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Polynésie, souveraineté maritime (Y Cadiou)

Yves Cadiou pose une bonne question, en réagissant à mon billet sur Jules Verne : l'hypothèse (le what if des anglo-saxons) est passionnante, car on décèle tout un tas de difficultés auxquelles les autorités seraient bien en peine de répondre.... Une guerre des Malouines, trente ans après la première, est elle encore envisageable aujourd'hui ???

Verbatim :

Votre îlot perdu du Pacifique sud me remémore une question plus géopolitique dont je n’ai pas la réponse mais qui mérite d’être posée. Beaucoup d’îlots inhabités sur les océans sont sous une souveraineté française qui pourrait être contestée. C’est notamment le cas en Polynésie, mais aussi dans l’Océan Indien.

La Polynésie française comporte environ 150 îles dont plus de la moitié (nombre en augmentation) sont inhabitées : lorsque ces îles inhabitées sont situées hors des eaux territoriales d’une île habitée, c’est-à-dire à plus de douze milles nautiques (environ 22km, c'est souvent le cas), nous les considérons comme françaises mais c'est juridiquement contestable. Voici maintenant une hypothèse imaginaire mais plausible : supposons que vienne s’y installer, sans rien demander à personne comme les colons de Jules Verne, une colonie de ressortissants chinois, péruviens, ou néo-zélandais : s’agit-il alors d’immigration clandestine ou s’agit-il d’une prise de possession d’un territoire en déshérence par une communauté étrangère qui acquiert de ce fait des droits ? Il s'agit notamment de droits de pêche, très rentables, sur la zone économique exclusive dans un rayon de 200 milles nautiques (360 km) à l’entour. Les droits de pêche dans les eaux polynésiennes, et leur renouvellement, font depuis longtemps l’objet d’âpres négociations commerciales toujours remises en cause. Occuper, sans violence et en toute légalité, telle ou telle île inhabitée modifierait considérablement la donne. Il en est de même autour de nos îles inhabitées de l’Océan Indien où les zones de pêche sont très convoitées.

Bien entendu, nous pourrions évoquer l’ancienneté de notre présence, même si nous n’y sommes plus physiquement. Cet argument reste-t-il valable, je ne sais pas et c'est déjà une question de géopolitique.

Mais imaginons, car avec Jules Verne nous sommes dans l’imaginaire, qu’une nouvelle île apparaisse dans la ZEE de Polynésie mais hors de nos eaux territoriales : nous ne pourrons nous y prévaloir d’aucune ancienneté. Ce sera tôt ou tard le cas avec le volcan sous-marin Macdonald en Polynésie, qui culmine actuellement à 27m sous la surface de l’océan : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_M...) Quelle sera alors notre souveraineté sur cette île nouvelle, la question se pose comme dans « Tintin et l’étoile mystérieuse ». Hergé, comme Jules Verne, pose des questions de géopolitique qui ne seront pas éternellement imaginaires. Nous ferions bien de ne pas nous laisser surprendre par l’émergence d’une réalité prévisible.

Commentaires

1. Le dimanche 13 décembre 2009, 17:59 par DanielB

Ps : il existe un cas symetrique : Celui des îles disparues
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8E...
http://www.rfi.fr/actufr/articles/1...
Et celui des îles artificielles
http://www.reponseatout.com/sealand...
Cordialement
Daniel BESSON

2. Le dimanche 13 décembre 2009, 17:59 par

Nous avons aussi "notre" île disparue mais cette disparition, au contraire des soupçons entourant Bermeja et sa zone pétrolifère, est naturelle sans aucun doute : il s'agit de "l'île de Sable", une île basse inhospitalière et inhabitée qui était la plus au nord des îles Marquises.

Elle n'est plus qu'un haut-fond, que vous pouvez voir sur google-earth au nord-nord-est des îles d'Hatuta'a (ou Hatutu) et d'Eioa : celles-ci sont elles-mêmes inhabitées mais vivables (existence d'eau douce) et sont de celles qui pourraient donner lieu au transfert de souveraineté que j'évoquais.

La disparition de l'île de Sable a quelque peu modifié le tracé de notre ZEE, mais c'est très peu au regard de l'immensité de ce désert océanique où, jusqu'à présent, la seule ressource connue est la pêche.

Toutefois l'on observe que la zone de pêche polynésienne est l'endroit du globe où l'acidification de l'océan est la moins marquée (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichie... ), ce qui peut à l'avenir en accroître l'intérêt économique pour les pays densément peuplés situés au nord-ouest et dont les pêcheurs fréquentent la zone depuis longtemps.

En ce qui concerne par ailleurs les îles artificielles, je ne connais pas leur situation juridique.

3. Le dimanche 13 décembre 2009, 17:59 par Killcow

Il est vrai que récemment, un îlot a fait surface dans l'estuaire de la Gironde il me semble.

4. Le dimanche 13 décembre 2009, 17:59 par

Il est vrai que des île alluviales apparaissent naturellement, et depuis toujours, dans les estuaires. C'est le processus de formation des deltas.

Aucun problème de souveraineté ne peut en résulter lorsque les deux rives du fleuve et de l'estuaire concernés appartiennent au même Etat comme c'est le cas de la Gironde.

En revanche si le fleuve forme frontière (je pense notamment au cas du Maroni, qui sépare la Guyane française et le Surinam), la question de la souveraineté doit faire l'objet d'un accord.
A cet égard, vous verrez que le problème des îles alluviales ne se pose pas seulement dans les estuaires mais sur l'ensemble des fleuves formant frontière : voir le conflit frontalier sino-soviétique de 1969 http://fr.wikipedia.org/wiki/Fronti...

La situation est différente en Polynésie où, au-delà de nos eaux territoriales et de notre ZEE, l'on est dans les eaux internationales et non chez un voisin.

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