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Aéronavale

Que dire de l'aéronavale ?

Précisons tout de suite qu'il s'agit du propos d'un non spécialiste, spécialiste ni de l'action navale, comme M. Couteau Bégarie, ni de l'action aérienne, comme J. Henrotin. Qu'on pardonne donc ce qui constitue un axe d'interrogation personnelle (après tout, un blog sert aussi à ça : chercher des idées, les tester, etc...)

1/ Il semble que ce furent les Japonais qui mirent les premiers au point une aéronavale entre les deux guerres (porte-avions Hosho en 1921, mise en service à partir de 1928, de l'Akagi, du Kaga, du Hiryu, du Soryu, du Ryujo, du Zuiho, du Shoho, du Zuikaku et enfin du Shokaku). Une puissance maritime, donc, et expansionniste, puisque cette aéronavale, au départ conçue pour un appui d'éclairage, devint peu à peu un instrument d'appui à terre (campagne de Chine en 1937). Enfin, avec Pearl Harbour en 1941, les Japonais réalisent à la fois la projection de puissance et le raid.

2/ Que dire de cette séquence japonaise ?

  • qu'il s'agit d'abord d'un outil pour le milieu maritime (au départ, je crois qu'on pensait qu e les croiseurs étaient plus solides, les avions ne servant qu'à l'action de renseignement) : l'aéronavale serait alors un instrument de domination maritime, sur le milieu marin, conçu comme une entité propre : du mer-mer, en quelque sorte.
  • puis le porte-avion agit en appui d'actions à terre. Le but n'est donc plus le milieu maritime, mais le littoral, et ce qui est derrière le trait de côte. On évolue dans le mer-terre (avec un détour aérien). Ce qui a aujourd'hui du sens puisque (de mémoire, mais je suis sûr qu'un lecteur documenté trouvera les cotes exactes) environ 70 % de la population mondiale vit à moins de 500 Km des côtes.
  • enfin, il s'agit d'un outil géopolitique, à la fois de présence (contrôle d'espace maritime) mais aussi de projection de puissance (grâce à l'avion, alors qu'un BPC sert plutôt à la projection de force).

3/ L'adaptation de l'arme nucléaire sur les PA constituerait une évolution qui me semble marginale à l'outil, puisqu'il ne s'agirait que d'armes "d'ultime avertissement" : on demeure dans la projection de puissance, là aussi sur les littoraux.

4/ L'action au large de l'Afghanistan est symptomatique des qualités et défauts de l'outil :

  • qualité, puisqu'on ne demande à personne l'autorisation de voguer dans l'Océan indien (liberté de manœuvre) ;
  • défaut, puisqu'il faut aller loin à l'intérieur de l'Asie (bien au-delà du trait de côte) et que donc l'autonomie en zone opérationnelle est limitée.

5/ Ce dernier point illustrant plusieurs dimensions elles aussi ambivalentes :

  • celle du temps : il permet à la fois une certaine permanence, mais impose des ravitaillements et des révisions
  • celle de la logistique ! puisqu'il emporte ses stocks, qui ne sont pourtant pas indéfinis
  • celle du coût, car s'il coûte peut-être moins cher qu'un détachement permanent sur une base aérienne projetée, son prix de revient hors opération est une charge importante.

6/ Signalons enfin quelques éléments que je n'ai pas le temps de développer :

  • la capacité à agir en coalition
  • l'affirmation de la souveraineté (et la défense des intérêts outre-mer)

J'espère ne pas avoir dit trop de bêtises : à vous de préciser et débattre, désormais.

Réf : le CR sur AGS d'un colloque en juin dernier

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 10 décembre 2009, 21:53 par E. Fusz

Pour confirmer la répartition géographique de la population mondiale, on peut lire dans La mondialisation (p.118) (Laurent Carroué, Didier Collet, Claude Ruiz) :
"les rapports de proximité aux espaces maritimes jouent un rôle majeur face aux grandes étendues continentales puisque 25% de la population mondiale vit sur des bandes littorales à moins de 50km des côtes et les 2/3 à moins de 500 km d’un espace maritime."

Quant aux spécificités de la logistique aéronavale (française notamment), on pourra lire cet article illustré de mars 2009 sur Maisonducombattant : http://maisonducombattant.over-blog...

EGEA : Mille mercis, Etienne, de confirmer que ma mémoire n'est pas si mauvaise....

2. Le jeudi 10 décembre 2009, 21:53 par un ancien

Petite précision sans importance mais "aéronavale" est un article, parlons donc d'aéronautique navale puisque c'est son nom.

3. Le jeudi 10 décembre 2009, 21:53 par Alex

Une petite précision pour les non-initiés.
Un PA n'est pas opérationnel tout seul. Il est toujours accompagné du fait de sa vulnérabilité et des graves répercutions stratégiques et médiatiques que causerait son endommagement, même mineur, par un ennemi, même faible(vedettes rapides cf USS COLE en 2000).
Il faut donc lui ajouter une frégate de défense anti-aérienne, une frégate de lutte sous-marine, un sous-marin nucléaire d'attaque, un pétrolier ravitailleur... Le coût du groupe aéronaval est donc de plusieurs fois celui du seul PA.
Si l'on ajoute à cela un rayon d'action limité de ses avions (sans ravitaillement en vol car si ravitailleur il y a, c'est qu'une piste amie est proche) et des emports très limités par les capacités de catapultage et d'appontage, le rapport coût-efficacité est loin d'être satisfaisant.
Ce qui fait la force du PA est son poids politique et seulement ça.

EGEA : à vous lire, il n'a aucune utilité militaire dans les conflits modernes ?????

4. Le jeudi 10 décembre 2009, 21:53 par Toto

D'autant plus qu'il faut deux PA pour assurer la permanence à la mer.
En effet les inconvénients semblent nombreux. Toutefois il reste un système d'arme très dissuasif que peu de pays ont le luxe de pouvoir se payer, ce qui demeure un autre aspect lui aussi très dissuasif. A mettre au regard du type de propulsion et des moyens embarqués qui sont apparus avec le développement du nucléaire.

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