Copenhague : fin du tiers-monde, réinvention du deuxième

L'échec du sommet de Copenhague est donc avéré. Qu'en dire ?

1/ Qu'il est facile de dire après coup qu'il était prévisible. Au moins était-il envisageable, plausible.

2/ En effet, le tintamarre médiatique européen ne doit pas faire oublier la réalité : les Etats défendent leurs intérêts..... Bref, l'Europe prend trop souvent des vessies pour des lanternes, et croit à ses mots qui ne sont que des mots.... Problème de la négation de puissance, neutraliste et pacifiste, Le soft power ne vient qu'en complément du hard power : encore faut-il que celui-ci existe.

3/ Regardons le Brésil  : on nous l'a présenté comme le point d'un axe progressiste, avec l'Europe. Au final, M. Lula est invité à la négociation finale, celle qui produit quelque chose (c'est à dire pas grand chose) : entre États-Unis, Chine, Inde, Afrique du sud et Brésil, et sans les autres... Duplicité.. ou réalisme ?

4/ Le blocage est dû, principalement, à l'accord entre la Chine et les États-Unis : le condominium est assez puissant pour bloquer le système. D'une part parce qu'il en a l'habitude (la relation perverse alliant d'un côté surendettement, surconsommation et dollar faible et de l'autre côté, surépargne, surproduction et yuan encore plus faible); d'autre part parce que les deux sont encore sensibles à la vision traditionnelle de la puissance et de la souveraineté : l'un parce qu'il voit celle-ci s'évanouir, l'autre parce qu'il la voit à portée de main. Bref, l'égoïsme froid des Etats, même s'il est à courte vue.

5/ Cela fait-il de ces deux là les maîtres du monde ? c'est aller vite en besogne, car ils n'ont pas entraîné, loin s'en faut, le reste de la planète derrière eux.

6/ L'échec est dû également à la conception même du sommet : une négociation brutale, à 200 pays, pas spécialement préparée... Preuve que la communauté internationale n'est pas, par elle-même, suffisante pour imposer son cadre. La pluralité entrave la décision.

7/ Dernier facteur, le plus important probablement : le tiers-monde tel qu'on l'entendait traditionnellement, n'existe plus. Tout d'abord parce que le deuxième monde, tel qu'on l'entendait, (le modèle communiste) a disparu dans les limbes de l'histoire. Ensuite parce que le tiers monde à l'ancienne s'est séparé en deux. Il faut d'une part englober les "pays émergents" qui commencent à avoir des intérêts communs ; et le reste, le vieux tiers-monde (pas encore en voie de développement, pour faire simple) qui n'en peut mais. Il est ainsi symptomatique que ce nouveau deuxième monde ait trouvé un sigle (BASIC, voir ici) : je n'y voyais qu'une anecdote : elle est plus significative qu'il n'y paraît.

Ce deuxième monde a désormais ses intérêts propres : l'environnement n'y entre pas....

Réf : on lira avec intérêt le billet de l'allié "mon blog défense"

O. Kempf

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