seraient, autrement, restées celées....

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 29 septembre 2009, 21:12 par N J

Je comprends d'une certaine façon l'impatience du Président Sarkozy, mais l'état d'avancement du programme nucléaire iranien laisse encore de la place à un mince espoir envers la politique improbable de la main tendue. Je crois que la priorité c'est d'avoir un véritable soutien du côté des Russes et des Chinois, sans lesquels aucune sanction supplémentaire ne sera efficace. Quant à faire un geste vers un monde sans armes, les USA peuvent largement réduire leur stock, et même leur posture. Ils risquent de le faire à l'occasion de la revue de posture nucléaire en fin d'année. Pour la France, difficile de réduire beaucoup plus la voilure (même si Livre blanc 08+RGPP ça aide...), bien qu'au sein même de l'institution certains de mes camarades l'envisagent. Au point même de l'écrire dans la revue Défense Nationale et SC(juillet 09).Argumentaire d'ailleurs peu convaincant à mon goût.

2. Le mardi 29 septembre 2009, 21:12 par Toto

Je rejoins l'analyse de NJ et ajoute que pour ce qui concerne la réduction de la voilure de nos composantes nucléaires, il me semblerait
malheureux de passer outre la possibilité d'une rupture stratégique dans ce domaine.

En effet, face aux enjeux de politique intérieure des US (social/santé) et de l'Allemagne (gouvernance de coalition) - sans compter avec les Anglais qui ont "vendu leur droit d'aînesse pour un plat de Polaris"- les Chinois et les Russes qui jouent la montre et le Dollar; le champ de la politique étrangère de la France au Moyen-orient s'élargit, renforçant d'autant le groupe des 5+1.

Conforté par la réaffirmation de son indépendance nucléaire au sein de l'OTAN et bénéficiant d'une main américaine tendue vers l'Iran dans laquelle il n'est nullement question pour elle de déposer les clés de la confiance, Nicolas Sarkozy profite d'une situation qui lui permet de renforcer l'influence Française régionale (et internationale).

Comment ne pas penser à la récente ouverture de la BA 104 aux E.A.U. ? Comment ne pas se rappeler que nous sommes la seule puissance nucléaire qui s'est dotée d'une arme modernisée issue de la simulation (ASMP-A)?
Comment ne pas voir dans l'incertitude qui a présidé à la rédaction du LBDSN les ferments d'une nouvelle forme de protection aux frontières de l'Europe ?

Dans ce climat, entrer dans une logique de réduction du format de nos forces stratégiques correspondrait sans équivoque à un signal incohérent avec les aspirations françaises de la Présidence.

EGEA : yes...

3. Le mardi 29 septembre 2009, 21:12 par N J

Robert Ranquet (monsieur et pas l'IGA...) offre dans le numéro d'octobre de DNSC une réponse à "l'intrépide " article "faut-il renoncer à la dissuasion nucléaire ?", paru dans l'édition de juillet de cette même revue, démontrant s'il était besoin la richesse des débats sur le sujet.


Attendons donc que les Etats-Unis emboîtent le pas pour réaliser ce voeu (pieu ?) de la dénucléarisation et on verra si les dirigeants iraniens (ou Nord-coréens) y sont sensibles.

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