Commander la nature, ou la défendre ?

Ce^petit texte me semble très éclairant, à l'heure où le sommet de Copenhague s'ouvre :

« Du point de vue de leur attitude face à la nature, les Français se sont longtemps comportés comme des Méditerranéens, héritiers des conceptions judéo-chrétiennes , et plus largement méditerranéennes, selon lesquelles l’homme est le couronnement d’une création à laquelle il commande. La vision animiste, d’origine celtique et germanique, d’une nature sacralisée qui doit être crainte et respectée, n’a survécu que dans certains rites religieux tolérés et récupérés par le christianisme. (…)

Avec les Lumières, les conceptions de l’Europe réformée gagnent la France. Jean-Jacques Rousseau vante les beautés de la nature laissée en dehors du vouloir humain. L’élite découvre les plaisirs de gravir les montagnes escarpées, en frissonnant de plaisir devant le danger. (..) de là naît le tourisme fondé sur le dépassement et la contemplation. (…) C’est dans cette métaphore paysagère de la fin d’un monde que prend racine le sentiment aujourd’hui très répandu, d’un « contrat » à passer entre une « humanité » profiteuse et irréfléchie et une « nature » bonne, fragile et menacée (Michel Serres). »

In La France, J.-R. Pitte, Armand Colin, 1997 et 2007, pp. 55 et 56

Il y a bien là deux conceptions du rapport à la nature : celle qu'il faut dompter, celle qu'il faut respecter. On peut trouver là un exemple de géopsychologie que je développerai un jour.

Deux attitudes qui me paraissent désormais universelles, et qui traversent les clivages politiques habituels. Deux attitudes qui ont leur propre justification et légitimité. Deux attitudes qu'il faut, probablement, conjuguer pour éviter les excès de cris d'orfraie des uns, les excès de confiance technicienne des autres.

O. Kempf

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