in memoriam : Pierre Chaunu

Le géopolitologue a forcément un faible pour l'école des Annales. Il a lu M. Bloch, L. Fèbvre, F. Braudel, Ph. Ariès,... Je le dis d'autant plus librement que j'ai mis du temps à apprécier ladite école, me méfiant du "quantitatif", que je croyais instrumentalisé politiquement, sans apercevoir les vraies novations de cette école : c'est ce qu'on appelle murir intellectuellement.

Le dernier dinosaure de cette école s'appelait Pierre Chaunu. Dernier représentant d'une époque où être historien signifiait quelque chose (pardon : il y a Leroy-Ladurie, mais je confesse ne pas l'avoir lu ; est-ce un sentiment ? j'ai l'impression qu'il a moins de prestige que les sus-cités). L'histoire dominait. Les géographes en ont longtemps souffert (il faut relire les premières oeuvres d'Y. Lacoste à cet égard, mais j'y reviendrai).

Dernier dinosaure, donc, qui vient de nous quitter. On lui doit deux angles principaux : l'Amérique latine, et la démographie. Et surtout, une extrême sensibilité "à ceux qui sont morts" : ceci explique les sorties tonitruantes de la fin de sa vie, qui ont pu agacer certains, rassurer d'autres.

L'homme, enfin, s'était converti du catholicisme au protestantisme : la démarche est suffisamment singulière pour être relevée. Elle témoigne d'un engagement particulier, qui fait de Chaunu une personnalité d'exception. Adieu, donc, l'ami.

O. Kempf

Références:

  • deux portraits : ici, et ici

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